VENISE
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 Près de la Porte

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Pourpre
Du Bout des Doigts
Pourpre


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MessageSujet: Près de la Porte   Près de la Porte PerleJeu 15 Sep - 22:43

..
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Coriolan
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleSam 18 Mar - 20:33

[Palais Ca'Grazziano]

Il était arrivé comme il était parti. Sans prévenir personne. Sans prendre la moindre précaution. Sans se faire annoncer. Il n'avait fallu à Ugo qu'un souvenir fugace pour que, en un instant, toutes les mécaniques délicates qu'il avait commencé à bâtir lui paraissent tout à coup futiles et dénuées d'intérêt. Ou, pour parler plus franchement, elles ne convenaient absolument pas à la situation. Le Prince avait su, de ce genre de certitude qu'il avait eu un dizaine de fois dans sa vie, que c'était à présent qu'il devait agir. En partant seul, en arrivant au mépris de toutes les convenances et en espérant tout simplement que les membres de sa maison mis au courant le suivraient.
Il ne s'agissait pas, loin de là, de soumettre la maison Adorasti à une invasion chaotique. Mais tout simplement d'arriver à l'improviste.


*Et pourquoi pas, après tout. Je suis un frère tellement soucieux du bien-être de sa jeune soeur... Mon arrivée est peut-être cavalière, mais il faudrait être un coeur de pierre pour la trouver répréhensible... Et mon cher beau-frère l'est-il ?*

Il en avait la réputation, la chose était certaine. Mais, Ugo l'avait appris à ses dépens, la réputation servait d'abord celle à qui elle était rattachée, quoi que l'on en dise. Aussi est-ce avec une anxiété toute relative que le Prince se fit indiqué par deux serviteur héberlués l'endroit où se tenait la pièce musicale et fit-il une entrée discrète dans la salle.
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleSam 18 Mar - 21:25

[Appartements de Bianca]

Le prince avait guidé sa jeune épouse jusqu'au bas du grand escalier de marbre. Son pas intentionnellement lent avait permis à la jeune femme de ne pas se soucier le l'ampleur de ses jupes en lui présevant une démarche gracieuse, accentuée par la traine soyeuse de sa robe de cour.

A quelques pas encore de la salle de bal, il l'avait retenue un instant et avait plongé son regard de feu dans les yeux couleur de lagune
.

"Madame, cette soirée est de grande importance. Nous allons recevoir les personnes les plus en vue de la Cité. Amusez-vous et soyez heureuse de ce moment, mais ne perdez pas de vue que tous ne veulent pas votre bonheur. Gardez à l'esprit la méfiance qu'il faut et ne prenez pas chaque flatterie que vous recevrez, et je ne doute pas qu'elles seront nombreuses, à la lettre. Beaucoup sachant votre rang, chercheront à s'attirer vos bonnes grâce et votre recommandation pour quelque affaire dont ils se garderont bien de vous révéler le fin mot. Sachez sourire toujours et être suffisamment évasive dans vos réponses pour ne vous engager envers rien ni personne. Je sais que vous possédez suffisamment de finesse pour vous jouer des manipulateurs. Mais sentez vous libre d'accepter les invitations que les dames vous feront certainement. Amusez-vous Bianca."

Un sourire encore et il reprit sa marche.
Un homme se tenait sur le seuil de la pièce qu'il ne reconnut pas. Cependant, sa mise et ses traits ne lui laissèrent aucun doute. Ce visage aux traits fins et volontaires, cette chevelure blonde et ces yeux clairs disaient sans équivoque sa parenté.

Un muscle tressaillit sur la machoire d'Elio tandis qu'il venait se placer à quelques pas du prince Ugo. Pourquoi diable Lorenzo ne l'avait-il pas prévenu de l'arrivée des Grazziano ?
.

"Madame, votre frère semble avoir perdu sa suite, pour se tenir ainsi esseulé au seuil de la fête."

Il dévisagea l'homme blond et sourit aimablement. Pourtant son regard restait froid.

"Bien que votre présence ne soit pas sans me surprendre, soyez le bienvenu dans ma maison, Monsieur mon Beau-Frère."
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleDim 19 Mar - 1:20

[Appartements de Bianca]

Dieu que son époux marchait lentement ! N'en serait tenu qu'à elle, elle aurait levé un peu le bas de sa robe pour se rendre plus vite à la salle de bal. A croire que tous dans ce palais voulaient retarder le début de la représentation. Cependant, elle n'en fit rien et descendit les escaliers suivant la lenteur d'Elio et en profita pour regarder avec grande admiration le mouvement gracieux des plis de sa belle robe mauve. Et voilà qu'il s'arrêtait désormais à quelques pas de la salle de bal pour lui parler. Bianca ouvrit la bouche pour protester puis la referma pour écouter les recommandations d'Elio.

Ce fut assez difficile car tout son esprit était tourné vers le divertissement et elle sembla regarder son époux comme si elle ne comprenait pas ce qu'il lui disait. En fait, elle essayait de se concentrer sur ses paroles. Une fois qu'il eut ponctué son discours d'un sourire indiquant la fin et la reprise de la marche vers le but ultime qu'était la salle de bal, Bianca se décida à résumer à sa manière ce qu'il venait de lui dire.


"Ne vous inquiétez donc pas ainsi, il ne fait aucun doute que je m'amuserai."

