VENISE
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 Le Petit Salon

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MessageSujet: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleMer 7 Fév - 7:57

...
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Olympia di Lucore
Marquise - Ca'Grazziano
Olympia di Lucore


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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleMer 28 Mar - 23:13

[Les couloirs desservants les appartements]

Cet éphèbe ne se contentait pas d’être beau et énergique, il associait à son opiniâtreté un caractère irrévérencieux et propre à la répartie, tant mieux. La conversation n’en devenait que plus plaisante. Avec une moue malicieuse la Marquise haussa les épaules afin de couronner le débat sur les culottes d’Ugo di Grazziano : « Alors à votre guise si vous souhaitez qu’on associe votre nom à la frustration de votre frère ! »
Ses yeux à cet instant avaient alors glissé vers l’objet de sa conversation et elle ponctua ce regard d’un haussement de sourcil plein d’ironie.

L’esprit dont faisait preuve le prince cadet était certes réjouissant et il apportait une fraîcheur inédite depuis l'arrivée de la jeune aristocrate."et que, pour ma part, j'estime bien plus louable" Voilà qu’il révélait en quelques mots les intentions de la Marquise et tout ceci à défaut de la gêner la mettait très à l'aise, Olympia ne faisait pas cas d'étaler son orgueil.
Elle leva les yeux au ciel et laissa couler son rire, ses épaules se secouant doucement elle dit de sa voix amusée:


« Le moins qu’on puisse dire c’est que votre énergie sert vos conclusions… »

Sur cette formule énigmatique la jeune femme avait fait volte face et avait accompagné le troublant Raffaele jusqu’au pas de la porte de ses appartements. Avant de poser sa main sur la poignée elle se retourna une dernière fois pour dévisager un moment son vis-à-vis :

« Vous n’ignorez pas que certaines punitions se passent d’un fouet, à moins bien sûr Monsieur le Prince, que vous n’ayez une préférence pour celui-ci… Dans ce cas, le moment venu, s’il vient jamais, soyez assuré que je n’aurais de repos que lorsque j’estimerai en avoir fini avec vous, et croyez-moi j’ai la poigne solide, surtout lorsqu’on m’y encourage ! »

Après un dernier regard éloquent Olympia poussa la porte de sa suite et s’engouffra dans le petit salon où dansaient dans la cheminée de hautes flammes.
La marquise eut un petit sourire, ravie de constater que la flamme n’avait pas pâti de l’absence des serviteurs.
Au dessus de la cheminée trônait l’immense portrait en pied de sa tante, Isabella Visconti. Superbe et sévère en Diane chasseresse. Olympia s’était toujours moqué de la coquetterie de cette dernière lorsqu’à Versailles elle avait exigé du talentueux François Boucher qu’il la représente ainsi comme c’était la mode dans les salons.
D’un geste la Marquise invita le prince à prendre place sur l’un des deux canapés en hêtre doré garnis de velours vert, ils étaient placés près de l’âtre ronflant, ici peut être le jeune homme cesserait de se plaindre.


« Je vous en prie, prenez vos aises ! »

Elle posa les yeux sur la table de milieu placée selon l’usage entre les deux canapés, ravie d’y trouver ce qu’elle souhaitait y découvrir : une boîte de macarons, sans doute le bien le plus précieux de ses bagages Versaillais... Enrubannée, miraculeusement intacte après trois jours de voiture (Peut être aussi parce que l’une des trois boites qu’elle rapportait de Paris était déjà vide ! ) , elle n'attendait que l'initiative de la Marquise. Exactement ce qu’il fallait à Olympia pour satisfaire sa gourmandise. Et ainsi s’assurer de taire tout ressentiment chez son hôte en lui faisant découvrir les mérites de la pâtisserie parisienne qu'elle estimait sans égal. Elle s’attarda un moment sur le ruban à défaire tandis qu’elle questionnait le fier individu :

« Dites-moi mon Prince, j’ose espérer que vous connaissez bien les us de la Sérénissime depuis votre récente installation, me donneriez-vous la liste des réjouissances qui nous attendent ces soirs prochains ? Ugo était bien trop pressé lorsqu'il m'a accueilli qu'il n'a pu me mettre au fait de l’actualité nocturne ! Je ne vous cacherai pas mon impatience de goûter enfin à ces nuits vénitiennes dont on me vante les mérites depuis Paris ! »

Elle s’assit, le ruban tomba sur ses jupons moirés. Avec un sourire satisfait elle reposa la boîte ouverte sur le plateau de la table et dégagea les macarons de leur papier de soie, ceci fait apparurent plusieurs appétissantes rangées colorées . Les effluves sucrées se répendirent aussitôt :
« Les serviteurs font peut être défaut, cela-dit je tiens à vous recevoir comme il se doit, tout Prince que vous êtes j’ai foi en votre gourmandise. Une fois l’une de ces merveilles en bouche, ce désagrément sera le cadet de vos soucis…
Je serais curieuse de voir vers lequel votre gourmandise vous orientera... Chocolat et orange amère ? Caramel et beurre salé ? Rose et framboise ? Réglisse...»
Olympia cessa son inventaire, elle ne quittait pas des yeux son illustre convive, son sourire encourageant n’avait quitté ses lèvres qui découvraient des dents aussi blanches que les perles à son cou.
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleSam 31 Mar - 1:51

[Le Couloir desservant les appartements]

Raffaele avait suivi la jeune femme jusqu'à ses appartements, il n'avait pas cillé quand le regard pailleté avait effleuré son anatomie, pas plus qu'il n'avait relevé les paroles ironiques.
Le salon qui s'ouvrait à présent sous ses yeux lui fit hausser un sourcil. Il semblait que la marquise fut mieux installée que lui. A bien y regarder, il semblait même que les meubles qui ornaient la pièce ne soient pas de facture aussi ancienne que le reste du mobilier qu'il avait vu partout dans le palais. Une certaine touche exotique régnait dans la pièce, rien d'aussi étrange que le salon noir et or de la comtesse Accorti cependant. Non, ce décor-ci racontait des histoires de voyages et de senteurs lointaines d'une manière plus vivante.

