VENISE
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 Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges

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Gabriella Delmonti
Pourpre
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Pourpre
Du Bout des Doigts
Pourpre


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MessageSujet: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleLun 18 Avr - 23:37

Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges Rivadeglischiavoni8zu
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Giuseppe
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMer 4 Mai - 22:21

[Calle Bardini]

L'embarcation accosta à proximité du Palais des Doges en toute discrétion. Giuseppe se fit violence pour sortir de la rêverie dans laquelle il avait sombré. Il descendit prestement, et adressa un signe de tête en guise de remerciement à son serviteur.

Il se dirigea vers la magnifique place. Il aimait venir en ces lieux. Cela lui permettait d'humer l'air du temps, déambulant entre les badauds à l'écoute des rumeurs de la ville.

Son regard gris clair se posa sur la façade du palais. Le bâtiment dégageait une certaine aura, probablement comme tous les lieux de pouvoir. Un sourire ironique parut se dessiner sur le visage de Giuseppe …
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Ithya Ro
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMar 10 Mai - 19:48

[Premier post]

Depuis la fin de sa légère collation de midi, Ithya n’avait qu’une idée en tête : sortir pour respirer le pur air hivernal et pour laisser la délicate trace de ses pas dans la neige fraîche qui, même paillée, possédait encore l’aspect poudreux et les reflets satinés que la courtisane aimait tant.

Elle avait donc donné l’ordre à sa servante de garder la maisonnée et, dans sa robe de lin rouge pâle dernier présent d’un de ses influents « amis », elle s’en était allée vers le dédale des rues de la ville, espérant rencontrer du monde dans la grande cohue qui régnait en permanence sur la place Saint Marc.


Après quelques minutes de marche, nécessaires pour atteindre le point d’arrêt de son fiacre autre cadeau d’un de ses autres « amis », Ithya s’était rendu compte que sa présence ne passait pas inaperçue. En effet, les quelques hommes et femmes qu’elle avait croisés, qu’ils soient riches et qu’ils la toisent de par l’encadrement des fenêtres des calèches, ou bien qu’ils soient miséreux et presque rampant à ses genoux ; tous s’étaient retournés sur son passage, un sourire aux lèvres et dans les yeux comme une lueur perverse.

Ce désir plus ou moins caché ou totalement exposés que les passants avaient de la toucher, de la sentir, de l’entendre gémir fit sourire la jeune femme… Combien d’années avait-elle passé à essuyer les commentaires graveleux et les allusions perverses en se mordant les lèvres jusqu’au sang pour ne pas crier de colère mais pour offrir un sourire enchanté et une pique assassine ? Désormais, tout cela l’amusait et la flattait : elle savait que son charme de femme de luxure agissait toujours, et elle s’en contentait au plus haut point ; c’était ce qui lui avait amené son confort présent.

Le trajet en calèche se fit agréable, comme si les roues avaient décidé de ne faire aucun heurt trop brusque contre le sol, de peur de mécontenter la passagère. Ithya descendit en face du palais des Doges, renvoya le coche, et entama son tour de reconnaissance, quand elle aperçut une silhouette qui, de part sa singularité, ne lui était pas inconnue.

Elle s’avança donc d’un pas alerte et souple, un sourire affable soigneusement dessiné sur les lèvres. Oui, c’était bien ce mystérieux intrigant habitué de la vie mondaine ; cet homme qui, de par sa profession éclipsait souvent les femmes comme elle lors des fêtes et s’accaparaient la confiance des puissants. Cet astrologue intelligent et rusé que même ses amies ne connaissaient que de visage… Quel était son nom déjà ?


Elle se planta en face de lui, comme hésitante, et sa voix douce et sucrée commença à jouer un récital familier :

« Excusez-moi de vous déranger ainsi, mon cher monsieur, mon impolitesse fera date dans tous les livres, mais ne seriez-vous pas le très reconnu astrologue… Guiseppe Verrazano ? »

Et, un sourire dans les yeux, elle avait déjà analysé son sujet sous toutes les coutures et eut le temps de continuer sa tirade réglementaire, avant qu’il ne reprenne la parole :

« Oui, oui, c’est bien vous ; j’en suis sûre maintenant, je suis très physionomiste… Oh pardon, vous ne me connaissez pas, je me nomme Ithya Rosanera ; je vous ai rencontré au bal du mois dernier chez le duc De Luz… Les invités vous avaient réclamé une démonstration de vos talents… Un très bel art que vous maniez. »
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Giuseppe
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMar 10 Mai - 23:56

Giuseppe posa son regard sur la jeune femme qui se présentait à lui. Etait-ce par la force de l'habitude, par ce côté avenant qu'il avait cultivé ou par simple spontanéité, toujours est-il qu'un sourire chaleureux apparut sur son visage.

Giuseppe espéra que son comportement ne trahissait pas trop ses émotions, car il se sentit troublé. La jeune femme était belle, envoûtante en quelque sorte. Il répondit d'une voix délicate :


- "En effet … Giuseppe Verrazano, astrologue, pour vous servir"

Il s'inclina légèrement, saisit la main de la jeune femme et lui fît un baise-main. Il poursuivit sur un ton égal :

- "Mais, je dois bien avouer qu'aucun astre à ma connaissance, aussi flamboyant, aussi étincelant qu'il soit, n'égale votre beauté."

Giuseppe marqua un temps d'arrêt, puis reprit :

- "Vous me voyez ravi si mes quelques talents dans les arts divinatoires ont pu capter votre attention. Il est vrai que le bal que vous évoquez était particulièrement réussi. Une soirée comme seule la sérénissime sait nous en offrir. Mais, je manque à tous mes devoirs … Puis-je vous inviter à partager une collation ? A moins que vous ne préfériez faire quelques pas au bord du canal ?"

Giuseppe resta dans l'attente, toujours armé du même sourire.
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Ithya Ro
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleVen 13 Mai - 20:22

Avec une satisfaction qu'elle laissa transparaître sur son charmant minois, Ithya vit, par le sourire sur les lèvres de son interlocuteur, que son «plan d’abordage dans une rue bondée» s’était déroulé comme prévu… Elle l’aurait pensé un brin trop pressant ou trop appuyé, mais non, elle s’en sortait bien..., très bien, même.

Le compliment, fort bien tourné, de l’astrologue fit apparaître sur le visage de la jeune femme un sourire radieux, car elle était très sensible à toutes les flatteries et autres marques d’attention.


C’était sûr désormais, il était quelqu’un qui savait très bien s’attirer la sympathie, et elle s’amuserait sûrement si elle devait « passer quelques temps avec lui »... Enfin, son seul objectif pour la journée était de l’emprisonner juste un chouia dans ses fils de manière à ce qu'il retienne son prénom, son visage et sa voix, avant qu'elle n'aie à rejoindre son logis.

Le séduire était sûrement une chose plus difficile qu'il n'y paraissait, car nombre de ses amies de profession avaient échoué lors de leur tentatives d'approche de cet homme si étrange; mais il fallait tout de même reconnaître qu’elles et Ithya ne jouaient pas du tout au même niveau.


