VENISE
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 Le Petit Salon Privé

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Bianca Grazziano Adorasti
Princesse - Ca'Adorasti
Bianca Grazziano Adorasti


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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleMar 20 Déc - 14:34

Bianca trouva rassurant le contact de la main de sa Dame d'Honneur sur son bras. Elle oubliait trop souvent qu'elle était la cousine du Prince et qu'elle pouvait lui parler plus librement que les autres personnes du palais. Si elle disait qu'elle allait lui parler, elle pouvait lui faire confiance. Apparemment les intentions de son mari à son sujet l'avaient un peu choquée.

"Il a dit ça pour vous effrayer..."

"Peut-être." répondit-elle en haussant les épaules comme si peu lui importait que cela arrive ou non.

Toujours souriante, elle invita Romana à sortir de ses appartements.
"Bien sûr que je vous accompagne, j'ai besoin de bouger un peu."

[Salle à Manger]
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Elio Lacryma Adorasti
Prince - Ca'Adorasti
Elio Lacryma Adorasti


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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 18 Mar - 1:38

[Appartements d'Elio]

Encore dans l'esprit de la conversation qu'il venait d'avoir avec Romana, Elio sortit de ses appartements et longea le couloir afin de rejoindre l'étage inférieur.
Il était assez soulagé d'avoir eu confirmation du soutien de la jeune femme et son front lisse n'était plus marqué d'aucune ride soucieuse.
Un sourire léger flottait même sur ses lèvres à la pensée de revoir Iago bientôt. Quoi qu'il fit il ne pouvait chasser son ami d'enfance de son esprit. Le revoir avait été un tel choc qu'il commençait tout juste à mesurer ce que cela signifiait. Bien sûr, Iago avait créé des liens dont il ne connaissait pas la nature avec Ugo di Grazziano, bien sûr ils n'étaient plus des enfants et par la même leur relation serait forcément changée. Cependant, dans les yeux de l'homme qu'il était devenu, il avait vu briller la flamme qu'il connaissait bien et dans ses mots le Iago d'antan refaisait surface.
Du coup, l'épreuve de la soirée lui paraissait moins pesante. Presqu'agréable puisque prélude à se revoir encore.

Un bruit attira son attention alors qu'il passait devant les appartements de Bianca. La jeune femme, pourtant, devait être descendue se joindre à leurs hôtes depuis longtemps. Romana était-elle affairée à quelque tache ? C'était fort peu probable. Une servante peut-être.
Intrigué, le prince fit quelques pas vers le seuil du petit salon.

Il croisa les bras et s'appuya nonchalemment au chambranle de la porte en voyant sa jeune épouse traverser la pièce d'une démarche dansante. Sa voix calme vint la cueillir alors qu'elle n'était plus qu'à quelques pas et ne semblait pas encore consciente de sa présence
.

"Je pensais que vous seriez déjà descendue."
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 18 Mar - 2:03

[Sa chambre]

Malgré la voix calme de son époux, Bianca sursauta brusquement en relevant la tête vers la porte et manquant lâcher une des pièces d'or qu'elle faisait tourner entre ses doigts.

S'arrêtant de marcher, elle resta interdite quelques instants en regardant Elio comme s'il venait de la prendre en faute. Se reprenant, elle ferma un peu son visage d'un air contrarié et répondit avec humeur.


"Cela semble être une habitude chez les gens de cette maison que de me faire sursauter à tout moment."

Elle glissa dans sa robe la pièce qui alla rejoindre les autres et regarda Elio avec un air qu'elle tentait de rendre grave malgré sa bonne humeur incontrôlable.

"J'allais descendre dans la salle de bal rejoindre les invités. Souhaitiez-vous me parler avant ? Ce qui expliquerait votre présence dans mes appartements..."
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 18 Mar - 2:39

Le prince eut un geste désinvolte de la main.

"Non, j'ai entendu du bruit provenant de vos appartements alors que je vous croyais occupée en bas. Etes-vous déjà descendue et avez-vous vu nos hôtes ou vous apprêtiez vous à le faire ?"

Il nota avec un sourire qu'elle portait le bijou qu'il lui avait offert un peu plus tôt.

"Vous me voyez fort aise que ce collier vous plaise au point de le porter ce soir. J'avais l'inquiétude que nos différents ne vous fasse l'ignorer."

Il tendit la main vers la jeune femme, lui offrant l'appui de ses doigts.

"Me ferez-vous l'honneur de m'accompagner ? Bien que je doive recevoir un visiteur, rien ne me flatterait plus que de gagner la salle de bal au bras d'une si délicieuse compagne."

Elle était à présent si prés qu'il pouvait humer son parfum.

"La violette dont vous usez ces temps-ci est toute à l'image de votre personnalité et vous sied fort bien, une élégance discrète peu encline aux frivolités et aux extravagances."

Il sourit à nouveau et son regard s'adouçit.

"Il me plait que vous soyez ainsi, je pense que sans tomber dans cette folle passion qui émaille vos romans, nous pourrions nous entendre et vivre en bonne intelligence."

[Divertissement musical - Près de la porte]
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 18 Mar - 15:29

"Oui je suis déjà descendue dans la salle de bal.. j'étais la première d'ailleurs et peu de monde était encore présent. Mais je suis remontée dans ma chambre chercher quelque chose." répondit-elle simplement.

Elle suivit son regard sur son collier et nota qu'il paraissait satisfait. Pinçant les lèvres, elle répondit sans hostilité mais comptant bien mettre les choses au clair avec son époux.


"Ne vous faites point d'illusion, je l'ai mis ce soir car sa couleur se mariait fort bien avec la robe que j'avais choisie." commença-t-elle.

"Cependant, ce présent était gage de bonne volonté de votre part, il aurait été stupide que je le refuse." poursuivit-elle en fixant le regard d'ambre de son mari.

"Quoiqu'il en soit, ne croyez pas que cela m'engage à reconnaître le bien fondé de toutes vos exigences." conclut-elle d'une voix sûre.

Bianca ne rechigna pas à accepter la main que lui tendait Elio. Elle avait hâte de retourner dans la salle de bal et avait beaucoup de mal à ne pas trépigner d'impatience, se forçant à paraître distante face au prince comme elle le faisait les autres jours. D'autre part, faire une entrée remarquée aux côtés du Prince la réjouissait, ce qu'elle s'efforçait de ne pas montrer. Elle pensa tout de même qu'il lui faudrait s'éclipser à nouveau pour retrouver le saltimbanque à l'office. Ca faisait beaucoup de choses alors qu'elle désirait simplement que cette soirée commence !


