Le Petit Salon Privé

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[Salle à Manger]

Ravie comme pas deux, Gabriella se présenta à la porte des appartements du Prince. Après un lissage consciencieux de sa robe toute neuve et une remise en place soigneuse de sa coiffe, elle frappa trois petits coups à la porte et attendit qu'on l'autorise à entrer pour ouvrir et se présenter dans la pièce.

"Monseigneur ? Monsieur Dellaporta va bien. Il a encore eu un étourdissement mais il se repose maintenant dans sa chambre. J'ai averti Madame votre cousine que vous souhaitiez la voir. Je pensais qu'il était également utile de vous signaler que la Princesse est attablée avec vos hôtes dans la salle à manger et qu'elle semble de parfaite humeur."

Elle reprit sa respiration et poursuivit.

"Alors que j'accueillais les musiciens qui ont pris place dans la salle de bal, un homme s'est présenté et désire s'entretenir avec vous. Il a dit s'appeler Francesco di Salvi et être Vicomte."

[Cabinet de Toilette]

Elio leva les yeux de son livre.
Il avait eu un moment de flottement quand la servante avait frappé et l'avait invitée à entrer sans vraiment en avoir conscience.
Les sonnets qu'il relisait avaient fait affluer tant et tant de souvenirs qu'il mit un moment avant de reprendre pied dans le présent.

Il entendait encore les fous rires et les chansons, les plaisanteries et les confidences qu'il échangeait alors avec Iago. Le goût d'une pomme croquée à deux lui revenait en même temps que l'odeur des cheveux roux de certaine jeune femme et un sourire amusé naquit sur son visage au regard un instant troublé.
Iago.
Il ferma les yeux, protégeant de la soyeuse barrière de ses cils leurs secrets d'adolescents.
Quand il les rouvrit l'ambre brillait de son éclat habituel, limpide et serein.

"Très bien, je la recevrai donc ici. Veillez à ce que Monsieur Dellaporta prenne le temps d'un repas, je le sais fort préoccupé par cette soirée et je serais ennuyé que le choc de sa chute conjugué à ces tracas de dernière minute lui cause un nouveau malaise."

Il détailla un instant en silence la livrée que portait Gabriella, puis reprit.

"Sa Grâce dîne ? Et bien, ainsi que je l'espérais, il a suffit d'un rien pour que son humeur soit meilleure. Sans excès, toutefois ?"

Un pli d'inquiétude barra brièvement son front lisse.
Il ne s'agissait pas que Bianca fasse soudain montre d'une euphorie inattendue autant que déplacée.

"Comment dites-vous que ce visiteur se nomme ? di Salvi ? En effet, cela me dit.."

Cherchant dans ses souvenirs où il avait bien pu entendre ce nom auparavant, il passa en revue les rencontres récentes qu'il avait faites à Venise, en vain. L'écho du nom le renvoyait plus loin. Bien plus loin mais il n'arrivait pas à saisir ni l'instant ni le lieu.
Une moue de contrariété plissa ses lèvres.

"Faites patienter ce monsieur, je le verrai dans un instant."

Il se leva et s'approcha de la fenêtre, mettant fin à la conversation en tournant le dos à la jeune servante.

Entendant la porte s'ouvrir, il sourit et sans se retourner.

"Cette tenue vous sied fort bien, jeune fille. Vous semblez faite pour porter les couleurs de cette Maison."

Gabriella ne remarqua aucunement l'instant de flottement qu'avait eu le Prince à son entrée, trop concentrée sur ses propres faits et gestes. Pour elle, le Prince était toujours très calme, serein, attentif et parfait.

"Bien Monseigneur, j'apporterai une assiette de potage à Monsieur Dellaporta sur le champ et je veillerai à ce qu'il mange."

Elle avait sentit le regard d'Elio s'attarder un instant sur sa tenue et ses oreilles se mirent à chauffer légèrement.

"Oui, Monseigneur, la princesse est attablée mais je ne sais pas si elle mange. Par contre... elle a vraiment l'air détendue.. je veux dire, ça change par rapport à d'habitude."

