VENISE
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 La Chambre d'Elio

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Gabriella Delmonti
Lorenzo Dellaporta
Elio Lacryma Adorasti
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Gabriella Delmonti
Servante - Ca'Adorasti
Gabriella Delmonti


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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleVen 9 Fév - 1:19

Au fur et à mesure que Gabriella nettoyait le ventre du prince, de nouvelles larmes venaient inonder ses yeux malgré elle. Cependant, trop concentrée sur sa tâche pour garder courage et ne pas faiblir à son tour, aucun sanglot ne venait la secouer. Inlassablement, elle remouillait le linge et nettoyait le sang sur la peau du prince sans toutefois jamais toucher la plaie, de peur de lui causer une trop grosse souffrance.

*Qu'est-ce qui s'est passé..? Qui a pu lui faire une chose si horrible.. pauvre prince Elio... Il est si gentil pourtant...*

Elio ne bougeait pas. Elle pensa qu'il devait avoir perdu connaissance. C'était peut-être mieux ainsi, le voir souffrir lui tordait l'estomac et lui était insupportable. Il respirait, c'était l'essentiel.

Son regard embrumé quitta la blessure pour se poser sur le visage du prince quand celui-ci lui parla. Aussitôt, elle entreprit d'essuyer ses yeux avec sa manche même si leur couleur rougie en disait aussi long que les larmes.

Elle hocha la tête presque imperceptiblement à ses paroles.


*Non, on ne meurt pas d'une si petit blessure..* répéta-t-elle intérieurement pour se convaincre.

Elle écouta religieusement ses consignes et hocha la tête plus vivement.


"Oui Monseigneur, vous pouvez vous reposer sur moi, personne ne saura quoi que ce soit." lui assura-t-elle.

Cependant, elle ne pouvait pas le laisser comme ça. Elle posa doucement un linge propre et sec sur la blessure pour la protéger puis le couvrit d'une couverture.


"Ne bougez pas, Monseigneur, je reviens très vite. Et je vous apporterai une tisane d'écorce de saule pour vous soulager." ajouta-t-elle en arrangeant les coussins pour qu'il soit le plus confortable possible.

Une fois cela fait, elle se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit puis, avant de sortir se retourna vers lui, les dents serrées.


"Je vous promet, Monseigneur, que si j'apprend qui vous a fait ça..."

Elle se mordit la lèvre, ne sachant pas trop comment finir sa phrase.

"Je reviens vite."

Et sur ces mots, Gabriella referma doucement la porte et partit dans les couloirs.

[Grand Salon]
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Gabriella Delmonti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleDim 25 Fév - 20:06

[Grand Salon]

Gabriella entra de nouveau dans la chambre du prince, portant à la main à une simple tasse de faïence qu'elle posa sur le chevet du prince après avoir de nouveau contourné le lit sans bruit.

"Je suis navrée de cette piètre présentation, Monseigneur, mais on m'a demandé pour qui était la tisane et j'ai répondu que c'était pour moi."

La servante ajouta un coussin dans le dos du prince pour la caler confortablement.

"Maître Barozzi ne devrait plus tarder et rassurez-vous, personne ne sait rien."

Gabriella reprit la tasse et aida le prince à en boire plusieurs gorgée.

"Ca devrait soulager un peu votre douleur. Je voulais revenir plus vite mais des invités sont arrivés dont votre cousin, Monseigneur. Je me suis chargée de leur installation et assurée de leur confort. Ils savent que vous êtes indisponible pour le moment. Personne ne sait rien..." répéta-t-elle pour être sûre que le prince soit rassuré sur ce point là.
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Luciano di Lorio
Ami de la Famille Adorasti - Ca'Adorasti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMer 28 Fév - 6:44

[Calle Trevisi]

De retour au palais, Luciano ne s’était pas immédiatement rendu jusqu’à sa chambre, préférant faire un détour par le couloir du grand salon où, l’avait-on informé, les hôtes du Prince s’étaient réunis. Arrivé devant la porte, il avait tendu l’oreille pour discerner les individus conversant dans la pièce. Della Lonza, d’abord. Une voix de femme ensuite.

Et une troisième, qu’il identifia comme celle de Tiberio Adorasti, indubitablement l’un des personnages les plus déplaisants qu’il lui eût été donné de connaître et Dieu seul savait combien il était facile de lui déplaire. Que le même sang que celui d’Andrea ait pu couler dans les veines de cet énergumène demeurait un mystère. Il l’avait cru exilé dans les colonies du Nouveau-Continent, possiblement dépecé par les sauvages qu’on retrouvait dans ces contrées lointaines, image réjouissante s’il en était. Sans doute les anthropophages lui avaient-ils trouvé un goût par trop aigre et avaient ainsi épargné sa misérable existence. Dommage. Une moue de dégoût retroussa ses lèvres. Vraiment dommage.

L’aristocrate était demeuré encore quelques instants, assez pour déduire qu’Elio et sa suite se trouvaient toujours Ca’Grazziano. Il lui fallait écrire à Andrea… mais cela pouvait attendre, n’est-ce pas? Les appartements du Prince abandonnés sans surveillance par leur occupant, les membres de la Maison rassemblés en un même lieu, le moment était parfait pour procéder à quelques investigations. Peut-être pourrait-il en découvrir plus sur les errances de l’héritier, à la nuit tombée…?

Persuadé de la nécessité de faire vite pour ne point être surpris en flagrant délit, le noble entra prestement dans la chambre, refermant la lourde derrière lui le plus silencieusement possible. Mais plutôt que de se retrouver seul, il fut confronté à une vision telle qu’il crut que le sol s’était ouvert sous ses pieds.

Elio. L’unique héritier Adorasti. Le fils d’Andrea. Étendu sur son lit, pâle comme la mort, baignant dans son sang.

Elio mourant. Sans fils pour lui succéder. La Ca’Adorasti déchue. La Ca’Grazziano victorieuse. Et Andrea. Andrea déçu, défait, détruit, tout ce pour quoi il avait œuvré pendant toutes ces longues années, tout ce pour quoi ils s’étaient tous deux sacrifié s’effondrant avec ce garçon grièvement blessé.

Non.
Il serra les poings, la douleur émanant de sa main entaillée apaisant la tourmente éveillée en lui. Il ne laisserait pas telle catastrophe se produire. Il avait promis à Andrea de veiller sur son enfant et de sauvegarder les intérêts de sa Maison. S’il venait à faillir à sa tâche, Andrea ne lui pardonnerait jamais.


Et s’il y avait une chose, une seule, capable de faire trembler Luciano di Lorio, c’était la perspective de perdre Andrea Adorasti.

Enfin, il s’avança et réussit à articuler, sa voix non plus méprisante ou pleine de morgue, mais plutôt cassante, abrupte, celle d’un homme qui s’efforce de contenir les émotions violentes qui l’étreignent :

« Que s’est-il passé? »

Son regard, inquisiteur, se posa immédiatement sur la domestique blonde, la même que celle de la matinée, en quête d'une réponse à toutes les interrogations qui jaillissaient à son esprit. Les promenades nocturnes d’Elio? Une vague de culpabilité le submergea. Il savait qu’il aurait dû lui dépêcher une garde, engager un homme de confiance qui l’aurait suivi, prêt à intervenir à la moindre menace. Un intrus se serait-il plutôt parvenu à pénétrer le palais? Ou était-ce là le fait d’un traître au sein même de la Maison? L’un des domestiques? Un invité?

Fermant les yeux un court instant, il balaya ces considérations à plus tard. C’était sans importance pour le moment. Guérir le Prince d’abord, s’assurer que ce dernier pourrait se rétablir, puis se préoccuper de punir le fautif de façon exemplaire afin de prévenir toute future tentative de la même sorte. Cette situation ne devait pas se répéter, les ennemis, enorgueillis par leur premier essai, de la Ca’Adorasti risqueraient peut-être d’atteindre leur but si on leur en donnait l’occasion à nouveau. Il débusquerait le coupable et, même s’il si celui-ci s’avérait être le Doge en personne, il lui ferait connaître le châtiment qu’on se méritait à s’en prendre à la chair de la chair d’Andrea.

Maîtrisant son tumulte intérieur, il s’approcha du lit, une froide détermination dans son regard et sa démarche. Déjà, son ton était plus contrôlé lorsqu’il s’enquit, s'adressant toujours à la servante :

« Et où est le médecin? Barrozi. L’avez-vous fait quérir? »
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMer 28 Fév - 15:00

Elio laissa la servante arranger les coussins et il ressentit un certain mieux à être installé de la sorte. Il but quelques gorgées de la boisson chaude et amère. Il finirait par s'habituer au goût de toutes façons. Et la douleur était telle qu'on aurait tout aussi bien lui faire avaler n'importe quoi pour que cela cesse qu'il l'aurait accueilli avec grâce.
Gabriella lui assura que personne ne connaissait son état et il l'en remercia d'un regard. Cependant il ne pouvait s'empêcher de penser que cela aller se savoir d'une minute à l'autre, que les questions allaient fuser et qu'il lui faudrait trouver une explication plausible.
Etrangement, il se sentait calme à l'idée d'affronter les interrogations. Il ne cherchait pas à construire une histoire, il savait d'expérience que cela viendrait tout seul, au fil des mots, évidence pour lui comme pour celui qui le questionnerait. Il en avait toujours été ainsi, cette fois ne ferait sans doute pas exception, les circonstances présentes n'étaient pas plus dramatiques que d'autres qu'il avait déjà vécues.