Il fit quelques pas vers la cheminée, laissant son regard courir sur la toile qui la surplombait. Il connaissait la femme du portrait. Voyons, qui était-elle. Un souvenir mélé de sensations frolées sur sa peau, de rires et de chuchotements, de parfums étourdissants et de vin coulant à flot l'envahit. Naples, un salon tendu de soie fleurie aux teintes charnelles. Dentelles des jupons étalés sur les canapés et tendresse de la chair moelleuse sous ses lèvres.
Isabella Visconti.
Comment diable le portrait de l'une des libertines les plus en vogue de Naples se trouvait-il à présent décorer les appartements d'un palais princier de Venise ?
Le jeune prince se tourna vers la marquise, offrant son dos aux flammes de la cheminée dont la lueur mouvante illuminait sa chevelure de reflets sanglants
.

"Je vous concède qu'il existe de nombreuses et intéressantes façons de donner une punition. Comme de la recevoir. Et mon allusion au fouet n'était qu'une image... Bien que vos paroles... Mais enfin, Marquise" Son ton se fit plus léger et d'un mouvement vif, il vint se placer derrière le canapé sur lequel elle avait pris place, la main posée sur le bois doré et lui tournant le dos. "je vois que vous êtes remarquablement bien installée. Il semble que Monsieur mon Frère prenne grand soin de ses hôtes de marque, dont vous faites assurément partie."

Il tapota sur le dossier du bout des doigts avant de se retourner, un sourire amusé sur les lèvres.

"Cependant, il m'apparaît tout à fait improbable qu'Ugo ait eu le bon goût de vous offrir ce charmant décor."

Quittant sa place, il vint s'assoir face à la jeune femme et croisa les jambes, l'observant dénouer le ruban et sortir les friandises de leur écrin de papier.

"Je ne connais rien aux usages propres à cette cité, Marquise. Mais je ne doute pas qu'on s'y amuse. Peut-être pas autant qu'au salon de la Marquise Visconti dont le portrait orne votre mur, mais je pense qu'avec un peu de volonté on doit trouver ici de quoi occuper les plus blasés. J'ai appris qu'un bal populaire était donné ce soir. Bien sûr ce type de réjouissance est plus apte à satisfaire le commun, mais je gage qu'en bonne compagnie on peut trouver à s'y amuser."

A nouveau son regard tomba sur les patisseries et un sourire de chat étira ses lèvres.

"Je choisirais sans doute la réglisse, pour son amertume boisée presqu'animale."

Cependant, il ne tendit pas la main, attendant que la marquise se serve, guettant le choix qui léverait un coin du voile de sa personnalité.
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Olympia di Lucore
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleDim 1 Avr - 20:31

La Marquise n’était pas femme à s’enorgueillir de compliments à point nommés. Cependant il y avait quelque chose dans l’attitude contemplative, pleine d’admiration de son vis-à-vis qui prêtait à recevoir humblement les agréables remarques sur son mobilier dont elle s’encombrait dans chacune de ses pérégrinations, depuis son premier retour des Amériques.

Là, une commode en arbalète, ici, un cartel rocaille en bronze doré, de part et d’autre du salon deux consoles d’appliques dorées à la feuille et, dans l’angle, une charmante encoignure dans laquelle reposaient ses bouteilles d’alcool fort, l’ensemble portant son lot d’estampilles des manufactures royales françaises.

Oui, il y avait dans ce mobilier, accompagné de son meuble de tapisserie et de ses objets d’art, de quoi se satisfaire, mais à défaut de se vautrer dans ce luxe ostensible, la Marquise mettait un point d’honneur à l’assortir de toutes sortes de bibelots glanés durant ses voyages. Ainsi, sur le marbre rouge de la cheminée était posé sur un présentoir un calumet, en lieu et place d’un trophée de chasse, sur le mur menant à la chambre d’Alessio, une tête de lion menaçante, une machette et d’autres instruments guerriers étaient exposés dans un dressoir à l’entrée de la pièce.


« Je vois que vous êtes un homme de goût et d’intuition ! En effet, j’ai apporté avec moi ces quelques effets pour les assortir au mobilier aimablement fourni par notre princière hôte… »

Disant-cela, elle jeta un regard dédaigneux en direction de la lourde horloge marquetée qu’elle avait fait placer dans un angle. Au devant elle avait fait mettre une table-console autour de laquelle étaient disposées deux fauteuils à haut dossier tendus d’un brocard suranné, l’ensemble était passé de mode depuis une décennie. Laissant là ces considérations strictement matérielles, la Marquise fut agréablement surprise d’entendre le jeune homme, qui avait repris place en face, nommer sa tante bien aimée. Elle haussa un sourcil réjoui et dévisagea, avec un intérêt aiguisé, le prince cadet :


« Ainsi, vous avez connu ma tante Isabella... Puis-je avoir la curiosité de savoir quand ? »
Raffaele di Grazziano était assurément jeune, mais certainement pas innocent. Olympia n’en aurait jamais douté au vu de la désinvolture de son vis-à-vis, mais la donne changeait petit à petit à la faveur du prince cadet, la méfiance naturelle cédant le pas à l’intérêt non dissimulé. Il n’en devenait que plus charmant ! La jeune femme devinait très bien le genre de pensée que ce nom avait du évoquer à l’esprit de son hôte : « Madame a toujours su très bien s’entourer… » A la mention du bal populaire, son sourire étira ses lèvres gourmandes :

« Puisque vous le dites, je gagerais qu’en tant qu’anciens coutumiers de ses salons nous arriverons très bien à ajouter notre épice à cette soirée dansante… Un bal populaire, vous dites ? Quoi de plus attrayant pour clore cette pénible journée ? » Elle montra d’un signe de tête les quelques malles encore entreposées dans son salon puis reporta son attention sur le bel éphèbe qui lui faisait face : « Monsieur di Grazziano, ma compagnie, ce soir, vous satisferait-elle ? »

Il l’invita alors à choisir son parfum dans l’écrin des succulents macarons. Olympia tendit une main fine et du bout de son index caressa avec convoitise le relief d’une friandise :

« Mes préférences iront au café-vanille, j'affectionne tout particulièrement son intensité… »

Elle porta alors la pâtisserie à ses lèvres écloses et ses dents vinrent y mordre un tendre morceau qu’elle laissa fondre un instant contre son palais, sans jamais avoir quitté des yeux Raffaele. Pas une miette ne s’échappa, elle n’aurait pu se permettre d’en perdre une seule.

