VENISE
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 La Salle de Bal

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Iago degli Albizzi
Elio Lacryma Adorasti
Lorenzo Dellaporta
Gabriella Delmonti
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Luciano di Lorio
Ami de la Famille Adorasti - Ca'Adorasti
Luciano di Lorio


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleVen 11 Nov - 1:13

La vive réplique du jeune Adorasti amusa grandement Luciano. Le garçon ne manquait pas de culot pour continuer à s'adresser ainsi à lui. En plus de son cran sans précédent, le garçon était sans aucun doute brillant. Cependant, comme la plupart des jeunes gens brillants, il se croyait plus fin qu'il ne l'était en réalité. Un peu plus d'une vingtaine d'années plus tôt, Andrea et lui avaient été identiques : arrogants, vifs et prêts à tout. Seulement, ils en avaient le pouvoir et le loisir. Ce que Lazarro Montero Adorasti ne possédait pas. Sans le sou, forcé de piger dans la bourse de bienfaiteurs ou d'inattentifs, renié par sa famille noble... l'existence de débauche du jouvenceau ne tenait qu'à un fil bien ténu, qu'il serait aisé de couper... et c'est ce que Luciano comptait bien lui faire comprendre, sans non plus le monter contre lui. Le garçon pourrait lui être nécessaire dans la suite des évènements, après tout.

« Du chantage, mon garçon? Vous vous méprenez. Pour que je vous fasse chanter, il faudrait d’abord que j’aie besoin d’argent, ce qui n’est pas mon cas, fit-il, appuyant sur ces derniers mots d’un air entendu. Je suis d’ailleurs certain que notre cher Prince a également eu vent de vos frasques, comme tout bon florentin. Vous faire chanter aurait donc été exempt de tout divertissement, notre hôte étant déjà informé de votre libertinage. »

Se détournant du jeune homme, il s’éloigna de quelques pas, l'ignorant pendant quelques instants. Le garçon était intéressant, mais était-il indispensable à ses plans? Certainement pas. Il fallait l'appâter sans rien lui promettre de concret. Si le noble pourrait tolérer que se forme une alliance entre eux, il ne supporterait pas que pareil parasite vive à son crochet. Il avait entretenu plusieurs mignons dans le genre de ce Lazarro, mais aucun qui fut aussi avide, ni vicieux. par mesure de sécurité.

« Je suis heureux de constater qu’une fois piqué dans votre orgueil, vous feignez un peu moins la sottise, Monsieur Montero Adorasti, fit-il, usant pour la première fois du nom du garçon. Vous n’avez pas tort lorsque vous me croyez œuvrer pour un camp différent du vôtre. Je ne suis pourtant pas votre ennemi, voilà ce qu’il vous faut comprendre. Vos desseins ne sont nullement allés à l’encontre des miens, jusqu’à maintenant, du moins, ce qui signifie que votre présence ici m’est tolérable. Elle pourrait même se révéler utile, si vous acceptez la proposition que je vous soumettrai sous peu… »

L’aristocrate fronça les sourcils, croyant avoir entendu des bruits de pas près de la porte. Il ne tenait absolument pas à ce que ses paroles soient ourdies par quelque indiscret, puis ensuite rapportées au principal concerné. Revenant vers le garçon, son ton se fit plus bas lorsqu'il s'enquit:

« Que diriez-vous d’un petit exercice pratique pour vous faire la main et vous mettre en appétit en attendant le repas principal? »

Un sourire étira ses lèvres, révélant toute l'insensibilité et la cruauté avec lesquelles il disposait du sort de ses inférieurs, à l'instar d'un joueur et de ses pions.

« Peut-être avez-vous remarqué la servante blonde, celle qui se trouvait dans cette même pièce quelques instants plus tôt… Je voudrais que vous vous chargiez de lui faire comprendre sa place dans cette Maison. Ce, par le moyen qui vous semblera bon. À condition qu’il soit douloureux, mais discret, bien entendu. »

Il hocha la tête avec entendement, comme si la chose allait de soi. La domestique avait commis plusieurs affronts, elle en paierait chèrement les conséquences. Il y veillerait personnellement, bien qu'il ne se fasse point trop de soucis quant à l'efficacité du jeune libertin.

« Je serais fort déçu que cette entreprise se solde par un échec car, vous conviendrez avec moi que ce que je vous demande est des plus élémentaires et vous avez déjà connaissance en la matière. Serez-vous à la hauteur de votre réputation, Monsieur Montero Adorasti, ou bien les rumeurs ont-elles amplifié vos hauts faits? »
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Gabriella Delmonti
Servante - Ca'Adorasti
Gabriella Delmonti


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleJeu 17 Nov - 14:01

[Couloir menant à la Salle de Bal]

Trois coups furent frappés à la porte de la salle de Bal et Gabriella entra à nouveau dans la pièce. Les deux hommes étaient encore là et discutaient d'elle ne savait quoi. Peu lui importait. Elle n'aspirait qu'à une chose maintenant, servir le repas léger rapidement pour pouvoir aller se reposer un peu avant le début de la soirée. Autant précipiter les choses et tant pis si elle les dérangeait dans leur conversation qui était, sans aucun doute, sans grande importance.

"Le repas est servi, veuillez me suivre s'il vous plaît."

Elle ressortit aussitôt pour les mener à la Salle à Manger.

[Salle à Manger]
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Lazarro
Invité




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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleSam 26 Nov - 8:28

Une vulgaire servante?
Voilà ce qu'on lui demandait? S'occuper d'une vulgaire servante pour 'se mettre en appétit'?