Alors qu'il repoussait doucement la tasse et qu'il se laissait aller en arrière sur les oreillers, la porte s'ouvrit et une silhouette bien connue s'introduisit dans la pièce. Voilà bien le dernier qu'il aurait souhaité au courant de la situation. Le prince ferma les yeux tandis que di Lorio, le visage décomposé bombardait la petite servante de questions. L'exaspération remplaça la souffrance et il se redressa, la main crispée sur le drap, le visage glacé et la voix coupante
.

"Cessez, je vous prie ! Qui vous permet de faire irruption dans mes appartements sans y être convié et d'oser y élever la voix ?"

L'effort avait fait naître une explosion de papillons colorés devant ses yeux et il agita une main sans force en direction de la porte avant de retomber, livide sur les coussins.

"Sortez, Monsieur di Lorio, je ne suis pas d'humeur. Nous règlerons cela plus tard. Gabriella, veuillez montrer la porte à Monsieur di Lorio, je vous prie."
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Gabriella Delmonti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleJeu 1 Mar - 14:21

Lorsque Gabriella croisa le regard reconnaissant du prince, elle sentit comme une bouffée de joie et de plénitude l'envahir. Elle aurait été capable de pratiquement tout pour lui lorsqu'il avait ce regard là envers elle. Comme si, dans tout le labeur qui faisait sa vie, c'était uniquement ça qu'elle cherchait.

Il repoussa la tasse et la servante la reposa sur son chevet. Il en avait bu plus de la moitié, cela serait suffisant pour agir correctement. Elle s'apprêtait à arranger les couvertures pour que le prince ne prenne pas froid quand une personne fit irruption dans la pièce de façon peu prévenante.


*Di Lorio !*

Gabriella resta abasourdie devant cette vision. Elle qui avait tout fait pour que personne ne soit au courant, ce rustre entrait sans frapper comme s'il était chez lui. Restée immobile, les yeux écarquillés de stupéfaction, Gabriella sembla redescendre sur Terre quand l'homme s'approcha du lit vrillant son regard froid dans le sien, d'un air accusateur.

Que s'était-il passé ? Et si elle avait fait quérir le médecin ? La prenait-elle pour une idiote incompétente ? Gabriella lui aurait presque craché des insultes au visage si le prince n'était pas intervenu à ce moment là pour remettre lui-même l'homme à sa place.

Gabriella releva le menton d'un air presque supérieur en regardant ostensiblement Luciano.


"Tout de suite Monseigneur." dit-elle, enorgueillie par la confiance que lui témoignait le prince.

Gabriella contourna le lit et ouvrit la porte de la chambre, désignant le couloir d'un geste du bras.


"Le prince n'apprécie pas votre intrusion et ne désire par votre présence, Monsieur. Veuillez sortir maintenant." lui dit-elle d'un ton faussement aimable.

Elle se faisait une joie de renvoyez Di Lorio sans même avoir répondu à une seule de ses questions.
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Luciano di Lorio
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleVen 2 Mar - 6:51

C’est avec une expression impavide que Luciano assista à l’éclat d’Elio. Quoique le principal intéressé puisse en dire ou en penser, il était chaque fois amusant de constater sa ressemblance avec son père. Andrea était doté de ce même ascendant naturel sur tout ce qui l’entoure et de cette même fougue glacée, de cette fermeté ardente qui avaient fait de lui un véritable Prince. Bien sûr, son fils avait encore beaucoup à apprendre, mais son sang de pair avec l’éducation qu’il avait reçue auraient dû le munir du nécessaire pour mener à bien la destinée de sa famille. Mais pour cela, il lui faudrait d’abord comprendre qui tenaient réellement à cœur les intérêts de la Ca’Adorasti.

Ignorant la conduite risible de la servante envers lui, l’aristocrate se refusa à quitter la pièce et répondit plutôt à la question qui lui avait été posée par ce qui lui apparaissait comme une évidence :

« Qui? Mais votre père, mon Prince, votre père qui m’a chargé de veiller sur vous, comme je l’ai fait par le passé. »

À ses yeux, invoquer Andrea Adorasti pouvait légitimer, voire acquitter n’importe quel acte posé au nom et pour le bien de sa Maison. Que cette justification ne semble pas aussi péremptoire au jeune homme dont il avait la garde le laissait de marbre, et c’est ce qu’il fit savoir en poursuivant sur un ton suave, qui n’admettait pourtant aucune réplique :

« D’humeur ou pas, je demeurerai ici jusqu’à ce que j’aie été assuré que vous avez bénéficié des soins nécessaires à votre rétablissement. »

Il parut enfin prendre conscience de la présence de la domestique dans la chambre, tournant la tête vers elle pour lui ordonner sèchement :

« Refermez immédiatement cette porte. Je n’ose imaginer ce qui se produirait s’il venait à s’ébruiter que le Prince Adorasti est au plus mal. »

Un instant, un infime instant, il regretta de ne pas s’être attardé avec son nouveau protégé, ce qui aurait pu lui éviter bien des désagréments et lui apporter en retour un lot de voluptés sans pareilles. Son sens du devoir reprit rapidement le dessus sur ce désir fugace, l’étouffant tel qu’il l’avait toujours fait dans des circonstances semblables pour en revenir à sa préoccupation première :

« Et maintenant… le médecin est-il en route? »
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleLun 5 Mar - 15:19

Le prince eut un regard apaisant envers Gabriella. Il semblait que se débarasser de di Lorio ne serait pas aussi simple. Bien sûr, le prince n'avait pas espéré que l'homme obtempère facilement à l'injonction de la servante, mais la justification de son entrée impromptue fit monter son agacement d'un cran, repoussant la douleur au second plan.

"Les intérêts de mon père, bien sûr. Je serais intéressé d'entendre en quoi votre entrée en catimini dans mes appartements, alors que vous me supposiez absent, sert les intérêts de mon père. instruisez-moi, je suis toute ouïe. Il ne me semble pas à moi, que vos façons soient si facilement justifiées. Comme je vous l'ai précédemment fait savoir, au cas où vous l'ignoreriez, mon père n'a aucune autorité ici et les relations que vous entretenez avec lui n'ont, de ce fait, aucun poids. Cette maison est mienne et j'entends être respecté chez moi. Que mon père vous ait chargé d'une mission quelconque m'est indifférent et ne vous donne aucune prérogative."

Alors qu'il allait ordonner à l'aristocrate de sortir, son regard tomba sur la main blessée. Il aurait blèmi si cela avait été possible et il lutta pour que la nausée qu'il sentait monter ne le submerge pas.

"Il semble que je ne sois pas le seul à avoir subi quelque désagrément. Vous me voyez curieux de savoir à quel sorte d'animal vous vous êtes vous-même frotté."

Son regard attentif remonta jusqu'au visage de di Lorio. Se pouvait-il que cet homme là, si proche d'Andrea, soit celui qui, sous le couvert d'un masque de pacotille, l'ait agressé la veille au soir ? Sans doute.. Pourtant, Elio était conscient de l'absurdité de l'hypothèse. Quel serait le bénéfice pour Andrea de faire assassiner son unique héritier ? Et si l'on excluait l'influence du prince florentin sur le baron, quelles seraient les raisons qui auraient pu pousser l'aristocrate à une telle chose de son propre chef ?
Bien sûr cela était valable à la seule condition que l'agression ait été une tentative de meurtre. Or, Elio était conscient d'avoir été victime d'une menace et de rien d'autre. Il aurait été facile pour le masque de l'occire. Vraiment très facile. Et s'il n'en avait rien fait c'était que la motivation était ailleurs. En conséquence de quoi, le soupçon apparaîssait légitime.
Une autre raison aussi, faisait qu'Elio se défiait de di Lorio. Ce dernier connaissait-il le motif qui le poussait à sortir chaque nuit ? Il ne pouvait l'exclure et si cela était, il ne faisait nul doute que l'aristocrate ferait tout pour empêcher ses recherches, voire les devancer.
Cependant ce fut d'une voix détachée qu'il reprit après un silence
.