Elle l’écouta parler avec sur le visage une légère marque d’attention que les hommes aimaient souvent à voir sur le visage des femmes, puis elle répondit tranquillement :

« Il est un peu tard pour une collation, alors, puisque vous me faites l'honneur de me laisser le choix de la manière par laquelle je pourrais rester en votre compagnie, j’opterais pour la promenade le long du canal… »

Puis, sans attendre de réponse, elle lui prit discrètement le bras avec un sourire et un regard qui la feraient sûrement passer pour la dernière des dévergondées ; mais il existait sur cette Terre des gens avec qui elle ne désirait pas prendre de pincettes et aux yeux desquels elle agissait avec une aisance peut-être un peu trop flagrante.

*De toute façon, qu’importe pour moi l’avis des autres, je ne crains rien pour ma réputation, je ne crains rien pour mon nom dans les rues de Venise qui sont devenues mon domaine… Gardons l’attitude « inaccessible, mais pas trop » pour les soirées ou pour des personnes qui de prime abord sont moins ouvertes et amicales que lui ! Mais il faut que je songe à ne pas trop pousser mon audace; nuire à la réputation de quelqu'un par des actes qui pourraient être l'objet de commérages n'est pas une bonne manière de se garantir son "amitié".*

Mais ses états s'âme n'avaient pas de grande prise sur elle, et elle l’entraîna alors sur quelques pas, tout en discutant comme si de rien n’était, comme s’ils avaient été des amis de longue date qui se retrouvaient en un superbe après-midi d'hiver ou le soleil étincelait:

« Je crois savoir, d'après deux ou trois questions bien posées aux bonnes personnes, que vous êtes installé à Venise depuis assez longtemps… Enfin, bien assez, je pense, pour que je puisse partager avec vous les derniers potins de la ville… Me serai-je trompée ? »
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Giuseppe
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleVen 13 Mai - 22:36

L'aisance relationnelle dont faisait preuve la jeune femme reflétait assurément une grande capacité d'adaptation quelque soit l'interlocuteur. Son comportement, ses gestes, sa façon de parler, tout tendait à conforter Giuseppe dans l'idée que non seulement la demoiselle était dotée d'un charme et d'une beauté qui ne laissaient pas indifférent, mais qu'elle semblait aussi faire preuve d'autres qualités, moins charnelles et plus intellectuelles.

Il se laissa entraîner sans résistance dans le jeu de séduction que lui proposait la jeune femme. Longeant les arcades finement ouvragées du Palais des Doges, Giuseppe prit discrètement le temps d'observer les badauds au passage du couple improvisé qu'ils formaient. Ithya attirait inéluctablement l'attention. Les nombreux regards qu'il capta, sans être pour autant insistants ou inconvenants, trahissaient l'envoûtement que pouvait produire la jeune courtisane sur son entourage. Il répondit d'un ton qu'il voulut neutre :


"Je connais un peu Venise, pas forcément pour y être installé depuis longtemps, mais plutôt pour y avoir fait de longs séjours à multiples reprises. Mes activités me mènent à avoir une vie quelque peu nomade."

Giuseppe marqua une pause, puis reprit :

"Mais je dois bien avouer que Venise dégage une aura particulière. C'est une ville de commerce, fort riche, et donc une ville de pouvoir. Elle fait partie des cités qui font rêver et envier bien des hommes … et des femmes.

Giuseppe avait volontairement marquer un temps d'arrêt avant ces derniers mots, comme pour mettre en avant le fait qu'à ses yeux le pouvoir et l'influence n'étaient pas une affaire exclusive de la gente masculine.

"Que vous dire des rumeurs, ma chère ? A l'heure où nous parlons, tout à chacun ici est attentif aux faits et gestes des deux influentes familles que sont les maisons Grazziano et Adorasti. Mais peut-être avez-vous déjà entendu parler des princes Ugo et Elio ?"
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Ithya Ro
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleDim 15 Mai - 12:32

Ithya, qui marchait d’un pas lent et tranquille, écoutait Guiseppe parler. Apparemment, il savait modérer le timbre de sa voix jusqu’à le faire parvenir à une parfaite neutralité quand il ne désirait pas s’étendre sur les choses… Mais qu’importe ? Elle était passée maître dans l’art de faire parler les gens ; elle aurait bien une occasion de lui faire dire tous ces petits secrets qui lui permettraient d’avoir en une certaine manière un contrôle discret sur lui…

Eh oui, son esprit calculateur veillait toujours ; mais ces préoccupations de domination n’étaient pas pour aujourd’hui. Enfin…

Ainsi, quand Guiseppe eut fini son petit commentaire sur Venise, elle s’avoua un peu déstabilisée… D’ordinaire les hommes ne voyaient jamais que certaines femmes savaient s’accaparer subtilement le pouvoir, ils étaient bien trop préoccupés par leurs propres envies de reconnaissance qu’ils en oubliaient la présence discrète mais oh combien importante d’une intrigante dans leur sillage. Pas tous les êtres mâles apparemment avaient de la boue dans les yeux ; et elle ne releva pas mais son sourire se fit un instant moins radieux. Ce personnage connaissait encore mieux la psychologie des gens que ce qu'il paraissait, c'était à surveiller.

Juste un instant de reflexion ou il continuait de parler, et elle répondit :


« Oui, j'en ai quelque peu appris sur eux, il est bien vrai que la présence de ces deux personnes en ville aura agité la mémoire de la populace, et que tous les paris sont ouverts sur la raison pour laquelle ils sont ici et sur ce qui va changer dans la vie « tranquille » des habitants… C’est assez intrigant et je me prends au jeu aussi, je vous l’avoue. Auriez-vous une opinion propre ? Ou êtes-vous comme moi à l’écoute de toutes les rumeurs sans pourtant se forger un avis ? »

Elle savait que ses propos étaient bien vagues, mais elle n’aimait pas s’étendre trop rapidemant sur les personnes qu’elle connaissait ou non… Surtout que, les ayant déjà rencontré, elle avait déjà une opinion toute faite de chacun d’eux, et qu’elle ne voulait pas se compromettre en la confiant à la mauvaise personne ; au mauvais moment. Somme toute, c’était un joli petit mensonge détourné qu’elle avait présenté bien poliment, il suffisait de voir s’il prenait ou pas.
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Gabriella Delmonti
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleDim 15 Mai - 15:11

[Maison du Conseiller-Astrologue]

Gabriella accosta à nouveau, cette fois sur la rive du Grand Canal. Il y avait beaucoup de monde et l’endroit était vaste, comment retrouver l’homme qu’elle cherchait parmi tous ces gens ? Heureusement, elle connaissait son visage, elle l’avait vu quelques fois depuis qu’elle était à Venise.

