VENISE
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 Le Couloir desservant les Appartements Privés

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Raffaele di Grazziano
Ines di Grazziano
Annavera de Luca
Pourpre
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Pourpre
Du Bout des Doigts
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MessageSujet: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 25 Avr - 21:28

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Annavera de Luca
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 16 Oct - 23:01

[Embarcadère]


Annavera suivait l’intendant dans les couloirs. La brise mordante avait laissé place à une chaleur diffuse, preuve que le Palais était animé de vie. De discrets courants d’air chaud le parcouraient, issus des cheminées. Enfin à l’abri de la nuit glaciale, elle s’autorisa à ôter ses gants perle et à les fourrer dans son manchon tout en veillant à ce que les deux jeunes valets ne fassent pas tomber les malles. D’ailleurs, elle aurait bien volontiers laissé échapper un rire en les voyant batailler à monter ses affaires.


La douce lueur du chandelier donnait aux objets de la galerie un air intimidant. Annavera se laissa distancer volontairement par l’intendant. Des volutes de lumière jouaient de leurs différentes teintes pour animer les peintures. Détaillant les tableaux du mieux que le lui permettait la flamme des bougies, elle constata qu’il y avait là une panoplie récapitulative des plus grand maîtres italiens qui avaient œuvré pour les Grazziano, elle eu un discret soupir. Soupir qui se mua bien vite en une moue intriguée. Une forme claire se mouvait dans le couloir.


Pressant le pas, elle eu tôt fait de rattraper les domestiques. La forme s’était transformée en une jeune femme blonde. Intriguée mais non inquiète, elle s’arrêta à sa hauteur afin de la saluer d'un air condescendant :



« Bonsoir Madame »


A ses côtés, l’intendant venait de s’arrêter tandis que les jeunes serviteurs tenaient tant bien que mal ses coffres, évitant de les poser ou de les faire tomber. Ne connaissant pas les réactions de cette dame, ils avaient peur de se faire copieusement réprimander s’ils venaient à abîmer quoique ce soit.
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Ines di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleMar 17 Oct - 23:07

[Chambre d'Ines]

Sortie de sa chambre, Inès s’était figée au milieu du couloir, scrutant avec curiosité les ombres étranges que l’obscurité faisait naître dans le corridor. Alors que ses yeux s’habituaient au manque de lumière, elle parvenait progressivement à distinguer les cadres accrochés aux murs; Privés de l’éclat du jour, les portraits semblaient étrangement se dérober sous le regard du spectateur, déforment les traits, faussant les perspectives, pour donner un aspect irréel aux personnages mis en scène.

*Finalement ces peintures illustrent bien l’âme humaine; * songea-t-elle * Lisse et sobre quand elle se sait observée et sinistre lorsqu’elle se croit à l’abri. *

Elle prit un instant pour réfléchir à cette interprétation, sourire aux lèvres, avant de se dédire d’un mouvement de la tête. C’était ridicule ; comment un objet pourrait-il retranscrire correctement la nature de l’homme ? Les livres, les tableaux, les contes, n’étaient finalement que des affabulations scandaleusement utopiques ne servant à la société qu’à se rassurer sur son compte en entretenant l’illusion.
D’ailleurs, l’humain, même exposé à tous les regards, n’avait rien d’innocent : il était, finalement, quelle que soit sa nature profonde, horriblement imparfait.

Cette conclusion un peu trop pessimiste arracha une moue moqueuse à la jeune napolitaine ; il serait certainement plus sage qu’elle évite de philosopher à des heures pareilles : lorsque toute raison logique est embuée, autant tirer définitivement un trait sur les sujets de réflexion se rattachant au réel…
Elle ferait certainement mieux, finalement, d’aller se coucher, ou de sortir respirer l’air glacé de la nuit pour éclaircir son esprit fatigué.

Alors que la princesse envisageait une façon discrète de s’éclipser pour aller visiter les jardins givrés par l’hiver, des bruits de pas réguliers se firent entendre, venant du bout de la galerie. Quatre silhouettes se dirigeaient vers elle, éclairant leur chemin à l’aide d’une chandelle qui projetait sur les parois sa lueur vacillante.
En premier lieu venait l’intendant qu’elle avait déjà eu l’occasion d’apercevoir lors de sa propre arrivée, suivi de près par deux valets vacillants sous de lourdes males. La jeune femme leurs adressa un bref signe de la tête et un sourire discret ; s’attardant quelques peu sur leur mine embarrassée et légèrement craintive ; avant de porter son regard sur la responsable de cette gène et de la détailler.

La Dame qui intimidait les domestiques avait indubitablement la prestance nécessaire pour s’attirer le respect des trois quart de la ville : Sa beauté lui vaudrait l’admiration de ces messieurs, son regard tranchant la crainte de leurs épouses, tandis que l’aisance et la noblesse qu’elle dégageait suffiraient pour acquérir la considérations des autres. Seuls resteraient les plus sceptiques, les plus prudents et les meilleurs intrigants pour avoir le front de lui faire face sans ciller.
L’amusement gagnait Inès alors qu’elle détaillait son vis-à-vis : nul doute que cette femme connaissait parfaitement son pouvoir et qu’elle en usait comme personne… Etaient-ce donc ce genre de figures que l’on rencontrait à Venise ?

Ce fut en entendant la question d’Annavera qu’elle réalisa que son examen avait peut être été légèrement trop insistant… Oui, vraiment, cette inconnue était impressionnante.
Plantant son regard émeraude dans les yeux d’azur de l’aventurière elle lui dédia un large sourire chaleureux et lui répondit d’une voix chantante.


« Enchantée Sinora. Me voici rassurée de savoir que je ne suis point la seule à arriver à de telles heures. » Plaisanta-t-elle, lançant une œillade amusée aux serviteurs.
« Je me présente : Inès di Grazziano fille de Don Carlo Angel di Grazziano et cousine du prince Ugo di Grazziano. »

Ce titre ronflant provoqua un nouveau sourire de la Napolitaine qu’elle camoufla en dédiant une légère courbette à son interlocutrice avant de relever le visage vers elle.

« A qui ai-je l’honneur ? »
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Annavera de Luca
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleMer 18 Oct - 0:25

Annavera s’était rendue compte de l’examen auquel elle venait d’être soumise. Elle savait pertinemment qu’elle attirait les regards, jouant de cette facilité comme d’un bulle de savon prête à éclater. On s’arrêtait sur son passage, mais on se demandait toujours quel était son sentiment. Habituée à ce genre de chose, elle ne s’en formalisa pas outre mesure. Les premières rencontres étaient toujours décisives quand à la personne qui vous faisait face. On disait que seule la toute première impression était la bonne, celle qui déciderait de vos rapports avec les gens.

Et là justement, la première impression était tracée. Cette jeune femme blonde qui la dévisageait avec insistance semblait futée mais un tantinet sotte pour soutenir son regard ainsi.

Ce qui la frappa fut sans aucun doute ses yeux d’un vert étonnant. Plantés dans les siens, ils paraissaient sonder son âme au plus profond d’elle-même. Amusée qu’on puisse ainsi l’affronter aussi directement lors d’un premier échange, elle offrit un second sourire plus amène quand l’inconnue la salua à son tour.

Sa remarque comme quoi elle n’était pas la seule à arriver à de telles heures, la fit esquisser une mimique approbatrice. Elle en avait pensé de même.

Mais ce fut lors de la présentation « officielle » qu’elle comprit qu’elle n’avait pas à faire à une simple invitée. Inès di Grazziano était la cousine d’Ugo. Celle dont elle avait déjà entendue parler. La manière d’énumérer son ascendance était digne de toutes les coquettes de Rome et d’Italie. La légère courbette destinée à cacher le sourire n’échappa guère à Annavera, trop accoutumée à ce genre de pirouette. Visiblement la jeune femme était quelque peu intelligente et surtout assez maligne pour tenter de masquer ses sentiments.



