VENISE
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 Calle Bardini

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Muzio Barrozi
Médecin
Muzio Barrozi


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MessageSujet: Re: Calle Bardini   Calle Bardini - Page 2 PerleDim 12 Nov - 0:34

Muzio s'était arrêté lorsqu'elle le lui avait demandé. Il n'avait pas cette fâcheuse habitude d'attendre dos à son interlocuteur, et se retourna donc. La jeune femme se découvrit et il réalisa encore une fois combien les enfants étaient exposés au danger dans une ville telle que Venise. Car la sauvageonne n'était qu'une enfant. Une enfant que l'on appelait "Madame". Son mouvement de recul, puis son appel, ses excuses enfin... Mais que diable faisait-elle ici à cette heure ?!

La consultation vint plus vite que prévu. Un peu surpris de ce brusque revirement, Muzio jeta néanmoins un coup d'oeil au pied de la jeune fille, qui ne lui apprit rien qu'il ne sût déjà. Son regard remonta se poser sur le visage plongé dans l'obscurité. Il faudrait sans doute qu'il se fasse à l'imprévu que lui réservait la ville...


« En rentrant chez vous, » - il insista discrètement sur ces mots: les gardes patrouillaient et elle avait tout intérêt à réintégrer ses quartiers au plus vite - « mélangez deux cuillères d'huile d'olive et deux cuillères d'argile dans un bol, et ajoutez un peu d'eau. Appliquez cela sur les crevasses pendant une demi-heure, puis rincez à l'eau. Et essayez toujours de vous coucher les pieds parfaitement secs. »

Il marqua une pause, puis désigna les tristes chaussures et ajouta avec tact:

« Mais il faudrait songer à changer cela, l'hiver n'est pas fini... »
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Lena Ren
Invité




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MessageSujet: Re: Calle Bardini   Calle Bardini - Page 2 PerleDim 12 Nov - 15:16

Il faut bien avouer que Lena fut soulagée lorsqu'elle vit le médecin s'arrêter, puis lorsqu'il se mit à lui répondre. Elle s'approcha alors un peu plus afin de mieux entendre ce qu'il lui dirait. Elle eut comme un faible sourire désolé lorsqu'elle l'entendit dire "en rentrant chez vous". Chez elle, elle y était déjà, en quelques sorte. Lena n'avait pas de chez elle à proprement parler, sa maison c'était la rue en quelque sorte. Mais elle se garderait bien de dire cela au médecin, ne voulant qu'il en sache plus sur elle, ni qu'il s'appitoie sur son sort si cela faisait partie de son caractère. Toujours est-il que la jeune fille ne voulait pour rien au monde inspirer de la pitié à qui que ce soit, elle était beaucoup trop fière pour ça. Et même si c'était une saltimbanque, une petite voleuse, même si aux yeux de certains elle n'était qu'une moins que rien. Mais si certains pouvaient penser que ce n'était qu'une gueuse, Lena, elle, voulait rester digne, quoi qu'il arrive. Ainsi elle désirait simplement rester une jeune fille errant dans la rue au yeux de cet homme, rien de plus. Ajoutons aussi que Lena n'aimait pas trop se dévoiler, pensant qu'avec un simple nom on pouvait parfois savoir beaucoup de choses sur quelqu'un. Et puis comme le médecin ne lui demandait rien, autant ne pas lui dire. Une fois que le médecin eut fini son diagnostic, Lena resta silencieuse quelques minutes afin de bien graver dans sa tête tout ce qu'il venait de lui dire.

"D'accord, je ferai tout ce que vous venez de me dire."

Puis Lena vit que le médecin regardait ses chaussures, et ellefit de même. Lorsqu'elle entendit qu'il valait mieux pour elle qu'elle les change, elle se mordilla de nouveau la lèvre inférieure avant de relever la tête. Certes, il fallait qu'elle les change, pour en acquérir des plus chaudes et plus solides aussi, reste à savoir comment. Les voler peut être? Oui les voler, de toutes façons il n'y avait pas tellement de choix en la matière. Elle haussa les épaules puis dit:

"Oui... j'y songerai..."

Puis, aprés quelques nouvelles secondes de silence, elle dit.

"Et bien, je crois que je devrai vraiment partir maintenant...
Merci encore pour votre aide."

Lena jeta un dernier regard au médecin, accompagné d'un hochement de tête en guise de salut, puis tourna les talons, pour marcher, le plus rapidement possible, vers l'endroit où elle "vivait". Un quartier où vivent toutes les petites gens, ceux qui sont au plus bas de la hiérarchie sociale...