Elle décida de commencer à vérifier le long du canal. Si elle ne le trouvait pas ici, elle irait voir sur la Place elle-même puis à la Basilique s’il le fallait. Marchant le long de la rive, elle observait chaque visage à la recherche de Giuseppe. Elle marcha ainsi de longues minutes, observant, cherchant, jusqu’à enfin trouver la silhouette qu’elle cherchait.

L’homme était au bras d’une femme. Gabriella aurait préféré qu’il soit seul. Si cette femme n’était pas invitée, c’était un peu gênant de parler de cela devant elle.


*Oh et puis après tout, je m’en moque, ce n’est pas mon problème*

Gabriella se mit à courir derrière eux pour les rattraper. « Monsieur Verrazano ! Monsieur Verrazano ! »

Gabriella réussit à les rejoindre et s’arrêta devant eux, hochant brièvement la tête devant la femme -qu’elle avait déjà vu mais sans parvenir à se souvenir de qui elle était vraiment- puis salua Giuseppe.

« Bonjour Monsieur, je suis chargée de vous remettre un message de la part du Prince Elio Lacryma Adorasti, tenez. » Elle lui tendit la lettre cachetée et attendit qu’il l’ouvre et lui donne la réponse.

Une fois ouverte, il pourrait lire :


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Rossana
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleDim 15 Mai - 17:55

[Palais di'Grazziano]

Rossana arriva, la lumière du soleil effleurant son corsage, le regard serein sur les légères vaguelettes des canaux. Des pigeons blancs ou mouchetés tournoyaient autour de sa tête brune et se posaient pour se disputer la même miette de pain.

Elle vit alors trois personnes : un homme richement vêtu, une femme à la robe tout aussi belle et une dernière femme plus sobrement habillée, surement pauvre. Rossana n'était pas quelqu'un d'objectivement solitaire, et s'attachait aussi facilement que se détachait de la solitude qu'elle appréciait autant qu'elle maudissait.

Elle joua de son regard, de sa peau, et de sa présence pour aborder le trio inconnu.


"Bonjour Mesdames, bonjour Monsieur."

Rossana osait ; elle avançait sans avoir peur de se cogner la tête, elle allait vers les autres et le regrettait assez rarement. Elle fit de sa voix un tapis de soie sur lequel on marche à la pointe des pieds, et son regard se fit doux et séducteur.
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Giuseppe
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleDim 15 Mai - 19:09

Giuseppe allait répondre à son interlocutrice, lorsque il entendit son nom clamé en place publique. Il se retourna et aperçut une jeune domestique le hélant. Si l'astrologue avait voulu rester discret, c'était à coup sûr un échec. Heureusement, il n'était pas homme à s'offusquer. Il regarda Ithya en haussant les sourcils, comme pour s'excuser de cette soudaine intrusion dans le fil de leur discussion.

Sans dire un mot, il saisit le pli que lui tendait la jeune personne. Retournant celui-ci entre ses mains, il reconnut sans hésitation le sceau de la maison Adorasti. Il brisa le cachet de cire rouge arborant les armoiries de la famille princière, et parcourut rapidement le billet.

Relevant la tête, son regard embrassa l'ensemble de la foule vénitienne qui s'agitait aux alentours. Il scruta la scène comme cherchant la réponse à une interrogation. Puis son regard revient sur le visage de la servante, à laquelle il s'adressa d'une voix pausée, presque solennelle :


- "Dites à votre Maître que je suis très honoré de son invitation, et qu'il peut compter sur ma présence. Adressez lui toute ma reconnaissance."

Giuseppe redonna le billet, non par convenance, mais parce qu'il y avait discrètement glissé un gage de remerciement, en espèces sonnantes et trébuchantes, à l'attention du messager. Attendant que la jeune domestique s'écarte, il s'adressa à nouveau à Ithya d'une voix suave, reprenant la discussion comme si elle n'avait jamais été interrompue :

- "Voyez-vous, je crois que mon avis sur la situation actuelle n'est pas encore tout à fait tranché. En revanche, je suis persuadé que les observateurs que nous sommes ont des intérêts communs …"

Giuseppe allait poursuivre son propos, lorsqu'une nouvelle fois, il fut interrompu par une femme non moins élégante que celle qui partageait sa compagnie. Son visage ne lui évoquant rien, il décida donc de se présenter :

- "Giuseppe Verrazano, pour vous servir."

Plongeant son regard dans celui de la belle inconnue, il comptait par ces quelques mots obtenir une réponse égale quant à la qualité de celle qui se présentait à eux …
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Ithya Ro
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleDim 15 Mai - 19:58

L’arrivée pour le moins impromptue de la servante fit serrer les dents à Ithya, elle n’aimait vraiment pas être dérangée par n'importe qui durant ses approches… Surtout que le bruit fait par l’intruse avait fait tourner la tête à plusieurs badauds environnants qui se croyaient permis d'immiscer leurs oreilles dans la conversation.

Elle connaissait cette jeune femme, elle en était sûre ; et son esprit chercha un instant dans ses souvenirs un endroit où elle aurait pu la croiser. Il ne chercha pas bien longtemps, le nom d’Elio Lacryma Adorasti lui apporta le déclic. Oui, c’était bien la servante qui l’avait assassinée des yeux la seule fois où elle avait conversé avec son maître… Maintenant, tout était clair.

Tout, sauf le contenu de l’enveloppe qu’elle fixa avec attention alors que l’astrologue la décachetait. Elle le regarda du coin de l’œil alors qu’il semblait en pleine réflexion ; mais elle ne put pas s’empêcher de froncer les sourcils, même le plus discrètement possible, lorsqu’elle l’entendit répondre qu’il acceptait l’invitation. Ces mots eurent le même effet sur elle que le claquement d’un fouet près d’un fauve faisant gronder son esprit. Mais elle se maîtrisa sans grande peine et elle fit mine de rien.


*Comment ose-t-il inviter un astrologue à une réception sans penser à moi ? Je le croyais moins strict et plus friand d’agitation… Mais je me suis trompée apparemment, notre conversation n’aura mené à rien, et la petite courtisane qui a osé défier son regard hautain sera comme toujours négligée… A moins qu’il n’ait été encore plus subtil que ce que je ne pense, cet homme est tellement imprévisible. *

Elle entendit Guiseppe reprendre là où ils en étaient, mais ses yeux s’étaient posés sur la femme qui s’avançait vers eux. Là, ce n'était plus une interruption, la dame jouait le même jeu séducteur qu'elle.

Elle la regarda fixement de ses yeux de biche, et son esprit sut immédiatement reconnaître la qualité de la personne. Pourtant, malgré les similitudes dans le ton séduisant, elle ne se sentait pas en concurrence avec elle, pas encore ; et c’est donc avec un sourire aimable et oh combien trompeur qu’elle l’accueillit.


(le tour de post pour ce sujet est : Ithya, Gabriella, Rossana, Giuseppe)
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Gabriella Delmonti
Servante - Ca'Adorasti
Gabriella Delmonti


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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleDim 15 Mai - 21:55

Sans regarder la courtisane, Gabriella restait fixée sur Guiseppe en attendant sa réponse. Quand il lui répondit qu'il viendrait, Gabriella hocha la tête avec un sourire, le Prince serait content.