*Une charmante enfant frivole et au courant des dernières mondanités* se murmura la jeune femme en son fort intérieur.


A la question « A qui ai-je l’honneur ? », Annavera toisa son interlocutrice de manière directe et franche.



« Annavera de Luca, connaissance de votre estimé cousin Ugo di Grazziano. » répondit-elle avec un léger inclinement de tête.


Guettant sa réaction avec une curiosité cachée au fond de ses yeux, elle reprit d’une voix égale :



« Je croyais être la seule à déroger aux règles de bienséance, mais je constate qu’il n’y a point d’heure pour voyager. Surtout par ce temps si froid et humide. »


Marquant une seconde pause, elle regarda du coin de l’œil l’intendant ouvrir une double porte ouvragée et les deux valets s’y précipiter avec ses malles. Ils semblaient vraiment vouloir fuir et son regard et elle-même. Se concentrant sur Inès, elle continua :


« Mais j’avoue que rien n’est plus agréable que d’être enfin arrivée à bon port. Que ne ferions-nous pas pour nous réchauffer, au risque d’arriver au milieu de la nuit ? Quitte à hâter un peu notre équipage ? »


S’avançant lentement vers un des tableaux qu’elle scruta un instant, Annavera se retourna prestement faisant voltiger sa longue mante.


« Ne trouvez-vous pas que Venise à un air étonnant lorsque la lune l’éclaire de ses pâles rayons ? »
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Ines di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleJeu 19 Oct - 23:25

Loin de paraître gênée ou flattée par l’examen peu protocolaire qu’Inès venait de lui faire subir, Annavera resta de marbre, soutenant le regard de la princesse di Grazziano avec une étrange lueur dans les yeux, proche de l’amusement.
Pas de paupières papillonnantes, de sourire discrètement caché derrière les battements d’un éventail ni de joues rougissantes : cette femme pleine de mystère n’était en rien semblable aux jouvencelles légères qui parcouraient les salons en se pâmant dans l’espoir d’attirer sur elles l’attention admirative de l’assistance.
Elle savait sans nul doute jouer de ses charmes aussi bien que de toute la froideur que pouvaient dégager ses yeux bleus de Prusse, et quelque chose dans son attitude laissait deviner qu’un poignard entre ses mains serait aussi efficace que l’épée d’un maître d’arme.

Le genre d’individu dont il ne fallait sans doute mieux pas être l’ennemi en somme ; mais bien qu’elle en fût clairement consciente, la Napolitaine n’était pas exactement de ceux que cela suffisait à faire rentrer dans leur coquille.
Au contraire, son personnage de précieuse adepte des frivolités mondaines était piqué au vif par le défi que représentait l’inconnue, et le fait qu’Annavera se présente comme une « connaissance de son estimé cousin » ne fit qu’éveiller un peu plus sa curiosité.


« Vos liens avec monsieur le prince sont donc la raison de votre venue à Venise ? » Questionna-t-elle. « Combien de temps resterez-vous parmi nous ? »

*Quel genre de relation entretenez-vous avec lui ? *

Inès fut amusée de penser que la jeune femme connaissait peut-être mieux le maître de maison qu’elle-même, qui avait pourtant le « privilège » de se présenter en temps que sa cousine. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait vu et il lui semblait parfois que ses souvenirs de jeunesse ne lui permettaient de tracer qu’un maigre portrait du prince.
Une chose était sûre pourtant, le jeune homme avait toujours su s’entourer et cette vérité semblait encore à l’ordre du jour.

La Napolitaine sourit plus largement en remarquant l’empressement des domestiques à fuir le regard de la nouvelle arrivante… voila une occupante qui donnerait certainement, même contre son gré, bien du souci aux serviteurs du palais.
Elle reporta son attention sur son interlocutrice, hésitant à soutenir une nouvelle fois son regard avant de se détourner vers un des portraits suspendus dans la galerie ; autant limiter la provocation, elle n’avait aucune raison de s’opposer à la sinora de Luca, pour le moment.


« Il est vrai, et j’en faisais moi-même la remarque à ma dame de compagnie, que voyager par ce temps n’est définitivement pas le meilleur choix possible. Cela m’apprendra à prendre plus au sérieux les conseils de mon cocher ; Je ne pouvais néanmoins pour ma part me résoudre à passer l’hiver à Naples, la Sérénissime est si fascinante… Je ne suis arrivée que depuis quelques heures et me voilà déjà séduite par cette cité ! Et pourtant, comment ne pas comprendre ceux qui médisent d’elle ? On ne peut se résoudre, tant qu’on ne les a pas vus de ses propres yeux, à croire aux miracles de Venise. »

Le regard de la princesse devint un peu vague alors qu’elle évoquait les « miracles de Venise » ; était-ce de l’ironie, de la tristesse, de la gène ou simplement la fatigue qui transparaissait dans sa voix ? Bien malin aurait-été celui qui l’eût pu dire.
Cependant, la soudaine volte d’Annavera mit fin à ses rêveries et elle fixa son regard sur le visage de la jeune femme avec un léger sourire en entendant sa réflexion.


« Vous le pensez, vous aussi ? Je ne parviens pas à définir exactement ce qui la distingue, et n’ayant pas vu la cité de jour, il m’est impossible de faire la comparaison, mais il règne dans cette ville, cette nuit une étrange ambiance. »

Elle marqua une pause et fit quelques pas dans le couloir, étudiant un autre tableau, pensive, avant de reprendre, sans se détourner de son observation.

« Ne serait-il pas plaisant d’aller se perdre entre les canaux pour découvrir le secret de la cité des Doges ? »


Dernière édition par le Sam 21 Oct - 0:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleVen 20 Oct - 23:08

Annavera aurait pu prévoir la question. Mieux, elle l’avait devinée. Elle s’était doutée de la curiosité d’Inès. Elle savait que sa réponse évasive avait suscitée de l’intérêt. Cette jeune femme semblait amusante. Et même plus qu’amusante. Fraîcheur, curiosité, intelligence… Inès était sans nul doute une fille adroite et capable. La manière dont elle jouait de son apparence frivole et insouciante en était la preuve parfaite. L’aventurière avait souvent vu des jeunes filles de haute naissance complètement cruches, mais celle-ci était une exception. Exception adroitement dissimulée sous des dehors frivoles.
Mais sotte. Délibérément sotte. Attaquer ainsi de front un adversaire que vous ne connaissez pas, était passablement dangereux. Pourtant, cela amusa la jeune dame. Cette Grazziano avait une manière directe de vous aborder, sans se douter si ses propos étaient déplacés ou irrespectueux. La question était bien tournée, quoique trop franche pour deux personnes ne se connaissant guère. Elle avait senti sous cette interrogation une curiosité aigue. Inès s’intéressait donc au Prince et à elle-même, à leurs liens, et même à leurs relations. Si Annavera l’aurait pu, elle aurait éclatée de rire tant le regard émeraude et avide d’Inès était comique.



« En effet, le Prince Ugo m’a invitée. Et pour le moment, je ne sais pour combien de temps je resterai à contempler Venise… peut-être aussi longtemps que vous. Mais sans nul doute que nous serons amenées à nous revoir souvent. »


Le dernier mot avait été prononcé sur un ton nonchalant. La suite de l’entretien se déroula sur un ton mielleux qui seyait aux convenances. « Les miracles de Venise » lui arrachèrent une moue ironique. Venise pouvait donc être nuisible, maléfique ? Ou au contraire favorable et charitable ? L’ombre masquée aperçue sur la rive quand elle traversait le canal, l’avait séduite dans l’idée que Venise n’était pas vraiment ce qu’elle semblait être… Tout comme Inès ou encore mieux, elle-même.