"Remettre une personne si insignifiante à sa place n'est pas bien difficile pour moi comme pour vous, je le crains. Me tester avec un petit exercice? Je pense surtout que vous désirez vous venger de cette jeune femme sans avoir à vous salir les mains ni à verser le moindre sou. Vous êtes malheureusement bien ignorant : je ne fait rien gratuitement, vous êtes bien placé pour le savoir, puisque vous avez appuyé avec tant de certitudes sur le fait que vous n'aviez pas besoin d'argent, contrairement à moi. Il est déplorable d'en venir à demander à être payé pour le moindre service, n'est-ce pas? Seulement vous comprendrez qu'un être si malheureux que moi, sans la moindre petite piécette, ne peut faire autrement..."

Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de Lazarro. Cet homme voulait lui montrer à quel point il était infèrieur et avait besoin d'argent? Alors il jouerait comme tel, sans la moindre retenue.

"Si vous consentiez à me payer de quelque façon, je serais le plus heureux des hommes", ajouta-t-il, mentant allègrement sans même chercher à se montrer crédible, afin de bien faire comprendre à Luciano qu'il se moquait de lui et de ses grands airs. "Et si vous refusez... eh bien, je suppose que j'aurais bien d'autres manières de gagner mon pain auprès de quelqu'un d'autre, comme je l'ai toujours fait. Pensez-vous pouvoir m'empêcher de commettre des larcins parce que vous en savez plus que beaucoup d'autres sur moi? Vous vous méprenez lourgement. Mon propre Cousin Elio est au courant de mes agissements, et croyez-vous qu'il cherche à me nuire? Aucunement."

Il se mit à rire franchement, un rire enfantin, cristallin, mais qui sonnait étrangement quand on savait quelle genre de personne il se trouvait être.

"De toute manière, je ne vous vois pour le moment pas comme un élément gênant, et si vous vouliez abandonner le marché que vous désirez me proposer, eh bien tant pis. Mais si par contre vous cherchez à me causer du tort par quelque méthode, je suis dans le regret de vous annoncer que vous le regretterez très rapidement. L'argent et le titre de noblesse ne suffisent pas à donner le pouvoir, vous ne l'ignorez pas, je suppose. Et un libertin sans la moindre attache en a surement bien plus qu'un homme élevé comme un coq en pate. Celà n'est pas une menace, juste une simple mise en garde."

Il fut interrompu par l'arrivée de la servante dont il avait été question, Gabriella. Il se contenta d'un bref hochement de tête à son intention, mais ne la suivit pas tout de suite, et continua discrètement à l'intention de Luciano.


"Si vous souhaitez toujours traiter avec moi... eh bien, alors je suis à votre écoute. Mais je veux un payement pour le premier travail que vous me demandez, ainsi que des précisions sur ce 'repas principal' dont vous parlez si évasivement... Nous en discuterons après manger, si celà vous convient."

[Salle à Manger]
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Luciano di Lorio
Ami de la Famille Adorasti - Ca'Adorasti
Luciano di Lorio


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleDim 4 Déc - 20:27

(En espérant que le potage soit toujours comestible...)


De nouveau, Luciano avait écouté le discours de son cadet en silence. Le jeune homme lui rappelait un chien de chasse qu'il avait reçu en cadeau, il y a quelques années de cela: excité, provocateur, indompté, parfois exaspérant, mais somme toute divertissant et relativement pratique. De tous les chiots de cette portée, il avait sans doute été le plus performant. Mais pour en arriver à ce résultat, il avait fallu le dresser convenablement. Il en serait assurément de même avec ce Lazarro Montero Adorasti. Lui tendre un os, le lui retirer au dernier moment et répéter ce procédé jusqu'à ce qu'il ait docilement accompli la tâche qu'on lui avait confiée ; lui taper sur les doigts pour lui rappeler qui était le maître ; lui accorder sa récompense tant convoitée à la toute fin... et s'en débarrasser une fois qu'il était devenu inutile. C'était le sort qu'avait connu ce fameux chien de chasse et celui que connaîtrait probablement le jeune libertin, s'il continuait à faire preuve d'autant peu de finesse.

« Mon cher garçon, vous encore tant à apprendre, soupira le noble, d'un air faussement paternel. Si ce n’était de votre jeunesse, je vous aurais sans doute fait regretter vos paroles bien impudentes, mais je serai indulgent pour cette fois et passerai l’éponge sur vos bévues. Tâchez seulement de ne pas les renouveler, fit-il, la lueur dans ses yeux démentant son sourire presque bienveillant. Qui sait de quoi est capable un homme ‘élevé comme un coq en pâte’, pour citer vos si amusantes paroles? Sûrement de beaucoup plus qu’un jouvenceau dans votre position se targuant de posséder quelque pouvoir. »

L’aristocrate tourna la tête à l’arrivée de la servante. Un léger sourire retroussa ses lèvres en anticipation du châtiment qui allait bientôt lui échoir. Il n’y avait rien de plus plaisant que ces traits insouciants où on peindrait bientôt tristesse et défaite. Avec un peu de chance, elle serait engrossée, accusée de dévergondage et terminerait à la rue. N’était-ce pas une perspective des plus délectables?

Revenant à son interlocuteur, il hocha la tête pour signifier son acquiescement :


« Soit. Que diriez-vous de me rejoindre dans ma suite, après le dîner? Nous pourrions alors nous entendre sur le financement de cette petite entreprise et de la teneur de votre deuxième mission, à laquelle vous procéderez que si vous vous acquittez efficacement de la première, bien entendu. »

Sans un mot de plus, il emboîta le pas de la jeune femme pour se rendre jusqu’à la salle à manger.