Tenant toujours la main de son époux pour marcher à ses côtés, Bianca ne remarqua que quelques instants après la silhouette de son frère dans l'encadrement de la porte. Ignorant alors les paroles d'Elio à l'encontre d'Ugo, Bianca lâcha la main de son époux et se précipita vers lui en relevant un peu sa jupe.

"Ouiiii mon frère vous êtes arrivés ! La fête peut enfin commencer c'est merveilleux ! Je suis tellement contente !" dit-elle dans une explosion de joie en prenant ses mains dans les siennes.
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Coriolan
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleDim 19 Mar - 11:22

Avant même qu'il ait le temps d'évaluer précisément du regard la pièce dans laquelle il était entré, Ugo vit deux personnes faire à leur tour leur entrée. Il se figea sur place tandis qu'un muscle de sa mâchoire se mettait à saillir.
Le fait qu'il soit mis en présence d'Elio Adorasti aussi brutalement n'avait rien à y voir, pas plus que la réapparition de sa soeur, plus radieuse que jamais. Non. Mais il fallait le reconnaître, aussi tragique que ce constat ne puisse être : Bianca et Elio s'accordaient à la perfection. Certains auraient pu arguer que cette perfection n'était qu'esthétique, objection qu'Ugo n'aurait pas même pris la peine de relever. Ses pupilles translucides, dont même Iago n'avait jamais réussi à déterminer ce qu'elles regardaient réellement, fixait ces deux statues vivantes, sculptées d'une main tendre et amante, la symétrie adorable de leur visage, les contrastes entre leurs apparences qui semblaient se répondre, dialogue secret et ininterrompu.
Ugo sentit son coeur manquer un battement. Son esprit formait déjà mille constructions qui disparurent aussi vite qu'elles s'étaient élevées. L'heure n'était plus aux plans, hélas.
Lorsque Bianca le remarqua, elle franchit les quelques pas qui la séparaient de son frère avec une vivacité surprenante avant de lui saisir la main. Un léger parfum de violette flotta jusqu'aux narines du prince. Une odeur ténue mais tenace, aiguë... sans aucun rapport avec le vaporeux puissant de ses roses... L'odeur de la famille ennemie... non, de l'Autre famille.

A nouveau, le temps se mit à s'écouler. Sans aucune gêne devant cette manifestation de joie de la part de sa soeur, Ugo eut un large sourire :


"Ma soeur. Cela fait-il si peu de temps que nous nous sommes vus ? Le temps est mon pire ennemi. Il me semble avoir eu dix fois le temps de dépérir depuis votre dernière visite. Merci. Merci de votre invitation. Et soyez sur que ma joie est au moins égale à la vôtre."

Le message qu'il avait reçu un peu plus tôt n'avait pas un instant quitté l'esprit d'Ugo. Mais Bianca était là. Par là-même, les informations devenaient caduques. Si l'occasion s'en présentait, il poserait quelques questions à sa soeur sur le sujet. Ce n'étaient pas les moyens de communiquer avec elle qui manquaient.

*Mais pour l'instant...*

Ugo releva la tête et lia son regard à celui qui ne l'avait pas quitté un instant. Il n'y eu ni coup de tonnerre ni fracas d'armes. A nouveau, le Prince Grazziano sourit. Un sourire parfaitement aimable, mais peut-être un peu triste.

"Monsieur mon Beau-Frère. Vous allez d'emblée devoir faire preuve envers moi de votre indulgence. Je suis arrivé ici seul, et sans me faire annoncer. Ma suite nous rejoindra un peu plus tard, et j'ai bon espoir que son apparition soit un peu moins scandaleuse que la mienne. Je n'ai rien d'autre à plaider que l'impatience de retrouver ma cher soeur... Et, oserais-je l'avouer ? Celle que nous nous rencontrions enfin. Je ne pousserai pas l'hypocrisie jusqu'à dire que ce moment m'est indifférent..."
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleVen 24 Mar - 1:25

Elio nota le sourire, la parole aimable et le regard teinté de mélancolie. L'inflexion de la voix du prince Grazziano ne portait pas trace d'hostilité et Elio répondit sur le même ton gracieux et détaché.

"Ne craignez pas que je mette ce manque à votre débit, Monsieur. Mon épouse semble tellement heureuse de votre présence ici ce soir que je ne peux vous tenir rigueur d'une telle.. précipitation. Je fus mis au courant de votre récente installation à Venise et vous compter parmi nous alors que vos malles sont à peine ouvertes nous honore. Bien que je ne vous cacherais pas mon étonnement devant une visite aussi.. soudaine."

Il inclina la tête et un sourire très lent naquit sur ses lèvres pâles.

"Mais je ne doute pas que bientôt vous serez au fait des usages de notre cité. Tout ceci requiert sans doute un temps d'adaptation."

Il se détourna et son regard accrocha le regard peint du portrait de son ancêtre, celui-là même qui avait fait construire le palais. Sans doute le Prince qui les observait du haut de son cadre doré se retournait-il à présent dans sa tombe de voir un Grazziano fouler ses tapis.
Bianca semblait ne plus se tenir de joie et dévorait son frère des yeux tout en s'accrochant à ses doigts comme une enfant.
Déjà les regards se tournaient vers eux, interrogateurs et il reprit de la même voix basse
.

"Ma chère Bianca, je pense qu'il serait judicieux que vous présentiez Monsieur votre frère à nos hôtes afin qu'ils puissent à nouveau afficher une expression plus sereine que celle empreinte de la curiosité qui les tourmente à présent."