« Visiter la ville de nuit doit en effet être plaisant... Surtout qu’il m’a semblé que ce crépuscule-ci avait soufflé sur Venise un vent de troubles obscurs. »


Elle ne pu s’empêcher de dégrafer sa mante. La chaleur augmentait à mesure qu’elle se réchauffait. Son chapeau oscilla doucement quand elle se rapprocha d’Inès, l’habit encombrant son bras. Cette aristocrate était attrayante. Un air de jovialité qui contrastait avec une lueur de sagesse dissimulée dans ses yeux.


« Et vous ? » questionna finalement Annavera. « Songez-vous à prolonger votre séjour ? Car d'après vos mots, il me semble que Venise vous plaît assez… »


Mots ou maux ? Quoique les deux seyaient bien à la conversation... Ambiguïté voulue ?
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleDim 22 Oct - 23:53

Inès était hautement amusée par cet échange avec la sinora de Luca ; la conversation paraissait étrangement anodine, voir même désuète. Délibérer sur les charmes de Venise… Voila une activité digne du pire des salons mondains ; tout juste manquait-il une tasse de thé, quelques douceurs et un ou deux intellectuels bien pensant pour qu’elle se sente tout à fait dans son environnement habituel.
Mais cette situation avait quelque chose de tout à fait absurde : les deux protagonistes semblaient, d’un commun accord, user des règles de la bienséance mondaine pour se divertir, tel des enfants absorbés par leur jeu de rôle.
Pour un peu, la napolitaine se serait bien égarée dans un monologue sans queue ni tête sur le climat vénitien pour pouvoir juger de la réaction de son vis-à-vis ; mais elle se contenta de laisser un vague sourire flotter sur ses lèvres à cette perspective. Ce genre de réplique pourrait passer pour de la moquerie et elle n’avait pas envie de perdre une interlocutrice à cause d’inutiles bravades : puisque la jeune femme semblait l’aborder sans préjugés et qu’elle se montrait un tantinet intéressée par le personnage de la princesse, autant profiter du moment.

« Surtout qu’il m’a semblé que ce crépuscule-ci avait soufflé sur Venise un vent de troubles obscurs. »
Inès revint à la discussion juste à temps pour saisir cette phrase et ne put réprimer un sourire ; En d’autres circonstances, elle se serait retournée vers Annavera en ouvrant de grands yeux effrayés et émerveillés par les termes emprunts de mystère et, en bonne coquette, aurait déployé un éventail devant son doux visage pour masquer son trouble savamment feint. Cependant, n’étant pas persuadée que l’ironie de cette réaction soit tout à fait de mise dans ce contexte, ni que l’aventurière saurait l’interpréter convenablement, elle se contenta de hausser légèrement le sourcil en faisant volte-face vers la jeune femme tandis qu’elle la questionnait.
Questions, d’ailleurs, qui n’étaient pas exemptes d’une certaine dérision. Combien de temps resterait-elle à Venise ? Si seulement elle le savait !


« En effet, on dit de la Sérénissime qu’elle a le don de charmer et de faire oublier leurs peines à ceux qui la fréquentent. » Annonça-t-elle, rêveuse, en reprenant, volontairement ou non, le double sens des paroles d’Annavera.
« Je ne puis dire combien de temps je séjournerai ici… A la vérité, je n’y ai pas pensé en venant ; j’avais le besoin de m’éloigner de Naples et il me tient à cœur de revoir Monsieur mon cousin, ainsi que sa charmante sœur, qui, par chance, s’est également installée ici. »

L’art et la manière de s’égarer dans une question… elle aurait pu demandé à la Sinora de Luca si elle avait déjà croisé l’illustre parente du prince, mais la diversion aurait été grossièrement inutile… les charmes de Venise représentaient un sujet largement assez vague pour convenir aux entretiens frivoles de deux jeunes femmes de bonne famille.

« Cependant, si je ne me fiais qu’à mon bon plaisir, mon séjour ici ne prendrait fin que lorsque la cité des doges n’aurait plus aucun secret pour moi… Et il semble que cette ville soit bien assez changeante pour que jamais l’on ne s’en lasse. »

Elle marqua une pause, déambulant dans la galerie comme une enfant réjouie, avant de plonger une nouvelle fois son regard dans les yeux de saphir de son vis-à-vis pour la questionner.

«Et vous ? Vous lasseriez-vous ? Qu’aimeriez-vous voir en premier de la Sérénissime ? »
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Annavera de Luca
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleDim 29 Oct - 23:49

Il est clair que pour Annavera la conversation prenait un tournant plus mondain et futile qu’elle ne l’aurait espéré au départ. Une douce torpeur s’empara d’elle alors qu’elle questionnait la jeune femme. Elle capta le moment d’égarement d’Inès que ses yeux ne parvinrent à cacher. Intriguée, elle se demanda ce que pouvait bien dissimuler cette tête si blonde : un chagrin d’amour ? Une déception ? Une dispute familliale ? Elle avait l’impression que cette jeune Grazziano était arrivée ici plus pour y trouver un refuge que pour une visite anodine et banale.

Si Venise avait le don de faire rêver (ou même cauchemarder ?) ceux qui s’étaient fait prendre dans ses filets, et bien Annavera ne serait pas de celles-ci contrairement à Inès. Pour un temps court ou long, il n’était pas question de laisser la Sérénissime l’étourdir de son poison de charmes et de voluptés.

Les paroles d’Inès levèrent un voile sur une foule de questions. Ainsi elle avait vraisemblablement fui Naples… à moins que ses mots ne prêtent à confusion.

Certes cette jeune femme, peut-être encore même une enfant guère plus âgée qu’elle-même si l’on en jugeait par la clarté de son regard et la fraîcheur de sa personne, plaisait à Annavera. Un ton courtois, une présence peut-être effacée mais qui dénotait, des manières nobles, une éducation fine qui transparaissait… Et surtout cette manie dérangeante mais tellement rare de la scruter intensément et de la fixer dans les yeux. Peu de gens le faisaient. Annavera s’était souvent plainte intérieurement du peu de mortels soutenant son regard, bien que cela lui est toujours donné une suprématie sur eux.



« Me lasser de Venise ? Non je ne le crois guère… A moins qu’elle ne fasse quelque chose à mon encontre et que ce quelque chose me déplût. »


Refaisant quelques pas vers les tableaux, elle posa sa mante sur une console. Sa main effleura le bois décoré quand elle fixa la peinture se présentant à elle. Une femme de belle allure et au port altier était drapée d’un voile pourpre scandaleusement transparent et allongée négligemment sur un lit… ou un sofa ? Que faisait-elle ? Qui attendait-elle ? Ses longs cheveux blonds tirant sur le roux ondulaient sur ses épaules et sa main gauche tenait une rose.


« Un Titien » affirma Annavera à mi-voix. « Voyez-vous ces couleurs si délicatement travaillées ? Ce drapé merveilleux ? Cette femme est parée comme une princesse. Ses bijoux scintillent tellement que l’on croirait qu’il s’agit d’une courtisane. Et pourtant son air sage dément le ton de la peinture… »


Elle marqua une pose, savourant sa découverte comme un jeune chaton se délectant dans de la crème. Jetant un bref coup d’œil à la Napolitaine, elle reprit :


« Oui, il s’agit bien là d’une œuvre de Tiziano Vecellio… Croyez-vous qu’il s’agisse d’une de vos ancêtres ? Peut-être a-t-elle acceptée de poser pour lui ? A moins que ce ne soit ce fabuleux peintre de notre chère Sérénissime qui ait accepté de saisir les traits de cette femme sur la toile… »


Un bruit leur parvint. Ce fut celui qui annonça le couvre-feu. Clignant des yeux, Annavera se redressa et scruta une nouvelle fois la jeune femme dont les gemmes profondes ressemblaient à du jade.