"Maître Barrozi ne saurait tarder, il regardera votre main et il serait bon que vous lui donniez la raison de cette blessure afin qu'il fasse au mieux."
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Gabriella Delmonti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleVen 9 Mar - 16:48

Bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à ce que Luciano obéisse sagement et s'en aille sans protester. C'eut été trop beau. Gabriella soupira et leva les yeux au ciel. Cet homme était réellement détestable ! Il ne tenait aucun compte des désirs des autres, même pas ceux du prince ! Blessé de surcroît ! Non vraiment c'était intolérable. S'il ne se décidait pas à s'en aller, tant pis, elle le toucherait. Il n'allait pas apprécier, c'était sûr, mais elle serait obligée de le prendre par le bras pour le tirer à l'extérieur. Elle ne doutait pas un instant qu'elle n'aurait pas la force nécessaire contre la carrure de l'homme.

"Monsieur di Lorio, vous n'êtes pas le seul à vous soucier du rétablissement du Prince, savez-vous ?!" fit-elle remarquer, ne pouvant s'empêcher d'intervenir aux paroles grotesques du noble.

Elle soutint son regard alors qu'il se retournait vers elle pour lui ordonner de fermer la porte.


"Au contraire ! Vous le fatiguez à rester là alors qu'il ne souhaite pas de votre présence !"

Le regard de Gabriella se posa sur le prince, passant radicalement d'une expression exaspérée à un regard désolé. Il semblait qu'elle allait avoir du mal à le chasser de cette chambre et la jeune servante perçut le regard compréhensif du prince, ce qui la calma. Elle écouta d'un air totalement admiratif les paroles du Prince Elio envers le baron. Quel homme merveilleux !

Un mouvement dans le couloir attira son attention et les yeux de la servante s'agrandirent. Elle se retourna vers le Prince et s'inclina profondément.


"Monseigneur, Maître Barrozi va arriver d'une minute à l'autre, je vais l'accueuillir et le conduire jusqu'à votre chambre."

Elle se tourna vers Di Lorio et pointa un index menaçant vers lui.

"Et vous ! Vous sortez !"

[Couloir des appartements]
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Muzio Barrozi
Médecin
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleSam 10 Mar - 18:38

[Couloir desservant les Appartements Privés]

Le regard de Muzio glissa sur Elio, installé sur son lit et pâle comme la mort, et s'arrêta sur le deuxième homme présent. Il reconnut l'aristocrate que Gabriella avait surpris le matin-même à écouter à la porte du salon. Il lui attribua d'office un don pour se mêler des affaires des autres. L'hostilité était palpable dans la pièce. Le médecin s'inclina sur le seuil puis fit quelques pas vers le lit.

« Messieurs... »

Muzio ne savait trop que dire. Il ne pouvait se permettre un "Quoi, je vous retrouve ici, Monsieur le Prince ?". "Vous m'avez fait demandé ?" était stupide. "Vous m'avez désobéi, c'était très imprudent !", tout autant. Il commença donc par poser sa trousse au pied du lit. La présence d'un tiers compliquait tout, car Muzio ne savait pas dans quelle mesure il était informé. Son regard s'éclaircit en se fixant sur la tasse fumante qu'avait reposée le Prince.

« Ah, vous avez eu de l'écorce de saule, très bien. »

Il avait évité "Vous avez suivi mes prescriptions". Néanmoins l'indiscret inconnu devait s'être rendu compte qu'Elio avait été soigné une première fois.

Le regard exercé de Muzio avait dès son entrée remarqué la blessure à la main. Y avait-il un quelconque rapport... ? L'image lui vint soudain d'une plaie similaire... Raffaele di Grazziano. L'esprit de Muzio lui suggéra immédiatement un guet-apens, une bataille à demi-jour entre tous ces gens. Que diable s'était-il passé cette nuit-là ?

Cependant son blessé officiel avait, par son voyage, rouvert sa blessure. Quel évènement l'avait incité à revenir ? Ou qui, peut-être ? Trop de questions, trop d'incompréhensions se mêlaient dans la tête de Muzio, qui n'avait rien d'un caractère intrigant. Il revint au seul sujet qui pouvait lui garder les idées claires, et désigna le bandage défait:


« Depuis combien de temps êtes-vous comme cela ? »
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Gabriella Delmonti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleSam 10 Mar - 22:47

[Couloir desservant les Appartements Privés]

Gabriella avait poussé un soupir de soulagement quand le médecin lui avait assuré que Livia avait été discrète et que personne ne savait rien. C'est qu'il en allait de sa responsabilité. Le prince lui avait confié une mission et elle se devait de la réussir sans faille sans quoi elle perdrait ses bonnes grâces. Or, il était évident qu'elle était la seule à être parfaitement capable de s'occuper de lui comme il fallait, surtout en ce moment qu'il était blessé.

Surprise que la situation se renverse et que ce soit Maître Barrozi qui la prenne par le bras, Gabriella avait ouvert de grands yeux et avait écouté les paroles du médecin. Tous les ressorts de son silence ? Mais il s'agissait de la santé du prince tout de même ! Il n'y avait rien de plus important.

Elle avait louché un peu en regardant l'index de Muzio qui s'agitait devant son nez.


"Réprimander le prince ? Vous n'y pensez pas !" s'était-elle exclamée, plus surprise qu'autre chose.

Cette réponse lui fit alors comme un déclic mais déjà le médecin entrait dans la chambre.


"Psst, attendez ! Cela veut dire qu'il était avec quelqu'un d'autre ? Vous ne l'auriez pas laissé seul ! Maîtreuh !"

Gabriella trépigna sur place et entra à son tour dans la chambre. Il fallait savoir qu'une Gabriella frustrée était tout autant destructeur qu'une Gabriella en colère. Et quand les deux sentiments s'additionnaient, c'était encore pire. Voyant que Luciano n'avait pas bougé d'un millimètre, Gabriella s'approcha de lui et lui empoigna le bras pour le tirer vers la porte.

"Il faut laisser Maître Barrozi faire son travail et le prince se reposer ! Monsieur, je ne vous demande plus de sortir, je vous y oblige !" dit-elle en le tirant vers la porte, rougissant sous l'effort.

"Maître, si vous avez besoin d'aide pour quelque chose, n'hésitez pas à m'appeler, je ne serai pas loin."
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Luciano di Lorio
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Luciano di Lorio


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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleDim 11 Mar - 22:44

S’il occulta entièrement les paroles ou les gesticulations de la domestique écervelée, Luciano porta plus d’attention à celles d’Elio. Il n’avait pas pris à la légère la menace de renvoi de la veille. Même en demeurant à Venise, il ne pourrait mener à bien sa mission s’il était exclu du palais. De plus, abandonner le fils d’Andrea dans un état aussi critique était inadmissible. Il était évident que la volonté du patriarchie Adorasti ne trouvait aucun écho chez le jeune Prince, déterminé à asseoir son autorité sur sa Maison. Il jaugea celui qu’on lui avait chargé de garder, le doute s’insinuant momentanément dans son esprit. Andrea avait-il eu tort de mésestimer sa propre chair? C’est ce qu'il lui faudrait trancher.

Pour l’instant, toutefois, il était impératif de ne pas agiter le malade outre mesure, ni de se voir contrarié pour une simple investigation de routine. L’heure n’était pas à la confrontation, pas tant que son adversaire se trouvait ainsi souffrant. Il n’aurait aucune objection à démontrer à la progéniture d’Andrea toute l’ingratitude dont elle pouvait faire preuve, mais il devait avant garantir que cette même progéniture survive à la taillade qu’on lui avait infligée.

« La fin justifie les moyens, mon Prince. Cela, vous êtes à même de le comprendre, puisque c’est de ce précepte dont on a usé pour attenter à votre vie. Je n’ai pas pour habitude de rendre des comptes à quiconque, sauf bien entendu à votre père, mais parce que je me trouve sous votre toit, je vous serai obligé tout comme je l’ai été envers votre prédécesseur. Bien que, jusqu’ici, je me sois restreint à un rôle d’observateur, je puis agir en qualité de conseiller, si vous considérez que mes avis puissent vous être de la moindre utilité, proposa-t-il presque plaisamment. Je ne vous demande aucune prérogative car, comme vous avez pu le constater, je sui fort aise de me les octroyer moi-même, poursuivit-il avec une pointe d’ironie. Sachez seulement que toujours, je n’ai œuvré que pour votre bien et celui de votre famille, quels qu’en aient été les moyens pour y parvenir. »

Il suivit le regard de son interlocuteur jusqu’à sa main, toujours enrubannée dans son mouchoir ensanglanté. L’évocation d’un animal l’amusa grandement, mais c’est avec une parfaite réplique d’humilité qu’il affirma :

« Cette légère coupure est sans grande conséquence comparée à votre estafilade, mon Prince. Je songerai tout de même à consulter Maître Barrozi, s’il dispose de quelques instants après s’être chargé de vous. »

Peu enclin à révéler les circonstances exactes où il avait acquis cette entaille, il se contenta d’une réponse ni tout à fait véridique, ni tout à fait fausse :

« Elle m’a été causée par un jeune chat. Une fort belle bête de pure race, dont j’ai pu apprécier les caresses comme les morsures. »

Ayant obtenu sa réponse, l’aristocrate ne put qu’attendre la venue du médecin, ses pensées le menant tout naturellement vers l’éphèbe écarlat du Florian. Où était-il à présent? Avait-il rejoint sa famille, tel qu’il en avait exprimé l’intention? Ou cela n’avait-il été qu’un prétexte pour réclamer son dû? Le fantôme d’un sourire éclaira sa figure à l’idée du garçon, grondé pour sa mise peu soignée, méfait si insignifiant parmi sa kyrielle de la matinée. D’instinct, ses doigts se refermèrent autour du lien de soie chèrement gagné pour s’assurer qu’on ne le lui avait point subtilité. Il entendait possiblement d’échanger ce bien contre une vertu dont il doutait de la pureté… à moins bien sûr qu’il n’y ait rien à troquer et qu’il n’y ait qu’à prendre ce qui lui serait délicieusement offert. Aucune de ces deux perspectives n’arrivaient à lui déplaire, il saurait tirer parti de la situation, si celle-ci se présentait.

