[la Chambre]
Resté seul, Elio ota ses vêtements froissés et gagna le cabinet de toilette.
N'eut été le peu de temps dont il disposait avant de recevoir sa cousine, il aurait apprécié de se faire monter de l'eau et se couler dans un bain chaud. Il sourit en pensant aux attentions délicieuses dont les servantes faisaient preuve à son endroit en prenant soin de parfumer toujours l'eau de son bain d'huiles odorantes et à la douceur de leur mains massant ses épaules et son cuir chevelu pour en chasser toute tension.
Il chassa le besoin de repos de son esprit et fit une toilette sommaire devant une simple cuvette.
Encore nu et n'étant point comme ses contemporains craintif du froid et de la maladie, il ouvrit la fenêtre sur la nuit froide et respira profondément, évacuant la fatigue de la journée qui venait de s'écouler. Il frictionna sa peau d'une lotion qu'il faisait venir de Florence et où se mélait la douceur poudrée de l'iris et la chaleur épicée de l'ambre gris. Il songea qu'il lui faudrait désormais se fournir à Venise chez quelque Maître Parfumeur et Gantier où il trouverait de la même manière de cette délicieuse poudre d'iris dont il avait l'habitude de talquer ses gants. Lorenzo saurait sûrement où s'adresser, lui qui n'avait pas son pareil pour prévenir ses moindres désirs.
Il retourna dans la chambre où il passa ses bas, la chemise blanche au jabot de dentelle fine et la culotte noire qui seyait à la tenue choisie puis il brossa ses cheveux avant de les nouer d'un ruban de soie noire rehaussée du même fil d'argent qui ornait de ses broderies le justaucorps qu'il enfila.
Ses préparatifs terminés, il gagna son petit salon et alla s'assoir dans une petite bergére qu'il affectionnait pour y attendre Romana en feuilletant le livre précieux offert par Iago.
[Salon Privé]