« Je crois que j’aimerai voir en premier la Fenice dont on m’a tant vanté les mérites. A moins que… J’avoue que j’eusse aimé découvrir les roses de Venise… Savoir si leurs épines sont aussi piquantes que celles de Rome ou de Naples…»


Elle reprit sa mante, et suivit du regard les arabesques que la lumière dessinait sur le visage d'Inès.


« Et vous ? »
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleMar 7 Nov - 0:08

Le temps paraissait sombrer lui aussi dans une douce torpeur, due peut être au silence de la nuit. Quoi qu’il en fût, il semblait à Inès que plus aucune montre n’aurait pu lui indiquer à cet instant la course folle des secondes. La ville semblait figée par le froid mordant de l’hiver, abandonnée pour l’éternité à l’éclat blafard de la Lune, sans autre vie en ses murs que les deux silhouettes féminines, qui, dans ce couloir obscur, discutaient avec une légèreté toute relative du charme envoûtant de la Sérénissime.
« Discussion de salon, discussion de jupon » chantonnait une petite voix au fin fond de la conscience de la jeune Napolitaine. Non pas que cet échange lui fut désagréable, ni même qu’elle le trouve futile ; Il y avait, dans toute conversation, un affrontement caché entre les différents protagonistes, qu’il soit de l’ordre du jeu ou du complot ; mais la courtisane était de ces femmes avec lesquelles on aurait pu tenir des propos bien moins frivoles que ceux-ci…
C’était pourtant pour la princesse une bonne occasion de découvrir son vis-à-vis ; retirant sa mante, évoluant dans le couloir avec une grâce toute naturelle, Annavera semblait détendue, sans se laisser aller.
Son visage affichait une mine intéressée et assez peu changeante, bien qu’une lumière illumine parfois son regard, et ses mouvements fluides témoignaient d’une délicate éducation mondaine. « De la maîtrise avant toute chose », voilà un précepte qui aurait pu illustrer l’attitude la l’aventurière.

Inès se surprit à scruter avec mesure et retenue les expressions de la jeune femme ; le léger voile de la surprise, l’éclaire de l’amusement, la ride de la perplexité… L’esprit de la Di Grazziano avait reprit son activité favorite, et disséquait avec soin les discrètes manifestations des sentiments de son vis-à-vis pour en relever toutes les nuances et les entreposer dans un coin de sa mémoire, comme un paysagiste croque la courbe d’une montagne pour parfaire sa toile à venir.

La courtisane observait une console quant elle offrit à son interlocutrice un comportement inédit ; une moue appréciatrice, accompagnée d’un léger sourire qui monta jusqu’à ces yeux. Une petite surprise peut être, un peu d’amusement, un plaisir sincère quoi qu’il en soit.

La princesse porta son regard sur la peinture lorsqu’elle entendit la remarque de son « sujet d’étude ». En effet, l’utilisation des couleurs et les traits du personnage ne laissaient que peu de doutes quant à l’identité du dessinateur ; le portrait était merveilleusement gracieux, et certainement flatteur pour le modèle, songea la jeune femme. Elle se permit un léger rire quand Annavera émit l’hypothèse que le sujet puisse être l’une de ses ancêtres, et elle s’avança jusqu’au tableau et se baissa pour en effleurer la surface.


«Peut-être était-elle de ma famille en effet… » soupira-t-elle. « Je préfère pour ma part penser que c’était une chimère de l’artiste, sa muse, son rêve… La peinture ne devrait pas tendre à représenter la réalité, elle n’a rien qui mérite qu’on la peigne ainsi. »

Sa sentence lui parut soudain un peu grave, et elle se redressa pour faire face à l’aventurière avec un sourire.

« Je crois que je me perds… en vérité je serais flattée de savoir que je pourrais être la descendante d’une si belle femme. »

La cloche du couvre feu laissait entendre ses derniers échos dans la ville, troublant pour quelques instants le calme religieux de la nuit.

« Je pense que je prendrais également un grand plaisir à aller à la Fenice ; je suis fascinée par l’Opéra et on en parle comme d’une véritable œuvre d’art. » Elle marqua une pose, repensant aux moments passés au théâtre avec son père avec un bonheur discret.
« J’aimerais également voir… Le marché du Rialto ! Ce doit être un endroit plein de vie, cela contrastera avec la vision que j’ai de Venise pour le moment. »
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleVen 10 Nov - 2:06

« Le marché du Rialto » reprit Annavera pensivement. « Cela doit en effet être un endroit à visiter… couleurs et odeurs se mélangent aux épices et aux aromates… »

Le doux silence de la nuit reprit place tandis qu’elle observait la princesse d’un air complaisant. Ses yeux rencontrèrent une nouvelle fois les siens. Décidément cette jeune femme était amusante. Elle pourrai s’accommoder facilement de son mélodieux bavardage non dénué de sens…
Sentant un picotement gagner ses yeux, Annavera rompit la quiétude qui venait de les surprendre toutes deux à se dévisager. Toujours souriante mais nettement plus distante et moins expansive, elle se retira par une petite tirade mielleuse toujours appréciée dans les salons mondains :


« Madame, je suis ravie d’avoir fait votre connaissance. Et j’espère qu’à l’avenir nous nous recroiserons souvent, habitant désormais toutes les deux ce magnifique palais. »

Inclinant légèrement la tête, elle se déplaça jusqu’à la double porte donnant sur ses appartements bien chauffés.

« Veuillez à présent m’excuser, le froid qui a accompagné mon voyage m’a épuisée, tout comme vous je suppose. Je vous souhaite une bonne nuit Madame. »

Voilà. C’était dit. Prendre congé tout en gardant le mot de la fin. Annavera adorait faire cela. Peut-être hautain envers une personne de haute naissance, mais juste assez pour faire comprendre que l’entretien se terminait à cet instant précis. Et surtout parce qu’elle l’avait décidé.
Un éclat de dureté passa dans ses prunelles bleues quand elle franchit le seuil de sa suite, la tête haute et le port altier. Elle ne regarda pas en arrière. Elle savait qu’Inès la suivait des yeux.
Charmante, mais trop curieuse et trop audacieuse à son goût.

La Sérénissime serait-elle aussi hardie envers elle ?


[Suite d’Annavera de Luca]
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Ines di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleDim 12 Nov - 21:47

Inès se prit à sourire en captant le regard d’Annavera, laissant un silence s’installer entre les deux jeunes femmes plongées dans leurs pensées. La princesse aurait bien savouré plus longtemps cet instant de quiétude partagée, mais elle remarqua soudain un léger changement d’éclat dans les yeux de son vis-à-vis et devina que l’aventurière s’apprêtait à rompre leur mutisme.
Avec le ton distant et mielleux propre aux habitués des salons mondains, la Sinora di Luca débita une tirade pleine de politesses accompagnée d’un salut de la tête à laquelle la Napolitaine répondit d’une voix légèrement amusée.


« Ce fut un plaisir, j’espère également avoir le bonheur de pouvoir reprendre cette discussion plus tard. »

La jeune Grazziano suivit son interlocutrice des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière la lourde double porte de sa suite, puis elle resta quelques instants seule dans le corridor.

Cette femme était réellement intelligente, vraiment, un peu trop méfiante et trop calculatrice, cependant, pour être parfaitement au goût d’Inès, qui n’admirait rien plus que la spontanéité.
Mais, une chose était sûre, l’aventurière était de ces gens qu’il valait largement mieux avoir avec que contre soi ; d’autant plus dans un milieu comme la société vénitienne.

Satisfaite de sa fin de soirée pleine de distractions, la princesse jeta un dernier coup d’œil au Titien devant lequel elle s’était agenouillée quelques minutes plus tôt et tourna les talons pour entrer dans ses appartements avec un rire silencieux.


