[Premier post]
Une servante entra dans la pièce, puis une seconde, suivie de près par le nain florentin : malgré la forte irritation générée par le long voyage qu'il venait de réaliser , observer un postérieur bien dessiné avait toujours été un plaisir pour Adolfo dont la petite taille servait au moins à satisfaire son grave voyeurisme.
Deux laquais pénétrèrent à leur tour dans ce qui allait devenir la suite d'Adolfo di Barjavelito , portant de gigantesques valises protégées de lourdes serrures de fer , au cas où l'un de ces misérables se tentait à l'"alléger".
Le gentilhomme était vêtu de ce que pourraient appeler les nobles de la ville un infâme costume rouge et or, attirant sur lui tous les regards depuis qu'il était sorti de sa charrette de luxe.
Après avoir insulté la moitié des gardes du palais Adorasti , il leur avait intimé l'ordre de prévenir son cousin le Prince de sa venue : s'il était toujours cette raclure à l'esprit vif qu'il avait vu plusieurs dizaines de fois attirer de jeunes et charmantes jeunes femmes dans la forêt avoisinant le château florentin dans lequel ils avaient grandi ensemble, alors il se souviendrait de son fameux cousin nain à l'horrible tempérament.
La branche des Barjavelito l'avait aimablement expulsé de Florence, sa réputation sulfureuse nuisant au prestige de son père si hautain et de sa mère qu'il dégoutait et qui s'enfermait jour après jour de plus en plus longtemps dans l'imposante église florentine. Il était maintenant désigné comme homme du prince, de par son sang et sa profession si recherchée en Italie : on ne trouvait pas d'ingénieurs à chaque coin de rue.
Il ne connaissait pas Venise, ne voulait d'ailleurs pas la connaitre jusqu'à ce que l'opportunité de grimper dans la société vénitienne lui soit offert, avec tous ses bons côtés : dorures, femmes aux rondeurs affolantes, courtisanes, argent, parures...Oui, il était bien prêt à vendre sa mère pour une soirée arrosée, et ce concept de masques au grand public qui lui était parfaitement inconnu jusque là l'excitait déjà.
"Oui , cette suite est tout juste correcte, mon cousin serait-il devenu avare ?" dit-il, sachant pertinemment que c'était probablement la meilleure chambre qu'il n'ait jamais eu de toute sa courte existence. Il fallait savoir s'imposer , tout comme ses goûts.
"Vous pauvresse, faites venir quiconque ayant un tant soi peu d'autorité en ces lieux pour me faire visiter la demeure".