"Vivre en bonne intelligence. Il me semble avoir déjà entendu cela..." dit-elle en posant ses doigts sur ceux d'Elio, s'efforçant d'ignorer sa flatterie sur son parfum bien qu'elle en fût touchée.

"Bon allons-y maintenant, ce divertissement est interminable à commencer." dit-elle avec un sourire, ne pouvant retenir plus longtemps son impatience.

[Divertissement musical - Près de la porte]
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Coriolan
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleVen 18 Aoû - 1:12

[Appartement de Bianca - La Chambre]

Le petit salon ressemblait à la chambre de Bianca dans l'atmosphère. Toujours cette impression de voir un Perce-neige.
Coriolano regardait avec attention les meubles autour de lui, les décorations éparses.
Il alla à la fenêtre. Elle donnait sur le Canal. Il y avait un balcon, comme dans la chambre. Le jeune saltimbanque avait dit la vérité.

Coriolano regarda de nouveau autour de lui, sans cacher le fait qu'il observait. Il finit par se diriger vers un fauteuil dans lequel il s'installa. Un instant il garda le silence, étudiant sous des paupières mi-closes la silhouette du Prince Adorasti.

Et puis tout d'un coup, sans signe avant coureur, il se redressa, et légèrement penché en avant vers Elio, il demanda sans précaution, d'une voix presque chantante :


"Est-ce que vous pensez que Bianca est enceinte ?"


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Elio Lacryma Adorasti
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Elio Lacryma Adorasti


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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleMer 13 Sep - 3:36

[Appartement de Bianca - La Chambre]

Elio avait laissé le prince Grazziano entrer et s'installer sans un mot.
Il n'avait aucune envie de converser et les questions pour le moins indiscrètes que Ugo se permettait de poser l'indisposaient.

Son regard froid se posa sur son beau-frère, lassitude et ennui
.

"Si cela était, vous en seriez très certainement rapidement informé."

Alors qu'un peu plus tôt dans la journée, il avait souhaité tout haut qu'une telle chose arriva, il n'ajouta pas qu'une grossesse eut été pour le moins surprenante.
Depuis de longs mois déjà, les relations du couple s'étaient espacées, puis étaient devenues pratiquement inexistantes. Les tentatives de rapprochement qu'il avait tentées sans grand intérêt s'étant soldées par un échec, il en avait sans regret abandonné l'idée.
Il n'était pas homme à se formaliser de n'avoir pas accés au lit de son épouse, cela lui importait peu et ce devoir lui étant épargné, il ne s'en portait que mieux.

Bien entendu, ceci était resté entre les deux époux et personne dans la maisonnée n'avait rien soupçonné de ce genre
.

La question d'Ugo, pour être totalement contraire aux usages, n'était donc pourtant pas dénuée de sens.
Aprés tout, les deux époux étaient jeunes et en bonne santé...

Il laissa tomber sa réponse d'un ton indifférent et ses mots semblèrent flotter un instant dans l'air avant de s'éteindre
.
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Coriolan
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleJeu 14 Sep - 23:40

Ainsi Elio n'avait qu'ennui, lassitude et indifférence à l'idée d'avoir un héritier. Pas d'agacement en pensant ne toujours pas avoir d'enfant, pas de joie ou d'espoir d'en avoir.
Une réponse indifférente qui ne semblait pas tenir la venue d'un nouvel héritier Adorasti comme très probable.
Oh évidemment, ce n’était pas la seule interprétation possible. Et le ton lassé qu’avait employé Elio pouvait tout aussi bien n’être que la marque d’un agacement contenu, devant l’impolitesse des questions qu’il posait. Coriolano n’aurait ôté à personne le droit de dire que ses propos dépassaient les bornes de la convenance.

Il eut un petit sourire en coin, pour lui-même. Il avait une autre question tout aussi incorrecte. Il laissa son regard impénétrable errer dans les méandres d'un motif de la tenture sans perdre de vue Elio.


"Dites-moi..."

"Faites-vous vraiment tout pour avoir un héritier ?" le reste de la question, presque indécente en fin de compte, ne franchit pas les lèvres de Coriolano. Un valet qui venait de frapper la porte évita à Elio d'entendre la question que Coriolano se faisait un plaisir de poser. Non qu’il attendît une réponse. Il était poussé par la curiosité. Savoir si Elio pouvait rougir, peut-être, à des paroles.

Le valet, un tout jeune homme, qui avait cru entendre "entrez" peut-être, à moins que ce ne soit les habitudes de la maison ouvrit la porte et, sans entrer dans la pièce, s'inclina devant Elio.
"Que Monseigneur me pardonne cette intrusion. Un valet de la maison Grazziano s'est présenté avec un pli pour le Prince Coriolano. Il semblerait que ce soit urgent. J'ai pensé..."

Le valet s'était arrêté hésitant, tenant la lettre à la main. Mais Coriolano s'était déjà levé, et se tenait devant lui.


"Je vous remercie pour votre diligence, jeune homme."

Coriolano avait maintenant la lettre, et le valet une pièce dans le creux de la main. Il regarda un instant, avec les yeux de celui qui ne croit pas à sa chance, le visage bienveillant d'Coriolano, avant de se confondre en remerciement et de disparaître.
La générosité des Grazziano n'avait pas de borne... Et surtout, tel qu’il connaissait le personnel de sa maison, il y avait de fortes chances pour qu’ils aient intimidé le jeune valet par une fausse importance et l’aient poussé à agir en toute hâte.


"Si vous voulez bien m'excuser, Prince..."

Coriolano s'approcha d'un chandelier et ouvrit rapidement la lettre qui n'était fermée que d'une aiguille. Il reconnut immédiatement l'écriture efficace, déterminée mais simple de son intendant. Il parcourut rapidement le contenu de la missive et sourit d’un sourire joyeux.

"Je crains que mes gens n'aient fait un peu de zèle en venant déranger vos serviteurs. Il ne s'agit pas là d'une affaire de vie ou de mort. Mais enfin, j'ai le bonheur de vous annoncer que ma cousine vient de nous arriver de Naples."

Il sembla réfléchir un instant en délaçant son pourpoint pour serrer la lettre dans une poche cousue à l'intérieur. Cela ferait sans doute plaisir à Bianca. Il porta son regard transparent sur Elio, avec un sourire amusé.