[Quartier de la Bouche d'Ombre: Ruelle de L'ancienne Tuilerie]


Dernière édition par le Dim 12 Nov - 23:05, édité 1 fois
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Muzio Barrozi
Médecin
Muzio Barrozi


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MessageSujet: Re: Calle Bardini   Calle Bardini - Page 2 PerleDim 12 Nov - 18:29

« Bonne nuit... »

Muzio regarda s'éloigner l'étrange jeune fille autant que sa vision peu nyctalope le lui permettait. Une silhouette encapuchonnée qui se pressait dans la nuit et dont il ne savait rien... Rien, sinon qu'elle était nerveuse et qu'elle aurait des crevasses aux pieds. Passionnant.

Le médecin étouffa un bâillement. La journée avait été longue et dense. Il était tard, il faisait froid, il n'y avait plus personne dans les rues. Bref, il était largement l'heure d'aller se coucher. Sans plus tarder, il franchit les quelques pas qui le séparaient de sa porte, en sortit la clé et s'engouffra chez lui.


[La Maison du Médecin - La Chambre de Muzio]
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Muzio Barrozi
Médecin
Muzio Barrozi


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MessageSujet: Re: Calle Bardini   Calle Bardini - Page 2 PerleDim 6 Mai - 17:48

[Quartier de la Bouche d'Ombre - Ruelle de l'Ours]

Muzio ne savait pas mentir. Il avait bien essayé, quand il était petit. Quand il revenait trop tard parce qu'il n'avait pas pris le chemin habituel, quand il avait mangé les mûres que sa mère attendait pour sa tarte, quand il ne s'était pas lavé parce qu'il faisait trop froid... Mais il avait arrêté. D'abord, il s'embrouillait souvent dans ses excuses. Et puis, sa mère semblait avoir un don pour détecter le mensonge, même lorsqu'il le jugeait parfait. Le regard déçu, simplement déçu, qu'elle lui adressait à chaque fois, avait fini par l'en dissuader tout à fait. Il avait solennement juré à la lune et aux étoiles qu'il ne lui mentirait plus. Les années avaient passé, mais Muzio n'avait jamais appris à mentir à quiconque. Le Padre Miacorni recevait ses confessions; le mensonge n'en faisait pas partie.

Tout cela pour dire que, lorsque Danilo entama son "Dites-moi, monsieur Barrozi...", Muzio sut qu'il allait falloir contourner plutôt que franchir l'obstacle. Quelque chose se raidit du côté de son estomac, mais il resta impassible, attentif aux moindres mots de son compagnon. La description du "bourreau" de Di Lorio faillit néanmoins lui arracher une exclamation. L'association avait été immédiate: Di Lorio était l'indiscret aristocrate, le bourreau... le benjamin Grazziano. Fichtre... Diantre !

Les deux hommes arrivèrent au bord du Canal, où ils s'installèrent dans une gondole, ainsi que Danilo l'avait souhaité. Le temps d'indiquer au gondolier leur destination, de monter, de s'asseoir, Muzio avait fait travailler ses neurones à plein régime, peut-être à son insu même.

Ainsi, lorsqu'ils furent en mesure de reprendre leur discussion, son délai de réponse ne pouvait que paraître naturel. Naturelle aussi l'attitude toute entière du médecin, qui à défaut de mentir savait composer la sérénité.


« Une charmante blessure, dites-vous ? » Sourire amusé. « Non je n'ai pas soigné de charmante blessure ce matin... Mais de toute façon, j'avoue que le charme des blessures me laisse assez... indifférent. » Re-sourire.

Bien évidemment, Danilo se demandait qui, à l'étage des Grands, avait pu consulter. Et bien évidemment, Muzio ne pouvait répondre, ni mentir. D'ailleurs l'inspiration pour tenter un prétexte lui manquait totalement. Les seuls patients qu'il aurait pu citer au hasard, un laquais ou une servante, ne logeaient pas au même étage.


« Ah vous savez, en hiver, on est beaucoup plus souvent appelé pour une vilaine toux que pour une blessure, si charmante soit-elle ! Le matériel que vous avez vu ne sert pas tous les jours, heureusement... »

Engager quelqu'un sur une fausse piste, suggérer un mensonge, ce n'était pas mentir, n'est-ce pas...