[chambre d’Inès]
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 13 Nov - 1:26

[Premier post]

Les mauvaises surprises arrivant toujours plus tôt qu'on ne les espérait, l'arrivée de Raffaele di Grazziano annoncée par lettre ne s'était pas faite attendre.
De son poing ganté, il avait tambouriné avec force sur l'énorme porte de l'embarcadère après avoir copieusement injurié le gondolier qui l'avait éclaboussé en relevant sa perche. Alarmé par le vacarme, un serviteur à l'air endormi, le bonnet de travers et l'oeil chassieux était venu aux nouvelles armé d'une lanterne qui lui fut arrachée sur le champs. Bousculé et repoussé à l'intérieur de la demeure par le jeune homme, il avait tenté de le retenir en vain.
On arrêtait difficilement Raffaele di Grazziano s'il avait décidé quelque chose.
Et pour l'heure, Raffaele avait décidé qu'il était trop tard pour s'encombrer de présentations.
Une fois dans le hall, il lança son tricorne et sa cape au pauvre vieux et brandissant devant lui la lanterne, il désigna le grand escalier aux deux hommes de peine qui portaient ses malles
.

"Montez ça à l'étage. Et toi là," lança-t-il au serviteur qui protestait "cesse de me casser les oreilles, je suis ici chez mon frère donc chez moi. Annonce moi ou pas je m'en contre-fous, mais si tu ne me montres pas mes appartements, je m'installe n'importe où !"

Il avait avalé les escaliers quatre à quatre, entraînant à sa suite plusieurs valets réveillés par le bruit.

"Par Dieu, où suis-je tombé !" Son regard bleu passait le décor en revue et ses lèvres se plissèrent de mépris tandis qu'il arrivait à l'étage et scrutait le couloir qui s'étendait devant lui, sombre et désert.

"C'est encore pire que je ne l'imaginais ! Si Naples me semblait morne, j'avais au moins espéré que cette Venise qu'on vante partout serait moins... délabrée ! Venise la ville des fêtes sans fin qui se couche avec les poules !"
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Coriolan
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 13 Nov - 2:04

[La Chambre de Coriolano]

Une porte s'ouvrit lentement, traçant une raie de lumière jaune dans le couloir. La silhouette de Coriolano se dessina en ombre, avant d'être effacé par la lumière du candélabre que l'aîné des Grazziano tenait à la main.

"Et bien... que signifie tout ce bruit ?"

Il avait entendu, sa chambre étant située dans la plus belle pièce, celle qui donnait sur le canal, les bruits, les cris et les cavalcades.
Le portier (que faisait-il là ?) s'avança avec moult courbettes désolées. "Signor padrone, c'est ce monsieur, il est entré, je ne voulais pas, mais..." En même temps, d'autres serviteurs gesticulaient, et l'homme incriminé s'était lancé dans une grande diatribe contre Venise et le gens qui dormaient.

Coriolano secoua la tête et leva la main, obtenant ainsi le silence de sa valetaille.


"Messieurs, vous pouvez retourner vous reposer. Cet homme est mon frère, le Prince Raffaele, il séjournera chez moi tant qu'il le voudra."

Le portier repartait dans une grande tirade d'excuse, qu'il ne savait pas, Signor Padrone, que le frère de Monseigneur... mais il ne recommencerait plus... Comment, il fallait ouvrire le judas ? ah oui, bien sûr, le judas, il n'avait pas pensé, mais c'est qu'il dormait... Oui oui, il ne recommencerait plus, il n'ouvrirait pas la porte comme ça. Non, il serait prudent, que le Signor Padrone se rassure, il pouvait dormir, bien sûr...
Ce fut la réapparition de l'Intendant, sortant de la chambre qu'il venait de finir de préparer qui acheva de disperser les serviteurs. Coriolano était bon avec eux, l'Intendant, lui, sévissait. Intendant qui avec son laconisme habituel, se contenta d'informer Coriolano que la chambre de Monsieur son Frère était prête et que si cela lui convenait, il allait maintenant préparer le lit du Prince.
Il disparut dans la chambre de Coriolano, et Coriolano se tourna vers son frère et lui tendit les mains en souriant.


"Et bien, mon frère... Quel bruit ! C'est un plaisir de vous voir à Venise, si ce n'est pas un plaisir pour vous de voir Venise...
Voulez-vous que je vous présente votre poulailler, ou préférez-vous courir Venise, et finir "au trou" ainsi que me l'a si élégamment désigné un digne représentant de la Sérénissime, "trou" d'où je viendrai vous chercher demain ?"


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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 13 Nov - 2:28

Raffaele s'avança, évitant avec ostentation les mains tendues de son frère et alla passer la tête dans l'encadrement de la porte des appartements qui lui étaient donc réservés.

"Je doute que ceci présente beaucoup plus d'avantages que ce trou que vous me vantez. Mais puisque vous ne jugez pas utile de faire restaurer cette ruine, je m'en contenterai pour un temps, tout comme de l'accueil sans chaleur que vous m'avez réservé."

Les hommes de peine avaient déposé les malles du jeune homme dans les appartements et attendaient un peu en retrait une récompense qui ne vint pas.

Raffaele fit un geste vers un valet
.

"Toi ! Fais moi porter de l'eau chaude et que l'on vide mes malles !"

Se tournant à nouveau son frère il le dévisagea.

"Vous êtes toujours égal à vous-même. Savez-vous que j'ai tué deux chevaux sous moi depuis Naples pour arriver tôt et ne pas mettre votre maison en émoi. Bien entendu je fus retardé par cette ville d'eau où rien ne va comme ailleurs et où il faut attendre le bon vouloir d'une barque pour aller quelque part."

Un sourire en coin étira ses lèvres.

"Il semble que ce soit raté, n'est-ce pas ! Et je ne vois rien ici qui vaille les deux chevaux que vous devez à présent à notre père. De fort belles bêtes d'ailleurs. Quel dommage, n'est ce pas. D'autant plus que celles des relais de poste ne valent rien, vraiment."
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 13 Nov - 3:09

Coriolano se contenait de sourire, amusé.
D'un geste, il avait calmé les porteurs, soudain terrorisés, qui commençaient à penser que toutes les personnes résidant dans cette maison étaient dangereuses. C'était les mêmes qui avaient déjà monté les malles de Inès et d'Annaverra. Ils commençaient aussi à penser que le maître de maison, en revanche, était quelqu'un de bien, parce qu'il y avait toujours une pièce et du vin chaud pour eux à la cuisine, en repartant. Un peu rassurés, ils avaient embarqué les malles et les déballaient, sans doute avec beaucoup de soin.

L'héritier de la maison écoutait son frère, légèrement accoudé à une console sur laquelle il avait fini par poser le candélabre. Ce n'était pas le Raffaele qu'il avait connu enfant, mais bien le Raffaele qu'il avait laissé à Naples depuis peu qu'il avait devant lui.


"Je vois que vous jugez toujours que la hargne mordante est la plus belle plume du chapeau de votre esprit... Elle vous va bien, il est vrai. Et bien ! Cette misérable demeure, en ruine - je vous conseille d'ailleurs d'ouvrire un parapluie au-dessus de votre lit, on ne sait jamais - se fait une joie de vous accueillir, avec bien évidemment, toute la froideur que vous souhaiterez lui prêter...

Quant aux chevaux, je crains que Monsieur notre Père n'aie prévu votre généreux mouvement. Il m'a fait savoir que le prix des bêtes sera déduit de la pension qu'il vous alloue..."

Le sourire de Coriolano traversa un instant l'amusement et la compassion qu'il chassa aussitôt.

"Mais laissons-là ces questions sans intérêt. Il vous sera sans doute tout à fait indifférent de savoir que notre cousine, Inès, est arrivée ce soir également. Nous aurons une sorte de dîner avec elle, notre sœur et son époux, demain. Si l'envie vous prend d'être levé, vous êtes évidemment bienvenu. Bianca sera heureuse d'avoir la surprise de votre présence..."