Elle fit une révérence soignée lorsqu'il mit fin à la conversation puis se dirigea vers la porte pour l'ouvrir. Elle fut arrêtée dans son mouvement par les dernières paroles du Prince qui lui faisait un compliment merveilleux. Elle resta quelques secondes dans cette position comme un chien aux arrêts, un air mi-surpris, mi-ravi sur le visage, déjà ses pieds ne touchaient plus terre.

"Merci.. Monseigneur." balbutia-t-elle avant de sortir.

On put entendre un peu plus loin dans le couloir un petit cri de joie étouffé et les bruits de pas précipités de la servante qui partait en sautillant.

[Grand Salon]

[Chambre d'Elio]

Plusieurs minutes s'étaient écoulées pendant lesquelles Elio avait mentalement passé en revue tous les désagréments auxquels il serait confrontés durant la réception du soir.

Les Grazziano d'abord qui ne manqueraient pas de venir en nombre. Le prince, qu'Elio ne connaissait que de réputation et des rapports qu'on lui avait faits, qui entrerait dans le palais comme en pays conquis puisque Bianca lui en avait ouvert les portes et sa suite qu'on lui avait décrite comme fantasque et hétéroclique qui allait se répandre dans les salons comme une peste galopante.

Ensuite, venaient ceux de sa propre Maison. Ceux sur qui, dans de telles circonstances, il eut aimé pouvoir compter. Malheureusement il était bien mal pourvu entre son cousin Lazarro et di Lorio qui l'un comme l'autre se réjouieraient si la soirée s'avérait un fiasco, riant sous cape au spectacle de sa déconfiture. Puis arrivaient ses hôtes, Lonza et Valcarenghi. Il était trop tôt pour pouvoir les compter comme sûrs, Lonza irait là où le meneraient les astres et ceux qui s'en préoccuperaient, Valcarenghi irait là où les affaires seraient les plus fructueuses.

Restait Romana, à qui il avait confié sa jeune épouse qu'il ne comptait ni dans un camp ni dans l'autre, espérant sans y croire qu'elle tienne suffisamment bien sa place pour s'éviter les regards désapprobateurs.
Romana, peut-être la seule dans cette maison à être suffisamment honnête pour qu'il se range quelques fois à ses avis et écoute ses conseils.

Il se détourna de la fenêtre au moment même où trois coups discrets étaient frappés à la porte.
Il identifia sans peine les manières discretes de sa cousine qui se présentait ainsi qu'il l'avait souhaité, rapide et efficace, et l'invita à entrer.

[Couloir]

Romana poussa la porte à l'invitation du prince et la referma derrière elle, tout aussi discrètement qu'elle était entrée. Elle vit Elio qui se tenait près de la fenêtre et le salua d'une courte révérence.

"Je vous souhaite le bonjour, mon cousin, car je n'ai pas encore eu l'occasion de vous voir, aujourd'hui."

La jeune femme se tut, attendant que son cousin lance la conversation et lui apprenne la raison de cette convocation.

Elio avait lui aussi revêtu sa tenue d'apparat, qu'il portait avec son élégance coutumière. La lumière finissante du jour, couleur de vieil or, tombait en fine poussière sur le parquet de la pièce. La pièce avait une atmosphère intime qui détendit un peu Romana. Sans se l'avouer, la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'être mal à l'aise en présence de son cousin. Non pas qu'elle le craignait. Il l'impressionnait, voilà tout. Mais qui n'était pas impressionné par le prince ?

Elio fit quelques pas dans la pièce pour accueillir la jeune femme et d'un geste fluide de la main lui indiqua un fauteuil.

"Bonsoir ma chère Romana, je vous remercie d'avoir répondu aussi promptement à mon appel. Prenez place, je vous en prie, j'aimerais vous entretenir de quelques détails avant que nos hôtes n'arrivent."

Il sourit et se tint lui-même derrière une bergère qui faisait face au siège qu'il avait indiqué, caressant du bout des doigts le bois sculté du dossier.