Il préféra ne pas insister au sujet de son patient Ca'Adorasti, et se reporta sur l'idée de Raffaele di Grazziano entaillant la main du baron - puisque baron était l'indiscret inconnu. Il avait caché l'identité du prince Elio, mais la même discrétion ne lui semblait pas indispensable ici. D'ailleurs... D'ailleurs, même s'il s'en voulut un peu de penser cela, l'idée de nuire au frère odieux des deux angelots ne lui paraissait pas vraiment immorale.
Leur guide fredonnait une comptine galante en ramant d'un air absent. Pas de danger de ce côté-là en tout cas.


« C'est amusant, la description que vous faites me rappelle un jeune homme croisé ce matin, tandis que j'étais invité à souper chez le prince di'Grazziano... » remarqua-t-il d'un ton léger.

La gondole s'était arrêtée à deux pas de chez lui, et il en descendit. Il déposa sa trousse sur les pavés et tendit une main à Danilo pour l'aider à le suivre.


« Son frère, je crois. »
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Danilo della Lonza
Gentilhomme - Ca'Adorasti
Danilo della Lonza


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MessageSujet: Re: Calle Bardini   Calle Bardini - Page 2 PerleLun 7 Mai - 23:59

[Quartier de la Bouche d'Ombre - Ruelle de l'Ours]

Esquive, feinte, retour en garde en ligne basse externe. Danilo n'avait pas espéré toucher son adversaire avec sa fente provocante, mais l'avoir amené à éviter de se frotter fer contre fer avait valeur d'aveu. Il y avait là quelque chose que le secret médical ne pouvait trahir. Bien, bien. Alors, qui? Elio, le grand disparu après lequel tant de monde cherchait? Mais comment aurait-il pu être là sans que Gabriella soit au courant? Bianca? Peut-être bien, en effet... Qui sait, un mari disparu pouvait provoquer des vapeurs. Mais qu'on lui ait assuré que Madame la princesse mangeait dehors au lieu de lui dire qu'elle se sentait mal et qu'elle ne pouvait pas le recevoir n'avait pas grand sens. Non, décidément, quelque chose n'allait pas. Peut-être qu'Elio avait attrapé la petite vérole en lutinant une servante ou une courtisane et qu'il cachait la honte de son mal dans l'intimité de sa chambre. Oui, c'était sûrement ça, pensa-t-il avec beaucoup d'amusement.

Il en était là de ses réflexions, toujours à conjecturer sans trouver quoi que ce soit de réellement convaincant -il était encore loin de se douter qu'un prince Adorasti pouvait recevoir un mauvais coup de lame au ventre en se promenant dans des ruelles que son rang devrait lui faire fuir- lorsque Muzio monta sur le quai tout en causant du jeune homme en rouge. Le musicien, qui s'apprêtait à son tour à débarquer, fut tiré des limbes de la réflexion par le mot Grazziano. Saisissant la main que le médecin lui tendait, il s'intéressa plus avant à ce que son interlocuteur lui disait. Puis, le mot fut lâché. Eminemment surpris, il répéta un peu stupidement, alors qu'il quittait la gondole par l'avant:


« Le frère du prince Gr... »

Il n'acheva pas sa phrase. Quelque chose n'allait pas. Il n'y avait rien sous son pied droit, ou du moins pas grand chose. Ou plutôt, il y avait eu quelque chose, quelque chose qui s'était défilé lâchement, refusant d'accepter le poids de son corps comme tout bon bord de canal qui se respecte. Bon, il en portait quelque peu la responsabilité, il est vrai. il aurait dû être plus attentif à l'endroit ou il posait le pied, au léger tangage de la gondole, au fait qu'il avait sa canne en main gauche, ce qui compromettait un peu son équilibre, à l'humidité visible du terrain qu'ils abordaient. Il aurait pu ne pas oublier que la gondole n'était pas tout à fait contre le quai. Mais tout de même, était-ce vraiment sa faute? Si Muzio ne l'avait pas troublé avec sa révélation tonituante sur l'identité du jeune homme qui intéressait tant le baron, si le jeune homme en question avait eu un rang plus en adéquation avec son comportement, s'il lui avait tout de suite dit son nom, si le gondolier avait poussé un tout petit peu plus sur sa perche, si son cordonnier faisait des semelles de meilleures qualité, Il n'aurait pas ainsi stupidement glissé au lieu de trouver appui. C'était le destin, oui, le destin et rien que cela qui avait joué contre lui. Non, il n'était pas coupable de sa chute.

La certitude de n'être pas en tord n'empêcha rien, cependant. Car on ne se retrouve pas impunément un pied sur une gondole, l'autre dans le vide et le poids du corps pesant entier sur la frêle embarcation. Il fallait forcément que l'on atteigne le point de rupture. Cela s'était joué à pas grand chose, somme toute, mais voilà, il chutait bêtement dans le canal. Il remarqua un peu tard qu'il n'avait pas lâché la main de Muzio.