"Il faudra que nous fêtions cela dignement... Cela sera une excellente occasion de vous faire visiter la demeure du frère de votre épouse, n'est-ce pas ?"


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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleVen 15 Sep - 2:53

La machoire d'Elio se crispa et les yeux d'or flamboyèrent quand le prince Grazziano, au mépris de toutes convenances, passa devant lui pour se saisir d'un courrier.
L'éclat de la pièce de monnaie qui brilla un court instant dans la main du valet ne lui échappa pas et il frémit imperceptiblement.
Ugo se pensait-il dans une quelconque auberge ?

Ainsi, une autre Grazziano rejoignait l'insupportable troupe, grand bien lui fasse.
Quant à se rendre à une réception donnée en leur palais.. Il retint avec peine les paroles acides qui lui montaient aux lèvres
.

"Et bien Monsieur, vous nous laisserez votre carte et ainsi.. suivant l'état de santé de mon épouse.. nous verrons au moment opportun si nous sommes en mesure d'honorer votre invitation."

Le ton égal, indifférent comme s'il s'était agi de répondre à un quelconque courtisan, ne laissait pas place au doute sur le peu d'intérêt que suscitait la-dite invitation.
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Coriolan
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 16 Sep - 13:54

Coriolano avait écouté la réponse d'Elio avec un sourire amusé. Mais il était difficile de savoir ce qu'il trouvait amusant. La réponse ? La façon de répondre ? Son propre comportement ?

Il rit doucement, finissant de refermer son pourpoint.


"Oh, mais nous ne saurions nous passer de votre présence... Que serait Venise sans son Prince Adorasti, aux yeux d'or et à la voix de velours ?... Je n'arrêterai pas de jour sans..."

Coriolano n'eut pas le temps de finir, on toquait cette fois à la porte qui donnait sur la chambre de Bianca.
Il sourit un instant, se disant qu'il pourrait agacer une fois de plus son beau-frère en ouvrant la porte lui-même. Mais il s'était assez amusé déjà, et il ne volerait pas le rôle de maître de maison une fois de plus. Il se contenta de retourner vers le fauteuil qu'il avait choisit, et de rester debout, tourné vers la porte, espérant voir le médecin apparaître, avec des nouvelles de sa sœur.


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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleMer 20 Sep - 23:36

Elio nota le sourire amusé de son interlocuteur. Ainsi, la situation lui était plaisante jusqu'à en rire.

Et bien qu'il s'amuse..
Aux coups discrets frappés à la porte, le prince reconnut la patte de sa cousine.
Etant resté pres de la séparation entre les deux pièces, il n'eut qu'à se tourner pour ouvrir, le front barré d'une ride soucieuse.

Il laissa la jeune femme et le médecin entrer dans la pièce sans dire un mot.
Il savait d'expérience que presser les médecins de questions ne servait à rien, qu'il fallait les laisser exposer leur science.
Son regard, cependant, effleura le visage de Maïtre Barrozi pour chercher les yeux de Romana.
Il savait qu'il lirait sans ambiguité dans les prunelles d'encre ce qu'il avait besoin de savoir.
Le langage des yeux était une chose bien utile dont il usait depuis son enfance avec les membres proches de son entourage.
Et Romana, tout comme sa propre mère, était fort douée à ce jeu
.
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Muzio Barrozi
Médecin
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 23 Sep - 23:03

[Appartements de la Princesse - La Chambre de Bianca]

Elio avait le front soucieux. Cette ride horizontale, elle était commune aux riches comme aux pauvres, aux Princes comme aux Domestiques. Muzio l'avait notée sur tant de fronts, front bombé, front fuyant, front grand, front petit, qu'il avait appris à la redouter. Un mot de lui, et voilà la ligne qui se creuse, qui se ramifie, qui forme une véritable crevasse si elle est entretenue et qui finit par vieillir le front le plus jeune. Un mot de lui, et la ligne s'estompe lentement, puis brutalement disparaît tout à fait.

Ici, la ride ne devait pas durer. Du moins, elle aurait disparu chez la plupart des gens. Mais le diagnostic banal du médecin contenterait-il le Prince ? La cervelle de Muzio, fort heureusement, se chargeait de ses réflexions et lui laissait l'esprit libre.

Laissant derrière lui la porte entrouverte - il n'estimait pas de son devoir de la fermer sur la Princesse restée seule -, il resta un instant muet. Son visage cependant exprimait la sérénité et commençait pour lui son... exposé, si exposé il devait y avoir. Il regarda Ugo, se souvenant avec quelle confiance celui-ci lui avait laissé sa soeur, et il lui adressa un sourire sans même voir s'il pourrait le capter.

Constatant qu'Elio attendait tout simplement qu'il parle, le médecin fit semblant de ne pas voir que le Prince paraissait s'enquérir plutôt du jugement de Romana, et il prit la parole en toute simplicité et bienveillance, sans affabilité inutile.


« Madame la Princesse ne présente aucun symptôme inquiétant. J'ai tout lieu de croire qu'elle a un instant souffert de la chaleur et de l'oppression de la foule. »

Il marqua une petite pause, puis:

« Ainsi que je le lui ai indiqué, aucun traitement particulier ne s'impose. Une bonne hygiène de vie suffit à préserver un tel caractère en parfaite santé. » assura-t-il. « Bien entendu, tout changement chez Madame votre épouse et soeur vous amènerait à me faire chercher au plus vite. »

Il sembla en avoir terminé mais conclut sans ambiguïté:

« Occupation et harmonie sont, vous le savez, également nécessaires à la conservation d'un naturel vaillant. »
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Romana L
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleDim 24 Sep - 21:16

Ce ne fut pas sans une certaine satisfaction que Romana vit Elio chercher son regard. Ainsi il comptait plus sur l'avis de sa cousine que sur celui d'un médecin compétent. L'esprit de famille, les liens du sang : la meilleure des garanties.

Le regard serein de Romana devait rassurer Elio. Rien de grave. On pouvait faire confiance au médecin.

Barozzi avait laissé la porte entrouverte, délicate attention à l'égard de Bianca dont la jeune femme apercevait le pâle visage. Le médecin avait raison. L'ennui était le pire des maux. Romana soupçonnait Bianca de ne pas s'être beaucoup divertie depuis son mariage. Qu'aurait-elle bien pu faire ? Bien des possibilités venaient à l'esprit de Romana. Mais toute à sa tristesse, loin de tout visage familier, coupée de l'univers de son enfance, Bianca n'avait pu que dépérir sans chercher à améliorer son sort.