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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 13 Nov - 19:51

Les deux hommes de peine déchargeaient ses malles, Ugo souriait et Raffaele bailla. Non point un de ces petits bâillements que l'on étouffe en société derrière un mouchoir. Non. Un vrai grand bâillement qui renversa sa tête en arrière, offrant à son interlocuteur une vue imprenable sur une dentition parfaite à l'émail éclatant, et mouilla ses yeux.

"Laissez !" Ordonna-t-il aux deux hommes qui semblaient bien embarrassés devant le nombre et la délicatesse de ses effets. "J'imagine que même ici, dans le dénuement qui est le vôtre, vous avez des femmes de chambre qui s'emploieront à ranger tout cela au matin, Ces deux lourdauds vont bien abîmer quelque chose et leurs mains sont souillées. De plus j'ai sommeil et cette conversation m'ennuie."

Un valet, l'oeil noir, arrivait en traînant les pieds, armé du broc d'eau chaude demandée.

"Ah ! L'eau de ma toilette est là, enfin ! Et bien mon frère, je suis ravi de vous avoir réveill... vu ce soir, mais je vais clore là et prendre un peu de repos. Il serait tout à fait regrettable que j'aie à réclamer plus d'eau parce que la température de celle-ci aurait pâti d'un excès de civilité de ma part."

Il passa devant son frère et entra dans ses appartements.
D'où il ressurgit aussitôt pour se saisir du candélabre qu'Ugo avait posé sur la console
.

"J'aime à avoir une grande clarté."

Puis, sans plus de bonsoir, il disparut dans ce qu'il nommait intérieurement son logis de fortune.
A travers la porte refermée, il cria tout de même
.

"Et je ne connais pas de cousine Ines !"
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 13 Nov - 23:15

Voilà un savoir dont la Cousine Inès se passerait sans doute volontiers...

Coriolano secoua la tête. La maison risquait de paraître un peu trop vivante, tout d'un coup. Il se demandait comment les hôtes de chez lui réagiraient. Enfin, il fallait d'abord qu'il les retrouve, perdus dans la nature...

Il était resté un court instant debout, devant la porte fermée, avant de dire sans hausser la voix, tant pis si Raffaele ne l'entendait pas.


"Bonne nuit, petit frère..."

Puis il rentra dans sa chambre et ferma doucement la porte.

[Chambre de Coriolano]


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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleSam 24 Mar - 1:06

Le Lendemain

[La Salle à Manger]

Son pas rapide faisant résonner les dalles de marbre sous le talon de ses bottes, Raffaele avait quitté les pièces d'apparat pour gagner l'étage privé. L'escalier avalé quatre à quatre, il avait ralenti dans le couloir menant à ses appartements pour observer les lieux à la lumière du jour.
Tout finalement n'était pas aussi délabré qu'il lui avait paru la veille au soir, cependant, on voyait bien, ici et là, que le palais n'avait pas été habité depuis un long moment. Les soierie n'étaient plus à la mode, les tapis étaient défraîchis et plus personne n'avait chez lui de ces lourdes consoles de noyer sombre. Ce qui était très certainement à la pointe de l'élégance il y avait deux cents ans n'avait plus sa place dans une demeure telle que celle-ci. A quoi pensait Ugo ? Pourquoi ne s'affairait-il pas à donner au palais le lustre qui lui revenait ?
Raffaele soupira, décidément Venise était étrange et si son frère n'avait jamais été un foudre de guerre, il semblait que la lagune ait englouti dans ses eaux boueuses ce qu'il aurait pu y avoir de volontaire dans son caractère. Il en était pour preuve le peu de cas qu'il avait fait de la conduite de son cadet à sa table.
Un sourire ironique naquit sur les lèvres du jeune homme. Si le prince napolitain voyait ce qu'il en était de l'exil punitif de son plus jeune fils, il en verdirait très certainement de rage.

La porte des appartements claqua et après avoir tiré le cordon pour appeler un valet, Raffaele se dévêtit, jetant ses effets salis ça et là au hasard de ses pas. L'eau était froide dans les brocs de porcelaine et il maugréa. Même le plus élémentaire des conforts n'était pas assuré. Allait-il devoir lui-même lessiver ses chemises et brosser ses habits ? Et faire sa toilette à l'eau glacée comme le plus miséreux des va-nu-pieds ? Naples était sans doute loin d'être un séjour paradisiaque, mais au moins on n'avait pas besoin de sonner plusieurs fois pour qu'une servante accourre et fasse son office avec célérité.

S'il y avait bien une chose qui exaspérât Raffaele, c'était devoir attendre. Après avoir tourné en rond dans ses appartements pendant un moment, déplacé plusieurs bibelots qu'il qualifiât d'odieux et finalement s'être tout de même débarbouillé à l'eau froide, il enfila des vêtements propres qu'il dut lui-même prendre dans le garde-robe ce qui ne se fit pas sans jurons et grincements de dents.
Il brossa rageusement sa chevelure et attrapa un ruban de soie noire. Ce faisant, les images des scènes vécues le matin lui revinrent en tête et il se mordit les lèvres quand des papillons virent lui chatouiller l'estomac. Il n'avait pas fait de rencontre aussi intéressante depuis bien longtemps et il espérait que celle-ci donnerait lieux à d'autres divertissements du même genre, voire plus s'il y mettait quelque volonté. Il noua le ruban et eut la délicieuse sensation de sentir à nouveau les mains de l'aristocrate se poser sur sa peau. Il inclina la tête, les yeux étirés, un demi-sourire jouant sur sa bouche, mimique féline.
Il secoua la tête, chassant les délicieuses pensées qui envahissaient son esprit pour retourner à la réalité affligeante. Un regard vers le foyer aux braises mourantes lui fit comprendre que les frissons qui hérissaient sa peau n'étaient pas seulement dus au souvenir d'une poigne solide.

C'en était trop, après son confort, voici qu'on négligeait jusqu'à sa santé !

Son grondement de rage résonna dans le corridor alors qu'il surgissait de ses appartements et que le battant claquait une seconde fois violemment. Il tapa du pied, impatient, avant de s'accrocher au cordon de tapisserie du couloir.

Sa voix enfla et se répercuta contre les portes fermées des autres suites de l'étage
.

"Va-t-il falloir que j'aille moi-même à l'office chercher de l'eau chaude et de quoi nourrir mon feu ?! Qu'est-ce que c'est que cette maison où les serviteurs se cachent si bien qu'on doive les chercher jusque derrière les meubles ?! Par toutes les putains de Babylone, je n'arrive pas à croire que mon frère tolère une pareille chose !"
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Olympia di Lucore
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleDim 25 Mar - 5:26

[La chambre d'Olympia via son salon]

Confortablement affalée sur la duchesse, sa main seule trahissant l’état d’éveil de la jeune femme, Olympia savourait toute à son aise la quiète torpeur où elle s’était installée depuis déjà quelques longs instants. Son esprit abandonné et son corps déchargé de toute tension la jeune femme s’adonnait avec plaisir à cette sieste impromptue au coin du feu ronflant dans l’âtre.
Soudain une porte claqua quelque part dans la maison et le vacarme qui s’en suivit tira immédiatement la marquise de sa langueur. Une voix masculine s’éleva dans le couloir menant aux appartements et vociféra quelques paroles pour l’instant incompréhensibles.
Qui osait s’emporter quand l’indolence était la seule ligne de conduite acceptable dans l’esprit pointilleux d’Olympia ? Elle sortit de sa chambre en hâte, sa longue pipe dans une main. Peut-être s’agissait-il des suites de la dispute dont l’un des acteurs s’était tout à l’heure échappé au jardin ? Olympia traversa le petit salon sur lequel ouvraient ses appartements et entrouvrit la porte pour mieux comprendre de quoi il s’agissait. Il était question de domestiques. Un peu déçue, la jeune femme écarta d’avantage la porte et sortit de ses appartements afin de confronter l’odieux personnage.