"Mais rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de vous retenir longtemps ni de vous priver du plaisir de rejoindre la charmante compagnie qui ne saurait tarder à se presser dans la salle de bal."

Il y eut un silence durant lequel le regard d'or s'attarda sur la tenue de la jeune femme. Une élégance parfaite, sans ostentation aucune. Il semblait qu'en toutes occasions, la dame d'honneur mettait un soin particulier à ne point faire d'ombre à celle à qui elle était attachée.

Toujours souriant, le Prince reprit d'un ton léger.

"Mais avant tout, dites-moi, le rôle de dame de compagnie que vous tenez auprès de ma jeune épouse vous convient-il ? Ne trouvez vous point trop pesant cette place de chaperon que je vous ai confiée ?"

La dame d'honneur alla s'installer sur le siège que lui désignait son cousin.

"Mais rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de vous retenir longtemps ni de vous priver du plaisir de rejoindre la charmante compagnie qui ne saurait tarder à se presser dans la salle de bal."

La charmante compagnie ? Peut-être que Bianca et elle-même y rencontrerait le prince charmant, finalement. En tout cas, elle était impatiente de rejoindre la compagnie, car la soirée promettait d'être divertissante.

A la dernière question d'Elio, qui l'interrogeait sur son rôle de chaperon, Romana eut un sourire, et répondit sur un ton aussi léger que celui du prince.

"Absolument pas, mon cousin. La princesse n'est pas aussi mal disposée à l'égard de notre maison que ne le laissait présager ses origines, et qui plus est, d'agréable compagnie. Je dois dire que son caractère est tout ce qu'il y a de plus aimable..."

Romana n'acheva pas sa phrase par le "et je ne comprends pas comment il n'a pu vous charmer" prévu. Ce n'était pas son affaire, elle s'aventurerait sur une pente glissante.

Elle reprit, d'un ton enjoué.

"Je viens justement de la quitter, et elle m'a paru d'excellente humeur, très...enthousiaste à l'idée de cette soirée."

Elle fit une courte pause, afin de préparer ses prochaines paroles, de les présenter favorablement. Elle n'avait pas fait état de l'exubérance dernière de Bianca, même si le petit blanc dans ses dernières paroles laissait entrevoir la chose. La princesse paraissait heureuse, il n'était point nécessaire d'alerter Elio sur son comportement.

"Oui, cette soirée sera l'occasion de la divertir." reprit-elle. "Il me semble, cependant, que la princesse se sent quelque peu...entravée."

"entravée". Elle n'avait pas trouvé mieux.

"Elle m'a raconté que vous l'aviez menacée de la faire enfermer. Je ne sais si vous lui avez parlé sérieusement ou si vos paroles avaient pour simple but de l'effrayer, mais la princesse les a pris très au sérieux...Bianca m'a aussi raconté qu'elle avait invité son frère."

A ces mots, les joues de Romana se colorèrent légèrement, tant l'idée d'un Grazziano dans le palais Adorasti lui semblait intolérable. D'un autre côté, la joie que sa venue allait procurer à Bianca la réjouissait elle-même. Bref, la dame de compagnie ne savait plus que penser.

L'espace d'un instant le visage du prince se ferma et sa machoire se crispa.
Fallait-il que chaque détail de sa relation avec son épouse soit commenté, jugé et étalé au grand jour ? Certes, il ne pouvait blamer Bianca de prendre pour confidente sa plus proche suivante mais s'entendre ainsi demander des comptes, même d'une manière détournée, lui était intolérable.

"Ma cousine, il est heureux que je vous ai choisie pour premiere dame auprès de Bianca. Vous savez que je prends vos avis et conseils toujours au serieux et que venant d'une autre je n'apprécierais pas cette liberté de parole. Cependant, en ce qui concerne ce fait précis, je vous prierais de ne point vous en méler. Si mon épouse n'est pas assez fine pour comprendre quelle est sa place et où sont ses devoirs, je compte bien les lui enseigner."

Le regard d'or glacé vint se planter dans la nuit d'encre des yeux de la jeune femme.