D'un geste fluide de la main, il invita la jeune femme à entrer dans la pièce où déjà nombre de personnes se pressaient. Il avait conscience de l'étrangeté de la situation. L'habitude établie aurait voulu que lui-même conduise son épouse au siège qui lui était réservé face à l'orchestre et non cet homme inconnu de tous qu'elle ne lâchait pas du regard. Mais l'étiquette était d'ores et déjà foulée au pied par la présence solitaire du prince Ugo. Les Grazziano, autant la soeur que le frère paraissant se moquer des convenances, c'est avec grâce qu'il leur en laissait assumer les retombées.
Le temps des remontrances viendrait à l'heure que lui-même choisirait. Il affichait pour l'instant un sourire léger et bienveillant qui ne trahissait aucune arrière-pensée.


[Les fauteuils côté gauche]
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleMar 28 Mar - 22:30

"Comme vous avez raison mon cher frère, la journée m'a semblé interminable et ce divertissement s'est fait cruellement attendre." répondit-elle avec un sourire aussi large que celui d'Ugo.

Toutes ses misères de la journée lui semblaient pourtant très loin et insignifiantes comparées à la joie de ce début de soirée en présence de son frère. Bianca suivit le regard d'Ugo et son regard bleu-vert se posa sur son époux, toujours sans lâcher la main de son frère.


"Mais non voyons Ugo, au contraire, une arrivée discrète est très bien, n'est-ce pas ?!" s'exclama-t-elle avec un grand sourire en prenant son mari à témoin.

Elio souriait et affirmait que cette venue non annoncée n'était pas grave et qu'il était honoré de sa présence. C'était parfait, son mari avait donc changé d'avis depuis le début de la journée où il s'était tant mis en colère face à l'idée qu'Ugo Grazziano entrerait dans son palais. Le sourire de Bianca ne fit qu'augmenter.

Lorsqu'Elio s'adressa à elle, Bianca resta quelques secondes perplexe en jetant des coups d'oeil aux personnes présentes dans la salle, se demandant pourquoi diable ils seraient tourmentés par de la curiosité. Croisant quelques regards dirigés vers Ugo surtout, Bianca sembla comprendre et retrouva son sourire ravi.


"Oh oui, bien sûr ! Venez !"

Et sans laisser le temps à son frère de dire quoi que ce soit, elle le tira littéralement par la main pour l'emmener vers les fauteuils près de l'estrade.

[Les Fauteuils Face à l'Estrade]
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Francesc
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleMar 11 Avr - 19:27

[Le Grand Salon]

Francesco avait suivi le petit valet jusqu'à la salle de bal. Comme les autres pièces que le maître d'armes avait pu voir, celle-ci était grande et richement décorée, preuve ostensible du pouvoir du maître des lieux.

La salle était pleine de nombreux visages inconnus et froids, qui lui semblèrent particulièrement jeunes. Les hommes étaient élégants et les femmes soignées et belles.

Le Vicomte resta quelques instants sur le pas de la porte. Il n'était pas impressioné, non, des soirées comme celle-là, il en avait vu bien d'autres jadis; mais il y avait quelque chose d'autre, quelque chose qui le prenait aux entrailles, quelque chose qu'il ne contrôlait pas et qu'il n'avait pas connu depuis longtemps... C'était l'angoisse du soldat qui regarde une dernière fois derrière lui avant le choc de l'assaut, le calme plat qui précède la tempête et le déchainement des orages de feu...

Il regarda une fois de plus ses vêtements de voyage sales et usés. Son épée était encore à sa ceinture... S'il avait su...
Non, il devait y aller, continuer à avancer. Il avait soudain l'impression que depuis cette sombre nuit, sa vie n'avait été qu'une longue fuite en avant, à la poursuite de quelques fantômes du passé, dont l'éclat se ternissait avec le temps, à la manière des étoiles...

Il avait décidé de reconstruire sa vie. A présent, il ne pouvait plus reculer. Sans oser se l'avouer, il savait très bien que sans le soutien du prince Elio, il ne pourrait pas continuer. C'était le seul homme qui pouvait encore l'aider à tout recommencer, au nom des liens qui ont uni autrefois leur deux familles...
Tout recommencer? Comme s'il était possible d'oublier...

Non, il devait y croire et continuer à se battre! Il releva la tête vers le jeune valet. Celui-ci attendait visiblement que Francesco soit sorti de sa longue rêverie. Il lui indiqua poliment un homme assis face à l'estrade, du côté gauche de la salle.


"Le Prince vous attends, Monsieur."

Francesco lui répondit d'un sourire. Il regarda l'homme. Il semblait grand, confortablement assis dans un fauteuil qui lui donnait une allure nonchalante. Francesco le voyait de trois quarts et ne pouvait distinguer son visage, mais il vit ses cheveux d'ébène et son teint d'albâtre.

*Voilà un homme qui a la prestance d'un grand prince*, pensa-t-il.

Prenant une longue inspiration, le Vicomte s'avança dans la salle. Sa démarche lente était martiale et assurée, ses éperons martelant le plancher comme un roulement de tambour. Faisant fi des regards biaisés que lui adressaient quelques invités, il s'avança la tête haute vers cet homme qu'il ne connaissait pas et qui était à présent son unique famille.