Le regard mordoré de la jeune femme accrocha alors la silhouette d’un jeune homme fort bien fait et vêtu richement. Le flot d’injures qui se déversait des lèvres de l’inconnu jurait grandement avec la finesse de ses traits et Olympia reconnut bien vite les manières d’un de ses familiers qui énonça alors son identité, il était le frère d’Ugo. Comment n’aurait-elle pu s’en douter ? La blondeur était la même, quelque chose aussi dans le visage. Mais il y avait quelque chose de saisissant dans le contraste qu’offrait l’ impassibilité du Prince di Grazziano face à l’énergie furieuse avec laquelle s’employait son cadet pour dénoncer le manque de personnel.

Elle attendit que l’intriguant ait cessé sa diatribe et s’avança tout naturellement dans le couloir à la rencontre du jeune homme
:

« Et moi je n’arrive pas à croire que si peu de choses aient suffi à un homme pour braver ainsi la retraite d’une femme au repos ! Qui plus est, Monsieur, je doute qu’une seule des putains de Babylone ait mérité cet honneur d’être ainsi invoquée aux côtés de votre frère, tout justifié que soit votre courroux… »

Après avoir dit cela d’un ton emprunt de lassitude, la marquise offrit un sourire désapprobateur au visage empourpré de son vis-à-vis. La scène était en cela amusante qu’elle présentait un visage aux airs flegmatiques et laissait chanter sa voix mielleuse à un jeune homme abandonné à la superbe expression d'un orgueil propre à son sang. Sa voix grave reprit presque dans un souffle :

« Il me semble avoir entendu que vous manquiez de feu ? Voilà qui est surprenant lorsqu’on est confronté à la flamme qui habite vos paroles…
Se pourrait-il que nous arrivions à un arrangement en attendant que les valets daignent sortir de derrière les meubles, où ils ont du en effet courir se cacher pour ne pas subir vos foudres ? J'ai envie de croire que chacun de nous peut tirer parti de ce passionnant échange de civilités...

Je propose de vous prêter le feu de mon salon, et un fauteuil, peut être même une courtepointe s’il le faut si vous me promettez, en retour, de ne plus jamais troubler une femme à la sieste ! »

Elle porta alors sa pipe à la bouche et tira dessus une longue bouffée, ses yeux mouchetés n’avaient pas quitté l’intriguant à qui elle présentait désormais son indéfectible sourire.
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 26 Mar - 0:54

Raffaele avait finalement lâché le cordon et hésitait entre hurler en lançant des coups de pieds dans les murs ou dévaler l'escalier pour pécher un valet par le col et le secouer dans tous les sens jusqu'à ce qu'un broc d'eau chaude et quelques bûches lui tombent des poches.
Il en était à maudire la terre entière jusqu'à la vingtième génération quand la porte de l'un des appartements s'ouvrit. Il fit volte face, prêt à se jeter à la gorge de la valetaille enfin décidée à se montrer et son mouvement s'arrêta net. La jeune femme qui s'avançait n'avait rien d'une servante, en témoignaient sa riche toilette et surtout la nonchalance de sa démarche. La voix qui s'éleva, flegmatique et lasse, lui plut tant par son timbre grave que par les mots qu'elle articulait. Ainsi, la Maison de son frère abritait au moins un hôte qui soit digne d'un peu d'intérêt.
Mais le jeune prince restait sur le sentiment d'ennui que lui avait laissé chaque personne rencontrée dans le palais et il inclina la tête de côté
.

"Il me semble, à moi, que mon frère trouverait du bénéfice à côtoyer certaines de ces dames ; cela lui ouvrirait peut-être l'esprit en déliant les aiguillettes de ses culottes qui semblent nouées bien trop serré. Mais peut-être n'y a-t-il pas grand chose à libérer de ce côté, si j'en juge par le peu de vigueur qu'il met à diriger sa Maison."

Il se détournait déjà quand la jeune femme reprit la parole. Il sourit à son ton désinvolte et, appuyant son épaule au chambranle de la porte, détailla sa silhouette sans dissimuler son intérêt tout en réajustant les manchettes de sa chemise dont la dentelle masquait jusqu'aux secondes phalanges de ses doigts.

"Je ne suis pas habituellement en manque de feu, mais il semble que cet endroit n'ait jusque là recélé rien qui entretienne ma flamme. Votre invitation, Madame, que je ne saurais refuser, vient à point nommé pour contredire cette fâcheuse impression. Il serait donc tout à fait stupide de ma part de la décliner et en étant tout à fait honnête," Son regard s'attarda sur la pipe qu'elle portait à ses lèvres "je ne me risquerais pas à vous promettre de ne plus troubler votre repos, sans craindre de me dédire."

Enfin il s'inclina, la main sur la poitrine comme l'exigeait la plus parfaite des courtoisies et se présenta avec un charmant sourire.

"Je n'ai pas eu le plaisir de vous être présenté, Prince Raffaele di Grazziano."

Il n'ajouta pas la formule convenue, il ne servait personne que lui-même.
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleLun 26 Mar - 22:41

En entendant ainsi médire sur le prince, Olympia fronça imperceptiblement les sourcils et attendit sagement que son vis-à-vis ait cessé sa moquerie pour lui souffler à demi voix, non sans s’être approchée davantage , comme pour lui murmurer à l’oreille les paroles qui suivirent:

« Je ne saurai que trop vous recommander la prudence de garder votre acide pour l’intéressé… Si je puis me permettre, voilà une confidence que je me garderais bien de faire part au tout venant ! Du reste, qui vous dit que je ne suis pas l’une de ces intrigantes à qui il plait tant de répandre et enfler les rumeurs ? Vos paroles gonflées du fiel propre à votre jeunesse ne mesurent peut- être pas ce dont il va de leurs conséquences... Que croyez-vous qu’on penserait de votre maison à Venise si j’en venais à répandre la rumeur que le Prince ne sait pas même se faire des alliés dans sa propre famille ? »

C’était sévère mais tout à fait vrai. La Marquise aimait inspirer la confiance, mais pas la connivence sur des sujets aussi sensibles que les culottes du Prince. Cela dit cet inconnu tout de rouge vétu avait pointé un sujet qui serait forcément agréable à discuter une fois le malaise propret des présentations passée... Il fallait cependant lui rappeler quelque autorité, il en allait de la réputation de la Marquise qui était bien placée pour savoir combien les murs n'étaient que de frêles abris pour disputer pareil sujet.

« Qui plus est vous attaquez bas, Monsieur ! Prenez garde, la bassesse de nos jours n’est pas du meilleur goût en matière de plaisanterie ! Si vous souhaitez attaquer, il vous faudra peut-être trouver quelque chose de plus… » Elle marqua une pause et un sourire cette fois-ci vint maquiller son visage de porcelaine : « … Piquant! Surtout auprès d’une Dame ! »

Le bel éphèbe reprit alors son discours sur l’absence déplorable de chaleur à Venise, elle fut presque déçue d’entendre quelqu’un qui enfin lui paraissait prompt à jouir des plaisirs de la vie pleinement balayer en une phrase toute l’ivresse que lui inspirait la Sérénissime. Mais la suivante lui fit retrouver le sourire, le jeune homme était peut-être zélé en matière de critiques assassines, mais son aptitude à satisfaire l’orgueil d’une femme pesait lourd de l’autre côté de la balance. Olympia était certes habituée aux compliments de la sorte, mais il y avait quelque chose dans le regard de cet inconnu qui prêtait à se méfier de ces flatteries. Et rien ne plaisait plus à la Marquise que de sentir qu’elle avait affaire à un caractère intéressant au point que le sens commun s’en défie. Lorsqu’il eut terminé elle lui répondit alors, toujours en souriant :