[Salle à Manger]
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Tiberio Adorasti
Cousin du Prince - Ca'Adorasti
Tiberio Adorasti


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleDim 3 Juin - 18:52

[Premier post de la soirée]
[Quartier de la Bouche d'Ombre - Ruelle de l'Ancienne Tuilerie]

Tiberio était assis là, confortablement, depuis... depuis... Depuis combien de temps déjà? Oh.. à vue de nez... à vue de nez longtemps. Pourquoi pas après tout? Les sièges étaient bien rembourrés, la pièce agréable à l'oeil, et ce Catanei, il fallait le reconnaitre, était un bon musicien.
Certes, il était difficilement compréhensible dès qu'il se décidait à ouvrir la bouche, et même parfois difficilement supportable. Mais son talent rachetait tout ça.
Quoique. En fait non. Disons que son talent permettait d'éclipser tout ça pendant un petit moment. Tant qu'il jouait, au moins, il ne parlait pas, ce qui déjà rendait les choses bien plus simples, et puis.. Et puis on se comprend, pas vrai?
Battant le rythme à l'aide de son talon droit, agitant les mains tel un gamin jouant au chef d'orchestre, fermant les yeux la moitié du temps, le brave Tibère savourait la musique note après note.

Et il savourait aussi son verre de vin, tant qu'il y était. D'ailleurs, alors que, déjà, ce morceau touchait à sa fin, Tiberio se resservit une coupe, constatant avec horreur que, malheur de malheur, la carafe était vide. Bien décidé à remédier à cette infamie, le cousin du prince, se leva, la carafe bien en main, et entreprit d'aller chercher un majordome quelconque.
Il fit un petit geste de la main à l'adresse du musicien, lui demandant avec une non-politesse des plus exquises de s'arrêter là ou il en était, et se mit en marche.

Plaçant deux doigts au coin de sa bouche, Tiberio émit un sifflement strident, espérant attirer ainsi la racaille servante, qui ne tarda d'ailleurs pas à apparaitre sur les lieux, sous la forme d'un jeune homme effeminé.
Crispant, n'est ce pas? On s'attend à voir arriver une jeune femme sublime aux attributs non négligeables qui remplira la carafe puis le verre avec une série de gestes sensuels et aguicheurs, et on se retrouve au final avec un jeune homme qui, en plus, est apparemment du genre à ne pas non plus lésiner sur la sensualité.
Grognant, maudissant intérieurement cette ville décadente, le cousin du prince ordonna :


"Bien.. hum... Je n'ai plus de vin. Faites ça vite, d'accord?"
Puis hop, il lui balança la carafe vide dans les mains, avant de retourner s'installer, maintenant énervé, à cause de son énorme déception, vous l'aurez compris. Il fit un nouveau geste au musicien, le visage tordu en une expression de dégout, et l'invita à venir s'assoir.
"Arrêtons donc de jouer pour quelques minutes, vous voulez bien? Je suis plus d'humeur à manger et boire plutot qu'écouter vos morceaux désormais."
Ha ha! Attention, accrochez vous! On a souvent reproché à ce cousin mal aimé de déshonorer son rang de par son comportement. Et bien voyez, il a retenu la leçon, non?
Ca, ça c'est du comportement digne d'une famille princière, pas vrai? Si, si, et pas à moitié même!
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Demetrio Catanei
Musicien
Demetrio Catanei


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleLun 4 Juin - 4:44

[Quartier de la Bouche d'Ombre - Ruelle de l'Ancienne Tuilerie]

Le premier accord était douloureux, agressif. Bientôt suivi du deuxième également grave. C’était souvent l’effet d’une partita en mineur. Et puis, on aurait dit qu’un monarque sur le déclin s’avançait. Poignardé. Sur son lit de mort. Pointant du doigt le coupable de sa chute. Agité de soubresauts. Dictant ses dernières volontés. Mais refusant tout de même d’abdiquer. Et avançant, avançant inexorablement, malgré le fait que sa voix se fasse parfois si piano, si pianississimo. À travers les couloirs interminables de son palais. Seul. Et il pouvait voir, devant ses yeux déjà vitreux, toute son existence défiler. Chaque pas était plus difficile. Un féroce combat s’engageait contre le Temps alors qu’il essayait à tout prix de se raccrocher à la vie. La course, le délire, l’écroulement, mélange de legato et de staccato. Les souvenirs de sa gloire passée affluaient. Il semblait finalement se résigner, être baigné de lumière, à genoux devant l’autel et le son du violon était tel qu’on aurait dit qu’un chœur entier d’anges descendus du Ciel pour l’accompagner dans sa prière. Venaient ensuite ses ultimes instants moments. L’agonie était longue. Toujours plus virtuose. Retour du thème principal. Et le roi s’éteignait sur ce ré tenu, sans vibrato, pur, définitif.

C’était là toute la beauté de la musique. Chaque nouvelle pièce, le plus petit motif contenait une foule de récits, de couleurs, d’images plus variées les unes que les autres. Les traduire en mots aurait été les réduire grandement, Demetrio préférait donc les jouer. Parfois, la musique était si forte qu’elle emplissait totalement l’espace et ne laissait aucune place aux fresques qu’elle faisait naître d’ordinaire. Elle ne devenait alors qu’un flot puissant et continu et tout ce qu’il fallait, c’était de se laisser emporter par elle, peu importe où elle comptait nous mener. Ces moments de grâce étaient considérés par le violoniste comme l’apothéose même de cet art qu’il cultivait depuis des années.

Un long soupir s’échappa de sa poitrine et le violoniste parut s’ouvrir au monde et, par le fait même, quitter celui qu’il avait laissé entrevoir le temps de son solo, ses yeux jusqu’alors clos se posant sur son unique spectateur, qui semblait l’inviter à s’asseoir avec lui. Précautionneusement, il déposa son violon dans son étui avant de se relever avec lenteur pour prendre siège aux côtés de Tiberio Adorasti. Les mains sagement appuyées sur ses cuisses, il demeura silencieux un instant à songer à ce qu’il serait convenable d’énoncer. Il lui aurait été possible de jouer pendant des heures encore, mais visiblement, ce n’était pas ce qu’on attendait de lui. Alors, que faire et surtout, que dire?