Gabriella reprit le billet et fut surprise de voir qu'il y avait glissé quelques pièces. Le temps de réaliser et de ranger le tout dans une poche de sa cape, Gabriella s'inclina devant l'homme en le remerciant chaleureusement.

Une nouvelle jeune femme arriva alors. Gabriella la détailla à peine, juste le temps de la saluer elle et les deux autres, qu'elle repartait déjà, retournant vers sa gondole qui la ramènerait au palais. Beaucoup de travail l'attendait là-bas pour préparer la soirée.


[Ca' Adorasti]
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Rossana
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMar 17 Mai - 20:16

Rossana observa la petite assemblée qui se tenait autour d'elle, et qu'elle ne connaissait que de vue. Elle se promit de ne pas rester à ce timide cap et d'abattre les barrières qui érigeaient la distance avec ceux qui étaient riches ...

Un homme aux cheveux légèrement grisés par l'âge présentait un embonpoint justifié par sa nationalité, et très élégant dans cette prestence. Il s'était déclaré Giuseppe Verrazano. La belle femme, riche, la regardait sans se présenter. Elle était plus fine et plus jeune qu'elle, mais les mêmes buts semblaient les animer toutes les deux. C'en était troublant : Venise était donc composé seulement de femmes belles ?

La jeune femme modeste possédait un visage poupin aux yeux verts, et Rossana avait compris de l'échange avec l'homme qu'elle était une servante, ou en tous les cas sous les ordres d'un maître. Mais elle partit vite.

Tout dans les gestes de Rossana était stratégique, emblématique de sa personnalité. Sa position vis à vis du soleil, le mouvement de ses cheveux, sa position, les expressions qui modifiaient son visage, ses paupières et son regard. Rien n'était laissé au hasard, et pourtant l'ensemble était parfaitement naturel, comme si cela adhérait à son corps comme une seconde peau.


"Mon nom est Rossana Belvecciore ..."

Un regard parcourut la jeune femme ; elle semblait être une rivale hautement potentielle, avec une expérience troublante. Rossana se demanda un instant qui (ou quoi) lui avait enseigné tout cet art d'être.

Elle ne devait pas dire qu'elle était au service des Grazziano, car ses interlocuteurs finiraient bien par le savoir et ce n'était pas dans ses habitudes de se déclarer au service de quelqu'un ... Elle tenait à sa propre indépendance, même si elle devait être dissimulée.

Ithya, dont Rossana ne connaissait pas encore le prénom, troublait fortement cette dernière. Elles se ressemblaient beaucoup trop pour que ce soit une coïncidence. Elle voulait plaire. Lui plaire, tout particulièrement. Quant à l'homme, il semblait très cultivé, issue d'une famille attentive à l'éducation, il semblait avoir voyagé. Elle ne savait pas encore que ce voyage s'était effectué parmi les étoiles.

Rossana appuya son regard sur la jeune femme, qui ne la laissait décidément pas indifférente. Elle le dévia délicatement :


"Êtes-vous convié à une réception, Monsieur ?"

Elle ne le connaissait pas, mais qu'importe ? Ce genre de question indiscrète était une spécialité qu'elle maniait avec habileté.
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Giuseppe
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMar 17 Mai - 21:49

Pendant un instant, le sourire de Giuseppe s'estompa, son air convivial disparut et les traits de son visage se durcirent. Qui était cette femme pour ainsi débarquer au beau milieu d'une discussion, et lui demander à brûle-pourpoint et sans autre forme de politesse s'il était convié à une réception … Passé un moment de perplexité, l'astrologue reprit rapidement le dessus et répondit d'un ton un tantinet sarcastique :

- "Madame, au cœur de la Sérénissime, il n'est pas une semaine où un vénitien digne de ce nom ne soit invité à une réception."

Puis, pour Giuseppe, tout s'accéléra brutalement. Il se mit à réfléchir avec une vivacité sans égal, son esprit analysant le fil des derniers évènements, compilant maintes informations. Il tourna son regard vers Ithya, restant un court laps de temps sans voix.

** C'est là un grand risque ... S'afficher avec une telle personne pourrait être mal interprété, voire être compromettant … pourtant … **

Il ne laissa rien transparaître de ses doutes, et s'adressa à la courtisane avec confiance :

- "D'ailleurs ma chère, oserais-je solliciter votre présence à mes côtés pour m'accompagner à cette réception ? A moins que vous n'ayez d'autres engagements à honorer, auquel cas vous voudrez bien pardonner ma démarche."

Il attendit la réponse d'Ithya, son regard plein de certitude fixé sur le visage de la jeune femme, épiant tout indice de sa réaction.
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Ithya Ro
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleVen 20 Mai - 19:01

Du coin de l’œil, Ithya regarda la servante s’empresser de partir pour s’acquitter des nombreuses tâches que devait apporter une réception. Mais son attention revint bien vite à la nouvelle venue et à son astrologue.

*Rossana Belvecciore, non, ce nom m’est inconnu… Je devrais faire plus attention aux remarques durant les soirées, aujourd’hui, mon manque de connaissance sur la personne pourrait me jouer un bien vilain tour. D’autant plus qu’une femme comme elle ne s’oublie pas. *

Arrêtant là ses pensées, elle se permit d’observer la dame aussi ouvertement que celle-ci le faisait avec elle. La technique du paraître de Rossana était très au point, ce qui froissa légèrement l’orgueil de la courtisane qui ne souhaitait pas avoir d’égale. Pourtant, elle ne se défit pas de son sourire resplendissant, vieille habitude qu’elle avait prise. Surtout que la dame était d’une beauté admirablement soulignée, donc automatiquement pour Ithya une source d’intérêt.

Guiseppe semblait aussi intéressé qu’elle par la présence qu’une troisième personne ; il semblait qu’il ne s’apercevait plus qu’il était en compagnie d’une courtisane et que cela, mal interprété, pouvait lui prêter préjudice. Tant pis pour lui et tant mieux pour elle, elle n’aimait pas que son statut soit la cause d’une défiance soudaine.

Puis la voix de Rossana se refit entendre, véritable enchantement, en une intervention étrangement indiscrète dont la formulation sembla irriter légèrement l’astrologue. Il répondit subtilement presque du tac au tac, et Ithya l’en félicita intérieurement. Elle aimait la rapidité d'esprit.

Arrangeant une mèche de ses cheveux ébène, elle allait à son tour se mêler de ce qui ne la regardait aucunement, mais ce fut le moment que choisit son « nouvel ami » pour s’adresser à elle.