[Les Fauteuils Coté Gauche]
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Rossana
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleVen 14 Avr - 13:09

[Le rialto - la maison de la musicienne]

Une silhouette se découpa dans l'encadrement de la porte. C'était celle d'une femme ni très grande ni très fine, mais à la grâce indéniable.
Rossana fit quelques pas, hésitant à pénétrer dans la pièce. Elle n'était pas une invitée mais une "prestataire" ; elle n'était point là pour jouir d'une soirée divertissante entre gens de bonne compagnie, mais pour offrir à ces mêmes gens le cadre de leurs amusements.

Elle portait ce soir sa tenue la plus riche : une robe couleur "huitre", sans fanfreluches, mais que les reflets d'argent et l'éclat irisé du taffetas mettaient en valeur. Point de décolleté audacieux pour une femme de sa condition et de son âge, mais un pudique liseré de dentelle, retrouvé dans les manches et le bas du jupon, qu'on devinait sous l'épaisseur grise de la jupe lorsque Rossana marchait. Elle portait une parure d'argent : boucles d'oreilles, collier, et même un chapelet enroulé autour de son poignet droit. Dans ses cheveux poudrés, une chainette argentée dessinait des volutes parmi les boucles de sa coiffure. Elle avait les cheveux d'une couleur assez indéfinie, par ailleurs... Ils avaient du être très noirs il y a de cela quelques années, et étaient à présent tissés de fils blancs.
Rossana n'était plus une jeune fille et cela se voyait, mais du haut de ses 40 ans elle avait gardé un port de tête altier malgré les rides qui se creusaient au coin de ses yeux et ses formes qui s'épaississaient. Elle avait cependant la grâce des femmes mûres qui ont été belles dans leur jeunesse et qui ne l'ont jamais oublié, et le regard profond de celles qui ont déjà vécu.

Elle avait suffisement hésité, il était temps qu'elle entre enfin dans ce salon, parmi les convives.
Rossana chercha des yeux l'hôte, le prince des lieux, afin d'aller lui présenter ses hommages avant toute chose. Elle apperçu sa silhouette sur les fauteuils du côté gauche. Par bonheur il était seul (elle repoussa un frisson outré : comment osait-on laisser le prince seul comme s'il n'était qu'un invité sans intérêt?!)... Elle n'aurait jamais osé interrompre une conversation, ç'aurait été très cavalier et preuve d'un réel manque de savoir-vivre.

Le prince était seul, c'était donc là sa chance.
Prennant une inspiration, les mains serrées sur son éventail, elle traversa la pièce en prennant soin de faire d'aussi petits pas que possible afin que sa robe semble glisser au sol, comme c'était l'usage dans la haute société.


[fauteuils, côté gauche]
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Matteo Salvanti
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Matteo Salvanti


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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleVen 14 Avr - 23:16

[Embarcadère]

À peine Matteo était-il entré dans la salle de bal que déjà son regard aiguisé dardait d’attroupement en attroupement, évaluant la situation d’un œil critique.

Là-bas, n’était-ce pas ce cher Maître Barrozi en compagnie d’une splendide damoiselle? Son humanisme romantique devait l’avoir séduite. L’homme complétant leur couple lui était inconnu, mais son maintien lui faisait bonne impression.

Devant l’estrade s’était formée une bien étrange assemblée! Le Prince, un homme d’Église et Monsieur Farieli semblaient faire connaissance l’un de l’autre.

Et près de la cheminée, Monsieur degli Albizzi assis aux côtés d’une femme? Un large sourire éclaira le visage du blond. Le gentilhomme florentin aurait-il trouvé chaussure à son pied en cette exquise Amazone? Qui aurait cru qu’il était attiré par ce genre de demoiselles à l’allure farouche et indomptable? Bien sûr, le signor degli Albizzi contrevenait à toute règle de galanterie en se tenant dos à sa compagne, mais peut-être était-ce sa technique pour la séduire? Feindre l’indifférence? La fibre romantique du garçon en vibrait d’émotion. Que d’idylles en une seule soirée et ce, même pour les cas qu’il avait cru désespérés!

Finalement, dans les fauteuils du côté gauche, le Prince Elio. Matteo retint sa respiration, l’épisode du Caffé Florian lui revenant en tête. Il posa ensuite les yeux sur celle qui avait l’honneur de partager la compagnie du Prince Adorasti. Il n’arrivait à placer un nom sur son visage. Le sourire que lui accordait l’hôte de la soirée attestait qu’elle était une dame de qualité.

Que faire? Par où, ou plutôt, par qui commencer? Le garçon pouvait bien sûr se rendre auprès des visages familiers afin de consolider ses alliances, au risque de passer pour un élitiste ou de rater l’occasion de lier connaissance avec les invités à qui il n’avait pas encore été présenté. D’un autre côté, en ne s’adressant qu’à des inconnus, il pourrait vexer ceux qui s’attendaient à quelque attention de sa part. Pour quitter sa soirée certain d’avoir rempli son office de gentilhomme, il fallait donc qu’il fasse preuve de tact, qu’il sache quand s’attarder et quand faire ses adieux, qu’il courtise amis déjà acquis tout comme ceux qui le deviendraient sous peu. Cette tâche pouvait paraître fastidieuse à quiconque ne s’appelant pas Matteo Salvanti et ne se délectant pas de ces mondanités toutes en hommages et en flatteries.

S'aventurer trop près du Prince Elio aurait été hasardeux. Valait donc mieux se diriger dans la direction opposée, soit les fauteuils du côté droit. Se mettre en appétit avec Maître Barrozi et n'attaquer le plat de résistance que lorsque le temps s'y prêterait.