Comme il aurait voulu posséder ces mêmes certitudes quant au sort de l’héritier Adorasti. Fort heureusement, Elio était encore jeune, ses blessures pourraient guérir plus aisément, mais combien de temps lui faudrait-il garder le lit? À en juger par sa pâleur, son mal n’avait rien de bénin. Lui serait-il possible de feindre une parfaite santé? Un Prince convalescent signifiait une Maison affaiblie, pratiquement laissée à elle-même tout au long de la période de rétablissement. Que de tumulte se profilait déjà pour les prochains jours… Le noble les avait su inévitables et s’était engagé en toute conscience à veiller sur les intérêts de la Ca’Adorasti, mais cette connaissance de cause ne les rendait pas plus agréables. D’autant plus que les yeux à l’éclat tantôt malicieux tantôt métallique, le parfum délicat, le rire clair, le contact enivrant, le goût exquis de la bouche de son nouveau protégé le tentaient comme rares avaient réussi à le faire jusqu’alors. Obligations et plaisirs n’auraient – plus que jamais – été aussi difficiles à concilier et, pour peu, il se serait rangé de l’avis de son favori pour préférer les plaisirs aux obligations.

Son regard se posa sur le jeune homme de qui on exigeait tant et, une fois de plus, il lui vint à l’esprit que s’il n’y avait eu Elio, son dilemme oscillant entre plaisir et obligation aurait été résolu. Bien sûr, c’était une pensée absurde qu’il chassait avec agacement chaque fois qu’elle survenait à lui, après tout, il aurait immanquablement été exposé à d’autres contraintes qui lui auraient imposé d’autres choix. Mais, pourtant, malgré ce raisonnement d’une logique implacable, il ne pouvait faire taire cette voix pernicieuse en son for intérieur qui lui soufflait que sans Elio, Andrea et lui auraient pu… Il pinça des lèvres, balayant ces réflexions insensées d’un revers de main. On attribuait la folie à la jeunesse et la sagesse à l’âge, mais il était de ces folies dont seule était capable l’âge. Se perdre en vaines spéculations au sujet du passé en faisait partie, tout comme désirer modifier le cours du temps. Il lui faudrait faire preuve de prudence. Rien n’était moins certain que Raffaele Scaligeri et ses loyautés. L’attrait du jouvenceau n’était pas sans danger… ce qui le rendait autrement séduisant.

Ignorant les sommations hystériques de la petite bonne, Luciano demeura près du lit, patientant jusqu’à l’arrivée du chirurgien. Piqué par la curiosité, il s’approcha du souffrant et, sans se soucier des protestations qui s’élèveraient sans doute, écarta du bout des doigts les pans de sa chemise pour examiner l’ampleur de la balafre. Sa bouche se tordit en une grimace, il aurait espéré la taillade moins profonde. Avant qu’il n’ait pu émettre tout commentaire, Maître Barrozi faisait son entrée dans la pièce. Le noble le détailla rapidement pour retenir de lui une impression favorable. Plus favorable, du moins, que celle qu’il avait immédiatement eue de Treviano. Voir l’homme déjà attelé à sa tâche amoindrit de moitié ses inquiétudes, la diligence lui apparaissant comme une qualité dans pareille situation.

« Monsieur, je vous remercie d’avoir pu vous déplacer si promptement. »

Soudainement saisi par la servante blonde, qu’il avait à nouveau à demi oubliée, on tenta de l’entraîner vers la porte sans ménagement. Il jeta un coup d’œil interloqué à la jeune fille, concevant avec peine qu’une domestique puisse se comporter aussi cavalièrement avec l’un des hôtes de son maître. Si le geste ne portait pas fruit, la roturière étant trop faible pour le forcer à la suivre, il n’en était pas moins inexcusable.

« Vous ne m’obligerez à rien, » énonça-t-il d’un ton glacial.

D’un geste sec, il dégagea son bras de la poigne maladroite qui l’entravait, ajoutant avec la même hauteur :

« Surtout pas de cette manière. »

Se tournant vers le fils d’Andrea, il s’inclina brièvement, le dévisageant froidement alors qu’un sourire lent lui montait aux lèvres :

« Ai-je été en mesure de vous instruire suffisamment, mon Prince, afin que je puisse à présent vous abandonner entre les mains expertes de Maître Barrozi? »
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleLun 12 Mar - 17:30

Bien évidemment di Lorio ne bougeait pas. Il restait planté là, raide et inutile alors même qu'on lui ordonnait de se retirer.
Le regard d'Elio se posa un instant sur la petite servante qui annonçait la venue du médecin tout en tentant de faire sortir l'importun. Il aurait ri de ses efforts s'il n'avait pas été aussi mal. Il aurait ri, mais son rire n'aurait pas été sarcastique.
Il s'étonnait qu'elle lui soit à ce point dévouée, à ce point préoccuppée de son bien-être. Une servante. Qui aurait du plus s'inquiéter de ses gages et d'avoir sa soirée pour le bal que des soins apportés à son maître. Une simple servante. Alors que son épouse ne lui montrait qu'indifférence. Elle était bien jolie cette Gabriella et il se prit à sourire, combien de maîtres à sa place se seraient laissés aller à des amours ancillaires, faciles et sans conséquences. Il secoua légèrement la tête, perdait-il l'esprit à penser à telles choses ?

Le regard d'ambre revint sur di Lorio dont les phrases s'enroulaient, mélodie hypnotisante et lui arrivaient en un flot ininterrompu dont par instant le sens lui échappait. Il eut du mal à reconnaitre la voix lasse qui s'échappa de ses lèvres. Etait-il si affaibli que sa voix soit à ce point rauque ?


"J'ai déjà pu apprécier vos bons soins et l'intérêt dévoué que vous témoignez à ma famille, Monsieur di Lorio. Il me semble que je saurai tout à fait m'en passer et cela plus vite que vous ne l'espèrez. Et veuillez m'épargner vos affabulations animalières."

La lassitude augmenta d'un cran et la voix baissa d'autant.

"Je comprends que le son de votre propre voix vous enchante mais elle ne ravit que vous. Aussi, je vous prierais de me faire la grâce d'aller chanter ailleurs, vous me lassez."

Voilà, c'était dit et que le baron s'emporte ou non lui était indifférent. Il ferma les yeux, signifiant par là qu'il n'en entendrait pas plus. Mais l'homme, en un geste tout à fait inconvenant et familier, relevait sa chemise pour voir sa blessure. La voix séche du prince claqua comme un coup de fouet tandis qu'il se redressait, le regard étincelant.

"Je vous défends de me toucher ou de m'approcher ! Sortez ou je vous fais jeter dehors par mes gens ! Votre superbe en sera à coup sûr fortement rabaissée et vous pourrez alors retourner gémir de mon ingratitude dans les bras de mon père !"

Les mots résonnaient encore quand le médecin fit son entrée dans la chambre. Enfin. Elio se laissa retomber sur les oreillers, mais ses poings serrés montraient à quel point la présence de l'aristocrate lui était intolérable. Il s'efforça de respirer calmement, tout autant pour enrayer la douleur que pour offrir à Barrozi une réponse intelligible à ses questions.

"La blessure s'est ouverte quand je me suis allongé. Gabriella a pris soin de nettoyer ce qui pouvait l'être, malheureusement rien ne m'est revenu à l'esprit que l'écorce de saule."

Il se retint de jurer en voyant la petite servante lutter avec le baron. Cette nouvelle comédie était de trop. Sa main levée atteignit le cordon qui pendait à la tête de son lit. Puisque l'homme refusait d'entendre raison et se permettait de revenir se pencher sur lui, les valets de pied se chargeraient de lui montrer sa place. Avant de s'abandonner aux soins prodigués par le médecin, il sourit à la servante, la dégageant de l'ordre précédent.