« Ce… Ce n’était pas si mal? Je n’étais pas certain de ce que vous aviez envie d’entendre, si vous aviez envie d’entendre quelque chose en particulier. »

Il se remémora la manière quelque peu expéditive qu’avait employée son interlocuteur pour lui signifier de jouer, ne lui accordant pas l’occasion de s’informer quant à ses préférences musicales. Devant l’embarras du choix, le jeune homme s’était laissé guider par ses propres envies et avait fini par trancher pour cette chaconne qui lui plaisait tant. Il ne savait pourquoi, il lui semblait qu’une odeur de drame flottait dans l’air et que cette pièce convenait fort bien à ce sombre pressentiment.

À la recherche d’un sujet de conversation quelconque, il tenta d’évoquer à son esprit tous les mots qu’il associait au cousin du Prince. Parasite, bien sûr. Canaille, faquin, bas-fond, vermine, maraud…Il fronça les sourcils. Il devait bien avoir autre chose. Voyons voir… Fripouille, gredin, crapule… Anthropophage. Oui, c’était une piste. Anthropophage. Cannibale. Sauvage. Amérique! Voilà, il avait trouvé : Amérique.


« Vous ne deviez pas être en Amérique? » s’enquit-il de façon tout à fait impromptue, tournant subitement la tête vers son auditeur avec curiosité.
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Oriana A
Invité




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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleMar 5 Juin - 23:54

[Ca'Adorasti-La Chambre D'Oriana]

Alors qu'elle arpentait les couloirs, des sons mélodieux parvinrent à ses oreilles. De la musique... Et plus précisément, du violon.
La tante qui avait un goût immodéré pour les arts n'hésita pas une seule seconde, son instinct lui fit faire demi-tour. Elle n'avait plus qu'un objectif. Se laisser guider par les notes de musique, se rapprocher petit à petit de leur source, et trouver l'auteur de cette mélodie. Après quoi, elle l'écouterait en silence, toute la nuit s'il le fallait, jusqu'à ce que le musicien n'en puisse plus. Alors elle ferait en sorte qu'il s'écroule sous ses applaudissements, elle applaudirait jusqu'à ce qu'elle n'ait plus la sensation de ses mains. Et, comme touche finale, elle lui dirait un bref remerciement du bout des lèvres. Rien de plus. Aussi plaisante que cette musique pouvait l'être, il était hors de question qu'Oriana se laisse submerger par ses émotions.
Depuis toujours elle avait été tel un lieu impénétrable, et elle comptait bien le rester jusqu'à ce que ce Seigneur qui régnait au-dessus d'eux - dans le cas où il y en avait bel et bien un- la ramène à lui.

Oriana s'arrêta. Devant elle, une épaisse porte. Derrière, la jolie mélodie. Sans qu'elle ne puisse s'en douter, il s'agissait des dernières notes.
Discrètement, avec le plus de douceur possible, elle poussa la porte du bout de ses doigts. Lentement, avec précaution. Le son émit par une porte grinçante n'avait rien de très mélodieux, et un tel bruit aurait tout simplement gâché la prestation du violoniste.

La musique s'arrêta. Oriana s'immobilisa, dépitée. Ainsi, elle était arrivée trop tard. Nouveau soupir. La femme ne s'en lassait décidément jamais. Il était de toute manière évident selon elle qu'un soupir était préférable que de longues minutes de tirades à exprimer sa complainte, auprès de personnes qui attendaient désespérément la fin du calvaire que cela avait occasionné. C'était qu'elle se sentait concernée par le bien être d'autrui...

Une vois se fit entendre.une voix qui était loin de lui être inconnue, et pourtant...

Et pourtant si lointaine, sortie de nulle part. Ou plutôt, venue d'un passé si lointain déjà, passé qu'elle avait presque cru irréversible...
Comment cela était-il possible?

Afin de s'assurer que son ouïe ne lui avait point joué de mauvais tours, elle s'avança de quelques pas dans la pièce. Les talons de ses chaussures, dissimulés sous sa longue robe noire émettaient un léger ruit à chaque fois qu'ils entraient en contact avec le sol.
Son ouïe ne s'était pas jouée d'elle. A moins qu'elle ne fut également aveugle. Un simple mot sortit alors de sa bouche.


"Tiberio..."

Se rendant soudainement compte que la stupéfaction devait transparaître sur son visage, elle déploya d'un mouvement habile un éventail noir qui vint lui dissimuler ses lèvres. Après quoi, elle s'approcha encore.

Douze années...


"Hé bien... Je dois avouer que je n'aurais jamais cru vous voir ici..."

Et puis, un regard endirection du second homme. Un coup d'oeil se posa sur le violon, lui rapelant soudainement ce pour quoi elle était là.

"Monsieur, avant que je ne m'égare encore, permettez moi de vous féliciter. J'ai beaucoup apprécié votre musique, étant simplement déçue de n'avoir pu entendre que les dernières notes..."

Un hochement bref de la tête, après quoi son regard se dirigea de nouveau vers son neveu.
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Tiberio Adorasti
Cousin du Prince - Ca'Adorasti
Tiberio Adorasti


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleSam 9 Juin - 2:56

Et bah voilà! C'était fait! La carafe était remplie! D'un geste sec, Tiberio récupéra le précieux liquide dans son enveloppe de verre, et congédia le serviteur en lui jetant un regard noir. S'il avait pu se permettre, il l'aurait d'ailleurs plutot congédié à coups de talon dans le postérieur. Ou peut être à coups de talon dans la tête en fait. Rien ne valait le spectacle d'un visage en miettes pour se remettre de bonne humeur.
Ou alors une bonne coupe de vin.
Comme le cousin du prince ne pouvait présentement se permettre d'écraser le visage du serviteur (même si ce n'était que partie remise), il se contenterait du vin. Faute de grives, on mange des merles, n'est ce pas?