[Les Fauteuils Côté Droit]
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Francesc
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleDim 16 Avr - 1:45

[Appartements du Prince, Cabinet de toilette]


Francesco franchit à nouveau le seuil de la porte et entra dans la salle de bal. Il portait à présent un élégant costume bleu sombre, assez sobre, qu'il avait emprunté au prince. Ainsi vêtu, il se sentait un autre homme, bien plus à l'aise dans ce salon mondain. Il avait l'impression de retrouver la grâce de sa jeunesse.

Il remercia le valet qui l'accompagnait encore et, d'un air amusé, le regarda s'éloigner, visiblement content d'avoir rempli sa mission et de pouvoir enfin prendre quelque repos.
Puis il scruta la salle du regard. Celle-ci était à présent bien remplie, mais il ne reconnut malheureusement aucun visage familier.

Il regarda alors sur la gauche. Le Prince Elio ne semblait pas avoir tellement bougé, mais il était à présent assez entouré. Outre quelques curieux qui semblaient tourner autour du maître de maison comme autant de charognards, il y avait là une dame apparemment charmante, vêtue d'une splendide robe rouge et un homme à l'allure étrange, qui faisait froid dans le dos. Il était assez grand, mais sa démarche lui donnait un air de vautour. Quand à son visage, il faisait penser à celui d'un rongeur, à l'exception des yeux, qui semblaient ceux d'un renard... à moins que ce ne fussent ceux d'une fouine... c'était difficile à dire, tant ils étaient profondément enfoncés dans leurs orbites... Quoiqu'il en soit, cet homme paraissait bien antipathique... Francesco remarqua un également un homme inconnu, assis non loin du prince, et qui semblait observer la scène en restant à l'écart.


Le Maître d'armes aurait cependant aimé rejoindre son hôte. il ne connaissait personne ici et il voulait remercier le Prince pour la générosité dont il avait fait preuve à son égard.
Et puis, il avait une dette d'honneur envers la maison Adorasti, une dette qu'il était seul à connaître, certes, mais qu'il se devait de payer. Ce soir, après l'accueil du Prince Elio, il se sentait presque, pour la première fois, membre de cette maison.
Mais décidément, l'idée de devoir affronter tous ces courtisans inconnus, et spécialement le grand vautour décharné, lui déplaisait trop. Tant pis, il attendrait...

Le Vicomte s'avança donc au hasard dans la salle, heureux de constater que, cette fois-ci, tous les regards ne se tournaient pas vers lui.


[Les Fauteuils Face à l'Estrade]


Dernière édition par le Lun 17 Avr - 4:15, édité 7 fois
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Cilio de
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleDim 16 Avr - 1:47

[L'Embarcadère - Ca'Adorasti]

La chaleur du hall était exquise pour les membres engourdis du jeune poète. Il tressaillait encore du froid polaire qui régnait au-dehors, mais sans doute encore plus de la perspective d'affronter la foule compacte qui lui faisait face. Une envie soudaine lui prit de faie volte face et de s'enfuir jusqu'à la Ca'Grazziano, retrouver son pupitre, sa plume, son petit nid douillet de rêveur...

*Réaction normale du condamné prêt à être jeté dans la fosse aux lions...*

Quelle engageante entrée en matière. S'il voulait passer pour à peu près sociable - et surtout parvenir à ouvrir sa bouche pour émettre des sons correctement agencés et formant des mots censés, voire des phrases avec un peu de chance -, il avait tout intérêt à changer de point de vue.

Pour se mettre un peu en confiance, Cilio balaya d'un regard la foule, à la recherche de son Prince ou tout du moins, d'un visage connu. Un léger soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres lorsqu'il aperçut le Prince Ugo aux bras sa soeur Bianca; il était cependant trop occupé pour que Cilio se permette de le déranger... De toutes les manières, son Prince lui aurait gentiment conseillé d'aller à la rencontre des autres convives. Les amateurs d'art de manquaient généralement pas dans ce genre de réception, et il suffisait souvent à Cilio de décliner son identité en tant que poète pour être la proie au choix d'une pluie de compliments ou de sarcasmes bien placés... L'un comme l'autre le terrifiait.

Vers les fauteuils, Cilio aperçut également nul autre que le signor Degli Albizzi, qu'il avait lâchement abandonné sur le pas de la Ca'Adorasti. Celui-ci semblait s'en être parfaitement remis - d'un autre côté, il n'y avait pas de quoi se rendre malade pour un simple poète comme Cilio -. Il semblait en grande discussion mais Cilio ne parvenait pas à distinguer ses interlocuteurs, noyés dans le flot humain.

Le jeune poète ne parvint pas à trouver d'autres figures connues. Décidément, il fallait qu'il y aille... A moins d'attendre ici que quelqu'un vienne gracieusement lui adresser la parole. Tout était tellement plus simple lorsque c'était les autres qui faisaient le premier pas... C'est vrai, après tout, pourquoi aller se jeter dans la gueule du loup lorsque celui-ci, affamé, se jetterait de toutes manières sur vous à un moment ou à un autre?

Non Non, se raisonna-til, il devait faire honneur à la Ca'Grazziano. Montrer que les membres de la demeure étaient des gens de bonne compagnie, aimables, d'agréable conversation. Cilio tendit l'oreille. Pointant difficilement le bout de leurs nez au-delà des discussions animées, de mélodieuses notes venaient chatouiller son ouïe d'artiste. La musique. Ca, c'était une bonne idée de sujet de conversation! Ne restait plus qu'à trouver l'interlocuteur...