Sa question l’étonna grandement, et elle aurait été tentée de répondre « oui », mais son esprit était plus complexe que ça et, même si cet homme était très intéressant, elle ne jurait jamais de rien. Elle aurait voulu que sa réponse soit à la hauteur de ses espérances, mais elle ne cachait pas sa nature orgueilleuse :

« Vous me voyez assez surprise, mon cher, de votre demande ; et c’est avec plaisir que je vous aurait offert la certitude de ma venue, mais voyez-vous, je suis d’humeur assez fantasque ces jours-ci, et je ne peux que vous assurer que je ferai de mon mieux pour me rendre avec vous à cette fête. En plus, vous comptez sans le maître des lieux et sans mon orgueil démesuré. Si il a besoin d’animation, vous me verrez assurément lors de la réception, sinon, il faudra m’oublier. Mais votre pensée m'honore, assurément!»

Puis un regard malicieux clôturant le sujet de l’invitation, elle reprit à l’adresse de Rossana à laquelle elle n'avait encore adressé aucune parole:

« Je me nomme Ithya Rosanera. Ravie de vous rencontrer, madame… Vous-ai je déjà entraperçue ces derniers temps ? Car, je vous avoue que je ne me rappelle ni votre visage ni votre nom ; pourtant celui-ci donne bien l’impression que vous êtes d’ici…»
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Giuseppe
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleVen 20 Mai - 22:01

L'astrologue ne fut pas surpris outre mesure de la réponse d'Ithya. Lui, Giuseppe Verrazano, ne faisait pas partie d'une noble famille, et a fortiori, encore moins d'une lignée aussi prestigieuse que la Maison Adorasti ou Grazziano. Il n'avait pas non plus la beauté des héritiers de ces illustres familles, ou des personnes de leur entourage. Il était parfaitement conscient de sa situation et savait ne pouvoir rivaliser. Peut-être était-ce mieux ainsi … Il ne se froissa donc pas de cette réponse, et garda un sourire de circonstance. Il fit un léger signe de tête, impliquant qu'il comprenait la décision de la jeune femme.

Puis, avant que Rossana Belvecciore eut le temps de répondre à Ithya, Giuseppe fit un pas en arrière. Son buste s'inclina légèrement en avant, et il enchaîna d'une voix qu'il voulut agréable :


- "Mesdames, vous m'en voyez fort navré, mais je vais devoir vous quitter. L'après-midi est maintenant bien avancé et je me dois de terminer quelques préparatifs avant que le soleil ne disparaisse. J'ose espérer que ma compagnie vous aura été aussi douce, que la votre m'aura été agréable. Je reste votre serviteur."

L'astrologue se tourna vers Ithya, qu'il gratifia d'un sourire sincère, puis adressa un signe plus convenu à Rossana Belvecciore. Après quoi, il prit congé des deux jeunes femmes avec la discrétion d'un homme fréquentant les sphères du pouvoir, sachant donc disparaître le moment venu. Il disparut rapidement dans la foule.

[Calle Bardini]
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Rossana
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleSam 21 Mai - 0:03

Rossana se doutait que Ithya n'était pas une femme faisant parti de la noblesse italienne, non pas qu'elle paraissait sale ou mal vêtue, mais plutôt que ses manières et son allure ne laissaient transparaitre aucune éducation aristocrate. Elle se doutait un peu de son identité "professionnelle", mais Rossana n'était pas quelqu'un d'assez vulgaire malgré ses attitudes audacieuses pour lui demander ouvertement. Elle caserait ce questionnement dans une de leurs conversations futures.

Giuseppe lui proposa de venir à la réception. Rossana accusa le coup ... Devant une femme comme elle, inviter une jeune fille qu'il devait venir de rencontrer ? La belle brune ne laissa rien glisser sur son visage qui pourrait trahir ses pensées. Et puis, Ithya semblait être une magnifique jeune femme qui ne la laissait pas elle-même indifférente.


"Vous avez du me voir sans me reconnaître car je suis ici depuis longtemps, malgré mes absences, parfois ..."

Une étincelle brilla dans ses yeux calmes, ses cils bordant ses paupières pâles, clignant avec modération. Elle sentait sous ses pas les morceaux de neige qui fondaient, et la paille glacée qui recouvrait le sol blanc boueux.

"Et vous ? Vous êtes d'ici ?"

Le sourire d'Ithya était communicatif, même si elle ne croyait pas vraiment à cette sincérité-là. Elle utilisait cette arme puissante pendant toute réception et rencontre, et généralement ce sourire laissait les interlocuteurs pendus à ses lèvres.

Ithya était la femme qu'elle était il y avait dix ans, au moment où sa jeunesse n'avait encore été égratignée.
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Ithya Ro
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleJeu 26 Mai - 17:39

Le départ impromptu du conseiller-astrologue étonna quelque peu Ithya. Mais ce genre de réactions typiquement masculines la laissaient aussi désemparée que l’annonce de la mort d’un ennemi.

*Mon Dieu, l’aurai-je donc vexé ? Tssss les hommes… ils ne souhaitent jamais essuyer le moindre refus. Il faudra que je me dépêche de me rabibocher avec lui, il est tellement sympathique ! Heureusement je ne me retrouve pas toute seule comme une cruche ! Il ne manquerait plus que ça !*

Mais Rossana reprit la conversation, et l’esprit d’Ithya retourna à la belle femme.

« Je suis dévouée à Venise et à ses riches citoyens pour une durée indéterminée, mais je ne suis pas née dans cette belle ville, quoique la mentalité de ses habitants est parfaitement adaptée à la mienne. »

"Dévouée à ses riches citoyens", oui, cela reflétait absolument le présent d'Ithya, et elle ne s'en cachait pas. Elle regarda Rossana dans les yeux, remarquant qu’elle était vraiment belle, et souhaitant intérieurement que sa beauté puisse un jour égaler celle de son interlocutrice, même si son orgueil faisait qu'elle se sentait suffisament charmante :

« Vous voyagez ? Mon Dieu, n’y a-t-il donc que moi pour ne pas faire de longs et tumultueux voyages au delà des frontières de l’Italie ? Seriez-vous une sorte « d’aventurière » à qui l’on confie des missions secrètes et dangereuses ? »

Son esprit l’embarquait un peu loin de la rationalité des choses, Rossana ne devait jamais avoir exploré des contrées éloignées comme l'Afrique, mais elle se laissa déborder par son enthousiasme, comme l’aurait fait une débutante dans son métier :

« Vous devez travailler pour quelqu’un de puissant… Peut-être même l’un des deux « princes » qui sont revenus en ville dernièr… »

Elle laissa sa phrase en suspens, se mordant la langue et se maudissant pour cette idiotie. Parler des deux seigneurs aussi librement n'était pas bon; et laisser entendre que Rossana pouvait travailler pour eux n'était pas mieux. Elle savait bien qu'elle ne devait jamais aborder les thèmes dont tout le monde parlait et s'informait sans ajouter nombre de légèretés autour. Mais elle assuma son erreur, et reprit plus doucement, un air soucieux s’affichant sur son visage :

*Plus jamais de précipitation, Ithya, cela t’a déjà assez coûté.*

« Ce qui est dit est dit, mais ne m’en tenez pas rigueur je vous prie. Je n’ai pas à savoir si vous servez quelqu’un ou non; je ne me suis jamais sentie aussi impolie de ma vie. J'espère seulement que personne autour n'a écouté.»