"Laissez Gabriella. Ayez plutôt la gentillesse d'aller vous informer du retour de Monsieur Cappare, je l'attendais dans la journée. Vous le mettrez au courant de mon indisponibilité passagère. Voyez aussi au mieux pour que mes hôtes se sentent les bienvenus, et faites leur savoir que je les verrai plus tard dans la journée."
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Muzio Barrozi
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleSam 17 Mar - 20:18

La tension n'était plus seulement palpable, elle était visible.

Muzio avait observé, surpris, les efforts désespérés de la jeune servante pour tirer l'aristocrate hors de la pièce. Il s'était défendu d'intervenir dans quelque sens sans connaître explicitement la volonté du Prince, et s'était donc contenté de répondre à Gabriella:


« Très bien, je vous remercie. »

Bassine d'eau, linges, trousse. Cela suffirait pour le moment.
Il ouvrit son sac tandis que l'indiscret et le Prince échangeaient quelques amabilités. Il releva néanmoins la tête lorsque la respiration sifflante d'Elio et ses poings crispés l'avertirent de la situation. Muzio avait cette disposition d'esprit et d'âme, qui lui faisait considérer chacun de ses patients avec bienveillance tant qu'il le soignait. Ainsi aurait-il pris autant de soin à s'occuper du voleur que de l'homme pieux. Selon lui, mais sans qu'il n'y ait réfléchi vraiment, les crimes s'effaçaient devant la souffrance, et s'il réprouvait le comportement d'un homme, il ne condamnait jamais un blessé.

Bref, tout cela pour dire que si Elio ne lui paraissait pas à l'abri de tout soupçon, à cet instant Muzio était tout dévoué à sa cause. C'est dans cet esprit qu'il se retourna vers Celui-qui-écoutait-aux-portes:


« Je vous remercie de la confiance dont vous m'honorez, Monsieur, et à cause de cela je vous prierais de bien vouloir respecter la volonté du Prince. »

A savoir, quitter la pièce. Bon, Elio avait tiré le cordon magique. Muzio accorda un salut bref à l'aristocrate et revint au Prince.

Le médecin prit l'un des linges apportés par Gabriella et le mouilla. Il termina de nettoyer les bords de la blessure, comme l'avait commencé la servante, puis inspecta soigneusement l'intérieur de la plaie. Il retira délicatement quelques fils incrustés, qui commençaient déjà à coller à la peau abîmée. Lorsque la plaie lui parut irréprochable - si une plaie peut paraître irréprochable -, il se saisit d'une aiguille dans sa trousse, et la passa dans la flamme de la bougie posée à proximité. Si beaucoup de ses condisciples riaient de cette habitude, Muzio avait le sentiment que ce n'était pas inutile. D'ailleurs, l'aiguille chauffée pénétrait mieux dans la chair.


« Vous êtes prêt ? Arrêtez-moi si jamais... enfin, quand vous le voulez. »

Il avait laissé la tresse de tissu utilisée le matin-même non loin d'Elio. N'en déplaise à Graziella Rivieri. Il s'était rincé les mains, puis avait commencé à recoudre doucement. Les bords de la plaie se déchiquetaient, obligeant à davantage de doigté encore. Attentif au moindre mouvement du Prince, il remonta lentement. Après quelques minutes, il coupa le fil restant et déposa son matériel dans la bassine tout en se rinçant les mains abondamment.

Son regard, duquel toute interrogation avait été chassée, remonta dans celui du Prince.


« Il vous faut du repos, Monsieur. Je suis sérieux. Voulez-vous de la glace ? »
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Gabriella Delmonti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleDim 18 Mar - 22:13

Le geste sec que fit Luciano pour se défaire de son étreinte forcée sensée l'obliger à se diriger vers la sortie de la chambre, manqua lui faire perdre l'équilibre, mais Gabriella se rattrapa de justesse en agitant les bras. Peut-être agissait-elle trop cavalièrement pour sa condition mais l'attitude de Di Lorio était parfaitement inadmissible. On aurait dit qu'il se complaisait dans le fait de gêner le prince et de l'importuner par sa présence non désirée, tout en l'abreuvant d'un flot de paroles faussement courtoises. Pour peu, Gabriella lui aurait sauté à la gorge tel un petit chien hargneux voulant défendre son maître à tous prix. Heureusement qu'elle n'aperçut pas le regard compréhensif et le sourire doux du prince qui la regardait à ce moment là car c'était très certainement ce qu'elle aurait fait.

Mais le prince lui-même mettait fin à cette situation insupportable en tirant le cordon situé au-dessus de son lit. D'un coup d'oeil averti elle le vit tirer deux fois le cordon ce qui signifiait qu'il appelait des valets. Un coup de sonnette, une servante venait, deux coups, c'était les valets. Un sourire discret vint s'afficher sur le visage de Gabriella, s'imaginant Di Lorio se faire sortir en grande pompe de la chambre du prince. Pour sûr, son honneur allait en prendre un coup.

Son regard de nouveau inquiet se posa sur le prince lorsqu'il s'adressa à elle. Il souriait malgré le fait qu'elle ait échoué à sa mission : faire sortir Luciano. Mais sa bonté d'âme lui faisait comprendre qu'elle avait tout tenté et c'était pour ça qu'il lui souriait. Quel homme merveilleux.


"Oui, tout de suite Monseigneur." répondit-elle en s'inclinant de nouveau. Elle reviendrait s'assurer de son bien-être un peu plus tard.

Gabriella lança un dernier regard noir à Luciano et sortit de la chambre. Elle croisa un peu plus loin dans les couloirs quatre valets se dirigeant vers les appartements du prince. Haaa dommage qu'elle ne puisse voir ça !


[Le Grand Hall - Les Escaliers]
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Luciano di Lorio
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleLun 19 Mar - 5:30

Invectivé suite à sa gracieuse proposition, Luciano songea avec philosophie qu’à tout le moins, Elio possédait encore assez de force pour user de sa langue acérée. Bien sûr, l’aristocrate ne s’était pas attendu à être reconnu pour ses bons et loyaux services envers la Ca’Adorasti. Il n’avait jamais reçu de réelle gratitude que de la part d’Andrea. Son fils n’était toujours pas apte à mesurer l’ampleur de ce que le baron avait réalisé pour lui assurer la meilleure des éducations et préserver sauf l’honneur de la Maison qu’il dirigeait désormais. Le garçon avait été trop gâté par son géniteur, au point que lorsqu’on contrariait le moindrement ses désirs, ce qui avait été fait pour son bien était confondu pour des actes malveillants… En dépit des années et de la sagesse qu’elles auraient dû lui apporter, il persistait dans sa rancune puérile alors que le noble ne s’était efforcé, comme à l’habitude, que d’éliminer les obstacles entravant la voie du jeune héritier.

Cavalièrement invité à prendre son congé, il exécuta une dernière révérence avant d’énoncer d’un ton froid :

« Croyez-moi, mon Prince, il me tarde autant de retourner gémir dans les bras de votre père que vous de me voir quitter cette demeure. Malheureusement, j’ai bien peur que nous devrons tous deux prendre notre mal en patience jusqu’à ce que nos tâches respectives aient été accomplies. »

Saluant le médecin d’un signe de tête poli, il tourna les talons pour abandonner le blessé aux bons soins de Maître Barrozi, s’éclipsant avec moins de précaution qu’il n’avait démontré pour faire son entrée dans la chambre. Croisant les valets qui débouchaient du couloir pour répondre à l’appel de leur maître, il les renvoya au commun d’un geste de la main.

« Ce ne sera pas nécessaire, Messieurs. »

Avec le sentiment de s’être acquitté de ses devoirs, il descendit les escaliers pour se joindre à la mêlée, réunie au grand salon.

[Le Grand Salon]
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMer 21 Mar - 20:04

Enfin.
La petite servante, ayant terminé son office s'était retirée, bientôt suivie par le baron, qui préférant sans doute éviter l'humiliation de se voir reconduire par les valets, était sorti de lui-même.
Elio n'avait pas relevé les dernières paroles de l'aristocrate. Il le savait obstiné et de mauvaise foi, il le savait aussi particulièrement imbu de la confiance que lui accordait Andrea. Il avait eu tort de le prendre de front, il en était conscient, mais la situation était particulière et la douleur avait obscurci son esprit.
Le médecin put alors commencer les soins sans être géné par qui que ce soit.
Bien que la souffrance occasionnée fut lancinante, Elio s'évertua à ne faire aucun mouvement qui puisse géner le praticien. Il voulait être sur pieds rapidement et le meilleur moyen d'y arriver était de laisser Barozzi faire ce qu'il fallait.
Le prince ne desserra les dents que lorsque le médecin laissa tomber ses instruments dans la cuvette, sa voix était enrouée
.

"Je vous remercie d'être venu au plus vite alors que vous étiez retenu à déjeuner, Maître. Je prendrai tout le repos nécessaire à un rétablissement que je ne compte pas freiner par des actions inconsidérées. Je dois cependant, comme vous vous en douter, m'occuper de celles de mes affaires que je ne puis déléguer ainsi que de la bonne marche de cette maison."