La dégustation terminée, Olympia reprit de plus belle :

« Je suis étonnée de voir combien vous ne ressemblez en rien, j'entends par là de caractère, à votre père. Et de surcroit, à votre frère aîné ... »
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleMer 4 Avr - 4:55

Vanille et Café.
Chaleur moelleuse et ronde associée à la présence intense et sans concession d'une force suave et envoutante, puissante
.

"Avez-vous voyagé vous-même ou êtes-vous l'héritière d'un découvreur de terres lointaines ? Dans les deux cas, cela me rend bien curieux et je suis bien certain que les récits que vous avez à en faire pourront rendre attrayants les plus ennuyeux salons."

Une flatterie.
Pas exactement.
Raffaele était friand de nouveauté. Friand de tout ce qui pouvait briser l'ennui, allumer ses yeux et l'envahir d'images neuves. Et ce qu'il pouvait espérer des aventures liées aux objets exposés sous ses yeux le ravissait d'avance.
Un sourire ironique naquit sur les lèvres du jeune prince quand la Marquise fit référence à son père, puis à Ugo
.

"Qu'est-ce qui vous fait dire, Marquise, que je n'ai rien en commun avec ma parenté ?"

Il planta ses dents aiguës dans la friandise qu'il venait de choisir, appréciant l'opposition de la couverture croquante au moelleux du coeur fondant et parfumé.

"Connaissez-vous donc si bien ma famille que vous puissiez ainsi en juger si rapidement ? Où voyez-vous cela à ma mine ?"

Le regard clair tomba sur plusieurs pièces de mobilier repoussées dans un coin du salon et son sourire d'ironique devint amusé, il agita le biscuit dans leur direction.

"Vous ne devriez pas vous embarasser de ces vieilleries. Faites les enlever. On trouvera bien de la place quelque part pour les y entreposer puisqu'il semble que Monsieur mon Frère se refuse à les brûler. Pour ma part, je songe tout à fait sérieusement à incendier mes appartements pour pouvoir les faire redécorer à ma guise."

Un dernier coup de dents dans le macaron, concentré de plaisir pur qui étincela dans l'éclat des iris lumineux puis sa voix se fit plus douce, un brin empêchée.

"Ansi vous êtes apparentée à la Marquise Visconti dont j'ai pu souvent apprécier l'hospitalité. Naples est devenue bien morne depuis elle a décidé de nous abandonner pour tenir salon plus haut." Il y eut un silence pendant lequel le sourire de Raffaele sembla se crisper et une moue incontrôlée lui donna un fugitif instant l'air de l'enfant qu'il pouvait encore être. "Votre tante me fut infiniment précieuse. Elle fut l'instigatrice de mes premiers combats et c'est chez elle que j'ai ensuite croisé le fer avec le plus de plaisir." Le sourire revint sur les lèvres du jeune prince tandis que son regard caressait le visage d'Olympia. "Mais sans doute vous ne savez pas ce dont je parle et je m'en voudrais de jeter le trouble dans votre esprit."

Quelque chose cependant, qu'il n'aurait su nommer dans la physionomie et plus encore dans l'attitude charmeuse de la Marquise, lui laissait à penser que le trouble n'était pas à craindre. Et puis ne venait-elle pas de dire qu'elle aussi avait fréquenté les mêmes salons. Bien sûr il y avait le salon du mardi, jour favori de la Marquise Visconti, littéraire et artistique, certainement le plus couru de Naples et l'autre, le salon donné certaines soirées, plus épicé et enivrant.
Restait à savoir à laquelle de ces réjouissances la Marquise di Lucore était habituée. La réponse valait sans doute la peine d'accorder quelque effort à sa découverte et Raffaele se promit de mener cela à bien si l'évidence ne venait pas d'elle-même.
Puis la jeune femme aborda le sujet du bal et il inclina la tête
.

"Ce serait un honneur que de vous accompagner à ce bal, tout populaire qu'il soit."

Luciano di Lorio.
Qui l'attendrait Calle Trevisi.
Ce fut lui qui fut troublé à cet instant, submergé d'un souvenir enveloppant d'ambre et de cuir musqué contrebalancé par la présence froide et aromatique de la coriandre.
Il se reprit juste avant d'incliner la tête, juste avant d'offrir la tendresse de sa gorge au souvenir de la morsure
.

"Quelqu'un cependant, dont j'ai fait la connaissance récemment, m'a invité à le rejoindre. Si vous le souhaitez, nous irons à sa rencontre ensemble et je vous le présenterai. C'est un homme tout à fait intéressant... oui tout à fait intéressant."
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleVen 6 Avr - 0:01

La Marquise ne manqua pas les regards curieux de son noble hôte en direction des différentes pièces exotiques de son mobilier, les questions qui en découlèrent provoquèrent, chez la belle aristocrate, une satisfaction piquée d’orgueil. « Je suis la fille d’un grand voyageur, Vittorio di Lucore, de par sa fonction de commodore dans la marine française… Et j’ai moi-même beaucoup voyagé, c’est ainsi que j’ai constitué ce patrimoine de souvenirs … » Elle désigna, d’une œillade satisfaite, le dressoir sur lequel étaient présentées ses collections guerrières. « Comprenez, Monsieur le prince, qu’après cinq ans à souffrir le bagne du couvent, sous le ciel pluvieux de la région bretonne, j’avais grand besoin d’ailleurs ! »

Elle porta l’embout de sa pipe à sa bouche et inspira longuement dessus en faisant jouer ses doigts le long de la tige, enthousiasmée d’entendre ainsi l’éphèbe solliciter ses contes :
« On réclame souvent ma mémoire, jusque dans les salons d’Outre Rhin, afin que j’étale mes récits et, ainsi, faire rêver mon auditoire les yeux ouverts… Ce sera donc bien volontiers que je me plierai auprès de vous à cet agréable exercice qu’est la contemplation de son riche passé ! » Un sourire amusé vint plisser ses yeux rieurs : « Commandez, mon Prince, et je vous servirai ce que vous voulez entendre… » Elle l’invitait à le questionner aussi naturellement qu’elle proposait ses biscuits, avec l'entrain croissant d'une hôtesse satisfaite.