Grognon, plongé dans ses pensées, ruminant contre ce monde puant constitué uniquement de déceptions, le bon Tibère ne prit même pas la peine de répondre au musicien. Qu'il aille au diable celui là. Le Roi n'était pas d'humeur à bavarder.
Glou glou glou! Et glou glou, par dessus ça. En deux temps, la coupe se retrouve vide, et d'un mouvement brusque, tel le pilier de bar de fond de taverne miteuse, notre bon ami claque son verre sur la table, en même temps que son poing, ravalant bruyamment au même instant une belle bouffée d'air.
Soupirant, Tibère se prépara psychologiquement à répondre à la question du musicien, malgré son envie de rester à ruminer en silence.

Mais, hé hé hé! Soudain, voilà la porte qui s'ouvre.
Le cousin du prince se retourna brusquement. Bon Dieu, si c'était encore ce serviteur, il allait y avoir droit cette fois ci, à sa rouste. Et pas une demie, hein, une vraie de vraie.
Si vous avez lu jusqu'ici, vous l'aurez compris, le membre le moins apprécié de la famille princière avait l'alcool mauvais. A chaque fois qu'il en abusait, il se retrouvait dans des états de nerfs impossibles, à marmonner tout seul des absurdités sur l'état du monde, sa décadence, le fait qu'il n'était pas assez reconnu, qu'on le haïssait partout par jalousie, et tout ce qui va avec. Bref. Il se complaisait dans sa soi-disant supériorité et ne faisait qu'accentuer sa frustration. Ce qui le rendait encore plus insupportable que d'habitude.
Toujours est il que du coté de la porte, une silhouette commençait à se dessiner.


"Alors toi, tu vas voir ce que tu vas prendre."
Annonça l'hargneux alcoolique, se relevant, retroussant ses manches, et prêt à aller décharger son lot de colère sur le pauvre larbin sous la forme d'un torrent de coups. Mais voilà, pas de larbin en vue, plutot une femme. Plutot une belle femme en vérité, malgré son age mur.
Tiberio se figea dans son mouvement, resta bouche bée pendant une seconde, hagard, avant de rabaisser ses manches, et de se retourner vers son acolyte musicien, lui jetant un regard interrogateur, semblant attendre une explication.
Mais il n'eut pas le temps d'en avoir une, son prénom était prononcé. Mince. Cette femme le connaissait.


"Tiberio, c'est bien moi."
Annonça t il, avec un grand sourire. Il lui fallait gagner un peu de temps, jusqu'à ce qu'il se souvienne de qui pouvait bien être la personne qu'il avait en face de lui.
Avait il eu des relations... poussées avec cette femme? Seigneur... A première vue, plutot non. Elle était belle, plus vieille que lui, apparemment noble. Il s'en souviendrait, tout de même.
Il s'appréta à saisir la main de son interlocutrice, pour offrir le baiser rituel, mais voilà, elle s'était saisit d'un éventail. Il se contenta donc de faire une révérence en gardant son sourire au beau fixe, avant de déclarer, sans une once d'hésitation dans la voix, mentant tel l'expert.

"Et bien, moi non plus, je dois avouer que je ne m'attendais pas à vous recroiser ici. Et surtout pas maintenant. C'est étrange de voir à quel point le monde peut être petit parfois.
Comment allez vous depuis tout ce temps?"

Ha? Hum? Pardon? Elle s'adressait au musicien?
"Ha! Excusez moi de ne pas vous avoir présentée. Demetrio Catanei, je..."
Oups. Comment terminer cela sans montrer son regrettable oubli? Il choisit la solution de facilité, reprenant la phrase du début.
"Ha ha ha! Vous m'aurez compris ma chère. Ce grand musicien se nomme Demetrio Catanei. Je l'ai rencontré il y a peu, et il a accepté de me jouer quelques morceaux. Et il faut bien le reconnaitre, il est doué."
Et voilà, il l'avait trouvée, son échappatoire. Le musicien allait servir à détourner l'attention pendant qu'il continuerait à se creuser les méninges de toutes ses forces.
Avec un peu de chance, le violoniste recommencerait à se perdre dans des phrases insensées et sans fin. Et avec encore un peu plus de chance, la femme le suivrait dans son jeu, tentant de déchiffrer ces paroles obscures.

Pourquoi avait il tant bu? Il n'arrivait plus à se rappeler maintenant. Il avait tout gagné. Il allait passer pour un rustre, une fois de plus. Certes, il n'était plus à ça près, mais en face d'une belle dame, c'était toujours plus ennuyeux.
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Demetrio Catanei
Musicien
Demetrio Catanei


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleMar 12 Juin - 6:05

Rien de plus satisfaisant que de trouver un sujet de conversation susceptible de lancer son interlocuteur dans d’interminables souvenirs de voyage, anecdotes sans intérêt et conseils à propos d’expériences qu’on ne comptait nullement tenter ou d’endroits qu’on n’aurait pu situer sur une carte. On n’avait alors qu’à s’adosser confortablement au dossier de son siège et faire mine de prêter oreille, dispenser quelques « Oui, certainement » et « Non, j’imagine » pour signifier sa présence physique – à défaut de mentale – et faire en sorte que, encouragé, l’orateur poursuive sa diatribe. Ne restait plus qu’à diminuer le volume provenant du dehors et augmenter celui de l’intérieur pour s’entourer de sa propre musique, observer le monde avec la vision brouillée d’un baigneur sous l’eau et en émerger afin de reprendre son souffle, respirer quelques notes de cette chaconne tant aimée. On disait ensuite du principal concerné qu’il était un excellent confident alors qu’il entendait à peine les secrets qu’on lui soufflait, on le décrivait comme compréhensif quand il se contentait d’hocher la tête, le regard ailleurs. À coup sûr, l’ironie de l’affaire le faisait sourire, mais il n’en montrait rien pour ne pas qu’on perturbe sa mélopée intérieure.