L'entretien qu'elle avait eu avec Elio en début de soirée revint à l'esprit de la dame d'honneur. Tenir un salon, oui, pourquoi pas. Excellente distraction propre à une dame du rang de Bianca. D'autant qu'on pourrait y attirer la haute société vénitienne, nobles, intellectuels, artistes, qui contribueraient au rayonnement de la famille...ainsi, peut-être, qu'à l'affaiblissement de la maison adverse. Mais tout cela était secondaire. Pour le moment seuls la santé et le bien-être de Bianca comptaient. Pour le moment.

Romana, qui tout en réfléchissant jouait distraitement avec les plis de sa robe, arrêta soudain son geste. Une idée subite lui était venue.


*Pourvu qu'elle ne soit pas déjà partie !*

Voyant que le médecin prenait le relais et aurait réponse à toutes les questions qu'on pourrait lui poser sur la santé de Bianca, Romana estima qu'on n'avait plus besoin d'elle. Elle s'était postée légèrement en retrait près de la porte, pour faire entrer le médecin, aussi n'eut elle qu'à faire un pas pour s'éclipser discrètement après un dernier regard à son cousin. La porte se referma silencieusement.

[le hall d'entrée]


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Coriolan
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleMar 26 Sep - 20:15

Coriolano avait répondu au sourire du médecin par un sourire soulagé.
C'était le signe que sa soeur allait bien. Il n'y avait qu'une chose à redouter : les médecins qui n'osent pas lever les yeux du sol.

Effectivement, le médecin avec une simplicité qui montrait sa qualité, se montrait très rassurant.
Coriolano pencha la tête sur le côté, entraînant ses cheveux blonds dans le mouvement, et se tourna avec amabilité vers Elio, un fin sourire aux lèvres.


"Le goût excellent qui est l'apanage de votre famille se trouve jusque dans le choix de vos invités, Prince. Il existe un homme remarquable dans cette ville qui pratique son art avec intelligence et cœur, et il se trouve chez vous, ce soir."

La voix de Coriolano était à l’image de ses paroles, gracieuse et modeste. La délicatesse qu’il y avait à faire un double compliment, de manière légèrement détournée pour ne pas embarrasser ceux qui le recevaient, se retrouvait dans la facilité naturelle avec laquelle les mots avaient coulé de sa bouche.
Romana venait de s'éclipser de nouveau, peut-être était-elle retournée près de Bianca. Le regard du prince Grazziano glissa de la porte au médecin.


"Merci Maître."

Il s'inclina légèrement et lorsqu'il se redressa, il avait de nouveau ce sourire lumineux et enfantin, d'autant plus enfantin qu'il y avait un brin de malice dans son regard. Son ton prit une inflexion pleine d’humour et de jeu, sans doute le soulagement de savoir que sa sœur n’avait rien.

"Si j'ai bien compris votre ordonnance, vous conseillez à ma sœur, et à mon beau-frère s'il souhaite l'accompagner, d'accepter l'invitation - que je n'ai pas encore annoncée - pour un divertissement chez moi demain midi ?
Monsieur, vous aurez le plus grand succès à Venise si l’on apprend que vous remplacez les saignées par des bals…"


Dernière édition par le Lun 20 Aoû - 1:48, édité 1 fois
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Elio Lacryma Adorasti
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Elio Lacryma Adorasti


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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleMer 4 Oct - 13:43

Le regard de Romana avait confirmé le diagnostic du médecin.
Bianca ne souffrait d'aucun mal sérieux, tout au plus une faiblesse inhérente à son sexe.
Le prince écouta avec attention les recommandations de l'homme de science. Ce qu'il entendit lui plut. Contrairement à celles de son prédecesseur qui se plaisait à inquiéter ses patients pour mieux se les attacher, les paroles de Maître Barrozi étaient empreintes de bon sens et reflétaient un esprit peu enclin aux fioritures.

"A la lumière de votre avis, j'inviterai mon épouse à se donner plus de mouvement afin d'entretenir sa bonne santé, une marche quotidienne lui sera sans aucun doute bénéfique. Je veillerai à ce que vos prescriptions soient suivies. Sachez, Maître Barrozi, que j'apprécie grandement vos paroles sans alarme inutile et la franchise de votre ton. Il va sans dire que je vous ferai chercher à la moindre inquiétude."

Il se détourna légèrement et son regard accrocha celui d'Ugo.
Profitant des recommandations du médecin, celui-ci avait lancé son invitation. Le désobliger en refusant abruptement eut été lui infliger un camouflet et l'affront eut été d'autant plus violent qu'essuyé en présence d'un tiers.
Avec un sourire, le prince inclina la tête, accordant le point à son rival. Le manquement à l'étiquette, cependant, demandait à être relevé et seul un frémissement de sourcil révéla le rire moqueur qu'il dissimulait sous une apparente affabilité
.

"Bien qu'il ne soit point à Venise, dans les habitudes du monde, de sortir si tôt dans la journée, nous nous plierons à l'avis de Maître Barrozi s'il estime bénéfique pour Bianca d'accepter votre invitation. Cependant, et vous ne m'en voudrez pas de prendre une telle précaution, je préfererais que Maitre Barrozi revoit mon épouse demain dans la matinée avant de m'engager."

Il tourna le regard vers la porte qui ouvrait sur la chambre de Bianca.

"Si vous le permettez, j'aimerais à présent rester un moment seul avec mon épouse pour m'enquerir de son sentiment."

Une façon polie et naturelle de les congédier tous deux avant de sortir du petit salon.

[Chambre de Bianca]
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Coriolan
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleDim 8 Oct - 0:33

Coriolano avait accueillit avec un sourire les paroles d'Elio, mais il était resté silencieux et immobile, un instant, à regarder la porte qui venait de se refermer. Il n'avait pas pu apercevoir sa sœur.
Il eut un petit rire, et lorsqu'il se retourna vers Barrozi, il avait un sourire amusé aux lèvres.


"Et bien mon cher Docteur, je crois que nous avons assez abusé de l'hospitalité de notre hôte..."

Il s'était dirigé vers le petit secrétaire du salon et avait prit une plume et une feuille tout en parlant.
Il se mit à tracer quelques lignes rapides et élégantes.


"Que j'ai abusé, plutôt, étant donné que vous avez plutôt sauvé la journée. Pour ma sœur de moins."

Il leva les yeux de son papier pour offrir un sourire plein de gratitude au médecin.
Il saupoudra de sable sa lettre, balaya rapidement, en homme qui a l'habitude d'écrire, et ferma la missive d'une épingle de son pourpoint.
Il se releva.