Il sourit, son corps se décrispait et il se sentait déjà mieux.

"Je suis de constitution solide et cette blessure n'est pas la première."
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Muzio Barrozi
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleVen 23 Mar - 23:34

Muzio avait fini de nettoyer ses intruments et les essuyait soigneusement. Une aiguille rouillée n'était guère utile. Il releva la tête à la fière réplique du Prince, et ses yeux sourirent:

« Il suffit que ce ne soit pas la dernière, alors. »

Il déplia ensuite les linges restants, et choisit le plus long.

« Je vais vous faire un bandage moins serré. » annonça-t-il en commençant à l'arranger. « Car je ne suis pas dupe, vous ne resterez pas allongé bien longtemps... »

Il resserra le tissu autour du torse d'Elio et acheva le bandage. Le Prince pourrait évoluer plus à l'aise, mais la plaie restait comprimée.

« Voilà. Avez-vous toujours mes recommandations ? Je vais vous les copier, si vous me permettez de vous emprunter votre bureau... »

Il fit comme il disait, et consigna de nouveau les remèdes qu'il prescrivait. Lorsqu'il retourna près du lit, il remarqua que le Prince semblait fatigué même s'il reprenait un semblant de couleur. Il enveloppa ses intruments, les rangea dans sa trousse et referma cette dernière. Il récupéra son manteau qu'il avait déposé sur un fauteuil pour opérer.

« N'hésitez pas à faire appel à moi pour quoi que ce soit. »

Il s'inclina brièvement, posa encore une fois le regard sur ces yeux mystérieux, et prit congé.

[Le Couloir desservant les Appartements Privés]
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Leandro di Ascani
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMar 10 Avr - 1:14

[L'Embarcadère]

"Arrière, chiens, ou je vous embroche tous autant que vous êtes!"

Décidément, il y avait sol plus hospitalier que le sol vénitien! Leandro ne s’était pas attendu à être reçu à bras ouverts, mais certainement pas non plus avec une brique et un fanal.
On s’était d’abord refusé à lui ouvrir la porte, puis après ses menaces de la défoncer ou de faire sauter le fermoir d’une balle de plomb, on avait daigné l’entrebâiller.
Assez pour qu’il puisse glisser son pied, et ensuite une jambe et un bras en poussant un peu, et finalement son corps entier en exerçant une plus forte pression contre le montant de bois.

Il avait tout juste eu le temps de laisser tomber malle et ballot contre le parquet du hall qu’il se retrouvait confronté à une domestique furieuse et deux valets de pied rameutés par ses appels à l’aide. Le corsaire avait tenté en vain de s’expliquer, mais chacune de ses paroles était accueillie par de véhémentes sommations de quitter les lieux.
Perdant patience, il avait tiré sa lame hors de son fourreau, geste qui imposait d’ordinaire un silence bienvenu. Tel qu’il l’avait espéré, il put répéter qu’il était attendu par son ami de longue date, le Prince Elio Lacryma Adorasti, oui, oui, ami de longue date, le Prince, oui. En dépit de l’expression sceptique de ses interlocuteurs, il put apprendre que le Prince était absent et que même s’il s’était trouvé au palais, il n’aurait indéniablement pas permis qu’un vagabond s’invite dans sa demeure.

À ce point de la discussion, l’exaspération de Leandro avait atteint son comble et il se dirigeait par lui-même vers les escaliers, pressentant qu’il y repérerait les appartements d’Elio. Tenant en respect les laquais et la servante, à présent hystérique, il s’était rendu jusqu’à l’étage, dos au mur et épée brandie. Il s’était incliné devant deux autres membres de la maisonnée ou, plus précisément, une délicieuse jeune fille en train de sermonner vertement son cadet, offrant à leurs regards interloqués un sourire radieux.
Une fois dans l’interminable couloir, le navigateur avait jeté un coup d’œil dans chaque suite, en quête de celle de l’héritier Adorasti. On lui avait enfin indiqué laquelle était de son intérêt quand un valet avait couru pour faire rempart de son corps devant une porte bien précise.

Un grondement féroce doublé de quelques moulinets de sa rapière avaient suffi à le faire décamper et, satisfait, l’homme s’introduisait dans la chambre d’Elio.

Barricadant la porte à l’aide d’un fauteuil, stratégiquement coincé contre la poignée, il se retourna pour trouver la pièce à demi-plongée dans la pénombre, les rideaux tirés et celui qu’il désirait voir étendu dans son lit. La surprise se peignant sur son visage, il s’avança prudemment pour lancer :


"Et bien, mon capitaine, je n’avais pas pour souvenance que vous pratiquiez le rite ô combien agréable de la sieste! Cette satanée cité serait-elle déjà parvenue à bout de vos forces alors que moi-même n’y suis pas arrivé? J’en serais gravement offensé… quoiqu’avec la valetaille caquetante sous votre égide, je puis comprendre votre épuisement!"

Remarquant la pâleur du Prince, son ton s’adoucit quand il s’agenouilla à ses côtés, cherchant du regard ces inoubliables prunelles d’ambre.

"Elio? Tu es blessé?"
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMar 17 Avr - 3:49

Le médecin s'en était allé. L'effet des soins qu'il avait apporté à son patient se faisaient à présent sentir et le prince ferma les yeux. Dans le silence de sa chambre plongée dans la pénombre des tentures, il laissa son esprit vagabonder tout en s'assoupissant. La douleur avait beaucoup reflué et ne restait à présent qu'une immense lassitude qui l'écrasait. Il avait l'étrange impression de ne plus faire qu'un avec le matelas de laine cardée, de s'y enfoncer, son corps devenu plus lourd que le plomb.

Il était au bord de basculer quand un vacarme provenant du couloir par delà la double porte le rappela à lui. Un grondement lui échappa. Allait-on jamais le laisser en paix ! Il commença à regretter de n'être pas resté plus longtemps Calle Galante. Révait-il ? Voici que l'on forçait sa porte !
Il voulut se redresser mais le mouvement qu'il fit lui envoya un coup de lance qui lui transperça le côté, le laissant suffoquant. L'intrus déjà bloquait la porte d'un fauteuil et s'avançait à grands pas, dans la pénombre, Elio ne pouvait distinguer clairement son visage. cependant, quelque chose de chaloupé dans la démarche ne lui était pas inconnu.

La voix vint à bout de ses derniers doutes et l'homme déjà agenouillé à coté de son lit était bien celui auquel il pensait. Le regard agrandi de stupeur, il réussit à articuler après un long silence estomaqué
.

"Leandro di Ascani ! Vous ? à Venise.. Chez moi ?"

L'espace d'un moment, le haut lit sculpté sembla occiller. Reminiscence soudaine d'un ancien tangage. Il ferma les yeux, l'odeur de poudre à canon, de bois détrempé par l'eau salé et de sang le submergea.

"Faut-il que vous soyez bien dans l'embarras pour vous présenter ici.. Vous disiez que Venise était le dernier lieu où l'on vous verrait jamais, pour votre bonne santé."

Il sourit, et un éclair d'or étincela sous les paupières qui se relevaient lentement.

"Vous aviez raison en quelque sorte.. Il semble que cette cité ne soit bonne pour la santé de personne en définitive."
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Leandro di Ascani
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleSam 21 Avr - 22:16

"Chez vous, mon Prince," répéta Leandro avec une révérence trop ostentatoire pour être sincère.

Se redressant pour dévisager son interlocuteur, un sourire ravageur aux lèvres, il apprécia ce visage à peine altéré par la douleur et l’épuisement. Que de souvenirs, et non des moindres, lui étaient rattachés et ceux-ci étaient précisément ce pourquoi le corsaire se trouvait dans une ville dont il s’était lui-même défendu l’entrée. Il avait pu juger comme goûter à l’esprit et la volonté – son œil manquant pouvait en témoigner – de cet homme qu’il avait appris à estimer, à force de querelles et d’affrontements. Pour ce navigateur sans port ni attache, aucun lien n’apparaissait plus solide que celui qu’il avait noué avec Elio et le temps était à présent venu de le mettre à profit.

"À l’époque où j’ai déclaré cela, les vents m’étaient toujours cléments et les mers m’accueillaient à bras ouverts… ce qui n’est plus aujourd’hui le cas. Depuis nos aventures communes, la Fortune a étonnamment cessé de me sourire. À croire qu’un mauvais génie de votre connaissance m’aurait poursuivi de ses flèches afin de punir mes infidélités à son égard… Il aurait pourtant dû savoir que la parole des hommes de ma nature revenait au plus offrant."

Il s’interrompit brusquement comme ces conteurs qui, en aparté, confient un secret à leur auditoire avec un clin d’œil complice :


"Sauf en ce qui vous concerne, à n’en point douter, mon capitaine."