C’était très exactement l’exercice auquel Demetrio s’apprêtait à s’adonner lorsque la porte s’ouvrit sur une femme. Dissimulant tant bien que mal son ennui, il se redressa à la suite de son compagnon, qui avait retroussé ses manches d’un air menaçant. Qui eût cru que le « privé » de « prestation privé » lui tint tant à cœur? Certainement pas le musicien, étonné par une telle démonstration de possessivité de la part de son mécène. Il élevait sa main en l’air pour apaiser celui-ci et l’inciter à baisser les armes en lui promettant un second concert en tête-à-tête, lorsque son belliqueux spectateur s’exécuta par lui-même.

La nouvelle arrivante s’avança jusqu’à eux et il put reconnaître cette figure, quelque peu altérée par les années, mais dont il se rappelait avec une acuité certaine. Père en avait dit que c’était une femme digne de respect. Et Père semblait respecter si peu de ses pairs et presque aucun de ses inférieurs, qu’il était toujours utile de noter les quelques élus qu’il épargnait de son mépris, afin de s’inspirer d’eux.

Ployant sa longue silhouette dans une révérence appuyée, ce fut avec une sincère courtoisie que le violoniste déclara :

« Madame, vous ne me reconnaissez sans doute pas puisque bien des années se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, mais votre souvenir et celui de vos bontés envers moi demeurent chers à ma mémoire. Mon… »

Il ferma les yeux, déglutit et se reprit :


« Vous avez toujours été considérée en haute estime par… par ma famille et moi-même et c’est… ce sera avec joie que je jouerai à nouveau pour vous. »

Il marqua une pause, souriant timidement en se remémorant l’enfant qu’il avait été, avant d’enchaîner :

« Mieux, je l’espère, que je ne le faisais à l’époque où nous nous sommes connus. »

Se tournant vers le neveu du Prince Andrea, il fronça les sourcils, faisant appel à sa mémoire, et ajouta :

« Je crois d’ailleurs avoir quitté le palais de Florence peu avant le départ de Monsieur Adorasti pour les Amériques. Du moins, c’est ce que P… ce qu’on m’avait fait savoir. »

Un léger soupir s’échappa de ses lèvres. À peine avait-il posé les pieds à la Ca’Adorasti qu’il retournait dans cet univers tissé de noms, de rangs, de fortunes, de scandales et de réputations qu’il croyait avoir oubliés. Sans doute ne les avait-il pas relégués assez loin dans les tréfonds de son esprit car, déjà, refaisaient-ils surface quand les fantômes du passé prenaient forme sous ses yeux. Mère aurait été fort aise de constater que ses enseignements s’étaient fortement enracinés en lui et portaient finalement fruit après toutes ces heures passées à faire répéter à son fils les mêmes formules de politesse, les mêmes titres attribués à chaque grande famille. Peut-être n’avait-elle seulement pas envisagé quel usage il pourrait en faire par la suite.
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Oriana A
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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleSam 23 Juin - 23:59

Il ne s'écoula que très peu de temps avant qu'Oriana ne comprenne que son neveu était dans un état second. Chacune de ses paroles lui semblaient être légèrement décalées, voire dépourvues de sens, lorsque l'on savait qu'elle était sa tante et qu'il était son neveu. On pouvait également imaginer que si elle n'avait aucun jugement ni aucun apriori quant au passé..."tumultueux" de Tiberio, elle n'entretenait cependant pas une relation de complicité avec ce dernier. De manière plus générale, si elle entretenait des relations courtoises avec beaucoup de monde, ceux qui pouvait se vanter de faire partie de ses proches se comptaient sur les doigts d'une seule main... à laquelle il manquait probablement plusieurs doigts. S'il fallait avouer que la baronne n'était pas du genre à se confier au premier venu, il ne fallait pas non plus oublier que beaucoup se méfiaient trop d'elle pour oser tenter quoi que ce fut en la matière.

Si ses activités durant sa jeunesse avaient fait subir à Tiberio les foudres de nombreux membres de sa famille, Oriana s'était cependant abstenue de tout commentaire à ce sujet, préférant garder secret son avis sur la question. Femme stricte et n'appréciant que très modérément les écarts, elle savait cependant ce que se faire traîner dans la boue signifiait. De ce fait elle s'était abstenue de se montrer dure vis à vis de son neveu.
Cependant, Oriana ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'après toutes ses années Tiberio eut de nouveau regagné le droit chemin, et ce avant tout pour lui même. S'il avait mené une vie trouble, c'était certainement parce qu'il était troublé lui même, du moins l'avait-elle interprété comme cela. Mais au vue des réactions de Tiberio, ses espoirs n'étaient peut être pas devenus réalité. Un léger soupir s'échappa de nouveau.

Son neveu entreprit alors de la présenter au musicien, à moins que ce ne fut l'inverse, la tante ayant parfaitement comprit que son neveu ne se souvenait pas d'elle. Les méfaits de l'alcool, sans aucun doute...
Un éclair foudroyant apparut du fond de ses yeux lorsqu'elle entendit son neveu l'appeler "ma chère". En effet, elle partait du principe que les membres de sa famille et de manière générale tous ceux qui ne lui étaient pas proche; une très grande majorité, donc; se devaient d'éviter ce genre d'appellations. Au vu de l'état de Tiberio, elle jugea qu'il valait mieux ne pas faire de réflexions, la situation risquant de s'envenimer pour quelque chose qui n'en valait pas vraiment la peine, en fin de compte. On put cependant noter qu'en réaction à cela, l'éventail s'agita avec un peu plus de nervosité. Mais très vite, le musicien attira de nouveau l'attention d'Oriana.