"Puis-je vous raccompagner quelque part ?"

A peine avait-il prononcé ses mots que Coriolano fronça légèrement les sourcils avant de rire avec légèreté.

"En fait, je suis venu à pied, je n'ai donc pas de gondole qui m'attende. Mais on m'a dit qu'il était plus agréable de marcher à deux dans Venise.
Cela bien sûr, si vous n'êtes pas déjà attendu..."

Coriolano s'était dirigé vers la porte. Il avait dit la dernière phrase avec beaucoup de simplicité dans la voix. Il savait qu'en tant que Prince, beaucoup de gens trouvaient impossible de lui dire non. Il avait donc pris l'habitude, quand il ne voulait pas forcer la main à quelqu'un, de prêter une excuse, d'ouvrire une porte d'échappatoire. Libre à la personne en face de lui de s'esquiver ou de rester.


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Muzio Barrozi
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleDim 8 Oct - 18:25

Muzio accueillit les compliments légèrement incliné, sans fausse modestie cependant. Il n'avait pas vraiment l'habitude que ses qualités soient louées ainsi. A la campagne, quand on voulait lui signifier sa reconnaissance, on lui offrait un panier de fruits, ou le pain qu'on venait de cuire. Mais les Princes semblaient tous les deux satisfaits de ses méthodes, et il s'en trouva d'autant plus tranquille.

En revanche, lorsque Ugo le prit à parti pour son invitation, une petite case nommée "méfiance" s'ouvrit dans son esprit et il se tint dans un mutisme prudent. Il se doutait que la santé de la Princesse n'entrait pas seule en jeu, et n'avait aucunement envie d'accentuer les tensions entre les familles. La malice qui brillait dans le regard de Ugo di Grazziano lui paraissait difficilement classable. L'image du jeune homme qui lui avait paru doux et aimable s'éloignait. Une nouvelle dimension venait s'ajouter, qui aurait pu être qualifiée de politique.

Elio régla provisoirement la question en le priant de manière détournée de revenir examiner Bianca le lendemain. Muzio acquiesça brièvement et ajouta mentalement la jeune femme dans sa liste de tournée du matin. Pas trop tôt, sans doute. Le Prince les laissa sur une phrase bien compréhensible mais qui laissa Muzio hésitant. Etait-il censé attendre ou partir ? Grave dilemme.

Heureusement, Ugo brisa le silence quasi-instantanément. Le médecin observa d'un oeil curieux le jeune Prince rire, écrire, parler légèrement et se reprendre à plusieurs reprises d'un ton amusé. Nouveau mystère que cet ange blond là.

Quant à se faire raccompagner par un Prince, Muzio aurait volontiers cru à une farce tant qu'il ne comprit pas que Ugo était sérieux. Le médecin bascula à son tour dans la simplicité. Il eut un sourire:


« En toute logique, ce serait plutôt à moi de vous raccompagner... »

Son sourire s'effaça sans en avoir l'air, et il se reprit:

« D'ailleurs, ce n'est pas qu'une question de logique. Je m'en voudrais beaucoup s'il vous arrivait quoi que ce soit tandis que vous rentrerez. »

Le sous-entendu était presque involontaire. Mais c'était pour le moins étrange que la Ca Grazziano rentrât sans son Prince... Cela dit, Ugo lui offrait l'occasion d'éclaircir peut-être la personnalité de son interlocuteur.

« Je ne suis pas attendu, non ; je serais soupçonné de tous les crimes si je passais voir mes malades après une certaine heure... » indiqua-t-il avec un brin d'amusement. « J'accepte donc avec beaucoup de plaisir. »

Il eut néanmoins un regard un peu embêté vers la porte qui menait à la chambre de la Princesse. Il n'avait pris congé de personne. En ayant vaguement l'impression de s'enfuir comme un voleur, il rejoignit Ugo.

« Je reviendrai donc demain matin. » conclut-il pour personne.

[Le Jardin du Castello - L'allée principale]


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Coriolan
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleDim 15 Oct - 0:33

Coriolano regarda le médecin sincèrement touché de la sollicitude de l'homme.

"Merci."

Il sourit avant de sortir dans le couloir.

"C'est à ce genre de parole qu'on reconnaît un bon médecin, je pense... Vous préférez prévenir que guérir. Combien de gens peuvent prétendre qu'ils ne préféreront pas faire une légère entorse à leurs pensées morales pour leur propre profit ?"

Sûrement pas son père, qu'il respectait. Peut-être pas lui-même... Les paroles d'Elio lui revenaient en mémoire : "où étiez-vous quand votre sœur avait besoin de vous ?" Aurait-il dû chercher à rompre ce mariage ? Mais la réputation de sa sœur...
Coriolano chassa ses pensées de son esprit. Ce qui était, était, et il n'y avait rien à faire.

Une petite bonne affairée passa en sens inverse, s'arrêta pour faire une courbette et laisser passer deux invités, qu'elle ne connaissait probablement pas, mais dont les vêtements renseignaient assez sur leur place dans la société.
Coriolano qui allait passer, comme on passe toujours dans ces cas là, en la voyant sans la remarquer, s'arrêta soudain et se tourna vers elle avec un air aimable.


"Mademoiselle ? Pourriez-vous remettre ce pli à la Princesse ? Avec discrétion ?"

La lettre écrite auparavant passa dans la main de la jeune fille avec une autre pièce d'or. Aussi bien payé que soient les domestiques, une pièce n'était jamais refusée. Il était même connu qu'un service spécial demandait un traitement spécial... D'ailleurs la jeune fille, après avoir légèrement écarquillé les yeux, sourit largement, empocha le tout et dit avec un petit air malin "quel pli Monsieur ?" Elle avait tout compris. Peut-être pensait-elle que Coriolano était l'amant de Bianca, et trouvait-elle cela romantique ? Peu importait, elle allait de toutes les façons dans la chambre de Bianca. Elle fit une courbette et fila vers la chambre de la Princesse.

Coriolano se retourna vers le médecin.


"Veuillez m'excuser... Ma sœur et moi avions l'habitude de nous envoyer des mots étant petits. Elle a l'air un peu perdue ici. Peut-être que ce souvenir l'amusera ?"

Coriolano rit légèrement en haussa les épaules. Il reprit sa marche vers la sortie.

"Et vous, Maître Barrozi... Avez-vous de la famille ?"