Le reste, il ne le comprit pas très bien. Il se retrouva dans l'eau du canal, de cette belle eau qu'on préfère voir depuis une gondole que d'entrer en contact avec elle. Il se débattit un peu et sa tête creva la surface. Il eut envie de jurer, et un mot grossier lui vint, mais le temps qu'il se décide entre le prononçer en français ou en italien, il s'était envolé. D'ailleurs, c'était tant mieux, cela lui évitait maintenant de boire la tasse, alors qu'une fausse manoeuvre du gondolier affolé par la chute stupide de ses clients heurtait la tête du musicien et l'enfonçait de nouveau sous les flots.

Nageant tant bien que mal, car il s'était bien évidemment refusé à lâcher sa chère canne dans l'action, il rejoignit le bord du quai et s'y accrocha de la main droite. Remarquant que le médecin n'y était plus, il se retourna et le chercha des yeux. Car cette aventure étrange lui insiprait une réflexion étrange et pourtant fondamentale en cet instant précis: un disciple d'Hyppocrate, cela sait-il nager?



(P.S.: petite blague: qui trouvera quel auteur j'ai pastiché dans le troisième paragraphe Very Happy ?)
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Muzio Barrozi
Médecin
Muzio Barrozi


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MessageSujet: Re: Calle Bardini   Calle Bardini - Page 2 PerleMar 8 Mai - 17:03

Esthétiquement, c'était parfait. La bouche entrouverte sur un mot inachevé, les yeux un peu écarquillés, comme étonnés, la seconde en suspens dans la position instable, et puis la chute. Le bruit soudain de l'entrée du corps dans l'eau rompit l'harmonie. Muzio n'eut pas le temps de réagir, de retenir son compagnon ou de lâcher sa main. Il le suivit loyalement dans sa chute.

Le contact avec l'eau glaciale fut brutal. Celui avec la main de Danilo fut rompu. La tête de Muzio fut immédiatement lavée de toute pensée. Il n'y eut qu'un grand vide mêlé d'un peu d'hébétude. Quelques mouvements de bras, esquissés en un réflexe, le ramenèrent à la surface où il fit son apparition, les cheveux collés au visage. Il les repoussa vers l'arrière, passa la main sur ses yeux irrités, et toussa en recrachant un peu d'eau. Il avait bu la tasse comme un débutant. En songeant aux souillures du liquide dans lequel il baignait, il dut réprimer une nausée qui faillit se mêler à sa toux. Un grand frisson de froid, de surprise et de dégoût le secoua.

Hippocrate avait-il appris à ses disciples à nager ? La question pouvait être laissée en suspens. Muzio en tout cas, lui, savait nager. Les étés de son enfance avaient été marqués par les baignades dans le ruisseau qui coulait non loin de son village natal. Et puis, quelques fois, il avait été en bord de mer. Il se rappelait la fascination qui l'avait pris la première fois qu'il avait vu la mer... Mais là n'était pas le problème. En bord de mer, donc, il s'était baigné aussi, malgré les avertissements désapprobateurs des anciens qui le menaçaient de tous les maux du monde. Mais lui était enivré par les vagues régulières et tièdes qui remplaçaient le courant de son ruisseau et qui en le soulevant lui arrachaient des cris de joie. Il y était retourné presque chaque année après, seul, avec des amis, puis avec... Puis il n'avait plus voulu affronter les souvenirs que la mer convoyait. Il n'y allait plus.

Muzio donc, savait nager. Une fois sa quinte de toux humide surmontée, il rejoignit le bord du canal et s'y agrippa à son tour, aux côtés de della Lonza. Della Lonza qui lui avait imposé ce bain répugnant et glacial, et dont l'estime que lui portait le médecin s'abaissa insensiblement.


« La prochaine fois que vous nous offrez une baignade, prévenez-moi, d'accord ? » plaisanta-t-il cependant. « Vous n'avez pas de mal ? »

Il se hissa sur le quai. Le gondolier s'était avancé prudemment, mais ayant reçu son paiement il ne tarda pas à s'éloigner, encouragé par un signe de Muzio. Il aurait de quoi faire rire ses compagnons dans la soirée, sans doute. Le médecin se releva, essora vigoureusement ses habits, secoua ses cheveux et s'adressa à Danilo avec bonne humeur:

« Vous ne m'en voudrez pas si je ne vous aide pas à remonter ? Un bain me suffit tout à fait. Voulez-vous que je vous débarrasse de votre canne ? »

Son regard tomba sur sa trousse restée tranquillement sur les pavés. Heureusement, il ne l'avait pas eue à la main... Il l'ouvrit délicatement, du bout des doigts pour ne pas la mouiller, et en ressortit deux morceaux de tissu. Il réserva le premier pour Danilo, et s'essuya le visage et les mains dans le second. Le froid de l'eau, néanmoins, s'était introduit dans la moindre de ses cellules et il n'aspira plus qu'à enfiler des vêtements secs. Il frissonna de nouveau et se tourna vers Danilo.