« Voyons, il est inutile de connaître de près Amadeo di Grazziano pour savoir qu’il n’est pas homme à suivre impunément ses convives, pour déguster à leurs côtés des macarons parisiens et parler d’exotisme… » Coupant court à la conversation, Olympia se leva et se dirigea vers une tapisserie afin d’y sonner les domestiques. Il lui semblait entendre de l’agitation dans le couloir, peut-être qu’enfin on consentirait à venir s’inquiéter du sort des nobles habitants du palais ? Elle avait envie de thé pour arroser ce festin, et cette envie, chacun sait qu’elle n’attend pas !

Puis, le Prince Raffaele évoqua ses vastes projets d’aménagement du territoire, et la proposition qu’il y enjoint provoqua un éclat de rire: « Voilà une idée bien généreuse ! Je prends vos mots pour une proposition, je consens à vous fournir ce combustible pour votre bûcher. » Désignant les meubles d’Ugo, elle vint se rassoir face à son cadet. Il y avait quelque chose de stimulant à sentir le feu couvant sous la glace bleutée des yeux de son vis-à-vis. « Un incendie, vous dites ? Néron n’aurait pas mieux trouvé ! Le « bon sens » commun l’ayant taxé de fou, dans la légende, peut-être est-ce ainsi dont on parlera de vous… si vous y entrez ? » Elle ponctua son ironie d’une nouvelle bouffée de tabac parfumé de cacao.

L’éphèbe porta alors son attention sur la Marquise Visconti. Olympia apprécia ses paroles empruntées à leurs justes valeurs, et elle ne fit aucun détour lorsque vint son tour de répondre aux interrogations du jeune homme aux bottes carmines. Olympia leva le menton fièrement, portant haut son regard en direction du portrait de son illustre aïeule, qui lui souriait :

« J’étais sa seule nièce, et l’unique objet de ses vœux, en digne héritière c’est d’elle que j’ai tout appris... A converser de littérature comme de croiser le fer… » Elle planta son regard de couleuvre dans les prunelles scrutatrices, elle ne fila pas davantage la métaphore et enchaina de son timbre grave : « De ses salons, j’étais destinée à devenir la nouvelle maîtresse ! Hélas, mes nombreux voyages ne m’ont éloigné que trop longtemps de Naples à qui, je sais, elle manqua lors de son long séjour Versaillais, dans ma jeunesse. Je suis enchantée d’avoir, par vos confidences, la confirmation que, jusque dans ses dernières années, ma tante a su s’entourer des meilleurs élèves ! » Elle accompagna ses derniers mots d’un sourire en coin tandis que, sans détour, son iris mouchetée glissait le long des vêtements de son élégant invité.

La conversation en vint au bal et ses réjouissances nocturnes, la Marquise fut ravie d'entendre le Prince accepter sa proposition :

« Le plaisir sera, de toute évidence, partagé... La Marquise Visconti serait émue de voir ainsi ses favoris réunis en une telle occasion ! »

Alors qu'elle évoquait cette rencontre anachronique, la Marquise observa un léger trouble se dessiner sur les traits fins de l’élégante figure princière. Sans détacher un instant ses deux noisettes mouchetées du visage, abîmé dans quelque nébuleuse pensée, Olympia attendit que cela passe. Les paroles qui suivirent n’entamèrent en rien son sourire gourmand qui s'aiguisa davantage :

« Rejoindre, à votre bras, un autre amateur de réjouissances populaires ? » Elle fit mine de réfléchir un instant : « Hm, j’imagine que si vos fréquentations sont à la hauteur de vos connaissances du duel à l’épée, cela peut en effet, être réjouissant ! » Son regard vrilla, s’animant d’un éclat réjoui. Avec éloquence, elle ajouta : « Me donneriez-vous son nom ? Que je l'inscrive dans mon carnet de bal, aux côtés du votre, Monsieur di Grazziano… » Olympia mima le sourire timide d’une cavalière inexpérimentée. Si le jeune homme se montrait digne des promesses de cet échange, la soirée assurait d’être riche en divertissements…
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleLun 9 Avr - 4:57

Raffaele eut un sourire amusé par l'entrain que montrait la jeune femme à l'idée du divertissement qui aurait lieu en soirée. Sourire qui s'étira un peu plus quand elle évoqua son carnet de bal. Avait-elle réellement l'intention de danser au milieu de la populace ? D'ailleurs, quelles étaient les danses en vogue parmi les filles de cuisine et les porteurs d'eau ? Cela dansait-il un porteur d'eau ? La vision d'une grosse fille rougeaude aux prises avec un menuet aux figures exquises faillit avoir raison de lui et le plonger dans une hilarité incontrôlée. Ce fut la vue de la gorge moelleuse et frémissante de plaisir anticipé de la Marquise qui le rappela à l'ordre plus qu'agréablement.

Le parfum doux du tabac lui fit plisser les yeux, délicieuse habitude exotique et sensuelle originalité qui en laissait espérer d'autres
.

"Malheureusement ma mémoire est habituée à me jouer des tours et le nom de ce gentilhomme me fait défaut. C'est vraiment très ennuyeux, mais je suis sûr que cela me reviendra sous peu." Inclinaison de la tête sur la droite, sourire d'excuse et regard limpide. "Quoiqu'il en soit, il est heureusement doté d'un esprit vif et d'une belle figure, ce qui en fait une compagnie fort séduisante."

Décroisant les jambes, il se leva d'un mouvement souple et ses pas l'amenèrent devant la cheminée. Du bout du doigt il caressa le tuyau du calumet et joua un instant avec les plumes d'ornement.

"Je serais fort intéressé de savoir quelles sont les contrées étranges que vous avez visitées. Avez-vous arraché vos trophées aux griffes de sauvages sanguinaires ?"

Il se retourna pour faire face à la jeune femme, le dos réchauffé par les hautes flammes crépitantes et un rire léger lui échappa.

"Vous devez me trouver bien enfantin, mais je ne puis m'empêcher de vous imaginer telle une héroïne de roman, debout sur un éperon rocheux surplombant la forêt tropicale, tandis que des hordes de papous vociférants vous assaillent de toute part."

Il baissa la tête un instant, feignant de détailler le tapis d'orient aux incroyables arabesques mélant le bleu, le rouge et l'or. Il inclina à nouveau la tête et observa la Marquise de coin.

"Avez-vous l'intention de relancer à Venise l'exquis salon de votre tante ? Je ne doute pas de son succés dans une cité telle que celle-ci dont on vante l'ouverture d'esprit et la qualité des distractions. J'y prendrai part avec un plaisir non dissimulé si vous me faisiez l'honneur de m'y convier."