[Le Jardin du Castello - L'allée principale]
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleVen 16 Nov - 23:25

[Premier post du Jeudi 5 Mars 1744]

Son index glissa sur la reliure de cuir du livre qu'elle lisait avant de le refermer. Tendant le bras, elle le posa sur un guéridon à sa porté. Ses doigts traînèrent un instant sur une feuille de papier sur laquelle était couché un texte d'une écriture régulière et soignée, un texte qu'elle avait écrit de sa main. La princesse soupira, soucieuse de la signification que prenait ce texte à ses yeux.

Sa main vint se reposer sur son ventre et son regard se baissa dans la même direction. Le soleil de l'après-midi inondait la pièce de son agréable présence et Bianca s'était installée dans une duchesse confortable afin de lire et se reposer au calme de ses appartements. Elle était restée beaucoup allongée ces derniers temps, par précaution avait insisté Maître Barozzi. Alors Bianca avait fait ce qu'on lui avait dit.


"Je ne t'ai pas vu venir... cela ne veut pas dire que je suis contre ton arrivée dans ma vie..." murmura-t-elle. "Qui donc le comprend...?"

Sa main glissa lentement sur le dôme qui avait élu domicile au milieu de sa silhouette. Relief modeste mais bien présent.. il était apparu si vite après qu'elle fut mise au courant de...

Bianca ferma les yeux, reposant sa tête contre le dossier. Un mois qu'elle savait mais elle ne comprenait toujours pas. Elle se sentait coupable et honteuse, tellement peu préparée... S'il fallait neuf mois à une femme pour porter un enfant, c'est qu'il fallait bien ce temps là pour s'y préparer.

Son esprit retourna quelques semaines auparavant, se souvenant du moment où elle avait dû annoncer tout cela à Elio. Ce fut un épisode.. épuisant nerveusement.

Bianca secoua la tête d'un air désolé en rouvrant les yeux au moment où une petite servante lui annonça qu'elle avait de la visite.
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 17 Nov - 1:56

[Premier post du Jeudi 5 Mars 1744]

Samuele libéra un à un ses doigts du tissu qui les emprisonnait, un coup sec, puis deux, rangea ses gants à l'intérieur de son justaucorps et commença à marcher sur les pas de la servante qui l'avait prié de la suivre. Amusant comme la chance lui souriait, jamais depuis le bal populaire du Castello, la jeune femme à la chevelure blonde ne fut chargée de l'accueillir. Le jeu continuait donc. Cependant, aucune satisfaction ne se lut sur son visage, la perspective de ce qui l'attendait ne lui inspirant qu'une vive appréhension. Aussi vive pourtant que sa détermination, par conséquent il ne reculerait pas, peu importe l'état de sa soeur. Il était nécessaire que tout soit clair.

Remerciant vaguement la servante, Samuele pénétra dans le petit salon et s'inclina aussitôt, les paupières un instant clauses :


« Bianca... »

Il se redressa et lança un rapide coup d'oeil derrière lui afin de s'assurer que la porte avait correctement été fermée, puis contourna le guéridon pour faire face à sa soeur, la détaillant brièvement mais précisément du regard :

« J'ai cru bon de venir te voir aujourd'hui pour m'assurer de ton bien-être. C'est pour très bientôt, n'est-ce pas ? As-tu fait tout ce qu'il fallait ? »

La brusquait-il ? Elle semblait fatiguée. Les mains du Prince vinrent d'elles-mêmes trouver celles de sa soeur. Lui-même ne pouvait voir ce tableau ; grand bien lui fasse, il en aurait ri. Mais il avait toujours permis cette proximité sans rechigner, même si elle occasionnait quelque danger.
Sa voix se fit plus douce, alors qu'il reprenait :


« J'espère que personne ne t'a causé le moindre souci durant cette dernière semaine ? »

Sa pensée se porta instantanément sur les domestiques, et plus encore, sur l'époux de Bianca. L'appréhension revint, il imaginait toutes sortes de réactions possibles de la part de sa soeur lorsqu'elle entendrait ce qu'il avait à lui dire...
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 17 Nov - 14:45

Le sourire vint s'afficher sur son visage délicatement poudré à la vue de son frère entrant dans la pièce. Elle tendit sa main vers lui comme pour l'inciter à venir près d'elle.

"Samuele, ta visite me fait plaisir, entre je t'en prie." dit-elle en l'invitant d'un geste de la main à s'approcher.

Les visites de son frère avaient égayé ce long mois ennuyeux. Bianca voyait sa venue comme une bouffée d'oxygène. Elle le suivit du regard alors qu'il contournait le guéridon pour s'approcher d'elle.


"J'apprécie le fait que tu t'inquiètes de mon bien-être, mais soit rassuré, je ne manque de rien, et je vais bien." répondit-elle avec un léger sourire.

Sourire qui se ternit légèrement à ses paroles suivantes. Son regard glissa sur le papier posé sur le guéridon.


"Si par "avoir fait ce qu'il fallait" tu entends rédiger mes volontés, oui c'est fait." répondit-elle d'un ton un peu plus tranchant qu'elle ne l'aurait voulu.

"Maître Barozzi m'a dit que je n'aurais plus que quelques jours encore à attendre, peut-être une semaine." annonça-t-elle sur un ton plus doux pour répondre à sa question.

Elle accueillit les mains de son frère dans les siennes avec plaisir et Bianca retrouva le sourire.


"Ne t'inquiète donc pas autant pour moi Samuele. Qui voudrais-tu qui me cause du souci ? Je passe le plus clair de mon temps dans mes appartements à lire, et me reposer. A y réfléchir, ça serait plutôt l'ennui qui me causerait du souci."

Elle serra les mains de son frère en souriant d'un air apaisant. La princesse avait une expression rassurante sur le visage bien qu'en son fort intérieur, elle vivait dans un stress quasi-permanent.

"Et toi ? Que me racontes-tu aujourd'hui ?" demanda-t-elle pour avoir un peu des nouvelles de son côté. "Mère t'a-t-elle écrit à toi aussi ?"
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 17 Nov - 17:11

Le sourire de Bianca grandissait, faiblissait, grandissait encore. Samuele ne le remarquait que trop bien et n'accordait aucune crédibilité à l'expression qu'elle collait sur son visage. Il garda le silence un moment, se contentant de suivre son regard vers la feuille posée sur le guéridon. Ils en discuteraient probablement plus tard.