... Cilio prit parti pour le hasard et s'avança difficilement à travers la foule, à la recherche d'un visage lui inspirant assez confiance pour être abordé...


[Près des fenêtres]


Dernière édition par le Mar 16 Mai - 19:29, édité 1 fois
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George R
Invité




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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleJeu 4 Mai - 2:01

[embarcadère]

*Grumble, grumble, grumble*.
Dieu, est-ce que les concepteurs des robes volumineuses pensaient un seul instant au coté absolument pas pratique de leur création ? Non, ils ne devaient pas y penser. Parce que sinon, ils s’abstiendraient de concevoir pareilles monstruosités ! Voilà la vérité ! Les modistes étaient tous de parfait égoïstes enfermés dans leur tour d’ivoire et ne voyaient pas ce que le bas peuple pouvait endurer par leur faute !
Bien sur, quand on porte pareille création, on se sent belle et sure de soi. Mais si elle avait su qu’on pouvait faire endurer pareille torture aux autres… Bon, elle avait suffisamment d’honnêteté pour s’avouer qu’elle n’aurait pas changé de tenue pour autant. Mais quand même, malgré cet éclair de lucidité, une pointe d’humeur vengeresse pointait sous son crâne, et elle agonisait d’injure la jeune noble mentalement.

Bien sur, sa mauvaise humeur n’avait rien à voir avec l’envie. Et encore moins avec le fait qu’elles tournaient dans l’immense demeure sans trouver leur chemin depuis près d’une demi-heure ! Non, pas du tout ! Et le fait que George soit un peu trop têtue pour demander son chemin n’envenimait pas les choses. Aucunement. Foutu ‘palazzo’ vénitien à l’acoustique si parfaite ! Elle avait beau tendre l’oreille, il lui semblait toujours que la musique venait de droit devant alors qu’à l’évidence, ce n’était pas le cas. Sinon elle aurait trouvé les musiciens depuis belle lurette. Bien sur, elle n’exagérait que très modérément le temps perdu à chercher la salle où avait lieu les réjouissances. Juste un petit peu. Par mauvaise foi. C’était sans conséquence de toute façon, alors pourquoi se priver ?
Si elle s’écoutait, elle trouverait quand même le prince Adorasti pour lui suggérer d’accueillir ses invités avec un plan à l’entrée. Quelles idées farfelues traversaient les crânes des architectes lorsqu’ils construisaient de pareilles demeures ? Pourtant, on était à Venise, pas en Grèce ! Les labyrinthes n’étaient pourtant pas une spécialité locale !

Décidément, ce soir, rien ne trouvait grâce aux yeux de la jeune femme. Peut-être parce que quelque chose au fond d’elle, une lueur infime et tremblotante, prenait de la force de minute en minute, pour en devenir un feu dévorant, une sorte de rage contre le sort qui s’acharnait sur elle, contre le sort qui l’obligeait à se dissimuler, à s’abaisser et à quémander pour sa propre sécurité. L’humiliation qu’elle subissait, pas seulement ce soir là, mais depuis des mois, depuis le début de cette infortunée histoire, commençait à lui peser. Et ce manque, cette carence. Ce vide permanent qui perçait parfois sa poitrine telle une flèche empoisonnée, qui bien que retirée, continuait néanmoins à vous briser car son poison coulait toujours dans vos veines.
Et cette toxine, pour George, c’était l’envie. Le luxe, les belles robes, les coiffures apprêtées. Elle se serait damnée pour pouvoir juste une fois revêtir une de ces splendides parures. Sentir le tissus doux couler sur son corps, entendre le bruissement de la soie contre son sein, sentir l’odeur si particulière du velours, et sa lourdeur pesant sur ses épaules dans une délicieuse torture. Sans compter le frôlement imperceptible des regards masculins qui vous donnait une impression étrange, comme si la tête vous tournait, comme si soudain, sans savoir pourquoi, vous étiez investie d’une sorte de pouvoir étrange.
Oui, elle aimerait une nouvelle fois pouvoir se sentir femme et évoluer gracieusement au milieu des autres en tant que telle.

Soudain, une de ses belles de Venise déboula devant elle et la Cousine Princière qu’elle entraînait toujours à sa suite dans la quête du salon, et bouscula dans sa précipitation le vulgaire factotum qu’elle était devenue. La femme, visiblement avinée, ne prit pas la peine de s’excuser, et George, avant d’avoir eu le temps de se censurer, laissa échapper un murmure énervé. Aria, qui était suffisamment proche, pu entendre son valet murmurer quelque chose à propos de la grossièreté qui n’était pas l’apanage du bas peuple. Ou quelque chose d’approchant.
Un profond soupir, encore un, échappa à George avant qu’elle ne se ressaisisse et ne se tourne vers la damoiselle Grazziano.