Et reprit aussitôt son récit sur le ton animé qui lui était propre, celui dont il usait pour narrer les fabuleuses histoires ramenées de ses périples dans les tavernes des bas-fonds ou au centre de ses hommes par une traversée interminable :

"Pour échapper aux foudres de notre ami commun, j’ai conduit mon équipage jusque dans des contrées merveilleuses que j’aurais aimé à explorer à vos côtés et sans doute vous vous y seriez plu vous aussi. J’y ai connu plus de femmes que je ne peux en compter, mais n’ai pu vous chasser de mes pensées, ô mon Prince."

À nouveau, sa bouche dévoilait deux rangées de perles qu’il n’avait dérobées à aucun marchand.

"Ainsi donc, j’ai cru bon de venir m’enquérir de votre santé en cette ville où on ne penserait pas à venir me chercher noise. Ai-je bien fait?" demanda-t-il, empruntant les inflexions d’un apprenti en quête de l’approbation de son précepteur. "Nos rôles sont inversés, à présent, n’est-ce pas? Vous êtes le maître à bord, cette fois, et c’est avec humilité que je vous offre mon bras – et non point ma tête, il n’y aurait pas grand-chose à en tirer! – et tout ce qui pourra bien s’accorder à la fantaisie de Sa Grâce, si celle-ci daigne considérer ma modeste personne digne de son service!"

Sa tirade se conclut à genoux, tel un chevalier à son adoubement, et il demeura immobile dans un silence recueilli jusqu’à ce qu’il ne puisse plus contenir le rire qui remontait irrépressiblement de sa poitrine. En un instant, il était de nouveau sur pieds et réduisait la distance qui le séparait de son interlocuteur pour atteindre une proximité absolument et divinement inconvenante :

"Et je peux t’assurer que dans la situation où elle s’est embourbée, ma modeste personne serait prête à cirer tes bottes, nettoyer tes cabinets d’aisance et dormir sur une paillasse en travers de ta porte pour te garder des scélérats qui voudraient attenter à ta vie..."

La malice pétillant dans son regard, il porta ses lèvres à l’oreille du Prince pour y glisser :

"À moins que Sa Seigneurie ne me découvre de plus grande utilité tout auprès d’elle."
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Elio Lacryma Adorasti
Prince - Ca'Adorasti
Elio Lacryma Adorasti


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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMer 2 Mai - 0:15

"Je me doutais bien que vous n'étiez pas ici dans le seul but de me saluer. Mais enfin.."Refermant les yeux, il se laissa voguer un instant entre terre et ciel, comme hésitant à s'abandonner à la fatigue qui de minute en minute se faisait plus insurmontable. ".. Je veux bien vous acceuillir et même, votre présence," un coup d'oeil incisif sous les paupières baissées "que j'espère discrète, me sera sans doute plaisante si tant est que vous ne fassiez pas état de la façon dont nous nous sommes connus, et je n'entends pas par là seulement les circonstances, mais je suis certain que vous me comprenez."

Espèrer une quelconque discrétion concernant Ascani tenait du voeu pieu et Elio en était conscient. Cependant, il savait sans en douter une seconde, que l'aventurier n'irait rien raconter qui puisse lui faire du tort sans une bonne raison. Et cette raison là, le prince n'était pas près de la lui offrir.

"Les rôles sont inversés, dites-vous ? Sans doute. Pourtant si je fus un temps à votre merci, vous semblez oublier que ce ne fut pas de mon grè."

Un sourire en coin étira les lèvres pales d'Elio, la situation et la personnalité fantasque du pirate l'amusaient. Il n'avait pas pensé le revoir un jour et certainement pas dans ces circonstances. Cependant, l'avoir à ses cotés alors que son état témoignait de l'hostilité vénitienne, lui serait plus qu'utile.

"Une paillasse.. quelle magnifique idée, je vais vous faire préparer cela. Mais comme je suis magnanime, je vous épargnerai les fers."

Le regard d'ambre pétilla tandis que l'homme se penchait vers lui.

"Quant au reste.. Disons que je me laisse le temps d'y penser, si vous le voulez bien. Après tout, comme vous le dites, vous êtes à ma disposition.. Je vous ferai savoir mes.. désirs, en temps et heure."
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Leandro di Ascani
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleLun 7 Mai - 5:15

Ayant reçu la bénédiction de son hôte, Leandro fut submergé par une vague de soulagement qu’il ne chercha pas à dissimuler à ce regard d’ambre par trop sagace. Les derniers mois en mer avaient été fort éprouvants et, si Venise n’avait rien d’Ithaque et Elio, trop de Circé, notre Ulysse se comptait déjà chanceux de ne point avoir péri en voguant sans cesse de Charybde en Scylla. Valait mieux attendre ici, à l’ombre des intrigues de salon, que la tempête s’apaise pour ensuite poursuivre son odyssée là où il l’avait interrompue.

"Je vous comprends tout à fait, mon Prince, et ne voudrais surtout pas gâcher la félicité de votre mariage ni ternir la réputation sans tache de la Ca’Adorasti par le récit trop détaillé de nos péripéties communes. Si on s’enquière de la raison de ma venue en ces lieux, j’invoquerai ce nom et ce titre que m’a donné mon père pour la justifier. Il faut bien que je leur trouve une utilité de temps à autre!"

Un bref éclat de rire ponctua sa dernière phrase. Dans l’univers rude de la piraterie, exhiber son rang revenait à se proposer comme appât pour ceux dont le commerce était d’enlever, puis exiger rançon à la famille fortunée de l’infortunée victime.
Léandre du côté des Français, Leander chez les Anglais, Leandro tant chez les Espagnols que dans son propre camp, le corsaire avait souvent omis de mentionner le di accompagnant Ascani. Ses quartiers de noblesse, il les avait conquis grâce au fil de son épée sur toutes les mers où il avait naviguées.


"Sauf votre respect et malgré toute l’estime que je vous porte, mon cher et tendre ami, je ne suis pas non plus ici de mon propre gré. Et je me permets de vous rappeler que s’il n’avait été de ma bonté légendaire – en d’autres mots, ma faiblesse envers toi – vous ne vous trouveriez pas ici aujourd’hui. J’ai cependant bon espoir que Sa Grâce fera preuve d’autant de clémence envers moi que j’ai pu démontrer avec elle… "Son sourire s’élargit à la moquerie et il enchaîna aussitôt : "… et me dispensera bel et bien des fers, un traitement que je ne lui aurai infligé qu’en dernier recours et qui entraverait grandement ma spontanéité à la défendre."

Incertain de l’accueil qu’on réserverait à sa fanfaronnade, l’aventurier fut agréablement surpris de ne pas être rabroué d’une riposte acerbe, puis jeté en dehors du palais à grand renfort de tambours et de trompettes.
Si le temps ou l’épuisement avait adouci le caractère de son interlocuteur, qui n’avait pas toujours été de nature aussi conciliante, il ne le saurait que bien assez vite. L’éclat qui faisait luire ces yeux dorés, en dépit du voile de la fatigue, lui faisait toutefois douter qu’on ait pu amenuiser la force d’âme de l’homme face à lui.


"Réfléchissez à votre aise et n’ayez nul doute que vos désirs sont et seront toujours des ordres, mon Prince. Quels qu’ils soient. Au temps et à l’heure qu’il vous faudra."

L’expression sur son visage ne permettait aucune ambiguïté, et de cela, il en était parfaitement conscient. S'inclinant à nouveau, il déclara sans ambages:

"D’ailleurs, dictez-moi votre premier commandement, que je puisse vous prouver ma bonne volonté et faire diligence afin d’accomplir la moindre de vos souhaits."


Dernière édition par le Jeu 24 Mai - 0:58, édité 1 fois
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMer 23 Mai - 20:28

Une moue plissa la bouche du prince et il détourna le regard.

"Il semble que nous ayons une approche différente en ce qui concerne les derniers recours que vous invoquez avec tellement d'à-propos."

La lassitude était évidente dans le ton de sa voix, non que la présence de son hôte lui soit pénible, mais la fatigue des soins qu'on venait de lui apporter lui pesait.

"Je souhaite prendre du repos à présent. Installez-vous, trouvez une servante, prenez vos aises, je vous verrai plus tard."

Il sourit en le regardant à nouveau puis d'un geste inattendu tendit la main pour saisir celle du corsaire qu'il serra brievement.

"Je suis heureux que vous ayez pensé à trouver refuge chez moi. Vous êtes le bienvenu, je ne sais si ceux que vous croiserez dans ces murs vous plairons, j'en doute, mais sentez-vous libre de vous méler à eux. Soyez-vous même, il n'est point besoin de comédie, rien de ce que vous ferez ne m'embarrassera plus que leur présence inopportune ne le fait déja."

Il ferma les yeux, signifiant par là que l'entretien était terminé, mais deux coups discrets frappés à la porte le firent soupirer.