Peut-être qu'elle se faisait du mauvais sang pour rien, mais son métier lui avait appris que la discrétion était souvent la meilleure des conseillères. Ses excuses terminées, son regard interrogea Rossana pour savoir si elles avaient été acceptées, et, comme pour appuyer ses paroles, un sourire grave apparut sur ses lèvres.
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Rossana
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleSam 28 Mai - 14:01

Rossana écoutait la jeune femme avec attention, son regard s'adoucissant sur ses épaules et sur ses hanches. Elle était dévouée aux riches citoyens de Venise ... Rossana pensait savoir ce que cela voulait dire, mais il aurait été vulgaire d'avancer des hypothèses sans en avoir la certitude. La relation étrange qu'elle entretenait avec cette femme était d'une confiance incertaine, d'une hésitation encore nouvelle.

A la question d'Ithya, Rossana éclata de rire.


"Non, non ... Je ne suis jamais allée dans un autre pays que notre Italie, et très rarement en dehors de Venise. Ce n'était que lors de brèves expéditions."

Elle ignora avec naturel et désinvolture la question sur l'activié d'aventurière qu'elle pratiquait, et elle fut surprise qu'Ithya vît si juste. Mais elle ne laissa rien voir su son visage éclairé par le soleil d'hiver.

Mais Ithya s'était interrompue lorsqu'elle avait évoqué les princes et Rossana l'interrogea du regard. Elle semblait informée, et cela pouvait être dangereux. Mais la belle brune doutait que cette jeune femme représente un réelle danger, même si la méfiance anima ses pensées.


"Ce n'est pas grave, je vous excuse. Je ne pratique rien de tout ça."

Elle éclata d'un rire cristallin avant de reprendre :

"Il y a des questions qui demeurent sans réponse parce qu'elles ne peuvent tout simplement pas être élucidées ... Vous n'avez pas été impolie, Madame Rosanera."

Sa voix se faisait rassurante, son expression, son regard et ses gestes se traduisant en une sécurité évidente, le sourire aux lèvres et les sourcils surlignant avec bienveillance ses yeux bruns. Soudainement, Rossana se baissa et prit dans ses mains blanches un petit tas de neige. Elle émietta lentement cette petite motte cotonneuse tout en disant :

"Seulement ... Si je puis me permettre, il y a de ces questions pareilles à celles que vous venez de poser qui peuvent être plus dangereuses que véritablement grossières. Je vous demanderai de faire attention, non pas par souci de politesse, mais pour votre bien. Moi-même, devant tous les dangers qui courent, je me fais discrète."

Rossana savait ce qu'elle disait. L'intensité de la haine entre les deux maisons étaient entretenues par les ragots et sûrement par elle-même, mais elle avait un goût pour la beauté qui dépassait une simple question de superficiel : elle ne voulait pas que cette jeune beauté soit compromise par un manque d'attention naissant d'une curiosité toute innocente.

Rossana avait effacé l'idée d'Ithya qu'elle se faisait sur son activité. A ses yeux, elle ne devait être qu'une aristocrate comme les autres. Uniquement.
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Chiara T
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleDim 26 Nov - 18:20

[Taverne de l'Ours]

Quitte à commencer à visiter la ville, Chiara choisit donc de se rendre au Palais des Doges. Palais connu de tous avec sa structure vénéto-byzantine et dont le dernier étage aveugle donnait l'impression de reposer sur les dentelles des arcs des étages inférieurs. Ayant choisi de venir par le Canal, la jeune femme put embrasser d'un coup d'oeil le centre de pouvoir de cette cité. Elle en eut le souffle coupé. En effet entre les descriptions et les peintures, elle pensait être préparée à la vue de ce bâtiment, mais il n'en était rien. Elle ne pouvait reconnaître qu'une chose, ni écrit, ni peinture ne saurait rendre justice à la beauté de la ville.

*Abstraction faite des odeurs écoeurantes de la lagune* pensa-t-elle en fronçant son nez tandis que la gondole passait sur un courant charriant les détritus de la ville et autres choses moins glorieuses. Elle sortit de ses manches un mouchoir de batiste et le plaqua sur son visage. Il lui faudrait s'habituer aux odeurs d'ici tout comme elle s'était habituée à celles de Paris. Enfin l'esquif aborda la rive et le conducteur tendit obligeamment la main à Chiara. Elle lui sourit aimablement et lui remit le salaire qu'il méritait. Elle ne se montra pas aussi généreuse que lorsqu'elle était en France, pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait plus de mécène pour lui offrir une bourse pleine. Elle devait remédier à cela au plus vite... Mais seulement après avoir fait sa petite visite.

Elle se glissa donc sous les arcs brisés du Palais et commença à déambuler songeuse quant à son avenir mais aussi méditative quant à l'architecture des lieux...
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Luciano di Lorio
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleLun 15 Jan - 2:24

[Caffé Florian]

Abandonnant l’atmosphère échauffée du Florian pour l’animation de la Place Saint-Marc, Luciano prit un instant pour apprécier l’estafilade qu’on lui avait si élégamment infligée. Son honneur avait déjà été assez éprouvé pour qu’il se serve copieusement du vin d’un client pour purifier la plaie. Il se contenta donc de bander sommairement la plaie de son mouchoir, à défaut d’un traitement plus élaboré. Ses dernières blessures de guerre s’apparentaient plutôt aux morsures et aux égratignures d’un félin courroucé qu’à cette vilaine coupure, mais le jeu aurait-il été aussi captivant s’il n’avait comporté aucun danger? Nul besoin de poser les yeux sur le charmant visage de son compagnon pour trouver réponse à cette question.

« N’ayez crainte pour le bal de ce soir, Monsieur. Sa qualité de populaire attire tout autant les petites gens que des gentilshommes et dames de haute naissance, en quête de quelque désennui. Je ne serais d’ailleurs pas étonné que vous y croisiez le présent Doge, sous le couvert d’un habile déguisement. Dans cette ville, princes et roturiers se côtoient dans l’excès. De là sa réputation de république de la dissolution ou de cour de tous les vices. »

Tout en parlant, il avançait d’un pas rapide vers la rive, bondée de gondoliers. Le passage répété des flâneurs avaient presque fait disparaître toute neige du parvis. Des promeneurs sur leur passage les dévisageaient avec insistance, faisant naître un sourire altier sur les lèvres de l’aristocrate. Il lui plaisait de paraître en public avec pareil attelage, lui prouvant que le temps n’arrivait parfois à amoindrir certaines aménités.