"Demetrio Catanei dites vous?"

Un dernier regard à Tiberio puis ses yeux parcoururent le jeune homme. Comment avait-elle put ne pas s'en rendre compte plus tôt?

"Veuillez m'excuser de ne point vous avoir reconnu cher Demetrio. Il faut dire que vous avez beaucoup changé depuis mon départ... Cela fait tout de même cinq ans..."

Se remémorant la prestation du jeune homme, des souvenirs du passé lui revinrent alors en mémoire.

*Certains ont fait beaucoup de gâchis. Quels incapables...*

Malgré ces dures pensées envers certains, un sourire plus doux apparut sur son visage. Sourire cependant dissimulé par son éventail.

"Vous avez toujours été plus doué que ceux de votre âge dans ce domaine. Et vous voilà bien plus doué encore. La musique est votre élément, vous êtes né pour elle, cela ne fait aucun doute lorsque l'on vous écoute. Et ce sera avec un plaisir immense que je vous écouterais jouer à nouveau."

Puis son regard se tourna à nouveau vers Tiberio. Elle non plus ne l'avait point oublié. Et elle aussi voulait savoir ce à quoi il avait occupé ces douze dernières années...

"Mon cher neveu, si l'alcool vous empêche de vous souvenir clairement de moi, je vais donc me charger de faire jaillir en vous quelques souvenirs, j'espère que vous n'y verrez là aucun inconvénient... Oriana Adorasti, mon nom, vous éclairerait-il un peu plus à tout hasard?
Parlons d'autre chose. Ma vie ces dernières années a été certainement moins palpitante que celle d'un homme dans la force de l'âge, de plus, au cas où vous ne vous souviendriez toujours pas, permettez moi de vous rappelez encore que je ne suis pas de celles qui affectionnent le fait de ne parler que de leur propre personne. Ainsi, si vous nous racontiez ce que fut votre vie ces dernières années? Le nouveau monde vaut-il vraiment la peine d'être vu comme beaucoup le prétendent?"
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Tiberio Adorasti
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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleDim 24 Juin - 3:19

Brrrr.... Qu'est ce qu'ils pouvaient parler ces deux là. Trop. Ils parlaient. Burp. Trop. Rohlala, ça en donnait la migraine. Ou peut être la cause de la migraine était elle plus rouge et plus liquide? Maaais.. Mais non! Tiberio... pouvait... tenir... le vin... et mieux... que ça...
Il pouvait d'ailleurs, s'il le voulait, en avaler encore plus. Et attention, sans chanceler. Non! Non il n'avait rien à prouver. Il en était capable, il... Il le savait! C'était surtout, qu'au fond, il en avait envie. Ca lui ferait passer ce mal de crane. Ca l'empecherait un peu de réfléchir, il se sentirait mieux.

Lorsque l'une des deux personnes présentes prenait la parole, le regard vide du bon neveu glissait lentement pour observer le courageux qui s'était décidé à blablater.
Tiberio admirait le mouvement des lèvres, entendait le son, capturait quelques morceaux de phrases par ci par là, mais mettait bien à chaque fois 3 ou 4 secondes pour comprendre le sens de ce qu'il venait d'entendre. Et tout ça pour de toute façon tout oublier au début de la phrase suivante.
Blême, il retourna s'avachir dans un siège, concentrant toute son énergie à atteindre ledit siège sans tituber. Il se laissa tomber, adressa un sourire béat à ses interlocuteurs lorsque ceux ci le regardèrent s'écrouler, et entreprit de se servir un nouveau verre, qu'il commença à boire tout de suite, en fronçant légérement les sourcils, espérant ainsi se donner un air sérieux et camoufler son ébriété.
Mais il ne put continuer ce petit cirque bien longtemps. Jetant un petit coup d'oeil furtif, il s'assura qu'on ne s'intéressait plus trop à lui, et se laissa peu à peu dériver. Le dos vouté, les coudes sur les genoux, tenant son verre à deux mains, il en observait le contenu avec fascination, admirant les reflets sur le liquide foncé, et réflechissant à comment s'en envoyer une rasade sans s'en faire tomber plein sur le col.

Lorsque sa tante commença à lui parler, Tiberio était passé à la pratique. Et il avait d'ailleurs réussi, il avait avalé la moitié de son verre sans en faire tomber sur ses vétements. Il avait juste un peu de jus de raisin qui lui dégoulinait sur le menton, jus qu'il s'empressa d'essuyer à l'aide d'une serviette.
Plus pale encore que la minute d'avant, il releva son regard bovin en direction de la femme, et tenta de comprendre tout ce qu'elle lui demandait.
Oh...
...
Ah?
....
Oh! C'était sa tante?


"Ha? Oh! Hum... Et bien.. euh.. oui! Ori... Oriana.. Adorasiti. C'est exactement ce que je disais."
Seigneur Dieu, c'était si dur que ça de parler?
Vraiment, Tiberio était bien atteint. Plus qu'il n'avait voulu l'admettre. Foutu pour foutu, il décida d'engloutir la dernière moitié de son verre. Il le reposa ensuite sur la table, tentant d'être délicat, mais il ne réussit qu'à le faire claquer violemment. Haussant les épaules, souriant en se rendant compte qu'il n'était vraiment plus capable de dissimuler son état, il se retourna vers la femme, et, avec bien trop d'entrain, répondit.