"Puisqu'il est dit que je n'aurais pas le repos auquel j'aspire, allez voir de quoi il s'agit, je vous prie. J'espère que vous savez distinguer une urgence d'une broutille."
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Gabriella Delmonti
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleMer 23 Mai - 22:47

[Le Grand Hall]

Gabriella était montée sans tarder à l'étage, se dirigeant vers les appartements du prince Elio. Bien sûr, c'était ce qu'elle avait prévu de faire en temps normal pour s'assurer qu'il n'avait besoin de rien et qu'il se reposait comme il devait. Mais si elle s'était précipitée, c'était parce qu'on venait de lui annoncer une nouvelle qu'elle devait transmettre au prince au plus vite.

Arrivée devant les appartements d'Elio, elle fut surprise de voir un attroupement de valets et servantes devant la porte. Craignant que le prince se soit senti mal, elle s'était informée de la situation qu'une servante essoufflée s'était empressée de lui expliquer. Elle avait effectivement vu passer dans le hall un homme au drôle d'accoutrement pendant qu'elle 'discutait' avec Sole. Mais voyant qu'il était suivi par la même troupe qui se trouvait maintenant devant la présente porte, elle ne s'en était pas occupée et l'avait oublié.

Gabriella s'était alors frayé un chemin et avait collé son oreille contre le panneau. Elle avait entendu des voix, dont celle du prince. Tout semblait calme, pas de quoi s'alarmer.


"Bon ça suffit, retournez travailler sinon personne n'ira au bal ce soir, allez allez, hop !" avait-elle dit tout bas en agitant la main.

Gabriella avait replacé sa coiffe, lissé son tablier et coincé une mèche blonde rebelle derrière son oreille avant de frapper deux coups discrets. Elle tendit l'oreille et entendit qu'on déplaçait un objet de devant la porte, ce qui lui fit lever un sourcil. Le panneau s'ouvrit sur la fameuse personne qui avait tant perturbé les domestiques.

Gabriella jeta un rapide coup d'oeil vers l'intérieur de la pièce pour s'assurer que le prince allait bien et que tout était en ordre. Il s'agissait donc certainement d'une connaissance du prince qui manquait juste de goût en matière d'habillement. Cela dit, il était plutôt charmant, mais l'heure n'était pas à ce genre de considération. Elle aurait tout de même préféré qu'on laisse le prince se reposer tranquillement sans le déranger.


"Monsieur..." commença-t-elle.

"Je suis navrée d'interrompre votre entrevue... même si vous devriez laisser Monseigneur se reposer !" se permit-elle tout bas.

"Mais j'ai un message urgent et important à délivrer au prince Adorasti."

Elle tenta un autre coup d'oeil vers l'intérieur de la pièce. Ca la navrait de le déranger pour ça mais il devait être mis au courant.

"Il s'agit de son épouse... la princesse Bianca." dit-elle un peu plus fort pour être entendue du prince Elio.
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Leandro di Ascani
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MessageSujet: Re: La Chambre d'Elio   La Chambre d'Elio - Page 2 PerleDim 27 Mai - 8:00

Aucun commentaire mais aussi aucun remord ne suivit la remarque douce-amère de son interlocuteur. Il n’était pas dans la nature d’un pirate d’éprouver de regrets et sa culpabilité était celle que lui attribuait la justice et non sa propre conscience.
Pourquoi se mordre les doigts d’un méfait qui ne s’était soldé que par des bienfaits? Ce dernier recours avait-il véritablement été si pénible? Les moyens, assurément, justifiaient la fin.
Feindre le repentir aurait été une insulte envers l’intelligence d’Elio, Leandro tut donc certains souvenirs qu’il aurait été plus que malséant d’évoquer et se contenta d’un sourire entendu, qui fit savoir ce que sa langue se gardait bien d’énoncer.

Constatant à la lassitude du blessé que leurs retrouvailles touchaient à leur fin, le corsaire s’inclina pour une nouvelle fois, s’apprêtant à prendre son congé de son hôte si charitable.


"Soit, je prendrai mes aises avec l’une de vos servantes, bien installé à l’endroit qu’il lui plaira, puisque les ordres du Prince se doivent d’être exécutés," déclama-t-il, de l’air faussement douloureux de l’homme ployant sous la dureté de la tâche imposée.

Dérouté par le témoignage d’amitié que lui firent connaître ces doigts entourant les siens, il retourna le sourire qui lui était offert, cette fois sans moquerie aucune.


"J’ai conscience de la valeur de cet asile que tu m’accordes, sois en assuré, et je compte fermement te prouver toute ma gratitude en me montrant aussi utile que tu le fus pour moi, par le passé," promit-il, avec un clin d’œil.

Il recula d’un pas et reprit en mains malle cabossée et besace élimée.

"Je ne saurais être moi-même sans comédie, Votre Grâce, mais croyez bien que je saurai mettre ce vilain défaut à profit pour embarrasser ces importuns. Vous savez combien m’insupporte la discourtoisie!"

On toqua alors timidement à la porte qu’il avait pris soin de verrouiller. Le maître de maison lui confia le mandat de portier et, obtempérant de bon cœur, le navigateur repoussa le fauteuil devenu barricade pour entrouvrir les lourds battants de bois. Tel un diable à ressort, son visage rieur apparut dans l’embrasure alors qu’il lançait :

"Vous désirez…"

Son regard s’attarda sur la jouvencelle et c’est en grand connaisseur qu’il ajouta d’un ton suave :

"Mademoiselle…?"

Prêtant oreille à la demande qui lui était transmise, il la distingua de l’urgence pour la classer dans la broutille à l’ouïe du terme "épouse", la dernière tracasserie d’un homme doué de raison qui souhaiterait le moindre répit.


"En ma qualité de secrétaire du Prince, nouvellement promu à cet office, je vous informe que Sa Seigneurie se délassera dans les heures qui suivront et que nul – nul, est-ce bien clair? – ne doit troubler son sommeil, serait-ce pour lui annoncer que notre Seigneur Jésus Christ se trouve au palais et réclame d’être reçu avec les honneurs qui lui reviennent en tant que fils du Très-Haut."

La porte se referma dans un claquement sec… pour s’entrebâiller aussitôt.


"Et Elle vous ordonne de préparer la suite de son secrétaire, soit de ma personne, et spécifie qu’elle doit se situer non loin de ses propres appartements… et…"

Il fit mine de tendre l’oreille vers le lit où était étendu Elio pour recevoir des précisions supplémentaires quant aux instructions qu’il adressait à la domestique, faisant mine d'hocher la tête pour approuver ce qui lui était prescrit.


"Et il ajoute qu’il vous faudra prendre vos aises dans ma chambre et de patienter jusqu’à ce que je vous y rejoigne. Accompagnée d’une bouteille de rhum de qualité honorable. Le Prince vous remercie pour votre compréhension et votre diligence et s’attend bien évidemment à ce que ses directives soient suivies à la lettre. Au plaisir, ma chère, soyez sage dans l’attente de moi. Signé Vicomte Leandro di Ascani, scribouillard officiel du Prince Elio Lacryma Adorasti et, accessoirement, esclave dévoué à sa juste cause pour toujours. Amen."

Puisque jamais deux sans trois, il récidiva pour ajouter :


"Post-scriptum. Pas la peine d’apporter des verres, je ne suis pas vétilleux de ce genre de détails."

Les panneaux se rabattirent au nez de la jeune femme, pour de bon, cette fois. Faisant volte-face, l’amusement peint sur ses traits, Leandro s’adossa contre les élégantes boiseries et reporta son attention sur celui dont il s’était affirmé porte-parole.

"Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, mon Prince, c’était là cas flagrant de frivolité sans importance," affirma-t-il, débonnaire, ses mains décrivant un signe d’apaisement.

Confiant enfin son hôte aux bras bienveillants de Morphée, il exécuta un salut militaire, le talon de ses bottes claquant contre le parquet ciré.


"Et bien, mon capitaine, vos charmantes petites souillons m’apparaissent trop honnêtes pour que je ne me permette de prendre mes aises en leur compagnie. Plus tard peut-être, seront-elles en de meilleures dispositions envers moi. Je pars donc seul voir de quoi il retourne en cette cité, occire quelques mécréants, pourfendre un ou deux dragons, sauver des damoiselles en détresse et faire rayonner la gloire de mes exploits sur la Ca’Adorasti."

Une fois dans le couloir, il se tourna vers la femme de chambre pour lui remettre son coffre bosselé en guise de présent.

"Pour vous. Ne l’ouvrez surtout pas sans moi. Il contient des œufs de crocodile sur le point d’éclore et je ne voudrais pas manquer leur venue au monde."

Un dernier sourire et il dévalait les escaliers pour quitter le palais aussi cavalièrement qu'il y avait pénétré.

[Marché du Rialto]


Dernière édition par le Mar 29 Mai - 22:38, édité 1 fois
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