« Je crois Madame, que nous sommes parvenue à la salle de réception, fit-elle en désignant la porte par laquelle était sortie la femme pressée. J’aperçois d’ailleurs Le prince par ici »

Heureusement que le prince en question dominait la salle de sa haute taille, car sinon, jamais George ne l’aurait vu, tant la foule était dense. Mais l’épaisse chevelure blonde de sa seigneurie était repérable de loin. Au moins un point positif dans cette soirée autrement atroce. Elle allait pouvoir décharger la noble jeune femme sans remord, et qui sait, peut-être pourrait-elle explorer un peu les environs. Et se remémorer son ancienne vie.
Peut-être parviendrait-elle à se calmer un peu les nerfs de cette façon ? Souvent la solitude l’aidait à faire le point. Mais trouver un lieu calme dans une maison où a lieu une célébration aussi grandiose allait relever du miracle…
Mais encore fallait-il qu’elle sache si la jeune princesse saurait se débrouiller seule.
Avait-elle été un jour aussi.. Précieuse et féminine que ces jeunes femmes qu’elle voyait évoluer au bras d’élégants éphèbes ? Elle se remémora l’Angleterre et sa vie sur la terre d’Albion, et dut bien s’avouer qu’elle avait bien du faire partie de ces insouciants papillons. Mais cette époque où elle pouvait évoluer dans une défroque féminine semblait si loin…
Ses lèvres s’étirèrent en un sourire quelque peu désabusé.

*Une robe, pensa-t-elle. Mon royaume pour une robe. Et une vie nouvelle.*

« Désirez-vous, Ma Dame, que je vous accompagne jusqu’à sa seigneurie ? Ou souhaitez-vous que je reste ici ? »

Intérieurement bien sur, George espérait reconquérir sa liberté. Mais il lui fallait jouer son rôle, quoi qu’il lui en coûte.
Mais pour être honnête, elle se montrait peut-être un peu injuste avec la princesse. Sa mauvaise humeur, et son attente dans le froid avaient exacerbé ses sentiments.
Elle regarda de nouveau la jeune femme qu’elle accompagnait et eut envie soudain de s’excuser de ses pensées. Bien sur si elle se laissait aller à cet excès de.. Remords ? Sentimentalité ?
Un léger rire perlé lui échappa, vite réprimé, car le son cristallin aurait pu la trahir. Heureusement que personne ne pretait attention aux factotums….
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Aria Aqu
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleDim 21 Mai - 20:46

[L'Embarcadère - Ca'Adorasti]

Une remarque sur le devoir pesant de l'escorter. Un regard en biais, et d'autres aussi peu agréables. Des détours interminables. Des soupirs presques perceptibles. Une colère contagieuse. Deux jurons prononcés. Aria comptait les points, et la liste silencieuse des tortures qu'elle se promettait d'infliger au valet ne faisait que s'alourdir de minute en minute. Entre sa robe des moins commodes, et l'attitude étrange du factotum, sans compter ce sens de l'orientation absolument proche du néant, chaque seconde venait à grignoter un peu plus sa réserve de patience, déjà bien affaiblie par le voyage et la perspective de cette soirée. Mais Aria tenait bon, et continuait de se retrancher derrière ses principes. Chacun son rôle. Et le sien n'était pas de la guider jusqu'au Prince di Grazziano.

Enfin, Il semblait sur la bonne voie. Il était temps. Pour un peu, elle l'aurait presque félicité d'une caresse sur la tête, mais le bougre semblait prêt à mordre. Aria en était à se demander s'il aimait les susucres, quand le Valet cabotin lui adressa de nouveau la parole. Suivant son regard, elle apercut un bel homme qui surplomblait la foule d'une crinière blonde aisément reconnaissable. Ugo... Huit ans déjà et toujours ce port de tête unique.

Cette vision lui rendit le sourire, et effaca entièrement la liste virtuelle de ses reproches. Détachant sa cape, elle la laissa soigneusement glisser, puis la replia légèrement, avant de la blottir dans les mains du valet. L'accompagner ? Hors de question qu' elle se risque à un nouveau regard sarcastique devant tous les invités.


"Veuillez mettre ma cape avec le manteau des autres invités, Mr Ryding. Ensuite, vous pourrez disposer. Vous devez être... épuisé."

Bon d'accord, la derniere phrase contenait un semblant de sarcasme. Juste ce qu'il fallait pour montrer au valet que son attitude n'était pas passée inaperçue. Lui accordant ensuite un sourire -réflexe- de remerciement avant de l'éjecter -sans douceur- de ses pensées, elle se détourna vers la salle. Prenant une lente inspiration, Aria y entra la tête haute, le sourire gracieux, le pas délicat. L'arène n'attendait plus qu'Elle.
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George R
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleDim 28 Mai - 22:06

La jeune femme serra les poings, sur le vêtement, fort, très fort, jusqu’à ce que les joints de ces doigts blanchissent sous la pression qui leur était imposée. Le pauvre manteau se faisait consciencieusement chiffonner sous les assauts de George qui ne prêtait aucune attention à ce qu’elle faisait, son regard accaparé par la jeune demoiselle qui s’éloignait, l’air hautain des gens du monde plastronné sur son visage. Sûre de son importance, sûre de qui elle était, il était plus qu’apparent que la femme était à sa place.
En réalité, ce n’était pas la cape de la princesse qu’elle étranglait consciencieusement, non, mais la nuque gracile et si blanche de celle-ci.
En fait, oui, elle était épuisée. Épuisée mentalement à force de retenir sa langue pour ne pas aboyer ce qu’elle pensait à cette pécore !
Elle tordit encore un peu plus le tissus soyeux, comme pour donner le coup de grâce au pauvre manteau innocent.
George pouvait presque entendre le craquement lugubre annonciateur d’os brisés. En réalité, ce n’était rien de plus que le son produit par le tissus malmené, tissus riche, chatoyant au doux crissement de soie. Mais il était tellement plus jouissif d’imaginer qu’il s’agissait d’autre chose…