En l'observant fugitivement dans cette posture, dégoulinant d'eau plus ou moins sale et se redressant à son tour, il effaça provisoirement de son esprit l'idée d'une chute volontaire. Car à vrai dire, sur le coup, il y avait songé. L'esquive en guise de réponse, puis la révélation de l'identité de Raffaele di Grazziano... Il aurait dû se montrer plus prudent et s'en voulut. Derrière les meilleures allures pouvait se cacher un traître, ici à Venise. Mais là, cela n'avait finalement aucun sens. Il se secoua pour chasser sa torpeur. Froid.


« Je vous propose des vêtements secs et une boisson chaude... Peut-être pas digne du Florian, mais enfin... J'habite à deux pas. »

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Danilo della Lonza
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MessageSujet: Re: Calle Bardini   Calle Bardini - Page 2 PerleDim 27 Mai - 11:34

Le médecin savait nager. Cela rassurait un peu le pianiste, il n’avait pas eu une folle envie de retourner nager dans le canal pour le récupérer, bien qu’il l’aurait fait si Muzio avait été en danger. Le médecin s’arrangea pour bien prendre la mésaventure, et Danilo lui en fut quelque peu reconnaissant. Il avait entraîné la bonne personne sous l’eau, au moins. Il répliqua sur un ton cherchant la plaisanterie.

« C’est promis, je choisirai mieux ma baignoire la prochaine fois. Je suis légèrement blessé, je crois, mais seulement à ma fierté. A cela, je doute qu’un médecin puisse quelque chose. Je pense que je peux très bien remonter tout seul, sans doute aussi facilement que j’en suis descendu. »

Il posa sa canne sur le pavé, et d’un bond se rétablit sur la bordure de pierre qu’il n’aurait jamais dû quitter. Dire qu’il avait pu glisser stupidement sur un acte aussi anodin… Il eut le réflexe de porter la main à sa poche à la recherche de son mouchoir, se rappela à temps que ce dernier était aussi trempé que son visage. Il retira sa cape, lourde d’eau, se secoua au mieux pour faire partir l’excédent de liquide. D’une main, il attrapa sa queue de cheval et l’essora autant qu’il le pouvait. C’était mieux que rien. Ce genre d’aventure aurait pu lui rapporter une crève, mais sa résistance aux maladies était très supérieure à la moyenne. Pas comme Mathilde.

Sa main s’arrêta de travailler sa chevelure et il resta en suspens, une ombre sinistre passant dans ses yeux. N’importe quoi. Strictement n’importe quoi, n’importe quelle aventure, n’importe quel détail, son esprit malade le tournait pour le remettre face à Sa mort. Il se mordit violemment l’intérieur de la lèvre, la douleur et le goût du sang lui remettant rapidement les idées en place. Il tenta un sourire parfaitement artificiel pour donner le change, mais ses yeux mirent quelques instants à suivre et à retrouver un semblant de joie.

Il prit le morceau de tissu de Muzio comme une bénédiction, s’essuyant le visage en même temps qu’il décrassait sa tête de ses idées noires. Il faisait de nouveau bonne figure, c’était tant mieux.


« J’accepte volontiers votre invitation. J’avoue ne pas avoir grande envie de rentrer Ca’Adorasti ainsi. Si cela n’est pas abuser de votre bonté, bien entendu. Je serais très ennuyé de vous causer plus de soucis qu’à cette heure. »

Il emboîta le pas du médecin, plutôt satisfait de la tournure que prenaient les évènements.

« Je me rends compte que j’ai réussi à illustrer la sagesse populaire qui veut que tout artiste soit aussi affreusement maladroit. Ce n’est pas là mon habitude, pourtant, mais vous avez semble-t-il eu le malheur de me rencontrer un jour de malchance. Je m’excuse encore platement pour cette mésaventure stupide. Soyons optimistes, d’ici quelques semaines nous en rirons, et qu’importe que cela soit à mes dépens. »

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