Un sourire et un battement de paupières très lents ponctuèrent la phrase prononcée bas. Mais un grand vacarme provenant du couloir lui fit détourner les yeux vers la porte. On entendit une voix de femme au timbre sec et autoritaire qui sans élever le ton donnait des ordres que la distance rendait inintelligibles mais qui déclanchèrent un tumulte de meuble déplacés et de malles poussées sur les parquets.
Raffaele haussa un sourcil, quelqu'un était arrivé qui, magnifique exploit, réussissait à causer un plus grand chaos qu'il ne l'avait lui-même fait. Bien sûr, le fait que ce chahut-là se produise en plein jour en diminuait l'éclat mais la prouesse était tout de même remarquable. Un aboiement, puis un autre, puis un troisième en chaine lui firent écarquiller les yeux
.

"Dieu ! Vittoria déjà ! Et bien, Marquise, il semble que vous n'allez pas tarder à faire la connaissance de la très charmante épouse de Monsieur mon Frère. Douce et délicieuse personne s'il en est, qui nous arrive de Naples plus tôt que je ne le pensais."

Mais son visage s'était fermé et la moue qui avait froissé sa bouche démentait ses paroles.
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleMer 11 Avr - 22:20

En fine anthropologue, Olympia ne put contenir ses corrections quant aux questions, toutefois charmantes, du Prince Raffaele : « Des papous en Amérique ? Autant nommer l’empereur de Chine roi d’Angleterre… A moins que des ailes ne leur aient poussé, cela est bien impossible, je me dois de vous apprendre que les papous sont établis en Nouvelle Calédonie ! »

Sur ces divergences scientifiques de second ordre, Olympia désigna d’un geste gracieux le même objet qui avait tiré l’attention de l’aristocrate :

« Je risque de vous décevoir… Ce calumet m’a été gracieusement offert par le chef d’une tribu caraïbe, les Kalinagos, au terme d’un périple dans les terres reculées de Guyane Française. J’avais sauvé la vie de l’un de ses gardes, figurez-vous !
Quel plus beau cadeau pouvait-il me faire que sa propre pipe ?
Je regrette seulement de n’avoir plus un gramme du tabac qui m’avait été fourni avec, il était exquis et avait cette étonnante propriété de donner des rêves fort agréables ! »

Avec un petit rire amusé la Marquise tourna la tête en direction du dressoir :
« Si cela peut satisfaire vos appétits d’aventure, laissez-moi vous orienter vers la machette sur le présentoir ! Sachez qu’elle me fut très utile pour me défendre des assauts d’un vrai sauvage, propriétaire d’une plantation près de Point-à-Pitre ! La légende veut qu’elle ait appartenu, dans le temps, au premier esclave à s’être rebellé contre l’autorité de son Maître ! Ce même-homme, enragé disait-on, voulait justement m’épouser de force, je n’ai fait que lui rendre le juste retour du balancier… »

Un sourire énigmatique vint étirer les traits de la Marquise, dont l’esprit s’abîmait dans quelque sanglante pensée. Elle ne revint complètement à elle-même que lorsque la porte s’ouvrit , un valet fit alors son apparition. Il s’inclina respectueusement. D’un geste de la main, sans jamais cesser d’observer son vis-à-vis, Olympia lui désigna le service à thé en faïence, qui trônait sur un plateau d’argent au centre de la table plaquée. Le domestique s’exécuta aussitôt, et partit en direction des cuisines en quête d’eau chaude.
Puis, son noble vis-à-vis lui fit part d’une charmante requête au sujet des salons de feu la Marquise Visconti. La mine amusée, plongeant ses yeux mouchetés dans le regard d’un bleu éthéré, la Marquise di Lucore répondit en jaugeant l’individu d'un oeil caustique:


« Dans l’hypothèse où cela venait à se réaliser, j’en serais ravie… Seulement, il vous faudrait vous montrer à la hauteur des inclinaisons que vous me laissez apercevoir depuis notre rencontre. Pour le moment, cela est prometteur… Mais je n’ai été que trop déçue en accordant, trop tôt, ma confiance à ceux qui n’en était en rien méritants ! Sans doute le bal de ce soir sera l’occasion de me donner entière satisfaction ! »

Portant sa pipe à sa bouche, elle continua sur un ton volontiers badin, s’inclinant un peu en avant, accoudée sur son genou, le menton confortablement appuyé dans sa paume de main :

« J’aurais, d’ailleurs, comme objectif préliminaire de relever le niveau des évaluations d’entrée dans mes salons... Il me semble que, durant ses dernières années, le plaisir de ma tante Isabella avait prit le pas sur sa propre raison, et je ne tiens pas à reproduire ses erreurs ! Un salon comme le mien ne saurait s’accorder qu’avec ce qu’il y a de meilleur ! Ceux qui me connaissent de près sauraient vous dire combien je suis intransigeante en matière de… » Olympia fit mine de réfléchir un instant, afin de trouver le terme le mieux approprié : « sélection... Et je n’ai jamais trouvé personne pour me contredire !»

Le brouhaha qui échappait du couloir avait atteint son paroxysme, la Marquise sursauta presque lorsque raisonnèrent les aboiements sonores. Elle haussa les sourcils de surprise et nota l’ironie de son vis-à-vis à propos de la nouvelle venue.
Le valet revint, et s’enquit de leur servir le thé, Olympia lui fut grée de la servir en premier. L’annonce du mariage di Grazziano, dont elle n’avait pas eu vent, la ramena à ses priorités :


« Ainsi le Prince Ugo a pris épouse à son tour ? J’ignorais cela… Sans doute que cela n’avait pas l’importance savoureuse que revêt le mariage de votre sœur avec un prince de la maison ennemie ! Allons, comme ceci doit être excitant que d’être mêlé de près à ces sombres histoires dramatiques ! »

Disant cela, la belle aristocrate porta à ses lèvres l’une des tasses remplie de son breuvage favori, du thé vert aux fruits mûrs.
Savoureux instant… Il ne manquait plus qu’un autre macaron pour rendre ce moment digne d’un festin auprès des dieux.
Son vœu gustatif fut rapidement exaucé, et avec un sourire mielleux elle invita son charmant invité à faire de même. La gourmandise aidant toujours les croustillantes révélations...
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleJeu 19 Avr - 3:25

Raffaele détourna son regard de la porte et le ramena sur la jeune femme. Il chassa l'image de Vittoria, triomphante de son nouveau statut princier, et eut une moue ironique.