« Vous saurez sûrement retrouver ici l’amusement qui vous a attiré la désapprobation de votre famille et trouvez l’inspiration nécessaire pour en inventer de nouveaux. »

Bien qu’hélé par plusieurs gondoliers, le noble longea le canal sans leur porter attention. Ce n’est qu’arrivé devant quelques embarcations munies de toiture, telles qu’il les avait décrites, qu’il s’adresse à un batelier qui, à la différence de son cousin Giaccopo, était bien connu pour son peu de diligence et son sens de l’orientation médiocre. Il aurait été trop dommage d’écourter une si agréable rencontre et, une fois sur l’eau, il serait pratiquement impossible à son cadet de lui échapper. Peut-être, alors, à l’abri d’importuns, serait-il disposé à lui rendre son précieux ruban, si durement gagné.

« Eh bien, Monsieur? Braverez-vous les flots en ma compagnie? »

Il descendit dans la barque avec assurance pour bien démontrer à son interlocuteur qu'il n'éprouverait aucun danger à le suivre.
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleLun 15 Jan - 12:06

Il avait eu tort.
Grand tort même.
L'alcool avait mis le feu à sa blessure et il ne pouvait plus à présent ouvrir la main, qu'il avait crispé par reflexe, sans éprouver une violente douleur. Impossible par là-même d'enfiler son second gant. Un coup d'oeil lui confirma que cela saignait toujours, il n'avait pas pensé la blessure profonde en en retirant l'éclat de cristal mais maintenant, à la vue du sang qui s'infiltrait entre ses phalanges serrées, il se dit que quelques soins lui seraient sans doute nécessaires.

L'air froid du dehors le surprit après la chaleur du caffé et chassa une partie des effets du vin. Il respira lentement et profondément. L'aristocrate marchait vite tout en le renseignant sur le bal du soir et ils se trouvèrent bientôt sur la rive du Canal. Raffaele jeta un regard en arrière, cherchant désespéremment des yeux un autre moyen de transport, que bien sûr il ne trouva pas. Même une chaise à porteur lui aurait mieux convenu. Et pourtant, Dieu savait à quel point il détestait être brinqueballé dans ce genre de caisse inconfortable ! Mais là, face au clapotis brunâtre du canal, il se sentait prêt à encenser toutes les chaises à porteur du monde.

Il eut la tentation de refuser l'offre de Luciano qui avait déjà embarqué mais se ravisa. Il n'allait pas perdre la face pour une histoire de transport. Il s'avança au bord du quai et regarda l'embarcation, puis Luciano, puis le batelier, puis à nouveau Luciano, l'embarcation, le canal
.

"Ah !"

Il fit un pas en arrière au moment de descendre dans le petit bateau. Il regretta soudain la brûme de la nuit qui, la veille, lui avait si bien caché la vue. Dans le monde de coton qui lui avait alors été présenté, il avait été commode d'ignorer le canal, mais à présent tout était beaucoup trop réel à son goût.

"Ah, Monsieur trouvez-moi bien ridicule, mais je crains de ne pouvoir."

Un enfant, voilà ce qu'il était !
Craintif et timoré.
Un enfant qui craignait l'eau au point qu'il n'osait descendre dans la barque qui allait bien sûr osciller et tenter de le jeter par dessus bord.
Le jeune prince se morigéna sévérement et se mordit l'intérieur de la joue avant de tendre la main vers l'aristocrate, espérant un appui. Puis, se rebellant contre sa phobie, il sauta dans la barque qui, comme prévu, se mit à tanguer et giter pour finalement le précipiter contre le corps de Luciano. Il étouffa un cri de panique quand le talon de sa botte glissa sur les planches mouillées lui faisant perdre un peu plus l'équilibre et se rattrapa au manteau de Luciano juste avant la chute
.

"Par Dieu ! Je hais tout ce qui navigue !"
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Luciano di Lorio
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMar 16 Jan - 2:25

Le spectacle qu’offrait Raffaele amusa grandement Luciano qui, par souci d’épargner l’orgueil de ce dernier, s’abstint de tout commentaire. Difficile cependant de ne pas être à la fois surpris et hilare devant la répugnance de son cadet à le rejoindre dans la barque. Bien sûr, le garçon avait clairement fait mention de son aversion pour les flots, mais être témoin de ces dires était tout à fait différent… et beaucoup plus distrayant. La scène lui évoquait celle d’un jour où les eaux étaient sorties de leur lit pour se répandre dans toute la ville. Un chat s’était alors retrouvé isolé sur un parapet, non loin de la demeure des di Lorio. Sans issue, il semblait douloureusement hésiter à s’aventurer dans l’onde obscure pour retourne au domicile de son maître. Par pitié, le jeune baron l’avait rescapé de la noyade, aux remontrances de sa gouvernante qui l’accusa d’éprouver plus de compassion pour les bêtes que les hommes.

C’était précisément cette expression de profond dégoût conjuguée à un déchirant dilemme qu’il pouvait à présent contempler sur les traits de son compagnon. Un sourire retroussa ses lèvres. Il avait toujours affectionné les fauves dont il préférait la grâce majestueuse à la loyauté aveugle des cabots. Leur caractère affranchi, câlin au moment opportun, s’accordait mieux au sien. Il ne commettrait toutefois pas l’erreur d’oublier les griffes et les crocs de son protégé qui, à n’en pas douter, savait en user à bon escient. L'élancement dans sa main le lui rappelait avec acuité.

Le jeune homme continuait de renâcler, faisant douter à l’aristocrate qu’il ne parvienne à surmonter ses craintes. Plus égayé que contrarié par ces réticences, il s’apprêtait à lui proposer de marcher plutôt que d’emprunter la voie des mers, quand Raffaele bondit à pieds joints dans l’embarcation. Réprimant une exclamation de surprise, son pied recula instinctivement pour ne pas lui faire perdre l’équilibre alors que l’inconscient s’accrochait aux pans de son manteau. Une main enserrant sa taille tandis que la seconde se nouait autour de ses épaules dans une étreinte aussi agréable qu’inattendue, le noble retint le jeune homme immobile pendant quelques instants, dans l’attente que la gondolecesse de tanguer aussi dangereusement.

« Ne recommencez plus jamais pareille folie, » lâcha-t-il dans un souffle, à l’oreille de l’éphèbe contre lui.

Il relâcha la respiration qu’il avait inconsciemment retenue, levant les yeux au ciel. Derrière eux, un Giacomo furieux grommelait une série de jurons colorés contre ce passager bien trop turbulent. L’esquif n’était désormais plus agité que par le rythme régulier des flots, lui permettant de libérer le jouvenceau. Ses lèvres glissèrent contre une joue tendre jusqu’à ce que, lui faisant face, il puisse le dévisager avec une sévérité feinte.

« Du moins, pas lorsque je suis à bord. »

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer qu’il ne commettrait aucun faux pas avant de prendre siège.

« Réalisez ce genre d’acrobaties sur les tables de n’importe quel caffé, mais retenez votre ardeur sur l’eau. Basculer dans le canal serait fort plus dommageable que s’écrouler sur le sol du Florian. »

Il tendit sa main vers son interlocuteur pour l’inviter à s’asseoir à son tour, mais cette fois avec plus de calme.