« Estimez-vous donc heureux que je sois maintenant tout entière disposée à la discussion, sinon j’aurais été dans l’obligeance de retirer ma proposition et de vous punir pour avoir ainsi cru que j’étais femme à souffrir d’aussi mesquines paroles ! »

L’individu se présenta alors, Olympia avait déjà le nom, il lui donnait le prénom. Et il n’achevait pas sur la formule usuelle ! Le culot n'échappait jamais à la Marquise, son sourire s’étira encore plus, presque carnacier. Elle plissa ses yeux mouchetés et planta son regard dans celui acéré du garçon en tendant une main gracieuse:

« Enchantée Monsieur, je suis la Marquise Olympia di Lucore, invitée d’honneur de votre frère.
Nos familles se connaissent depuis longtemps, je suis surprise de n’avoir pas eu le plaisir de vous rencontrer auparavant !
Enfin, Ugo non plus n’a pas eu le loisir de me fréquenter beaucoup… »

Elle se retourna tout naturellement, incitant par ce geste Raffaele à la suivre afin de continuer la conversation qu’elle ne jugeait pas utile de faire partager à tout l’étage. Il se dégageait de l’énergie du garçon une saveur des plus réjouissantes…

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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleMer 28 Mar - 0:43

Ainsi, celle-ci avait du caractère et de la répartie. Bien sûr quelque chose dans son allure désinvolte et son ton détaché le laissait présager, mais il était toujours prudent d'observer une certaine retenue quand à accorder à une femme le bénéfice de l'intelligence. Sans cesser de sourire, il croisa les bras et reprit sa position initiale, l'épaule appuyée contre le chambranle de la porte.

"Madame vous me méjugez, pensez-vous que j'aille ainsi clamer mes opinions dans un couloir, si je n'avais pas espéré un tant soit peu qu'elles soient répétées ou que je craigne que l'on répande rumeurs et ragots par la Cité ? Peu m'importe en vérité ce que l'on pense, dit ou colporte sur cette Maison, ce sont toujours les plus bas commérages qui se propagent le mieux et font que l'ont se souvient d'un nom."

Il esquissa un geste de la main, envoyant promener les remontrances que la jeune femme lui adressait en observant les traits volontaires de son visage souriant, s'attardant plus longuement sur la bouche pulpeuse et les yeux noisette mouchetés d'or où luisait certaine flamme impertinente qui lui plut.

"Considérez que j'apprécie le zèle que vous mettez à préserver l'honneur de cette famille, Madame. A moins bien sûr qu'il ne s'agisse du souci plus personnel de protéger votre propre nom." Son sourire s'accentua "Ce qui est aisément concevable et que, pour ma part, j'estime bien plus louable."

Acceptant la coquetterie charmante dont faisait preuve la marquise, il s'inclina avec grâce, une lueur d'ironie pétillant dans ses iris bleus et cueuillant la main que lui offrait la jeune femme, l'effleura de ses lèvres sans la toucher ainsi que le voulait l'usage. Légèrement troublé par le parfum brûlant d'orange confite mélée d'ambre et de tabac miélé qui se dégageait de la peau délicate, Raffaele se redressa et d'un pas lent, la suivit vers ses appartements en répliquant à ses paroles d'une voix amusée.

"Croyez que je goûterai à sa juste valeur une punition venant de vous, à la condition qu'elle soit aussi habile que vous le laissez entendre. Autrement, Marquise, il se peut bien que le fouet change de main."

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Donatella Visconti
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleVen 8 Juin - 22:53

[Caffé Florian]

Donatella s'était calmée mais cette aventure, ou plutôt mésaventure au caffé Florian avait eu l'avantage de la dégriser. Elle avait d'ailleurs été légèrement indisposée mais l'air frais lui avait fait du bien et avait effacé toute vapeur de cognac de son nez.

Sa gouvernante avait approuvé de nouveau sa décision de ne plus voir la comtesse. Elle lui avoua qu'elle n'aimait guère ses regards et que son ultime geste avait confirmé ses doutes. Ce qu'elle avait fait n'était pas digne d'une dame de la noblesse. Donatella s'en voulait un peu de ne pas avoir vu un peu plus tôt tout cela aussi clairement que sa gouvernante.


"Heureusement que je vous ai..." dit-elle en entrant dans le couloir menant aux appartements privés du palais.

"Mais ce n'est pas parce que vous avez eu raison cette fois-ci que je devrais vous écouter en ce qui concerne ma tenue de bal de ce soir... Si vous le serrez trop.. je ne pourrais plus danser..." dit-elle d'un air implorant, ramenant une fois de plus le sujet sur son corset.
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleJeu 14 Juin - 3:11

"Voici qui serait fort dommage ! A quoi servirait un bal si une demoiselle ne peut y faire étalage de tout ce que ses Maîtres à danser lui ont enseigné ?"

La voix de Raffaele, amusée et ironique résonna dans le couloir. Il savait fort bien que la demoiselle en question se croyait seule avec sa suivante, sinon jamais elle n'aurait évoqué ses dessous avec autant de naturel.

Le pas lent, un peu désoeuvré, il s'approcha pour la dévisager, faisant fi du regard hostile de la gouvernante, et s'inclina briévement
.

"Prince Raffaele di Grazziano. Ainsi le palais de mon frère recèle une foule de spécimens féminins tous plus amusants les uns que les autres. Voyons, à quelle espèce appartenez-vous Madame ?"

Tournant autour d'elle, tenant son menton entre deux doigts faisant mine de réflêchir, il reprit.

"J'hésite entre étourneau et souricette, qu'en pensez-vous ? Rainette ? Non, c'est beaucoup trop coloré. Pie, non plus trop effronté..."
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Donatella Visconti
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés PerleJeu 14 Juin - 22:23

Il était tout à fait vrai que la gouvernante de Donatella détenait la totale exclusivité des conversations concernant ses dessous, et spécialement de son corset, sujet qui revenait souvent d'ailleurs. C'est pourquoi lorsqu'une voix retentit dans le couloir, une voix d'homme de surcroît, et répondant par-dessus le marché à ce même sujet d'ordre privé, la jeune baronne sursauta et devint écarlate jusqu'à la racine des cheveux.

"Je.. hh.. hum.. et be.. mais..." balbutia-t-elle.

Le couloir était assez sombre et la jeune fille plissa les paupières pour parvenir à distinguer plus vite l'homme en question. Celui-ci ne tarda pas à apparaître dans la lueur du candélabre le plus proche.

Il se présenta. Il était Prince, soit. La gouvernante qui avait eu un regard hostile envers lui suite à son indiscrétion se radoucit et s'inclina immédiatement ignorant ses réflexions quelque peu désagréables. La jeune femme jeta un coup d'oeil vers Donatella qui, elle, n'avait pas bougé et regardait fixement Raffaele. Elle eut beau tirer légèrement le bas de son manteau, la jeune baronne ne bougea pas.

"Voyons, à quelle espèce appartenez-vous Madame ?" A cette question, le prince Raffaele n'eut pour réponse qu'un long cri strident qui résonna douloureusement dans le long corridor et qui ne s'arrêta que lorsque la jeune fille eut totalement épuisé son expiration. Après quoi elle fit volte face pour se placer derrière sa gouvernante et enfouir son visage dans son manteau.

La gouvernante esquissa un sourire gêné envers le prince tout en essayant de décrocher la jeune baronne de son dos.


"Non non.. non je ne veux pas voir ça, c'est trop.. beaucoup trop r.. non non, je ne peux pas... Il est parti, dites ?"

La gouvernante tenta de lui murmurer des "mais enfin soyez raisonnable..." mais Donatella secoua la tête, les yeux toujours cachés dans le manteau de sa suivante.

"Non.. je ne peux pas..." répondit-elle visiblement effrayée.
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MessageSujet: Re: Le Couloir desservant les Appartements Privés   Le Couloir desservant les Appartements Privés Perle

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