"Et ceci de la manière qu'il me conviendra. Je n'attends ni commentaire, ni jugement de mes actes. Ces choses sont entre un époux et sa femme et ne doivent en aucune façon nourrir les conversations de salon. Je pense que vous étes bien assez au fait de mes exigeances pour le comprendre."

Il eut un brusque mouvement d'humeur qu'il contint en serrant violemment le bois scupté de la bergère et sa voix d'ordinaire si calme monta d'un ton.

"Dieu ! Mais pourquoi n'enfante-t-elle pas ?! Voici qui serait propre à l'occuper et lui faire prendre conscience des priorités ! Au lieu de cela, elle ne sait que geindre et commettre bévues sur maladresses ! Jusqu'à permettre aux Grazziano d'entrer ici. N'a-t-elle aucune cervelle, aucune raison ?!"

Les dents serrées à les briser, il maitrisa son emportement et sa voix calmée fut un peu rauque quand il reprit.

"Pardonnez mon humeur, Romana, je ne puis dissimuler à quel point tout ceci m'est pénible."

Il eut un sourire de convenance qui ne gagna pas ses yeux.

"Cette soirée l'enthousiasme disiez-vous. Bien. Très bien. Ceci au moins nous évitera mines boudeuses et gémissements qui eussent été un bien mauvais spectacle à offrir à nos hôtes."

La réaction de son cousin de se fit pas attendre. Romana vit le visage d'Elio se fermer. Elle craignit d'avoir mal manoeuvré. N'avait-elle pas porté préjudice à Bianca en agissant ainsi, alors qu'elle cherchait justement le contraire ?

"(...)Cependant, en ce qui concerne ce fait précis, je vous prierais de ne point vous en méler. (...)"

La remontrance du prince, quoique légère, fit pâlir la jeune femme. Elle aurait voulu lui affirmer qu'elle n'en avait jamais eu l'intention, mais le ton du prince était monté, et elle jugea préférable de ne pas l'interrompre.

Elle ne put soutenir le regard d'Elio et baissa les yeux. Elle fit fort bien. Ainsi Elio ne put voir le sourire qu'elle avait esquissé. Bianca, mère ?! Impensable. Bien sûr, il était naturel qu'il y songea, mais...aux yeux de sa dame d'honneur, Bianca n'était qu'une enfant ! Elle la voyait mal s'occuper d'un autre. A première vue. Mais peut-être serait-ce une solution, finalement. La maternité en avait rendu plus d'une à ses responsabilités.

Sans se départir de son calme, la jeune femme offrit un visage redevenu sérieux à son cousin.

"Je n'ai nullement l'intention de discuter vos décisions, mon cousin. Cependant, il est naturel que la famille de Bianca lui manque, ce qui n'excuse pas cette invitation. La princesse a manqué de discernement, mais ne soyez pas trop sévère avec elle. Je crois qu'elle est devenue plus raisonnable."

C'est en tout cas dans cet état d'esprit que Romana l'avait vue.

"La princesse saura faire bon accueil aux invités, soyez sans crainte. Si elle décide de s'accomoder de sa nouvelle vie, je pense qu'elle sera un excellent faire-valoir pour notre maison..."

Romana s'en voulait un peu de présenter Bianca sous cet angle, mais après tout, le rôle d'une femme se cantonnait bien souvent à cela. Et ce n'était pas forcément le plus mauvais rôle.

Un soupir de lassitude franchit les lèvres du prince et sa main se détendit sur le bois de la bergère.

"Sa famille lui manque et elle se sent esseulée, soit. Je ne l'empêche pas de visiter son frère puisqu'il se trouve demeurer à présent à Venise. Mais comme vous le comprendrez sans doute, je refuse qu'elle s'y rende sans que vous ne l'y accompagniez et sans m'en tenir informé. Je suis en tant qu'époux responsable de sa sécurité et la voir ainsi sortir du palais sans autre escorte que mon cousin Lazarro, auquel je ne confierais pas mon chien, est loin de me réjouir. Aucune dame ne peut se conduire ainsi et son titre fait d'elle une personne fort en vue. Les langues vont vite, Romana. Bien trop vite pour que nous puissions nous permettre de telles incartades. Une réputation est aussi vite établie que défaite, vous le savez bien."