« Et maintenant… quelle destination indiquer à notre batelier? »
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMer 17 Jan - 1:41

Il l'avait rattrapé.
Quand sa botte avait dérapé, juste après qu'il eut sauté dans la barque, le jeune prince avait vu l'eau du canal se rapprocher à grande vitesse. Il en avait presque senti l'avant-goût de vase et de pourriture nauséabonde. Mais les bras de l'aristocrate, en se refermant sur lui, lui épargnèrent l'horreur de la chute. Il resta un instant immobile, se tenant contre le corps solide de l'homme. Ses paupières cillèrent tandis qu'il respirait l'odeur masculine qui se dégageait du manteau auquel il était accroché et que la bouche de l'aristocrate effleurait sa joue. Puis Luciano lui permit de reculer et il se détacha lentement, abandonnant comme à regret le pan de la cape serrée entre ses doigts
.

"Je vous remercie de m'avoir épargné le ridicule d'une chute et vraisemblablement le choléra, la peste ou je ne sais encore quelles joyeusetés que doit généreusement prodiguer le contact de cette eau."

Son sourire ne revint totalement que lorsqu'il s'assit sous l'abri de toile. Sécurité toute relative, mais tout était mieux que de se tenir debout en équilibre précaire. Déjà, le batelier détachait son embarcation et s'éloignait du quai.

"Et je vous jure bien de jamais recommencer cette expérience..." La malice fit briller son regard "à moins que vous ne fussiez à bord pour me retenir encore."

La barque fit mouvement pour s'aligner dans le sens du courant et le roulis ainsi occasionné le fit s'accrocher au montant de l'abri. Son sourire se tordit et il tenta de se concentrer sur la pointe de ses bottes. Ne pas se donner en spectacle, il en avait assez fait, même si à présent l'abus de Brunello lui apparaissait beaucoup moins drôle.
Mais Luciano lui parlait et ne pas lui faire face aurait été disgracieux. Raffaele releva donc un visage un peu pali mais qui s'efforçait de rien laisser paraître de l'inconfort dans lequel il se trouvait pour donner l'adresse à laquelle il avait à peine eu le temps de réflechir. Il se souvint d'une ruelle assez proche du Palais Grazziano dans laquelle il avait une première fois demandé son chemin et en avait noté le nom comme point de repère. Il lui vint à l'esprit que de la Place St Marc où il se trouvait à présent, il serait bien en peine de la retrouver. Ce fut donc avec un regard clair et sans hésitation qu'il en donna le nom
.

"Si cela ne vous déroute pas trop, je vous serais reconnaissant de me déposer Calle Trevisi."

Il recula un peu sur le siège de bois recouvert de velours pour ne plus voir le canal.

"Pour ce qui est d'escalader les tables, il est rare que je me livre à ce genre d'excentricités mais... Voyez-vous on retenait une chose qui m'appartenait et que je tenais à reprendre. J'aurais usé de moyens moins extrèmes si on m'en avait laissé la possibilité, mais j'avais affaire à un homme résigné à ne point me céder."
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Luciano di Lorio
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MessageSujet: Re: Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges   Rive du Grand Canal devant le Palais des Doges PerleMer 17 Jan - 7:48

Confortablement adossé contre le dossier d’un vermeil sombre, l’aristocrate tout à fait à ses aises formait un contraste frappant avec son compagnon au teint légèrement blafard. Bien entendu, avoir été dans la Ville des Eaux lui conférait un avantage indéniable, mais la répulsion du garçon pour les flots semblait trop profondément ancrée en lui pour s’estomper avec l’habitude. Luciano ne savait s’il pouvait attribuer cette amabilité soudaine à l’incommodité de son interlocuteur, mais il devait s’admettre agréablement surpris. La conversation du Florian avait tenu du duel – au départ quasi-amical, plus emporté par la suite – mais c’était sur un tout autre ton que leur échange se poursuivait. Était-ce le prix pour avoir remporté la première manche? La partie était très loin d’être terminée et il était absolument certain que Raffaele était loin d’avoir épuisé toutes ses ressources. Mettre ces bonnes dispositions sur le compte de l’alcool ou du mal de mer était par trop facile. Il avait pu prendre conscience de la volonté impitoyable de son cadet, sa main tailladée pouvait en témoigner, cela aurait été sottise que de croire que celui-ci ne commettrait aucune tentative pour récupérer sa possession.

« Vous n’avez pas à me remercier, Monsieur. J’aurais été un piètre guide que de vous laisser affronter seul les périls dont foisonne Venise. »

Encore une fois, sa question n’avait pas été posée sans arrière-pensée. Le lieu de résidence du jeune homme aurait pu en révéler plus sur son identité, plus du moins que le nom étonnamment peu influent qu’il avait décliné. Malheureusement, à l’exception d’un cercle de jeu, le noble ne put se remémorer aucune demeure ou établissement notable sur la Calle Trevisi. Il était possible que son arrivée récente dans la Sérénissime le prive de renseignements qui auraient pu lui permettre d’élucider le mystère du blond éphèbe. Tant qu’il ne serait en mesure de s’entretenir avec ses informateurs, il lui faudrait porter foi dans les dires de l’adroit Monsieur Scaligeri.

Vérifiant d’un coup d’œil que le gondolier ait pris connaissance de leur destination, il en revint rapidement au jouvenceau, à présent calé contre son siège.

« Après tous vos hauts faits, il serait malvenu d’être dérouté par une aussi simple demande, de surcroît, formulée avec tant de courtoisie... Si vous n’avez point eu le loisir de parcourir la Calle Trevisi, sachez qu’un cercle de jeu réputé y est établi depuis plusieurs années. Outre la compagnie de galantes ou une promenade dans le quartier de la Bouche d’Ombre, c’est le moyen de sûr de délester votre bourse. Peut-être aurais-je l’honneur de vous y croiser? »

Il sourit au récit étrangement familier de son interlocuteur, flatté d’avoir réussi à le pousser à de pareils éclats. Si tel était le nouveau jeu de son protégé, il y prendrait part avec la réserve qui ne lui faisait d’ordinaire pas défaut. Sottise que de ne pas se défier d’un rival qui vient à peine de s’incliner. Trop d’hommes s’étaient laissés berner par les flagorneries du vaincu qui vengerait sous peu son honneur par un coup de poignard dans un dos tourné.

« La valeur de cet homme n’aurait-elle pas été amoindrie s’il vous avait cédé aisément? Agir autrement qu’en vous opposant résistance aurait été un affront à l’adversaire de qualité que vous représentiez. Il s’était sûrement promis de ne pas fléchir afin de se prouver digne de vous et gagner votre estime, un bien plus précieux que n’importe quel ruban. »

D'un mouvement lent, il entrouvrit son manteau pour découvrir le fameux lien de soie, s'échappant de la poche de sa culotte. L'acquérir avait été des plus ardus. Il se montrerait encore plus difficile lorsque viendrait le temps de le rendre.

« Je croyais qu’à tout avoir sans effort, on perdait le goût de ce que l’on reçoit. »
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