"Famille ennemie... On n'a que les ennemis que l'on souhaite, consciemment ou non. Les Adorasti ne sont pas plus mes ennemis que ne le sont les membres de cette Maison. Pas plus. Pas moins non plus."

Il eut un rire dans lequel se jouait un éclat métallique, presque désagréable, acide et coupant. Rire qui s'interrompit aussi brutalement qu'il avait débuté et il eut un geste désinvolte de la main.

"Les noces furent très divertissantes, je m'y suis beaucoup amusé. Mais... Mes plaisirs sont sans doute assez diffèrents de ceux de ma chère belle-soeur qui elle semblait beaucoup s'ennuyer. Des épousailles sans époux." Tout en parlant, il s'était dirigé vers le présentoire que lui avait indiqué la Marquise. "N'est-ce pas follement extravagant et original ? Cela m'a énormément plu, mais il est vrai que je suis d'un naturel facilement enthousiasmé."

Du bout du doigt, il carressa la lame épaisse de la machette tout en écoutant les explications que la jeune femme lui donnait. Il ne croyait pas un mot de son récit mais peu lui importait, il goûtait tout autant les aventures vécues que les fables, pour peu que les unes comme les autres sachent éveiller son intérêt pour le conteur. Et l'auteur du roman cette fois-ci était bien trop jolie pour qu'il ne l'apprécie pas.

"Eh bien Marquise, il semble que vous ayez vécu plus d'aventures rocambolesques que l'on puisse en trouver dans beaucoup de romans à la mode. Et je me réjouis qu'aucune de ces épiques péripéties n'ait eu raison de votre fraîcheur. Je plains seulement ce pauvre créole que votre beauté a jeté dans le désespoir jusqu'à tenter de vous prendre par la force ce que tout homme souhaiterait se voir offrir."

Il leva la tête et rencontra le regard de verre du trophée. Son doigt glissa sur une canine pointue et il sourit. Les prédateurs étaient toujours les mêmes, ici ou ailleurs. Et ici comme ailleurs, il ne faisait jamais bon tourner le dos à une femme.
Le même serviteur qui était venu prendre les ordres de la Marquise quelques minutes plutôt reparu, chargé d'un plateau de thé. Les mains croisées dans le dos, Raffaele l'observa réveusement tandis qu'il servait la jeune femme. Puis, il revint s'assoir face à elle et porta à son tour sa tasse à ses lèvres pour goûter le thé très parfumé qui le surprit par sa douceur fruitée. Il était habitué à des boissons plus âpres, plus corsées. Ce thé là était d'une nature différente et sa robe d'or vert lui plaisait plus qu'il en appréciait la saveur. Il reposa la tasse de porcelaine en souriant et croisant les jambes se cala plus confortablement dans l'angle de son siège.
La tête inclinée, le regard pétillant, il reprit la parole d'une voix amusée
.

"Et quels seraient les épreuves que vous imposeriez à vos hôtes pour les savoir dignes de vos salons ? Je serais bien amusé et fort curieux de les connaître. Cependant, je me dois de vous dire que s'il s'agit de fumer l'une ou l'autre de vos pipes afin d'accéder à de doux rèves, il faudra compter sans moi. Je suis tout à fait inexpérimenté en la matière."
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleDim 22 Avr - 13:38

Des applaudissements vinrent ponctuer le rire sec de son vis-à-vis. La Marquise le considérait avec une mine réjouie : « Eh bien, Monsieur di Grazziano, je ne peux que saluer ce libre arbitre usité comme il se doit ! Cela vous donne, déjà, un bon point ! »

Une idée germait peut à peu dans son esprit, elle ne quittait pas de ses yeux de couleuvre la silhouette aristocratique, notant intérieurement chacune de ses paroles et observant en silence, une saine jubilation grandissait peu à peu au creux de sa gorge. L’élégante Marquise porta la tasse fumante à ses lèvres, et but une gorgée du savoureux breuvage dont elle se délectait avec ostentation. Elle écoutait les confessions badines et enjouées du Prince, non sans apprécier le ton employé :

« Un mariage par procuration ? Mon dieu, je n’avais pas entendu quelque chose d’aussi amusant depuis l'annonce d'une union entre un vieillard, avec la fille de sa défunte seconde épouse! Je vous concède l’argument, le cocasse de ces épousailles princières n’en est que plus savoureux… »

Ses yeux se plissèrent lorsque, du bout des doigts, le Prince effleura la lame émoussée par le temps. Elle décelait l’ironie dans son propos, mais ne s’en offusqua pas. Peu lui importait le crédit qu’on accordait à ses récits, sa vérité était ailleurs, et ce n’était pas un prince vénitien à la jeunesse criante qui l’en ferait rougir. Elle tint cependant à corriger son noble vis-à-vis sur ses spéculations quant à l’identité de son ancien agresseur :

« Le pauvre créole n’en était pas un, il s’agissait d’un européen de souche comme vous et moi, un vicomte français figurez-vous ! N’est-ce pas follement révoltant que de penser que le simple éloignement des frontières tangibles procure aux hommes cette idée saugrenue qu’ils peuvent être rois, et ainsi exercer leur impérieux ascendant sur quiconque ? »

Olympia n’insista pas, c’était ici qu’elle comptait conclure la conversation sur ses périples dans les Caraïbes. Ils auraient l’occasion d’en discuter à nouveau, à présent la jeune femme pouvait en être certaine.
Aussi, elle accueillit avec plaisir la curiosité de son hôte quant à sa propre sélection, elle arrivait à point nommé.
Le temps avait passé depuis Versailles et ses intrigues, alors qu’elle tenait le bras de sa tante, celui que convoitait la cour entière. Désormais c’était ses faveurs qu’on lorgnait. Quel plaisir ! Pour peu, elle se serait vautrée dans ce luxe extrême que représentait l'idée de n’être plus que seule maître à bord de son navire.
Puis, le Prince lui fit part de sa réserve quand à l’art de fumer la pipe, elle eut un petit rire charmé :