« Tu sais ce que je pense de toute cette histoire, Bianca, et celle-ci ne m'accorde aucun répit quant à mes inquiétudes..., les coins de ses lèvres s'ourlèrent imperceptiblement, surtout maintenant. Mère m'écrit d'ailleurs constamment, et souvent à ce propos. »

Serrant à son tour les mains de la jeune femme, son regard se fit plus grave :

« Mais il serait mentir que de prétendre être venu simplement pour voir comment tu te portes. Maintenant plus que jamais, et tu dois t'en douter, il me faut veiller à ce que tout se déroule parfaitement au sein de ma Maison, et par la même occasion, être certain que tout se passe pour le mieux du côté de mes frères et soeurs. »

Oh bien sûr, Bianca était loin de représenter le même problème que Raffaele, mais un détail pesait pourtant lourdement sur la balance : sa soeur était mariée à l'ennemi, tandis que son petit frère occupait toujours le même palais que lui. Et cela voulait tout dire.
Inspirant profondément, Samuele reprit :


« J'éviterai de te rappeler les principes de Père puisqu'ils n'ont plus aucune importance pour moi désormais, cependant, j'aimerais éclaircir quelques points te concernant. »

Ses yeux semblaient dire « mais n'oublie pas que je serai toujours ton grand-frère et que mes remarques n'auront pour objectif que ton seul bien ». Il suffisait pourtant de fouiller un peu plus pour discerner autre chose. Un changement évident, un conseil, presque une obligation, de prendre très au sérieux ce qu'il allait lui dire et de le mettre en pratique le plus vite possible.
Il caressa doucement des pouces le dos de ses mains afin de l'apaiser.


« Tu parlais à l'instant d'ennui et tu as justement très bien fait. Car je pense, ma chère Bianca, que le mot « ennui » n'a pas lieu d'être associé à une princesse, enceinte ou non. »

Samuele arqua légèrement un sourcil, guettant le moindre signe de contrariété chez sa soeur :

« Ne le prends pas mal, je t'en prie. Je sais que cela peut paraître surprenant venant de moi qui t'ai toujours bercée dans une atmosphère douce et protectrice, propre aux grands-frères, lorsque nous avions l'occasion d'être ensemble, mais sache que je ne cherche en aucun cas à te causer du tort. Ainsi, je crois qu'il serait grand temps pour toi de réaliser quelle place tu occupes au sein de Venise. »

Le Prince lâcha les mains de Bianca et croisa les bras pour commencer à marcher au centre de la pièce, les yeux mi-clos, comme s'il réfléchissait au meilleur moyen de formuler ses propos sans provoquer chez sa soeur de trop violents éclats.

« Tu pourrais par exemple préférer de la compagnie à la lecture. Rien d'épuisant, quelques personnes, même une seulement, afin de te divertir. Je sais que cela ne doit pas être facile pour toi de trouver de telles personnes ici, mais quelqu'un doit bien s'en préoccuper, non ?, ses yeux se fermèrent totalement, et un sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il tournait le dos à Bianca, Ton époux, peut-être ? »

Son expression redevint grave et il se tourna vivement vers sa soeur, imposant son silence jusqu'à temps qu'il ait terminé :

« Un simple réveil de ta part, Bianca, qui, j'en suis persuadé, en réjouirait plus que cela n'en dérangerait. Te faire connaître, t'imposer, prendre conscience de ton rang au sein de la société vénitienne. Ah ! Et également faire taire cette même société. Car tu penses bien, Bianca, que même si je me fiche royalement des rumeurs, je suis particulièrement affecté lorsque, m'arrêtant dans quelques lieux mondains, j'entends de loin que tu nourris en grande partie les conversations. »

A présent, la contrariété, ainsi qu'une certaine sévérité, se lisaient aisément dans le regard miel de Samuele. Il ne pouvait tolérer de tels propos, et il exigeait qu'elle non plus ne les tolère pas. Afin d'achever son sermon, le Prince articula lentement :

« On dit de ma soeur qu'elle est une femme niaise. Que penses-tu de cela ? »
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 17 Nov - 18:41

Bianca n'osa pas demander à son frère ce que leur mère lui écrivait à lui. Dans les lettres qu'elle recevait, elle se contentait de lui prodiguer de bons conseils mais évitait soigneusement le sujet épineux. Bianca s'était rendu compte depuis quelques temps que leur mère avait un don pour passer sous silence ce qui la contrariait.

Le regard de son frère se fit plus grave et l'attention de Bianca monta d'un cran, fixant son frère et écoutant ses explications. Elle hocha la tête. Elle comprenait ses obligations concernant sa Maison. Mais quand il lui dit qu'il avait des points à éclaircir la concernant, Bianca ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils.

Son regard fixé dans le sien, la princesse traduisit assez bien son regard. Ses critiques seraient toujours pour son bien et elle se devait de suivre ses conseils, à lui son grand frère à qui elle avait si peur de déplaire. Lui déplaire... Samuele avait du sentir les battements de son coeur s'accélérer car ils caressa le dos de ses mains avec ses pouces pour l'apaiser. Il la comprenait si bien.

Ses lèvres s'entrouvrirent comme pour déjà répondre mais son frère la devança, insistant sur le fait qu'elle ne devait pas se vexer. Alors qu'il lui lâchait les mains, Bianca le regarda. Elle n'était pas vexée par ses paroles, mais simplement légèrement surprise. Pourquoi lui dire tout cela, maintenant, alors que jusqu'à présent il l'avait, comme il le disait, bercée dans une atmosphère douce et protectrice ? L'idée qu'il veuille lui dire "la vérité" avant qu'il ne soit trop tard lui traversa l'esprit, qu'il lui disent ce qu'il avait sur le coeur avant qu'elle...

Cela voulait-il dire que Samuele craignait autant qu'elle que l'accouchement se passe mal ? Bianca elle-même était terrifiée de l'issue de cette grossesse. Combien de femmes étaient mortes en donnant naissance à leur enfant ? Son regard glissa une nouvelle fois sur son testament. Après quelques secondes de silence, la princesse répondit d'un ton calme mais assuré.


"Samuele je ne suis pas stupide, je ne suis pas sans ignorer la place que j'occupe dans cette ville. Mais comme tu peux le voir, je suis présentement limitée dans mes mouvements. Quant à mon ennui, il ne vient pas de mon fait, Maître Barozzi m'a dit de rester le plus au calme possible et le plus souvent allongée. Je n'ai guère l'esprit tourné vers les divertissements ces temps-ci, j'osais espéré que tu le comprendrais. La compagnie prolongée me fatigue, je préfère donc lire en attendant tes visites."