Il réfléchit quelques instants, les yeux fixés sans la voir sur la gorge de la jeune femme. Le timbre un peu absent de sa voix montra que déjà il pensait à autre chose quand il reprit.

"Pourquoi ne recevrait-elle pas ? Ma mère tient salon à Florence et cela a un certain succes, elle s'amuse beaucoup de la fréquentation d'artistes de toutes sortes. Bianca pourrait faire de même. Confiez-lui cette idée, Romana, venant de moi elle la rejetterait sans doute."

Les yeux malicieusement étirés comme ceux d'un chat, il sourit à nouveau, plus lentement et inclina la tête.

"Bien entendu ma chère, vous me soumettrez la liste des personnes à qui elle fera porter un carton afin que je l'approuve."

"J'accompagnerai la princesse, où qu'elle se rende." aquieça Romana.

La mention de Lazarro, à qui le prince ne confierait même pas son chien, la fit sourire, cette fois-ci ouvertement. Quoique le jeune homme lui eut paru d'une correction exemplaire pendant le dîner, la jeune femme était loin de lui faire confiance.

"La réputation de Bianca restera intacte tant que vous m'en confierez la garde, j'y veillerai."

La dame d'honneur était bien consciente de la lourdeur de la responsabilité dont elle se chargeait. Mais pour servir son cousin, elle ne craignait rien.

L'idée d'un salon que tiendrait Bianca emporta aussitôt le suffrage de Romana. Voilà qui serait apte à occuper la jeune femme, à la divertir, et à lui procurer de la compagnie. Romana elle-même, passionnée d'art et de littérature, y trouverait son bonheur.

"Voilà une excellente idée que je ne manquerai pas de lui soumettre. Je serais fort étonnée que la princesse s'y refuse. Bien entendu, continua-t-elle, un sourire complice aux lèvres, la composition de ce salon devra recevoir votre approbation..."

Elle n'ajouta pas qu'elle-même jetterait un oeil à la liste des invités...

D'un hochement de tête, le prince apprécia le soutien que lui offrait Romana. Bien entendu, il n'était pas aveugle et se doutait parfaitement que la jeune femme était tiraillée entre son attachement naturel pour la Maison Adorasti dont elle faisait partie et Bianca envers laquelle elle semblait éprouver un vif sentiment de tendresse et une grande amitié.

"Vous rendez un grand service à Bianca en surveillant ses fréquentations et en la conseillant au mieux comme vous en avez l'habitude. Ne pensez pas la trahir en me rapportant ses sorties et ses connaissances, au contraire. Mon épouse est encore fort jeune et inexpérimentée du monde et de ses dangers, elle a bien besoin qu'une personne plus sensée prenne soin de lui éviter certains désagrements. Je vous fais entièrement confiance pour toutes ces choses auxquelles une dame de son rang peut être confrontée."

Il quitta la place qu'il avait occupée durant toute leur conversation et s'avança au devant de la dame d'honneur. Il tendit la main, pour qu'elle y prenne appui.

"Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, ma cousine, vous devez être impatiente de rejoindre nos hôtes. Un visiteur est arrivé que je dois voir avant de prendre part aux réjouissances, aussi je vous laisse gagner la salle de bal seule, ne m'en veuillez pas."

Du bout des doigts, il avait guidé la jeune femme devant la porte et s'inclina légérement, souriant.

Romana approuva d'un signe tête les paroles du prince. La marques de confiance qu'il lui donnait touchaient la dame d'honneur, déjà disposée à le servir de son mieux.

La jeune femme s'appuya sur le bras que lui présentait son cousin.

"J'espère que la soirée sera une réussite..." dit-elle en s'inclinant. Le mot réussite était alors à prendre au sens large, puisque le plaisir des invités n'en était pas le seul facteur.

Puis elle sortit de la pièce et ferma la porte silencieusement.

[Couloir desservant les appartements privés]