« L’expérience, mon Prince, cela s’acquiert. Et je sais mettre les gants appropriés à chaque apprentissage. Initier, voilà sans doute une de mes activités favorites, et celle que je maîtrise le plus certainement, d’autres sauraient vous le dire mieux que moi. Certaines choses, méritent qu’on les goutte, ne serait-ce seulement que pour savoir si l’on aime, ou pas… »

Elle eut un sourire encourageant, et se décida à aborder l’idée qui venait désormais d’éclore. Mûre, il était temps de la cueillir. Et de tendre le fruit. Elle prit le temps d’énoncer une dernière condition:

« Pour ce qui est des épreuves… Les grands chefs ne révèlent jamais les secrets de leur cuisine, je n’oserais certainement pas vous dévoiler ma botte secrète, avant même d’avoir entamé ces réjouissantes hostilités ! Sans quoi tout ceci n’en vaudrait pas la peine… »

Puis, un éclair insidieux dans son regard d'onyx, elle se leva et, glissant avec habileté sur le parquet, Olympia vint se placer à hauteur du Prince assis, le dévisageant avec superbe. L’assurance de la Marquise se lisait dans le sérieux qui habitait désormais son visage. D'un geste, elle l'invita à se lever.

Plantant ses yeux étincelants dans les prunelles acérées, la Marquise sortit de son corsage un mouchoir de soie brodé à ses initiales. Elle l’agita avec souplesse :


« Considérez vos dires comme une proposition… » Elle marqua un temps, le dévisageant avec la même acuité qu’un confesseur se livrant à un examen de conscience. Elle guettait la marque d’une quelconque hésitation de la part de l'insistant : « Monsieur le Prince, je suis à ça de lâcher le mouchoir qui annoncera l’ouverture de la chasse ! »

Un avertissement des plus légers, des plus audacieux aussi. Peut-être aussi pour s’assurer du sérieux de la proposition, et évaluer un dernier instant les intentions du jeune homme. Prudence, mère de sûreté et gage d’efficacité. Un sourire, en porte-à-faux. Debout, face à lui, elle avait la fermeté d'une reine mythologique surplombant ses sujets à l'heure du dénouement.

« Etes-vous sûr de vouloir poursuivre ? Il n’est pas trop tard pour s’incliner, et tourner bride… »
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleVen 27 Avr - 20:00

Qu'y avait-il de plus plaisant que d'obeïr aux désirs d'une telle femme ? Raffaele sourit et obtempéra à l'ordre esquissé en se levant pour faire face à la Marquise, la fixant d'un regard amusé.
Il avait accueilli les applaudissements ponctuant sa répartie sans que l'on puisse rien lire de ce qu'il ressentait ni dans ses yeux au regard miroir ni dans l'expression impassible de ses traits. Peu lui importait à vrai dire, ce que l'on pensait de lui, même si le "on" en question était la plus jolie femme qu'il lui ait été donné de rencontrer.
Mais il l'amusait. Fort bien, cela était prévisible, son charme juvénile contrastant avec son verbe coupant lui avait valu d'autres victoires, il n'y accordait plus vraiment d'attention. Ce qui lui plut, par contre, fut le ton doucement directif qu'employa la jeune femme dans les phrases qui suivirent. Si les proies le lassaient à court terme, les prédateurs dont elle semblait faire partie, étaient tout à fait dans ses goûts.
Si chasse il devait y avoir comme elle le laissait entendre, il ne faisait aucun doute qu'elle serait des plus délicieuses
.

"Ainsi que vous le dites, les expériences sont toutes enrichissantes, à condition que le Maître soit à la hauteur de l'élève et que les deux s'acceptent comme tels. Quant à vos secrets, je vous laisserai le choix de me les faire découvrir ou non. Il n'y a aucun plaisir à visiter les coulisses par avance, cela gâche la pièce si l'on en connait le dénouement et l'on ne prend plus guère plaisir à la beauté des décors si l'on a pu en voir l'envers."

Elle tenait un mouchoir et l'agitait devant ses yeux, comme on agite une plume pour faire jouer un chat. Il sourit et, comme il l'avait fait précédemment d'un certain ruban, cueillit l'étoffe, encore chaude du contact d'un sein, du bout des doigts, l'enroulant entre l'index et le majeur.
Cependant, cette fois, il ne chercha pas à s'approprier la prise. Ses doigts immobiles à travers le fin tissus brodé touchaient la main de la jeune femme et il sourit lentement. La position était inconvenante, que son visage en s'approchant encore de celui de la Marquise aurait rendu tout à fait choquante à l'oeil prude d'une duègne. Sa voix chaude en murmurant à son oreille envoya calmement et définitivement la vertu se faire admirer en Enfer
.

"Mais je vous en prie, Marquise, faites sonner le cor."
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleJeu 3 Mai - 19:15

Brouillant davantage les limites de la décence, Olympia approcha davantage son visage de celui de son noble vis-à-vis, scrutant le regard insondable, avec l’exquise subtilité que cet exercice exigeait pour ne point se compromettre.
Un sourire narquois avait dessiné un arc menaçant sur ses lèvres alors que ce dernier évoquait quelques menues conditions :


« Voyons, mon Prince, ne soyez pas si présomptueux ! Tout apprentissage induit obéissance, me croiriez-vous suffisamment sotte pour vous lâcher la bride, avant-même de vous avoir éprouvé moi-même ? » Malgré l’équivoque que pouvaient induire ses derniers propos, elle insista, presque sévèrement : « Il ne vous appartient que de m’accepter comme votre maître, aussi bien que je vous reconnais comme élève… Dès-lors vous me devrez subordination, aussi longtemps qu’il me faudra pour vous former… » Elle eut un geste tout à fait audacieux, portant sa main jusqu’à la chevelure indomptable du jeune Raffaele. Ses doigts frôlèrent alors la soie blonde : « Alors, Monsieur, acceptez-vous cette unique condition ? Vous ne regretterez pas ce voyage ! » Ses yeux s’illuminèrent d’un éclat joueur, trahissant sa jubilation intérieure.

Puis, la main du jeune aristocrate vint trouver la sienne, les doigts touchaient sa peau avec inconvenance et ce contact, malgré la barrière du tissu, était grisant. Pour peu, elle s’y serait perdue. Mais le Prince insoumis n’était qu’un chaton, il faudrait désormais évaluer sa compétence à se prêter à pareil exercice…

Le jeune homme prit alors une initiative délicieusement impudente, aucun far ne vint colorer ses joues. La Marquise n’était pas de ces femmes que la décision intimide, au contraire, cela ménageait son appétit et les perspectives n’en étaient que plus réjouissantes, pour l'heure la Marquise se contenta d’afficher son impassibilité.