"Hahaha! Prrrrt! Les Amériques? Ha ça non, ça ne vaut rien. Si vous projetiez d'y aller, je vous conzeille de ne pas y poser les pieds. Ils ne sont... hé! Ce sont des sauvages, que voulez vous?
Les nobles et les gens d'esprit sont ici, en Europe. Ce sont les pauvres, les fanatiques et les fous d'argent qui ont émigré là bas, ça a donné un beau ramassis de fumier si vous voulez mon avis."
Hahahahaha! Il disait n'importe quoi!
Et en plus il s'en rendait compte, et ne pouvait changer la situation! N'était ce pas amusant?
En tout cas, lui, il trouvait ça amusant. Il en riait d'ailleurs. Ne cessant qu'au moment ou il réalisa que ses interlocuteurs avaient l'air bien moins amusés que lui.
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Demetrio Catanei
Musicien
Demetrio Catanei


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MessageSujet: Re: La Salle de Bal   La Salle de Bal - Page 3 PerleDim 1 Juil - 7:05

(Je m'excuse pour la semaine de délai, mon horaire a été relativement chargé cette semaine)

La situation était identique autrefois avec Mère, lorsque Demetrio cessait de jouer, lorsqu’il ne pouvait plus se servir de son violon comme d’une arme qu’il pointait vers la foule, de la musique comme d’une forteresse imprenable, à l’abri de la parole et du regard. Les dames cancanaient, les gentilshommes leur répondaient et lui s’ennuyait. Qu’aurait-il bien pu ajouter à leurs discussions alors qu’elles lui apparaissaient sans intérêt? Le mariage de l’une, les infidélités de l’autre, les chevaux d’untel, la dot de celle-ci, les habits de celui-là n’éveillaient rien en lui, sinon la plus totale des indifférences. Le désœuvrement avait ainsi été à l’origine de nombre de rêveries et de jeux, tels que celui d’associer un instrument à un individu.

Ce n’était pas vraiment que les gens ne revêtaient aucune importance à ses yeux, c’était plutôt ce qu’ils pouvaient bien déblatérer qui lui semblait insignifiant. Leurs voix, par contre, étaient pour lui un pur ravissement. Chacun possédait un timbre et un registre qui lui étaient propres, des inflexions et des nuances toutes personnelles. Une voix humaine pouvait communiquer, sans le filtre des mots, plus que tout autre instrument de musique. Parfois, le garçon s’était imaginé à la tête d’un grand chœur formé par toute l’Humanité, lui faisant exécuter les cantates de son choix, puis répartissant ténors et sopranos dans un canon formidable avant d’unir chaque partie pour ne plus former qu’une seule et unique voix, à laquelle il se joignait. En l’absence de mots, toute barrière se voyait franchie et on assistait à la fin définitive des quiproquos et des conflits.

À cet instant, il aurait bien voulu que le monde soit semblable à celui qu’il s’inventait de toutes pièces, enfant, de façon à épargner à ses interlocuteurs le désastre imminent. Il ne savait qu’il lui fallait le plus plaindre : l’ivrogne incapable de se souvenir de sa propre tante ou la dite tante incapable d’établir ses liens de parenté avec ce même ivrogne. Celle-ci paraissait d’ailleurs mal maîtriser la notion du temps en déclarant que cinq ans s’étaient écoulés depuis leur dernière rencontre, mais le musicien préféra ne pas relever la faute, par peur d’embrouiller la conversation plus qu’elle ne l’était déjà. Ce fut finalement Tiberio Adorasti qui emporta ses sympathies, en demeurant longtemps hébété devant son verre. Son discours obscur, ponctué d’onomatopées diverses et de grossièretés, réussirent à convaincre le jeune homme qu’il lui fallait agir pour prévenir son compagnon de ne perdre complètement la face.

Un silence atterré accueillit la fin de l’exposé édifiant du cousin du Prince, dont le rire finit par mourir de solitude. Échangeant un regard avec la baronne, Demetrio avança, d’une voix mal assurée :


« Eh bien, voilà qui est… absolument fascinant, Monsieur Adorasti. Je présume que j’y songerai par deux fois, avant d’émigrer en compagnie de pauvres, de fanatiques et de fous d’argent. »

Bifurquant vers un nouveau sujet sans transition aucune, il s’enquit, toujours hésitant :

« Mais, vous sentez-vous bien? Que diriez-vous de… »

Il adressa un sourire figé à leur interlocutrice, puis se pencha vers le cousin du Prince pour compléter sa phrase à voix basse :

« … de vous rendre jusqu’au cabinet d’aisance? Vous ne me paraissez pas très… pas très… frais. »

Le choix des termes aurait pu être plus approprié, mais pour le moment, aucun autre ne lui semblait pouvoir correspondre à l’état de son compagnon. Au vu de son teint, un déplacement vers un endroit plus approprié pour certains épanchements gastriques était urgent. S'inclinant devant Oriana Adorasti, il conserva quelques instants de plus la crispation de ses lèvres qui se voulait être un sourire, pour demander:

« Nous excuserez-vous, un moment, Madame? Je... Une affaire de... d'hommes, voyez-vous? De gentilshommes, même, » précisa-t-il, malgré le ridicule d'une telle affirmation lorsqu'elle concernait l'alcoolique à ses côtés.

Afin de donner l'exemple et inciter le neveu du Prince Andrea à en faire de même, il franchit la porte et ne se retourna que pour lancer d'un ton engageant:


« Allons, vous venez, Monsieur Adorasti? »

Une fois dans le couloir, il bifurqua vers la droite sans songer à attendre sa nouvelle connaissance. Il croisa les doigts pour que la configuration du palais vénitien soit la même que celle de la résidence florentine, le sens de l'orientation lui ayant toujours fait défaut, au même titre que celui de la répartie.

[Ailleurs, j'éditerai]
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