Bien sur que c’était de la soie, se fit-elle la remarque. Une noble héritière d’une famille titrée et fortunée ne pouvait à l’évidence que porter ce qu’il y avait de mieux en ce bas monde. Et à l’évidence, la soie était au moins cela.
Peu à peu, les doigts de la jeune femme, de tourmenteur et bourreau, se firent doux et délicats, frôlant l’étoffe soyeuse, la caressant comme on effleurerait la peau d’un amant. Quand avait-elle eut entre les mains une telle œuvre d’art ? La jeune femme baissa la tête pour regarder le vêtement, sentant toujours sous ses paumes la délicatesse de l'étoffe. Oui, la cape était de qualité, souple, aux finitions exquises. Aria Aquila di Grazziano devait adorer s’en parer. Quelle femme n’aurait pas adoré, d’ailleurs ?
Elle même…
Un sourire un peu étrange vit le jour sur ses lèvres, trahissant le trouble étrange qui l’envahissait.
Jalouse.
Elle était jalouse de la jolie petite princesse. Si on avait un jour annoncé à Georgina qu’elle serait jalouse d’une autre femme, et pour un vêtement, elle ne l’aurait jamais cru.
Si elle était honnête, ce n’était pas tout à fait du manteau, ou même de la robe dont elle était envieuse. Mais envisager le fait que ce soit tout autre chose qu’elle désira, elle ne le pouvait pas. Si elle se mettait à trop réfléchir… Elle pourrait bien lire en elle-même bien plus qu’elle ne le voulait.
Et s’effondrer.
Lâcher prise et trop penser.
Elle n’en avait pas le temps. Pas maintenant, pas encore. Elle n’était pas encore sûre qu’elle puisse… Se laisser aller.

Toutes à ses réflexions, la jeune femme, toujours sous ses habits de valet, s’adossa au chambranle de la porte, observant les invités des Adorasti à couvert, commentant intérieurement leur mise, leur posture, leurs tics. Elle s’amusait à imaginer qui ils étaient, quelle était leur importance dans ce monde Vénitien, et leur richesse. Lequel était ‘a mug’ selon l’expression anglaise.
Soudain, elle aperçut une haute silhouette qui surplombait les invités. Un frisson lui parcourut l’échine, et une soudaine bouffée de chaleur fit poindre à son front quelques gouttes de sueur. L’homme, à la silhouette bien découplé, et à la chevelure étrangement rousse lui tournait le dos. Les cheveux étaient plus longs, la coupe différente, mais on aurait dit…
Puis il se tourna vers un de ses interlocuteurs et la jeune femme se remit soudain à respirer librement. Non. Ce n’était pas lui.
Mais la jeune femme, secouée tout de même, décida de fuir le lieu. Elle avait besoin de reprendre empire sur elle-même. Elle ne savait que trop de quoi elle devait avoir l’air en ce moment même. Si l’un des convives prenait le temps d’observer le jeune laquais, il verrait quelqu’un au bord de l’évanouissement. Le teint pâle, les mains tremblante, les lèvres frémissantes, la jeune femme paraissait avoir reçu un choc. Comme si elle avait vu un événement tragique. Comme si elle était victime d’une sorte d’attaque étrange et inexpliquée.
Elle avait besoin d’être seule, loin de la foule, de se reprendre. Et vite avant qu’on ne remarque son état, ce qui ne manquerait pas d’amener des questions auxquelles elle ne voulait pas répondre…
Elle se redressa lentement, se désolidarisant du chambranle doucement, écrasant contre son sein les affaires si précieuses de la Grazziano, tout en tachant de faire refluer la violente nausée qu’elle sentait monter en elle…


[Va peut-être partir - en reflexion]
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Rossana
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleJeu 10 Aoû - 22:30

[L'estrade des musiciens]

La nuit était très avancée, et la fatigue pesait lourd sur les épaules de Rossana.
On lui apporta sa cape, qu'elle passa d'un air las. Elle était épuisée, mais la performance du soir avait été convainquante... du moins elle l'espérait.

Elle espérait également que sa prestation lui apporterait des contacts. Des petits concerts, en soirée ou simplement dans le cadre familial ; ou des cours de piano pour les jeunes filles des grandes familles de Venise, peut-être :


A présent il était grand temps de rentrer chez elle, dans la froideur de la nuit vénitienne.
Et à pied, la musicienne n'avait pas les moyens de se payer un fiacre, ni une gondole...
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Rossana
Invité




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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte PerleMar 5 Sep - 11:35

La nuit était noire et sans étoiles. Un frisson glacé secoua la musicienne, qui resserra sa cape autour de ses épaules, hésitant à s'élancer sur les pavés luisants.
Elle jeta un regard par dessus son épaule : derrière elle la soirée se terminait peu à peu, dans la lueur chaleureuse des lustres à chandelles et l'éclat des rivières de diamants.
Il était temps de cesser de rêver et de rentrer chez elle. Là-bas ne l'attendaient ni rivières de diamants ni lustres à chandelles. Cependant, elle nourissait bon espoir de trouver la douce chaleur d'un feu de cheminée, même si son époux et ses enfants devaient dormir depuis bien longtemps.
Rossana quitta enfin les lieux et traversa l'image vestibule pour prendre la direction de sa maison, tout en retardant autant que possible le moment de s'élancer dans l'obscurité.


[Les communs - le couloir désservant les communs]
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MessageSujet: Re: Près de la Porte   Près de la Porte Perle

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