Olympia fit un pas en arrière, détachant totalement sa silhouette élégante de la proximité, à son goût, sobrement concupiscente. Elle continuait d’agiter le mouchoir avec ce même sourire entendu qui ne la quittait plus. La jeune femme inclina légèrement la tête, haussa un sourcil amusé et continua sur ce même ton de l’ordonnance :


« A vos risques, et périls ! »

Ses doigts se débarrassèrent alors de l’étoffe, elle savait qu’il la cueillerait.


« Je déclare les hostilités ouvertes ! » De son regard mordoré, ourlé de cils courbes et fournis, elle jaugea sa nouvelle recrue : « Tenez-vous prêt, Monsieur di Grazziano, l’ordre concernant votre premier défi ne saurait que trop tarder. Dois-je préciser que les conditions de cet accord induisent une sincère implication de votre part ? A la moindre hésitation de votre part je considèrerai cela comme un refus, et je serai amenée à vous recaler ! » C’était pour le Prince la dernière occasion de se défiler. Ou de réaffirmer les désirs de la Marquise…

Son ambition ne résidait en rien à dompter cette espèce en voix de disparition, mais au contraire, de cultiver cette flamme qui brûlait au dedans de cette nouvelle conquête. Une petite voix au fond de la Marquise lui soufflait qu'elle ne se trompait pas.

Une fois ces ultimes recommandations énoncées, un homme averti en valant deux, ( sans doute une précaution de trop, mais y en avait-il seulement dans ce jeu-là ) La Marquise regagna le canapé de son pas trainant et vint y choir dans un bruissement d’étoffe froissée. Elle jeta un regard par-dessus son épaule en direction de la porte. Un nouvel aboiement venait de retentir dans le couloir. Un sourire sibyllin vint étirer ses traits et la malice pétilla au fond de ses yeux mouchetés.


« Pourquoi ne pas inviter votre belle sœur à se joindre à nous ? Le départ précipité de votre frère l’aura sans doute privée d’un accueil digne de ce nom, pourquoi ne pas lui faire grâce du notre… comme il se doit ? »

D'un geste souple, Olympia désigna le thé et les friandises. En effet, il y avait de quoi recevoir avec tous les honneurs la plus orgueilleuse des Princesses.
La Marquise guettait la réaction de l’éphèbe aux bottes carmines, curieuse de découvrir comment son nouveau protégé réussirait à en découdre en hostile compagnie. Une occasion pareille n’aurait pu essuyer le moindre refus ! Au vu du ton employé par le Prince cadet au sujet de la Princesse di Grazziano, il y avait fort à parier que la partie risquait d’être réjouissante.
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon   Le Petit Salon PerleJeu 10 Mai - 22:30

Etait-il réellement présomptueux ? Raffaele retint un sourire ironique. Qui de la Marquise ou du Prince faisait, à ce moment précis, preuve de fatuité ? Avait-il vraiment l'intention de se soumettre comme la jeune femme semblait le croire ? Sans doute pas. Il ne se soumettait jamais. Le mot subordination lui arracha un sursaut qu'il réprima aussitôt. Qu'avaient-ils tous à vouloir le mettre à la botte ? Le regard bleu se glaça et il lacha le mouchoir.
La situation soudain lui paraissait inepte.

Non qu'il n'aimât le jeu. Au contraire.
Mais que l'on se prévale d'une quelconque autorité sur lui, qu'on s'en vante ou qu'on l'espère de façon aussi assurée, l'agaçait. Cela était au dela du badinage et sans aimer les relations convenues, il n'appréciait pas plus qu'on le presse.
Il cilla et ses yeux adoucis se posèrent sur le visage plein de fierté de la Marquise, puisqu'elle s'évertuait à l'avertir encore une fois, il lui rendrait la pareille
.

"Ma foi, Madame. Votre proposition semble tout à fait enchanteresse. Cependant... ne pensez-vous pas qu'espérer soumettre à votre volonté un homme rencontré il y a si peu de temps, ne risque de tourner à votre désavantage ? Avez-vous à ce point le goût du danger ?"

Il s'interrompit. Elle ne le voyait pas comme un homme. Elle ne voyait que son jeune âge et sa mine charmante. Pourquoi les années étaient-elles si lentes à passer ! D'un geste ample, il cueuillit le mouchoir juste avant qu'il ne touche le sol et le porta à ses lèvres, souriant dans l'étoffe brodée dissimulant de la sorte la grimace qui froissa son nez quand elle parla d'ordre. Bien sûr, il appréciait qu'elle agisse de façon moins orthodoxe que la plupart de ses consoeurs, qu'elle prenne l'initiative du jeu l'amusait.
Mais...
Son sourire s'élargit et il s'inclina
.

"Puisque que la partie est annoncée, jouons." L'attention d'Olympia fut détournée un court instant par le tapage causé par l'arrivée de Vittoria et le prince suivit le cheminement de la pensée sur son visage. "Je doute que ma très délicieuse belle-soeur se prête à un quelconque jeu. Et pour être tout à fait franc, sa compagnie n'est pas des plus réjouissantes, mais si vous tenez à faire sa connaissance" Il eut un geste désinvolte de la main "je vous en prie, ne vous privez de rien."

Un valet entra sans bruit, présence effacée toute dévouée au service, qui alluma rapidement les divers chandeliers disséminés dans la pièce puis se retira avec la même discrétion.
Ce fut ce geste, plus que le temps passé, qui fit prendre conscience au jeune homme de l'heure tardive. Il se leva lentement, et s'inclina devant la Marquise. Un nouveau sourire avait fleuri sur ses lèvres quand il se redressa
.

"Cependant, Madame, le temps passe si vite en votre agréable compagnie que je n'avais pas remarqué qu'il était aussi tard. J'ai bien peur de m'être attardé chez vous plus que ne le permettent les convenances. Nous jouerons soyez-en assurée, mais pour l'heure il est temps pour moi de me retirer et de vous laisser à vos préparatifs pour la soirée."

Un dernier sourire et il avait quitté la pièce.

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