Le dernier sermon de son frère lui fit pincer les lèvres et Bianca cilla légèrement. Ce n'était pas tant le contenu de ses paroles qu'elle trouva blessant, mais plutôt cette sévérité à son encontre qu'elle lisait dans son regard. Et cette rumeur, elle l'avait entendue elle aussi, au sein même de ce palais. Plus aucun sourire, forcé ou non n'apparaissait sur son visage. Elle regarda son frère avec une lueur de défi dans le regard.

"Je pense que cette rumeur doit être vraie, puisque mon propre époux le pense également... ainsi que mon frère qui me croit incapable de prendre conscience de mon rang au sein de la société vénitienne, à tel point qu'il pense que je dois me réveiller et m'imposer malgré l'imminence de mes couches !"

D'un geste brusque, la princesse attrapa le papier posé sur le guéridon et le porta à ses yeux. Sa main tremblait légèrement. Elle s'efforça de respirer calmement pour s'apaiser. Elle savait que son frère avait raison et qu'il lui disait cela dans son intérêt, mais il avait vraiment mal choisi son moment alors qu'elle était réduite à l'immobilité dans cette duchesse et son lit depuis des semaines. Mais ses paroles resteraient gravées dans son esprit et quand elle pourrait à nouveau reprendre des activités normales, elle tâcherait de mettre en pratique tous ces conseils.

"J'aimerais mettre au clair certains points de.. ceci." reprit-elle d'un ton neutre en désignant la feuille de papier.

"Avec Elio et toi. Acceptes-tu que je lui demande de venir ?"
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 17 Nov - 19:47

S'adossant au mur, Samuele contempla longuement sa soeur, la gravité n'ayant toujours pas quitté son visage. D'une part, il éprouvait un réel soulagement de voir qu'elle ne s'était pas tant emportée que cela, et d'autre part, il fut légèrement froissé d'entendre de sa bouche qu'il semblait croire en la rumeur qui courait sur elle. Probablement en raison de son état...
Il soutint son regard, qu'il apprécia, malgré les paroles qui l'accompagnaient et souffla :


« Plutôt que de te croire niaise comme ton époux, – et tu m'en vois sincèrement navré – , j'ai plutôt tendance à penser que tu ne profites pas assez de ton statut. Ceci... Dans un cercle publique comme privé. Mais tu l'as naturellement compris. »

Il jugea bon de ne pas continuer pour le moment, observant de nouveau sa soeur. Elle tremblait, presque haletante, son testament en main. Laissant échapper un soupir, il secoua la tête de gauche à droite :

« Bianca, Bianca, Bianca... »

Samuele s'approcha et adressa cette fois-ci un véritable sourire à sa soeur, qu'il voulut rassurant, et significatif de ses pensées :

« Tu pourras réfléchir à ta guise à tout ce que je t'ai dit après l'arrivée de ton enfant, tout se passera pour le mieux – j'en suis persuadé – et je resterai à ta disposition. Oublie provisoirement mes paroles si elles sont la source d'une quelconque angoisse, je n'aimerais pas être responsable d'un drame... »

... Te concernant. Ce fut à dessein qu'il n'ajouta pas les deux derniers mots. Il existait certaines affaires auxquelles il ne pouvait tout simplement pas mêler sa soeur. Et justement pour cela, il aurait aimé la savoir suffisamment débrouillarde et capable de tenir tête à n'importe qui. Cela représenterait alors une inquiétude en moins.
Hochant affirmativement la tête, sans montrer ce que lui inspirait l'idée de voir l'époux de Bianca, Samuele déclara :

« Fais donc, je me doutais que nous allions en parler. »
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 2 PerleSam 17 Nov - 23:26

Evidemment, Bianca savait pertinemment que Samuele ne croyait pas la rumeur. Ses paroles avaient été ironiques pour faire réagir son frère face à ce qu'il lui avait dit. Si Bianca ne profitait pleinement pas de son statut, elle le reconnaissait, elle savait parfaitement quelle était sa place et son pouvoir, et il était injuste de lui en faire le reproche alors qu'elle était pour le moment dans l'incapacité physique de faire quoi que ce soit. C'est ce qu'elle avait voulu lui faire comprendre en se défendant de cette manière.

Heureusement son frère changea de sujet et Bianca lui en fut reconnaissante. Elle avait beaucoup de mal à contrôler ses émotions depuis qu'elle était enceinte alors qu'en temps normal elle possédait une parfaite maîtrise d'elle-même.

Il essaya alors de la rassurer sur l'avenir, lui assurant que tout se passerait bien. Bianca sourit, c'était le genre de paroles rassurantes que s'efforçait d'avoir Maître Barozzi également. Cela ne l'empêchait pas d'être angoissée. Mais elle se raisonnait, elle ferait ce qu'il faudrait pour que tout se passe au mieux pour son enfant. Car ce n'était plus elle qui comptait désormais, c'était lui.

Elle hocha la tête quand il lui donna son accord en ce qui concernait Elio. Elle ramena ses jambes sur le côté de la duchesse pour s'asseoir puis se leva sans trop de difficulté. Elle avait besoin de se dégourdir un peu les jambes. Elle tira le cordon de soie et attendit qu'une servante arrive. Elle lui demanda alors de demander à son époux s'il pouvait venir la voir un instant.

Une fois la jeune fille partie, Bianca reprit entre ses doigts la feuille de papier et regarda son frère. Elle se doutait qu'il prenait sur lui et que voir Elio n'avait rien de plaisant.


"Cela ne durera pas longtemps je pense..." dit-elle.

*J'espère...*

C'était un mauvais moment à passer pour chacun d'eux trois, mais nécessaire.

Le silence lui pesa alors à ce moment là et les paroles échangées quelques minutes avant résonnaient à son esprit avec un goût de conversation inachevée.


"J'aimerais avoir un salon réputé mais je ne sais pas comment mettre cela en oeuvre." lâcha-t-elle sans préambule comme pour se soulager d'avouer que Samuele avait tout de même raison sur certains points.

"Ma dame d'honneur a dû partir, je n'ai personne pour me tenir compagnie." ajouta-t-elle en s'avançant vers une petite table pour y déposer le testament.

"J'aimerais entendre de la musique mais je n'ose rien demander... La présence d'Elio est tellement forte que je me sens.. je me sens.. étouffée."

Bianca regarda résolument la porte pour ne pas croiser le regard de son frère.
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